Un monde nouveau

Jérôme Bindé, Federico Mayor

Description

L'humanité survivra-t-elle au siècle qui vient ? Est-elle menacée par une « bombe démographique » ? Y aura-t-il à manger pour tous ? Pourra-t-on éradiquer la pauvreté ? Allons-nous vers un apartheid urbain généralisé ? Les nouvelles technologies creuseront-elles un abîme entre riches et pauvres ? Ou permettront-elles l'éducation pour tous, à distance et tout au long de la vie ? Les femmes trouveront-elles toute leur place ? Comment lutter contre le réchauffement de la planète et la désertification ? Fera-t-on la guerre pour l'eau ? Saura-t-on maîtriser l'énergie solaire ? Y aura-t-il un miracle africain ? Dans un monde où les problèmes se mondialisent, quelles solutions globales proposer ? Comment passer d'une culture de violence à une culture de paix, et de la tyrannie de l'urgence à une éthique du futur ? Le XXIe siècle aura-t-il un visage humain, ou celui, grimaçant, du « meilleur des mondes » ? Cet ouvrage éclaire les grands enjeux du futur et propose un « nouveau départ », fondé sur quatre contrats : social, naturel, culturel et éthique. N'attendons rien du XXIe siècle : c'est le XXIe siècle qui attend tout de nous.  Federico Mayor est directeur général de l'UNESCO. Il a été ministre de l'Éducation et de la Science de l'Espagne, recteur de l'Université de Grenade et député au Parlement européen. Jérôme Bindé est directeur de l’Office d’analyse et de prévision de l’UNESCO. Normalien et agrégé, il a été maître de conférences à l’École polytechnique.

Sujets

• Autobiography
• Biography

Informations

• Publié par: Odile Jacob
• Date de parution: 09 septembre 1999
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782738162441
• Langue: Français

Extrait

É QUIPE DE PRÉPARATION DE U N M ONDE N OUVEAU
Le rapport international The World Ahead : Our Future in the Making , publié en français sous le titre U N M ONDE N OUVEAU , a été élaboré par Federico Mayor, directeur général de l’UNESCO, conformément au Programme et budget de l’Organisation pour 1998-1999. Il a été préparé avec la collaboration de Jérôme Bindé et avec le concours de l’équipe de l’Office d’analyse et de prévision de l’UNESCO :
 
Directeur : Jérôme Bindé
Principaux collaborateurs : Jean-Yves Le Saux, Ragnar Gudmundsson
Recherches documentaires ou statistiques et assistance éditoriale : Philippe Ambrosi, Judit Carrera-Escudé, Julien Dubouloz, Hadewych Hazelzet, Marcel Kabanda, Nadia Khouri-Dagher, Angélique Khaled, Aurélien Kruse, Dave Dewnarain, Giuseppina Laezza, Alexandra Novosseloff, Rizwan Rahim, Lise Revol, Tracy Rotstein, Silvia Sala, Arianna Zorzato
Secrétariat et traitement administratif : Anne Bonraisin, Patricia Pretzinger, Anne-Marie Roth, Yannick Tschanz, Sabine Vayssières
R EMERCIEMENTS
L’élaboration du présent rapport n’aurait pas été possible sans l’aide et les précieuses contributions fournies par un certain nombre de personnes et d’organismes. Plusieurs institutions internationales ont partagé avec l’équipe du rapport leurs documents, leurs statistiques et leur expérience. Le rapport a notamment bénéficié des bases de données, rapports et documents de l’UNESCO et de ses instituts spécialisés, de l’ensemble des agences et programmes du système des Nations Unies, et de l’Organisation de coopération et de développement économique.
 
Ce rapport a bénéficié de contributions initiales préparées par François Ascher, Michèle Aulagnon, Anne de Beer, Gérard Blanc, Néstor García Canclini, Daniel Cohen, Philippe Collomb, Emmanuel Decaux, Goéry Delacôte, Benjamin Dessus, Cyria Emelianoff, Christopher Flavin, Francis Godard, Guy Herzlich, Ethan B. Kapstein, Bo Kjellén, Hervé Le Bras, Pierre Laconte, Jean Le Dû, Gilbert D. Loescher, Jean Margat, Elikia M’Bokolo, Paul Metz, François Ost, Alain Pavé, Christian de Portzamparc, Philippe Quéau, Laurent Sagart, Saskia Sassen, Richard Sennett, Jean-François Soussana, Jacques Theys, Peter Weber, Ernst-Ulrich von Weizsäcker, Stephen A. Wurm
 
Nous sommes également redevables pour les discussions et les contributions très appréciées que nous devons à Michel Batisse, Boris Berkovski, Tereisa R. Caldeira, Stephen K. Chu, Edgar Da Silva, Jacques Delors, Souleymane Bachir Diagne, Leandro Despouy, Chedli Fezzani, Maryse Gaudier, Kenneth Gwilliam, Malcolm Hadley, Hughes de Jouvenel, Inge Kaul, Monique Mainguet, Malick M’Baye, Candido Mendes, Jesús Moneo, Edgar Morin, Ernesto Ottone, Sue Parker, Eduardo Portella, Jonas Rabinovitch, Ándres Szöllösi-Nagy, Alphonse Tay, Wolfgang Vollmann.
 
Le rapport a également tiré parti des communications prononcées lors des Dialogues du XXI e  siècle organisés par l’Office d’analyse et de prévision à l’UNESCO (16-19 septembre 1998) : nous remercions à cet égard Arjun Appadurai, Miguel Azcueta Gorostiza, Jean Baudrillard, Hélé Béji, Claire Besset, Colin R. Blackman, Mohamed Larbi Bouguerra, Roger Cans, Néstor García Canclini, Roberto Carneiro, Daniel Cohen, Philippe Collomb, Goéry Delacôte, Jean-Louis Deneubourg, Lord Desai, Benjamin Dessus, Souleymane Bachir Diagne, Cheik Modibo Diarra, Gloria Beatriz Durand Soria, Thierry Gaudin, Nilüfer Göle, Jean-Joseph Goux, Hisanori Isomura, Hugues de Jouvenel, Ethan B. Kapstein, Craig Kielburger, André Lebeau, Hervé Le Bras, Pentti Malaska, Jean Margat, Hans-Peter Martin, Eleonora Barbieri Masini, Peter H. Mettler, Jesús Moneo, Gertrude I. Mongella, Edgar Morin, Nicole Morgan, Vitit Muntarbhorn, François Ost, Otto Piene, Eduardo Portella, Christian de Portzamparc, Ilya Prigogine, Amulya K. N. Reddy, Martine Rèmond-Gouilloud, Francisco Sagasti, Daniel Sala-Diakanda, Saskia Sassen, Richard Sennett, Igor A. Shiklomanov, Niels E. Skakkebaek, Stelarc, Tony Stevenson, Roger Sue, Amadou Toumani Touré, Kimon Valaskakis, Gianni Vattimo, Bill Viola, Stephen A. Wurm, Zeng Yi.
 
Le rapport s’est en outre appuyé sur certaines des analyses formulées à l’occasion du cycle des Entretiens du XXI e  siècle organisé à l’UNESCO depuis septembre 1997 par l’Office d’analyse et de prévision. Nous remercions de leurs éclairages Jacques Attali, Boutros Boutros-Ghali, Manuel Castells, Stephen Jay Gould, David L. Heyman, Axel Kahn, M. G. K. Menon, Luc Montagnier, Edgar Morin, Ramakanta Rath, Jeremy Rifkin, Mary Robinson, Joël de Rosnay, Pierre Sané, Philippe Sollers, Alain Touraine, Vassilis Vassilikos, Jean-Didier Vincent, Michael Walzer et Theodore Zeldin.
 
Nous remercions également particulièrement pour leur coopération les Éditions UNESCO et la Division des statistiques de l’UNESCO.
« Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. »
© UNESCO, 1999 ©  ODILE JACOB /UNESCO , SEPTEMBRE  1999
ISBN 978-2-7381-6244-1
ISBN UNESCO, 92-3-203634-7
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Introduction

« Nous ne pouvons pas prévoir le futur, mais nous pouvons le préparer », remarque Ilya Prigogine, prix Nobel, l’un des plus grands esprits de notre temps, physicien, chimiste et philosophe. Il ajoute : « Comme l’a écrit Paul Valéry, “le futur est construction”. Notre action dépend de notre mémoire du passé, de notre analyse du présent et de notre anticipation du futur 1 . »
Nous ne pouvons pas prévoir le futur, car l’avenir ne sera plus jamais ce qu’il a été. Nous pouvons le préparer, puisque loin d’être écrit dans un grand livre, il est incertitude, bifurcation, création aléatoire. Donc il est aussi entre nos mains, parce qu’il est liberté : il sera, pour une large part, ce que nous en ferons. Nous pouvons préparer l’avenir, mais sommes-nous prêts pour le XXI e siècle 2  ?
Cet ouvrage, que j’ai élaboré en collaboration avec Jérôme Bindé, et avec le concours de Jean-Yves Le Saux, de Ragnar Gudmundsson et de l’équipe de l’Office d’analyse et de prévision de l’UNESCO, vise précisément à mieux nous préparer aux prochaines décennies, et à répondre à temps aux défis du futur. Car demain, ce sera toujours trop tard.
D’ores et déjà, en vérité, le XXI e  siècle a pris les devants, et nous y sommes entrés à notre insu. Comme l’a noté l’un des principaux historiens de ce temps, Eric Hobsbawm 3 , le XX e  siècle, qui n’avait vraiment démarré qu’en 1914, s’est achevé en raccourci, quelque part autour de 1989. Âge des extrêmes, le XX e  siècle, commencé dans le bruit et la fureur de la Première Guerre mondiale, s’est dissout dans les chocs des coups de pioche qui faisaient s’effondrer un mur, alors que deux bouleversements de longue durée changeaient en profondeur notre vision du monde et la structure même de nos sociétés :
• La révolution scientifique de notre temps, qui nous a fait passer d’un âge de certitude et de dogmatisme à un océan d’incertitudes et de doute : naguère encore, nous avions foi, avec une naïve assurance, dans la prévisibilité de phénomènes gouvernés par les lois d’une science sûre et dominatrice. Désormais, le déterminisme cède le pas à une conception de la nature et de l’histoire marquée au sceau de l’aléatoire. Le XXI e  siècle pourrait bien de ce fait ressembler moins à un parc à la française qu’à ce « jardin aux sentiers qui bifurquent » cher à Borges : mais du même coup, face aux nouveaux paradigmes de la complexité, de l’irréversibilité, de la globalisation et de l’incertitude, c’est la liberté et la créativité humaine qui font retour sur le devant de la scène . Selon le mot d’Aminata Traoré 4 , «  la créativité est notre espoir. En incluant, en premier lieu, la créativité politique » . L’Histoire, loin de s’achever, continue — même si la pièce n’est plus écrite d’avance et si les personnages sont désormais en quête d’auteur. « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard. »
• La troisième révolution industrielle 5 transforme radicalement les sociétés. Ce bouleversement a trop vite été attribué à la mondialisation, ou plutôt à sa phase la plus récente. C’était sans doute confondre l’effet et la cause. Car c’est la troisième révolution industrielle, fondée sur l’âge de l’information et l’introduction accélérée des nouvelles technologies dans tous les aspects de la vie humaine, qui est en train de changer le monde, et d’en faire un monde mondial. Basée sur la révolution cybernétique et l’ordre des codes, informatique dès à présent, génétique demain, la troisième révolution industrielle plie la société de la production matérielle à un nouvel empire, immatériel, celui des signes de la « société programmée 6  ». L’avènement de celle-ci est précipité par l’essor de réseaux planétaires, privés ou publics, qui sont l’agent principal de la mondialisation et en accélèrent le cours. Si la globalisation est avant tout aujourd’hui celle des ordinateurs, des télécommunications, des marchés financiers, de la scène médiatique et des réseaux, c’est bien parce que la mondialisation est avant tout et d’abord la résultante de la troisième révolution industrielle. Selon Daniel Cohen, deux