Ultréïa
184 pages
Français

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Description

Ce récit s'inscrit dans la longue lignée des témoignages de pèlerinages sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, souvent appelé le Chemin d'étoiles. À partir d'extraits de son carnet de bord, illustré de croquis des paysages traversés, l'auteur partage son inoubliable expérience. Mêlant récits historiques, touristiques, à des épopées se déroulant dans le passé ou le présent, l'ouvrage consacré à son cheminement intérieur est porteur d'un enseignement profond sur notre propre Chemin de vie. Le lecteur est invité à entreprendre lui aussi ce premier pas vers une nouvelle vie, porteur de joie et de bonheur. Chacun puisera en lui-même les motivations et aspirations d'un tel voyage spirituel, dépouillé de ses biens matériels, pour aller à la rencontre de son prochain et embrasser l'univers entier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 janvier 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414164981
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-08307-7

© Edilivre, 2018
Dédicace


À mes parents
À mes enfants
Quand les mots ne peuvent se dire,
ils peuvent toujours s’écrire.
Chapitre 1 Pourquoi écrire ?
Un jour de janvier comme bien d’autres à Bruxelles en ce début 2016, pas encore le moindre flocon de neige à se mettre sur le paletot. Je dois dire que je ne m’en plaindrai pas au vu du nombre de kilomètres parcourus chaque semaine sur les routes. Le marché de Noël « Plaisirs d’hiver » est démonté et la vie semble avoir repris son cours habituel, même si cette année les fêtes auront pris un mode mineur sous fond de psychose terroriste. Bien que les agapes soient terminées, les décorations brillent néanmoins toujours dans le centre de la capitale. Bruxelles laisse ses pavés, détrempés par une fine pluie continue et froide, refléter tantôt une étoile scintillante, tantôt une guirlande clignotante au rythme d’une musique que même le père Noël n’écoute plus.
Je déambule dans les rues à l’entour de la Grand-Place. Leurs noms typiques, rue Marché-aux-Grains, rue Marché-au-Charbon, rue Au-Beurre, me replongent chacun dans un passé plus ou moins lointain. J’ai du temps à perdre, mais est-il vraiment perdu quand on a le privilège de fouler ainsi les rues piétonnes sans se soucier de ce qui se passe autour de soi ? Les gens qui courent d’un magasin à l’autre pour trouver la perle rare, ce monsieur qui s’agite afin de héler le taxi qui devrait le ramener chez lui, d’autres plus loin piquant un sprint pour ne pas rater leur tram ou leur bus, bref une agitation coutumière de la ville qui ne me concerne pas et que je peux observer avec un certain sourire dans ce détachement qui m’habite.
Encore un bon moment à goûter ainsi avant de prendre la direction d’Uccle afin de rejoindre cet ami de longue date avec qui je vais honorer la coutume annuelle qui nous conduit toujours au même endroit à la même période. Nous y parlons la soirée entière de ce qui a parsemé nos vies respectives et nous faisons en quelque sorte le point sur ce que nous sommes aujourd’hui et les raisons de cette amitié qui, malgré les vents, marées et tourbillons, perdure.
Le restaurant « Au vieux Spijtigen Duivel » est considéré comme un des plus anciens estaminets de Bruxelles. A l’origine, relais de poste, Charles Quint s’y serait arrêté. Mal accueilli, il aurait exigé que l’endroit porte ce nom : « décevant ou malheureux diable » . Victor Hugo y a séjourné lors de son exil bruxellois et Charles Baudelaire y a écrit Pauvre B . recueil de vers assassins sur notre ville et sur ses habitants. Ici, ne cherchez pas le luxe, la décoration moderne ou les bonnes manières, nous ne sommes pas chez Les Bourgeois chers à Jacques Brel. Ici, le décor date encore du siècle passé : grosses tables de bois, chaises hétéroclites, bar bordé de cuivre. Au mur les publicités pour des bières ancestrales se mêlent aux vieilles cartes postales jaunies de la ville ou de l’établissement ayant accueilli l’un ou l’autre personnage important. Ici, on peut encore y sentir la zwanze bruxelloise, avec les bons plats de chez nous : la carbonnade flamande, le waterzooi, le boudin noir, le chicon au gratin, le stoemp aux carottes, le lapin à la gueuze, la glace aux spéculoos, le pain à la grecque, le bodding et j’en passe, mais surtout déguster toute la panoplie des bières typiquement bruxelloises, ou belges en tout au moins : La Gueuze, la Lambic, la Kriek, la Faro, le Fruit Défendu, l’Orval, la Duvel et je m’arrête là tant la liste est interminable. Le restaurant baigne dans un brouhaha indescriptible égayé d’un accent non retenu faisant le folklore de cette bonne vieille ville. C’est là que nous nous retrouvons Paul et moi afin de papoter, sans nous douter que cette rencontre va désormais s’institutionnaliser à un rythme mensuel.
J’arrive le premier sur les lieux, mais je ne patiente pas à l’extérieur comme à l’accoutumée, je rentre directement, car depuis trente minutes une véritable drache nationale inonde la chaussée. Je choisis la seule table posée quelque peu à l’écart de l’ambiance de la grande salle parce que je sais que d’ici peu, le bruit des rires et histoires belges ne nous permettront plus d’échanger autrement qu’en montant ostensiblement le ton de la voix, ce qui n’est pas mon souhait, ni celui de mon ami. En l’attendant, je descend une première pinte et me prépare à vivre une bien bonne soirée. Paul ne tarde cependant pas à arriver, c’est un maître mot dans nos vies de faire en sorte d’être ponctuel, quoique ce soit plus compliqué pour lui, entièrement dépendant du bon vouloir des transports en commun. Je le vois baisser la tête pour passer la porte puis poser un regard à la cantonade. Ma main se lève pour signaler ma présence et de suite, à son sourire poli, je comprends qu’il m’a repéré. Il se fraye un passage dans l’atmosphère déjà très festive et bruyante où les serveurs, tels des équilibristes, font virevolter les plats à bout de bras pour éviter tantôt une chaise reculée intempestivement, tantôt une veste tombée au sol, ou encore une sacrée bande de fêtards se levant de concert pour lancer à l’unisson un long « santéééé ! » avant de vider la nième pinte en à fond. La bière coule déjà à flots de table en table et, l’alcool aidant, les rires et éclats de voix s’accentuent de minute en minute. Heureusement, notre petit recoin nous permet de nous y abriter quelque peu et la discussion s’engage bientôt avant que nous commandions nos plats. Nos faits et gestes de l’année écoulée sont abordés, ainsi que les événements récents de la vie en Belgique, que je quitte de plus en plus souvent, domicilié depuis trois ans maintenant au cœur de la France, à Bourges précisément. Après une paire d’heures, les sujets du présent étant épuisés, nous continuons, comme chaque fois, en évoquant le passé plus lointain qui est en quelque sorte une bonne partie du ciment de notre amitié. Mais ce soir c’est moi qui vais lancer un sujet qui me tient à cœur et qui occupe mes pensées depuis plusieurs jours.
― Voilà Paul, lui dis-je, je crois que je vais tenter d’écrire un livre.
– Un livre ? Je savais que, comme moi, tu tâtais un peu de la poésie, mais un livre, c’est un autre labeur, c’est du lourd !
– Oui, mais c’est plus fort que moi et je voudrais tenter l’aventure. Même si elle n’aboutit pas, ce n’est pas grave, mais je n’ai pas envie d’avoir des regrets de ne pas avoir tenté.
– Et sur quel sujet veux-tu écrire ? me demande-t-il… Non attends, ne réponds pas, laisse-moi deviner, je pense même que je sais déjà. Tu veux sûrement écrire sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, je me trompe ?
– Non, pas du tout, tu ne te trompes pas. Mais comment as-tu deviné ?
– Parce que tu m’as déjà tellement parlé de ce périple hors du commun, deux mille trois cents kilomètres à pied en soixante-six jours ! Puis je sais, et surtout je vois, que depuis cette épopée, ta vie a pris un tournant qui semble décisif à tout point de vue, matériel, spirituel, sentimental,…
– Oui, tu as raison, c’est indéniable que bien des choses ont changé depuis ce mois de juin 2012. Le Chemin des étoiles a changé le Chemin de ma vie.
– Je n’ai d’ailleurs jamais compris en quoi une simple randonnée pouvait ainsi transformer une vie.
– Saint-Jacques n’est pas une simple randonnée, lui dis-je. Saint-Jacques c’est un « Chemin de vie ».
– Mais enfin pourquoi veux-tu écrire ?
– Écrire… Écrire ? Pourquoi écrire sur le Chemin ?
Partir… Partir ? Pourquoi partir sur le Chemin ?
Quand je parle du Chemin, j’y mets invariablement un C majuscule. Je ne l’aurais sûrement pas fait il y a cinq ans avant de partir, mais là, cela fait bientôt quatre ans que je suis rentré et au moment de céder à cette inéluctable attirance d’écrire, le grand C s’impose à moi car il transforme ce mot anodin, « chemin » , en un être qui aura compté davantage que bien d’autres dans ma vie. Que dis-je un être, un Maître car je le place à un rang qui lui confère noblesse, majesté, dignité et savoir. Malgré tout ce qu’on a pu écrire sur le Chemin et tout ce que j’aurais pu en lire, jamais je n’aurais pu imaginer qu’il agirait sur moi comme un véritable Maître.
C’est sans doute la chose la plus difficile à expliquer et à partager avec ceux et celles qui ne l’ont pas pris. Comment un Chemin, pas toujours très beau, peut-il agir en Maître et apporter à celui qui le parcourt des enseignements aussi nombreux, aussi riches et variés que ceux que j’ai reçus. Des enseignements d’une aussi grande portée que ceux que j’ai eu la chance de vivre et qui ont transformé ma vie, ma vision du monde et fait de moi ce que je suis en devenir aujourd’hui !
Paul m’arrête :
– Tu aurais pu vivre cela sur bien des chemins par le monde. Pourquoi ce Chemin-là t’aurait-il apporté davantage qu’un autre ?
– Bien sûr, je n’ai pas fait tous les chemins du monde, mais, c’est pour moi, le seul qui puisse mériter ce titre de Maître. Le Chemin des étoiles, le Chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle, est à ce jour et à mes yeux le seul qui mérite ce titre de noblesse. Avant d’être chemin de randonnée, il est surtout Chemin de vie et c’est sans doute cela que j’ai envie de démontrer et de partager tout au long d’un récit. Ceux qui y ont goûté le comprendront sans doute plus aisément, mais j’espère parvenir à faire ressentir même de manière partielle, ces moments d’enseignements à des lecteurs qui ne le connaîtraient pas. Si d’aucun en a entendu parler par l’un ou l’autre, par un film ou un livre mais n’a jamais eu l’occasion de porter le sac et de lacer les chaussures, je rêve de pouvoir lui faire goûter délicatement la force de ses enseignements. E

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