Testaments
256 pages
Français

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Testaments , livre ebook

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Description

Un virus décime tous les adultes de plus de vingt ans sur la planète. Il reste quelques mois aux hommes pour transmettre leurs savoirs, leurs amours, leurs espoirs. Charles, un médecin de ville, prend rapidement conscience du danger et décide de se retirer dans sa maison familiale, où il invite son meilleur ami et deux autres couples à tenter de se protéger. Comme de véritables Robinson Crusoé, ces familles vont vivre isolées du monde avant qu'il ne les rattrape. Les parents vont essayer de préparer leurs enfants à l'inévitable avec conviction, drôlerie parfois, sincérité et amour. Ce livre nous pose la question la plus simple du monde : que serions-nous prêt à faire pour nos enfants ? À chacun notre testament.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 avril 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342036824
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Testaments
Yann Lecroulant
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Testaments
 
 
 
Pour mes enfants, le cœur de ma vie.
 
 
 
 
Personnages
 
 
 
Première famille
Charles : Médecin généraliste de quarante-cinq ans. Ami d’enfance de Benjamin.
Patricia   : Fonctionnaire dans une mairie. Quarante-deux ans. Épouse de Charles.
Camille : fille aînée de Charles et Patricia. Quinze ans.
Vincent   : fils de Charles et Patricia. Dix ans.
Deuxième famille
Benjamin   : Professeur de sport de quarante-six ans. Ami d’enfance de Charles. Vit avec Cécile.
Cécile   : Employée dans une banque. Quarante-cinq ans. Vit avec Benjamin.
Martine   : Assistante maternelle. Cinquante ans. Célibataire.
Mathilde   : Fille aînée de Benjamin et Martine. Dix-sept ans.
Nicolas : Fils de Benjamin et Martine. Quatorze ans.
Alice   : Fille de Benjamin et Cécile. Neuf ans.
Troisième famille
Alain   : Chef d’entreprise d’une PME. Cinquante-trois ans. Voisin de Charles. Veuf, vit avec Anna.
Anna   : Infirmière. Quarante ans. Belle-mère des enfants d’Alain.
Édith   : Fille aînée d’Alain. Dix-neuf ans.
Fabien   : Fils d’Alain. Seize ans.
Quatrième famille
Alexandre   : Musicien. Trente-trois ans. Donnait des cours de musique à Édith lorsqu’elle était enfant. Ami d’Alain.
Juliette : Trente-deux ans. Au chômage depuis un an. Épouse d’Alexandre.
Romain : Fils aîné d’Alexandre et Juliette. Huit ans.
Roxanne : Fille d’Alexandre et Juliette. Six ans.
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
La fillette referma la porte comme on le lui avait appris. Avec précaution et minutie. Elle se retourna pour vérifier si tous les verrous étaient bien tirés. Puis, une fois rassurée, elle se dirigea vers la maison.
Alice portait de longs cheveux dorés, reposant sur de fines épaules. Les petites tresses, de chaque côté de la tête, lui donnaient un air enfantin et espiègle que démentait son regard grave. Elle remit ses pouces sous les sangles de son sac à dos et marcha prestement à travers le jardin. Sa mère lui ouvrit la porte avant qu’elle n’ait eu le temps de tirer sur la cloche centenaire qu’actionnait une chaîne rouillée.
Cécile souffla d’aise comme à chaque retour de son enfant du monde extérieur. Elle récupéra le lourd fardeau de sa fille et l’embrassa sans attendre.
— Ça s’est bien passé ?
— Oui. Madame Servant m’a vendu tous les sacs de farine qui lui restaient.
— Combien ?
— Dix.
Cécile sourit à sa fille. Elle était fière de son exploit.
— Ce n’était pas trop lourd à porter ?
— Non. Je me suis arrêtée une ou deux fois pour me reposer.
La mère lança un regard angoissé à sa fille.
— Personne ne m’a vue maman.
Cécile lui sourit en guise d’acquiescement, mais la boule qui se lovait dans son estomac depuis des mois se fit plus lourde alors. Et elle n’allait pas disparaître. Pas maintenant. Elle savait qu’il lui restait encore du temps devant elle, mais pas tant que cela. Elle caressa la tête de sa fille en lui souriant de tout son cœur.
— Monte voir les autres. Ils sont avec Martine. La fillette quitta la pièce immense dont la partie opposée à la porte d’entrée était occupée par la cuisine et grimpa l’escalier qui menait vers les chambres.
Elle frappa sur la lourde porte en bois et ouvrit sans attendre.
— Assieds-toi à côté de Romain.
La fillette obéit à la femme aux cheveux de jais et aux longs cils assortis. Elle souffla en posant ses fesses sur le tabouret et l’écouta lire un livre de Marcel Pagnol, car c’était l’heure du Français.
Romain, qui avait un an de moins qu’elle, fixait Martine sans ciller, la main droite dans celle de sa petite sœur, Roxane. De l’autre côté de la petite fille, Vincent et Nicolas, les deux aînés de la classe, jetaient par intermittence des regards intéressés à travers la fenêtre. Les grands travaillaient dehors.
Fabien aidait Benjamin et Mathilde à labourer une partie du potager. Le père tirait la charrue sur la longueur du champ tandis que sa fille la dirigeait. Arrivé au bout du terrain, Fabien remplaçait l’homme qui lui indiquait la meilleure manière de tirer, en économisant ses forces. Il avait plu ces derniers jours et ils profitaient que la terre soit encore souple pour la retourner.
Martine interpella Nicolas et Vincent :
— Quand vous aurez fini de passer votre temps à regarder par la fenêtre, on pourra peut-être changer de matière.
— Oui, mais je voudrais bien faire des plantations avec eux. Ça a l’air trop bien !
— Quand tu auras l’âge Nicolas.
— Mais j’ai quand même treize ans maman.
— Je sais et il faudra que tu attendes l’année prochaine.
Nicolas fit la moue en se tournant vers Vincent qui le regarda dépité, lui qui n’avait que dix ans.
Les règles de la petite communauté étaient simples. Jusqu’à quatorze ans, tous les enfants devaient passer plus de temps en classe qu’à l’extérieur. Avant de mettre en pratique toutes les matières que dispensaient Martine et Charles parfois, les cinq plus petits des neuf descendants étaient obligés d’acquérir les rudiments du savoir humain.
Martine, dont ce n’était pas le métier à l’origine, bien qu’elle ait assisté de nombreuses maîtresses en maternelle, s’était collée à cette tâche sans renâcler. Elle n’avait sans doute pas toujours les connaissances nécessaires, n’avait pas forcément la bonne méthode et ignorait souvent où elle allait, mais jamais elle n’avait renoncé à cette mission. Elle se devait de le faire. Pour ses enfants, Nicolas et Mathilde, pour les sept autres aussi, mais surtout pour l’avenir de chacun d’entre eux.
 
L’hiver avait été rude cette année et le mois d’avril qu’ils connaissaient jusqu’à présent n’avait pas encore permis à la nature de s’exprimer comme à l’ordinaire. Malgré tout, et compte tenu de la latitude, quelques bourgeons pointaient sur les arbres.
Ils s’étaient retrouvés dans la maison familiale de Charles au début du mois de novembre. C’était là qu’ils pensaient être le plus en sécurité pour accompagner leurs enfants. Loin des villes, l’épidémie les atteindrait moins vite, même si la fin était inéluctable. En tant que médecin, Charles avait très vite compris que le seul moyen d’échapper au virus était de le rencontrer le plus tard possible.
Et bien avant que les premières mesures disciplinaires n’aient été prises dans la plupart des pays développés, il avait décidé d’exiler avec sa famille dans leur maison de campagne, héritée depuis quatre générations. Avant de s’évanouir dans la nature, il avait prévenu Benjamin, son ami d’enfance. Charles souhaitait se cacher des foules infectées en attendant des jours meilleurs, s’ils revenaient. Et quand Benjamin lui demanda asile après avoir compris le danger, lui vint l’idée de créer une arche de Noé en modèle réduit.
C’est ainsi que Charles prévint Alain de l’urgence de la situation. Celui-ci habitait une maison plus loin que Charles dans leur banlieue calme. Ils étaient voisins depuis plus de dix ans et avaient sympathisé grâce à leurs enfants. Comme souvent. Habitué aux prises de décisions rapides, comme le responsable d’une petite entreprise qu’il était, Alain avait décidé sur-le-champ de suivre Charles et sa famille.
Il était persuadé que le pire les attendait et il ne voulait surtout pas demeurer plus longtemps aussi près d’une grande ville. Mais avant de partir, il avait demandé à Charles s’il restait de la place sur son arche. Comme celui-ci n’avait plus de famille proche et qu’il savait la maison grande, il lui confirma une dernière place dans son refuge.
La liste fut donc complétée par Alexandre, le professeur de piano qu’Édith, la fille aînée d’Alain, avait eu depuis son plus jeune âge, devenu un ami très proche de la famille.
 
Benjamin retira le harnais de cuir qui reposait sur ses épaules et défit la ceinture qui retenait l’ensemble. Il déposa son attirail sur une étagère du débarras. Fabien l’imita.
— Alors, pour un premier labour, tu te sens comment ?
— J’ai un peu mal aux épaules, mais je pense que je les sentirai encore plus demain.
— Pas de doute là-dessus. L’important, c’est de penser à s’étirer après chaque effort. À ton âge, on trouve ça ridicule, je le vois bien à ton sourire mais au mien, c’est obligatoire si tu ne veux pas ressembler à un vieux débris.
Benjamin s’essuya le front d’un revers de bras et souffla en accompagnant le geste.
— En tout cas, tu as été parfait. C’est physique comme travail, mais pas seulement. Cela demande aussi une bonne technique pour maintenir la charrue dans son sillon. Je ne sais pas si ça lui fera plaisir, mais je vais pouvoir dire à ton père que tu es un vrai paysan désormais. Et il singea un vieil homme avec le menton en galoche qui fume une cigarette du bout des lèvres, les mains sur le manche d’une bêche.
— Allez, assez rigolé, je vais passer sous la douche.
— Benjamin ?
Le professeur de gym se retourna vers l’adolescent.
— Oui.
— La prochaine fois, je labourerai tout seul ?
Benjamin ôta le sourire qui s’affichait encore sur son visage.
— Je crois que ce serait mieux.
L’adolescent secoua la tête pour acquiescer. Il devait apprendre vite, comme d’habitude depuis qu’il vivait ici.
— Mais je ne serai pas loin, histoire de voir comment tu te débrouilles.
Fabien sourit en fermant la porte de la remise et se dirigea vers la maison. Il était rassuré. Benjamin le laissa et se rendit au puits.
Un pied sur la margelle, il se pencha au-dessus du trou.
— Alors Alain, bientôt en Chine ?
— Presque. Encore un petit mètre et on devrait trouver de l’eau.
— Que

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