Tu vis, tumeur... Tome 2
360 pages
Français

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Tu vis, tumeur... Tome 2 , livre ebook

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Description

Au sortir des vicissitudes, l’existence mutine le projettera, impassible et inquiet, dans une routine bien cimentée et aimantée vers le bas, avant de l'entraîner vers de nouvelles complications médicales... Le personnage principal est soumis aux caprices d'un destin fâcheux et inspiré. Il trouvera son seul réconfort dans la présence de ses proches, et goûtera alternativement aux vertiges de la liberté retrouvée puis aux enclaves animées de blouses blanches...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 août 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332977366
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-97734-2

© Edilivre, 2015
Dédicace


A ma mère, qui m’a toujours suivi avec abnégation et affection…
Citation
 
 
« Chaque homme dans sa nuit, s’en va vers sa lumière »
– Victor Hugo –
Retour et routine…
J’ai fait le ménage à fond avant de partir, je suis content que l’appartement soit propre, je suis content d’être chez moi, je suis content de fumer chez moi sans être obligé de descendre dans ce foutu jardinet !… Je suis content… Je suis chez moi… Encore une semaine sans traitement, je commence ensuite un protocole de soins, tout va bien, on peut guérir de ces saloperies là !… Je suis confiant à ce stade… Ma mère s’est endormie, j’enlève son thé et son assiette doucement, je la couvre avec un blouson pris sur mon escabeau porte-manteaux, et je vais faire la vaisselle… Je lave cette brève vaisselle sale, je retourne ensuite devant la télé… J’éteins une lumière pour ma mère, je lui trouve un autre pull égaré pour les pieds, et je baisse le son de la télé en choisissant une chaîne… Je me dis qu’à la même heure, je ferai sensiblement la même chose, mais là, je suis chez moi, ça change tout… C’est ma mère presque inoffensive à présent qui sommeille à mes côtés, non pas un boxeur poids lourd bourru sorti du circuit et revanchard, qui se bâfre chez Buffalo Grill avec des entrecôtes de 2 kg pour gagner la salade niçoise et nourrir sa femme gratuitement… C’est flippant quand même… Moi, je l’ai vu de mes yeux vu, manger avec les mains, en une minute tout était fini, c’est de la dinette pour lui, ce n’est pas un repas… Lorsqu’il joue à la marchande avec sa fille, il doit mieux manger, alors les barquettes sous vide de l’hôpital… C’est pour cela qu’il était hostile, féroce même, et qu’il m’a apostrophé, insultant, c’était le manque de bouffe, si j’avais su, au lieu de la méthode psychologique risquée que j’ai employée, j’aurais acheté un sandwich, c’est plus sûr, cela, c’est fiable ! On ne théorise pas avec un monstre, on le nourrit, c’est tout… La vie c’est ça putain, ne jamais se tromper de méthode avec la personne nuisible, sinon on risque proprement sa vie, je le sais à présent…
J’aurais bien pris son numéro de téléphone et celui de son sparring partner, ça peut servir dans la vie de connaitre des poids lourds à la retraite, utiles pour négocier des créances, réviser le montant du loyer, cassant des doigts si nécessaire, briser une côte ou deux, toujours à l’intimidation… J’ai été bien pressé de partir, j’ai oublié le plus important : quand on est pote avec de belles statures menaçantes comme ça, on devient intouchable, c’est tout… La crédibilité et la position de force lors de négociations sont primordiales, je suis très déçu, très déçu, j’ai la chance de partager la chambre de George Foreman, on copine un peu, et j’oublie de prendre son numéro… Ah, quelle négligence ! Oublier les numéros de téléphone importants ! Quel crétin je fais !!!…
Règle numéro un dans la vie, connaitre un costaud, voire deux ! Règle numéro deux, connaître leurs coordonnées et pouvoir les utiliser comme des outils… J’ai eu cette opportunité insensée, je l’ai ratée, je suis déçu à en pleurer… Me voilà bien contrarié maintenant… Je peux, bien sûr, retourner à l’hôpital sous un prétexte quelconque et aller les voir pour leur demander leurs coordonnées, mais cela manquerait de spontanéité, c’est trop tard, ils ne comprendraient pas, malgré leurs légères déficiences dues à leurs nombreux combats, ils le prendraient mal…
Il n’y a plus rien à faire, j’ai raté ma chance, voilà tout… Morne déconvenue, des cons venus me secourir dans le besoin, et je rate cette opportunité insensée… Je les garderai en mémoire, ils étaient fin gentils, finalement…
Ma mère se réveille et me voit la mine déconfite,
– Ça va, ça me fait bizarre d’être chez moi, dans mon délire absurde !… Je n’avais plus l’habitude, et j’ai tant attendu… Il faut que j’aille chercher mon traitement pour la tuberculose à la pharmacie…
– Je viens avec toi, mon fils, après je rentre
– Je te raccompagnerai à la voiture
– D’accord, mon fils
On descend tous deux et on va à la pharmacie… Ils n’ont pas ce médicament en stock, la pharmacienne m’invite à repasser demain pour le prendre, j’acquiesce d’une moue gentille… Elle garde ma carte Vitale en me donnant un petit papier foireux, je perds au change je crois, on verra demain… Il flotte une sorte de gravité en ces lieux…
Je raccompagne ensuite ma mère jusqu’au bout de la rue, mais sans les sacs, ça va, c’est une balade de printemps dans Paris la Belle, on retrouve sa voiture recapotée… Elle me regarde avec le même air espiègle et elle décapote son bordel, toute une aventure mécanique, et c’est plié… Elle prend sa place fièrement, comme si elle s’installait dans un bateau de croisière… Elle met lentement ses lunettes et son chapeau de paille, pour le vent, et pour la prestance de riche Californienne… Elle démarre et part sans trop regarder derrière, elle veut me raccompagner, mais je la vexe en prétextant que je préfère marcher, cela pour finir ma cigarette :
– Je ne suis pas loin, maman…
Elle file dans le soleil, sa belle monture noire brillante, dans les rayons à l’unisson, puis elle disparait dans un virage, comme une belle résidente de Beverly Hills… J’arrive enfin chez moi, seul, je roule une cigarette, la première sans personne, je la savoure posément, elle n’est pas prohibée, j’en profite lentement…
Voilà, je suis chez moi, je sais que c’est une sorte de nouvelle enclave, comme le Slave de la cave, mais j’y fais ce que je veux, quand je le veux, j’ai gagné ma liberté, je suis affranchi, j’ai gagné mon rudis de bois… J’ai brisé mes liens, comme un chien sa laisse…
Je me pose devant ma grosse télévision, ça marche, pas de problème de récepteur merdique, ça marche, alors j’en profite pour zapper en évitant les programmes que me conseillait ma mère, j’en ai mangé plus que mes repas, et des plus indigestes encore !… Que faire de cette liberté nouvelle, je ne sais, je n’ai pas d’amis sur Paris, si ce ne sont mes vagues collègues de travail, je n’ai pas de relations cimentées dans le béton de l’affection, j’ai laissé un ami à Toulouse, il ne sait pas encore… Je décide de l’appeler…
– Hola, hermano, como estas ?
– Moi, ça peut aller, tu sais, les enfants, le travail, et ainsi de suite, je construis toujours l’atelier d’Aurélie, il ne me reste que les finitions, j’ai fini le gros œuvre… On a eu du mal pour monter la charpente à deux, pour la faitière notamment… J’ai encore pas mal de boulot, mais elle aura son atelier…
– Je sais que tu ne lâches rien…
– Et toi, quoi de neuf ? C’est la question qui a fait l’objet de mon appel, courage !
– Les nouvelles ne sont pas très bonnes…
– Qu’est-ce qui t’arrive ? Les cordes vocales en forme de point d’interrogation lui confèrent une intonation inquiète…
– On m’a diagnostiqué une tuberculose, ce qui n’est rien, cela se soigne très bien, six mois de traitement et c’est fini… Par contre, j’ai aussi un cancer du rein développé dans les poumons, je vais commencer un traitement bientôt, je dois voir un cancérologue prochainement, et dans quelque temps, ils vont m’enlever mon rein avec la tumeur… Voilà, je ne vais pas très bien…
– Ah… Merde, ils t’ont dit les raisons ?
– Mon docteur m’a expliqué que ce n’était pas dû à ma tabagie ni à mon hygiène de vie, qu’elle connaît, elle m’a dit que c’était juste parce que je n’avais pas de chance, que cela touchait n’importe qui, à n’importe quel âge… Mais je n’y crois pas vraiment…
Il me répond, mon ami, solide et costaud, en essuyant des larmes : « Tu me tiendras au courant, et dès que tu peux, tu me promets de descendre nous voir, ok ? »
– Ok, hermano, je te le promets…
– Il faut que je te laisse là, je bosse, on se rappelle plus tard… sois fort, putain !
– A bientôt, Fred, bisous à Aurélie, bisous aux enfants.
– A bientôt, hermano, je penserai à toi.
– Merci, bisous
– Bisous
C’est mon ami et je l’ai rendu malheureux, suis-je condamné à n’apporter que cette même délicate nouvelle ?
Je m’habille et je vais au Parc Monceau avec mon livre entamé… Il fait encore un brin de lumière et de soleil, je marche les dix minutes et les deux rues jusqu’au parc… Arrivé sur place, je flâne en adoptant la marche des usagers, nonchalante et trainante, quelque chose dans l’alternance des pas, quelque chose de léger et d’indolent, un pas de promenade… Tous les marcheurs adoptent ce pas, une foulée de sous bois, une foulée qui flotte au soleil, tranquillement… doucement… J’aime à contempler ces démarches de week-end qui prennent leur temps, des démarches à chercher des coquillages à marée basse… J’aime les parcs pour cela, leur décontraction noyée d’oisiveté, et un peu d’ennui, des fois… Le temps qu’ils volent à la vie, un peu de temps… On dérobe ce que l’on peut, un quart d’heure, c’est déjà ça !
Je regarde quelques vieux souffreteux fossiliser et sécher sur les bancs, le temps s’y prête… Je vois des amoureux transgressant toute décence pour échanger quelques baisers languides, cela n’est pas méchant, juste des jeunes qui sont amoureux, ou croient l’être… Il y a quelques vélos aussi, je m’abandonne dans la rotation de leur pédalier, tout aussi paresseux, ils vont et viennent sans but aucun, c’est l’objet… Et puis il y a les foutus joggeurs qui, habillés tout Décathlon, s’acharnent à faire le tour du parc avec implication… Ils ont tous un boitier intriguant à leur bras, comme une excroissance technologique, probablement pour connaître leur rythme cardiaque, leur tension, la distance parcourue et autres ?… Ces cybers coureurs ne font pas que parader, ils courent pour le challenge, pour la co

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