L Orange
96 pages
Français

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Description


Malka et Jalel, qui se virent et s’aimèrent en rêve, se retrouvent dans le monde réel où, au cœur des violences et des fractures d’aujourd’hui, s’enracine leur engagement pour la paix.



Bras tendus vers la fraternité, cette jeune fille et ce jeune homme en appellent à une justice véritable.



Une fable, qui joue à mettre en lumière la rupture entre Israéliens et Palestiniens, mais aussi l’espoir de vivre une concorde durable.



Amour et sarcasme se mettent ici au service d’un théâtre qui, sous des dehors cocasses n’en demeure pas moins grave et profond.


Préface de Jean-Loup Thébaud



Editions Tangerine nights

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791093275628
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hamma Meliani
 
 
L'Orange
 
Théâtre.
 
 
Collection De la cour au jardin
 
 
 
 
Éditions Tangerine nights
46 Domaine du vert coteau
14800 TOUQUES
 
ISBN : 979-10-93275-42-0
EAN : 9791093275420
ISBN NUMÉRIQUE : 979-10-93275-62-8
EAN NUMÉRIQUE : 9791093275628
 
 
 
 
 
La preuve par l’orange
 
L’Histoire, avec sa « grande Hache », quand elle s’abat, les peuples qu‘elle frappe n’y comprennent rien. Comment le pourraient-ils du reste ? Il leur faudrait siéger au balcon, dans les degrés supérieurs de l’amphithéâtre pour être en mesure de soupçonner ou de reconnaître une scène où le cours des choses se ferait assemblage. Les princes et les prêtres dressent au-dessus d’eux des bannières tatouées de proclamations, mais ils n‘en ont que faire. Comment pourraient-ils, en effet, ne pas savoir que depuis toujours un solide tissu relie déjà les hommes entre eux et cette simple science leur suffit. C’est le « rez de chaussée » des faits divers et des fêtes, des intrigues de famille, des amours licites et illicites. La vie est dure à cet étage, on y fait comme on peut : c’est celui des hommes « infâmes », ceux qui sont sans nom et tus par les annales et les mémorables.
Nul besoin ce croiser dans les parages de Tolstoï, l’œil ne voit pas toujours juste, mais c’est comme ça que le monde survit, mieux c’est ainsi qu’il s’invente. Sur scène, l’inusable Schveyk, l’increvable Mère Courage, l’un ruse, l’autre trafique, mais tous les deux tentent de se dérober à la « grande Hache » de l’Histoire, elle qui tue et fait tuer, miraculeuse et effrayante opération, en pleine gloire et légitimité.
On s’en souvient peut-être, dans les années 90, certains avaient voulu faire de Sarajevo une capitale spirituelle, défendant une Bosnie exemple et modèle d’une vie cosmopolite, polychrome, aux cultures mélangées, résistant aux nationalismes et aux pulsions identitaires. Mais en jetant le regard, certes à bon droit, dans cette direction, ne nous sommes nous pas détournés, du coup, d’un autre horizon, engageant un enjeu d’une toute autre portée, dont la Bosnie ne pouvait être le substitut : la Palestine ?
C’est que la Palestine, elle aussi, avant la « grande Hache», vivait comme tout le monde, c’était le bazar des peuples et des mœurs, il y avait des musulmans, des juifs, des chrétiens, la ronde des travaux et des jours, les olives et les oranges, des noms et prénoms de toutes sortes, des rencontres, des familles et leurs vendettas. Rêverie ottomane, direz-vous ? Pas du tout, ce temps d’avant l’Histoire laissait se déployer dans l’indifférence à toute visée, la dispersion, la coexistence, le bariolage des us, coutumes et consciences. On habitait des villages et des petites villes avec leur lot de secrets et de chuchotements, de frôlements et de chicanes, de portes qui claquent et de volets qui se ferment : après tout, quelque chose comme une Sicile de Pirandello. C’est la chronique d’un de ces villages de Palestine que nous conte la pièce de Hamma Meliani : L’Orange . Ce qui nous retient dans cette pièce, et dans les autres de Hamma Meliani, sa frappe, c’est une curieuse alliance, de fait elle n’est pas si fréquente, d’un militantisme déclaré avec un mouvement tout autre qui le contrarie et le détraque heureusement : la scène réaliste-historique se divise et ouvre sur une autre, lyrique, onirique, celle-ci, plus profonde qui ne garde plus rien du monde dont elle s’échappe et le plonge dans un éther fantasmagorique. On y trouve des couleurs, des fleurs, des fruits, des chansons, de la musique, des êtres se rendant impalpables comme ceux qui se meuvent dans les pays des songes.
C’est surtout la chronique de deux familles, une arabe et une juive dont les rameaux, au décours des ans, des saisons et des amours, se sont tellement enchevêtrés que les identités se défont, deviennent incertaines, s’échangent. Nous ne nageons point dans l’idylle pour autant : simplement la vie banale et sans destin de ceux que l’Histoire n’a pas visités. Et puis, un jour, la grande Hache frappe et c’est la catastrophe. Les identités se figent et à se revendiquer pures deviennent incompatibles, les haines ne sont plus celles des vendettas qui s’enracinaient dans une nature, maintenant personne ne parle plus pour soi, en son nom, chacun parle pour autre chose que ce qu’il est, pour un nom que l’Histoire lui impose, pour une «chose», une «cause» qui s’empare de lui comme une bête étrangère, qui le tue et le fait tuer.
Le pari de cette pièce L’Orange c’est justement d’enrayer la machine identitaire, la machine infernale : deux adolescents s’éprennent l’un de l’autre, à la différence des Montaigu et des Capulet ils sont frères et sœurs, mais ils ne le savent pas, le pari c’est de faire circuler entre eux et tous les personnages, cette orange, fruit lumineux et précieux, donnée une fois, reçue, trouvée, reprise, transmise d’un bord à l’autre de la plaie, du mur, et qui matérialise dans son jeu jamais stoppé de furet, l’espoir et la réalité de cette entre-appartenance de chacun et de tous, la seule à pouvoir déjouer les sortilèges criminels de la grande Hache.
Jean-Loup Thébaud.
 
 
 
 
L'Orange
 
de
Hamma MELIANI
 
 
 
 
Théâtre
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Texte déposé à la SACD. Paris octobre 2019.
 
meliani.h@live.fr
 
 
 
 
 
 
 
L'Orange
 
Malka et Jalel qui se virent et s’aimèrent en rêve, se retrouvent dans la réalité où leur engagement pour la paix prend racine dans les violences et les fractures d'aujourd'hui.
Ces jeunes tendent les bras à la fraternité et appellent à la justice véritable.
Une fable, qui joue à mettre en lumière la rupture entre Israéliens et Palestiniens et l'espoir de vivre une concorde durable.
Amour et sarcasme sont au service d’un théâtre qui sous des dehors cocasses n’en demeure pas moins grave et profond.
 
 
 
Personnages
 
Famille Mendel
Malka. 17 ans.
(Fille de Rivka).
Mendel. 70 ans. Patriarche.
(Père de Liès).
Atika. 65 ans. Épouse de Saul.
(Mère de Rivka).
Saul. 65 ans. Frère de Mendel.
(Chef de la milice).
Mischa. 35 ans.
Kevin. 25 ans.
Gittel. 23 ans.
 
Famille Om Ysmael
Jalel. 17 ans.
(Petit fils d'Om Ysmael).
Leila. 40 ans.
(Fille de Massud).
Om Ysmael. 65 ans.
(Sœur jumelle de Massud).
Nicolas Handal. 40 ans.
(fils d'Om Ysmael. Réfugiée de retour clandestinement au village).
Massud. 65 ans. Il boite.
(Paysan).
Samira. 20 ans.
(Cybermilitante, en contact permanent avec Ytzhak, cybermilitant de Tel-Aviv).
 
Petits personnages : Enfants, paysans, soldats.
 
 
Acte 1
 
Tableau 1.
C'est le matin. Un vallon.
Une pierre tombale, un arbrisseau. Un olivier calciné.
Au loin, on voit une clôture de barbelés.
 
Scène 1
(Un garçon de dix-sept ans, c'est Jalel, le cartable en bandoulière, tenant un bouquet, se dirige vers la pierre, s'agenouille, l'embrasse et avec respect et compassion dépose les fleurs.
Cependant, derrière lui, enjambant le barbelé, s'approchent discrètement trois jeunes colons armés. De son cartable, le garçon sort une petite bouteille de plastique et arrose l’arbrisseau avec ferveur. Ils le surprennent, les fusils pointés sur lui).
Mischa :
En voilà un qui n'a pas froid aux yeux.
Kevin :
(À Jalel) .
Mains en l'air ! Debout. Lentement. C'est ça. Tourne-toi par ici. Baisse les yeux ne me fixe pas !
Mischa :
Le con il refuse. Je vais le buter. (Il le menace).
Kevin :
Baisse les yeux !
Gittel :
(Elle retient l'arme de Mischa).
Tu fais quoi là ? Tu vas provoquer une émeute.
Mischa :
Gittel, arrête ! Laisse-moi faire ! (à Jalel). Recule ! Ouvre ton cartable. Y a quoi dedans ? Jette tout par terre. C'est quoi ça ?
Jalel ...

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