Les Cerbères
202 pages
Français

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Description

Extrait : "Je m’appelle la Famine. Ne te retire pas précipitamment, racaille. Je t’aurai, je suis omniprésente. Il fut un temps où les guerres se chargeaient de vous. Il fut un temps où vos pères vous négociaient comme du bétail ; un temps d’opprobre qui m’a fait naître. Le bon temps, quoi ! C’est moi qui prends aujourd’hui la relève. Vous avez été maudits par le ciel. Ah ! Je vous aurai, parole de Famine. Même vos compatriotes vous accusent."

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Informations

Publié par
Date de parution 11 septembre 2018
Nombre de lectures 30
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES CERBERES
ThéâtreMohammed KHAIR-EDDINE
LES CERBERESère1 EDITION
Arcantères
er1 trimestre 1999
ISBN : 2-84342-010-6
ème2 EDITION
DL : 2005/1499
ISBN : 9954-429-38-7
EDITIONS AÏNI BENNAÏ
131, boulevard d’Anfa
20000, Casablanca, Maroc
Tél. : +212 22 270907- +212633368402
E.mail : eds.aini.bennai@wanadoo.net.ma
ère1 EDITION EN LIGNE
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.Du même auteur
-Nausée noire, poème, Siècle à mains, Londres, 1964
-Le Roi, Jean-Paul Michel éditeur, Brive, 1966
-Agadir, 1967
-Corps négatif, 1968
-Histoire d'un Bon Dieu, 1968
-Soleil arachnide, 1969
-Moi l'aigre, 1970
-Le Déterreur, 1973
-Ce Maroc !, 1975
-Une odeur de mantèque, 1976
-Une vie, un rêve, un peuple, toujours errants, 1978
-Résurrection des fleurs sauvages, Éditions Stouky et Sedki, Rabat, 1981
-Légende et vie d'Agoun'chich, 1984
ère-Il était une fois un vieux couple heureux, 1993 (1 édition 2002)
-Faune détériorée, 1997
-Le Temps des refus, entretiens 1966-1995
-On ne met pas en cage un oiseau pareil (Dernier journal, août 1995),
William Blake & Co. Édit., 2001 A ma femme Zhor
Qui m’a beaucoup soutenu.AVERTISSEMENT
Cette pièce a pour cadre une partie de l’Afrique où sont
réunis tous les fléaux capables de décimer une humanité
déjà précaire. Nul n’ignore que ce contient subit encore
les contrecoups d’une longue période coloniale et qu’il
travers une crise structurelle très grave. Des
épiphénomènes politiques qui consistent en une série de
coups d’état ponctuels, coups d’état pour le moins
interchangeables aux calamités naturelles figurées
essentiellement par une sécheresse persistance due à une
trop forte déforestation et au non respect de la nature, il
n’y a qu’un pas, un pays vite franchi, car tout est lié, tout
fait bloc. Mais il n’y a pas que cela, tant s’en faut. Il y a
surtout la déculturation mentale qui entre en ligne de
compte : l’appauvrissement sinon la mise à sac des
cultures des ethnies et, partant, de sociétés entières. D’où
l’ancrage pesant d’idéologies importées, de modes de
penser pas toujours compatibles avec les mentalités des
peuples africains… et qui sont le plus imposés par la
force ou la persuasion coercitive. C’est ce que nous avons
tenté d’illustrer par ces ‘’cerbères’’ qui, comme on les
sait, sont les principaux gardiens des Enfers. Cerbère, cechien mythologique à trois têtes, était unique en son
genre. Ici, il est littéralement démultiplié. Il est mille fois
pire qu’il ne fut jamais. Il faudrait sans doute inventer dix
mille Hercules pour en venir à bout, dix mille Hercules
pour donner un peu d’espérance aux laissés pour compte
et aux éclopés. Les africains savent qu’il faut en finir. Ici
et là, des guerres éclatent, la vie des uns et des autres
change. La minorité prospère, la majorité crève de faim.
L’histoire de ce texte est celle de la dépossession, c’est
celle d’un peuple qu’on dévalue et qu’on exsangue. Cette
Afrique dont le tam-tam douloureux s’entend toujours se
recroqueville sur elle-même, elle tend vers nous des
moignons dont nous ne savons plus qu’ils étaient des
mains. Ce sont ces moignons qui parlent.
M.K.H. PROLOGUE
(La scène est brillamment éclairée : spots rouges,
couleur de terre africaine – latérite. Sol bosselé avec un
arbuste desséché. On entend une rumeur étrange, un
bruit de fond exprimé par des êtres suffocants. Puis
arrivent quelques personnages quasi disloqués. Ils
n’avancent qu’avec peine ; parmi eux, des femmes
décharnées traînant des enfants également squelettiques.
Tout ce petit monde va vers l’avant-scène comme s’il
voulait se précipiter sur le public. Cris d’hyènes, au loin.
Symphonie gutturale de la mort. Autre voix spécifique de
l’au-delà. A ce moment, un personnage sinistre entre sur
le plateau. Il porte un masque de vautour et il est habillé
d’oripeaux repoussants. A son apparition, les autres
personnages se retirent jusque vers la coulisse. L’autre
les regarde en agitant les bras, mais ce ne sont pas les
bras d’un être humain. Plutôt des faux, des instruments
mortels.)LA FAMINE
Je m’appelle la Famine. Ne te retire pas précipitamment,
racaille. Je t’aurai, je suis omniprésente. Il fut un temps
où les guerres se chargeaient de vous. Il fut un temps où
vos pères vous négociaient comme du bétail ; un temps
d’opprobre qui m’a fait naître. Le bon temps, quoi ! C’est
moi qui prends aujourd’hui la relève. Vous avez été
maudits par le ciel. Ah ! Je vous aurai, parole de Famine.
Même vos compatriotes vous accusent.
Qu’est-ce à dire ? Que la fameuse pauvreté biblique vous
sied bien ? Où qu’elle serait une nouvelle richesse ? On
vous a bourré le crâne, triste épouvantail sans oiseaux.
Mais c’est surtout à cause de votre inconscience que je
sévis. Le soleil est mon compagnon, tout comme les
sauterelles et la sécheresse permanente. Des siècles, que
dis-je ? Des millénaires durant, vous avez courbé l’échine
devant des dominateurs rapaces. J’étais souvent là, à vous
observer, mais vous ne me voyiez que lorsque les
charognards. Vos prières et vos lamentations, quoi
qu’elles fussent déchirantes, n’émouvaient personne.
Dieu lui-même faisait la sourde oreille. Vous voici
devenus des hordes hagardes et affamées. Etrange destin,
en vérité, pour une postérité dont les patriarches avaient
lézardé la face du monde ! Qu’en est-il à présent du faste
ancien et de toutes vos munificences ? Peuple divisé, je
frappe donc autour de moi et je fauche et je ne laisseautour de moi que des ruines, des larmes et des cadavres,
car vous avez souillé cette terre admirable qui est le
berceau de l’Homme. Vous avez tranché vos racines et
vous vous êtes transformés en pseudo bêtes quand bien
même celle-ci seraient plus fortes et plus motivées que
vous. Vous viviez avec des lions dans vos terriers sans
savoir qu’un jour ils se retourneraient contre vous. Vous
aviez oublié jusqu’à votre essence.
(Ici la famine opère un demi-tour puis elle se meurt à
danser sur place exactement comme un derviche
tourneur. A leur tour, les affamés tournoient quelque
temps avant de plier les genoux. Coups de gong.
Brusquement, un nouveau personnage fait irruption sur
scène. Il est en treillis et porte un gros revolver. La
Famine s’arrête de danser pour le saluer. Lui-même
prend la parole à l’adresse de la Famine.)
LE NOUVEAU PERSONNAGE
Je suis le grand Lahaî Mar et tu es la Famine, ma
bienfaitrice. Nous faisons le même métier. Nous
détruisons à tour de bras tous ceux qui s’opposent à nous.
Nos ennemis sont légion. Ils ignorent les valeurs de l’état
comme ils s’ignorent eux-mêmes. Ô Famine ! Ton ombre
est un feu d’enfer, ce feu charrié par mes veines et qui
nourrit ma détermination. Hé ! Je n’ai jamais manqué de
t’évoquer au plus noir de cette nuit que je gouverne.
(A l’adresse des affamés)
Crève, vermine ! Crève et qu’on n’entende plus parler de
toi.
LA FAMINE
Ceux-là sont déjà morts.
LEHAÏ MAR
A La bonne heure ! Mais il en reste encore plein dans les
maquis. Ce sont eux qui me donnent du fil à retordre. Ils
ont le ventre creux mais sont armés jusqu’aux dents.
Toutes les officines occultes les soutiennent et je ne puis
en venir à bout. Il y a là-bas des montagnes si
tarabiscotées cotées que mes soldats n’osent pas même
s’en approcher. Que dis-je ? Ils tiennent un petit territoire
qui est un vrai nid de guêpes. Maudits pour maudits, ilsn’ont que ce qu’ils méritent. Que veulent-ils ? Une
partition ? L’autonomie ? Eh bien ! Ils n’auront rien. Fini
le temps des divisions ! Fini l’empire colonial qui
tranchait à vif dans la chair des peuples et des nations.
LA FAMINE
Bravo, lehaî, bravo ! Ceux qui marchent avec moi
atteignent leur objectifs sans coup férir. Tu es donc
l’enfant chéri de la Fam

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