Thomas ou les infortunes de la fierté
93 pages
Français

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Thomas ou les infortunes de la fierté , livre ebook

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Description

Qui est Thomas ? Quelles sont ses infortunes ? Ce sont celles d’un jeune homme de notre temps qui n’a jamais hésité à se montrer fier d’être gay, dût-il parfois en payer le prix fort.
Dans ce texte émouvant, bien que parfois rude, Thomas nous raconte ses expériences érotiques avec une sincérité et une authenticité qui ne pourront qu’interpeler le lecteur. Au-delà des anecdotes dont fourmillent ce récit, nous sommes conduits à nous poser une question importante : faut-il baiser pour faire plaisir à autrui ? Le sexe peut-il être un devoir ?

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2015
Nombre de lectures 16
EAN13 9782363154620
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Thomas ou les infortunes de la fierté


Gilles De Coninck

2015
ISBN:978-2-36315-462-0
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

Préface de Gilles De Coninck
Thomas ou les infortunes de la fierté
Biographie
Préface de Gilles De Coninck
 

 
 
 
 
 
 
            Je ne suis pas un écrivain : je suis un homme d’affaires. Mon business marche bien. Je travaille à l’international. J’importe dans mon pays toutes sortes de marchandises dont je préfère taire la nature. On n’est jamais trop prudent.
      Il y a un peu plus d’un an, mes affaires me conduisirent dans les pays de la péninsule arabique. J’y séjournai trois semaines tant il est difficile là-bas d’obtenir ne serait-ce que l’espoir d’une signature à la fin d’un hypothétique contrat. Un soir, alors que je dégustais un double scotch au bar d’un grand hôtel dans l’attente d’un plaisir que j’avais commandé afin de passer une nuit agréable, je vis venir vers moi un individu peu soigné. Mal rasé, il était aussi mal fagoté. C’était un pauvre hère ou du moins cherchait-il à en donner l’apparence. Après s’être assuré de mon identité, que je lui donnai bien légèrement, il me remit une grande enveloppe cachetée puis décampa aussi rapidement qu’il était arrivé. Je ne l’avais jamais rencontré auparavant et je ne devais jamais le revoir malgré les recherches que j’entrepris dès le lendemain afin de le retrouver. Lui en revanche paraissait me connaître, du moins de nom. Embarrassé, je soupesai un instant l’enveloppe qui était assez lourde. Au juger elle pesait facilement un kilo. J’hésitai à l’ouvrir : les colis piégés sont fréquents à notre époque et la région où je me trouvais connaissait depuis quelque temps une vive effervescence. Au toucher l’enveloppe semblait pourtant sans danger. Mes doigts pouvaient sentir les feuilles agglutinées les unes sur les autres sous le revêtement du papier kraft. Je vidai mon verre d’une seule traite et me décidai à ouvrir ce colis presque tombé du ciel.
            C’est ainsi que je découvris ce surprenant manuscrit que je porte aujourd’hui à la connaissance du public. Surpris par le contenu, les livres ne sont pas d’ordinaire le genre de biens que j’achète et revends, je feuilletai d’abord distraitement les premières pages. Etonné, amusé mais aussi parfois incroyablement excité par ce que je découvrais, je fus incapable de lâcher ma lecture. Le jour pointait derrière les baies vitrées du bar climatisé quand je refermai les aventures de Thomas. A plusieurs reprises j’avais dû renvoyer le bel éphèbe que j’avais commandé et qui comprenait mal que je renonce à ses charmes pour m’abîmer dans la lecture d’une paperasserie qu’il jugeait sans doute dégoûtante. Des feuilles souvent en piteux états s’accumulaient sur le comptoir du bar à mesure que je progressais dans le récit.
            J’étais d’autant plus intrigué par cette histoire qu’il me semblait avoir connu ce Thomas quelques deux ans plus tôt mais dans des circonstances telles que nous n’avions guère échangé plus d’une dizaine de mots. Thomas, si c’est bien lui dont je me souviens, était alors un jeune homme plein d’entrain, toujours désireux de satisfaire le monde. Ce garçon était au fond un idéaliste, mais un idéaliste tel que seule notre époque est capable d’en produire : un idéaliste du sexe. Thomas en effet était gay tant par nature que par conviction et il s’en montrait fier à la moindre occasion. Et chez lui, si je me rappelle bien, les occasions manquaient rarement.
            C’est ce zèle, ce désir insatiable que Thomas avait de faire l’amour dès qu’un homme le lui en faisait la demande qui semble lui avoir été fatal comme il le raconte dans ses aventures.
            Le manuscrit qu’on me remit était volumineux : il ne comptait pas moins de trois cents pages écrites à la main et d’une écriture dense et serrée. Une partie du texte était illisible en raison des supports souvent douteux que dut utiliser Thomas pour rédiger, en hâte me semble-t-il et parfois à la dérobée, ce qui se présente à nous comme une sorte de journal de sa folle jeunesse. Faut-il dire que l’issue en fut tragique ? Rien ne permet de l’avancer : le manuscrit reste inachevé.
            Rentré à Bruxelles où sont installés mes bureaux, non loin d’ailleurs des bâtiments de la Commission européenne, je pris sans tarder la décision de publier l’histoire de Thomas. Pour cela, il me fallut d’abord élaguer son manuscrit en enlevant bien sûr les nombreux passages illisibles mais aussi en supprimant quelques redites inutiles. En revanche, je choisis de conserver les abondantes scènes de sexe que contiennent ces aventures, bien qu’elles soient parfois répétitives. Ces scènes paraîtront sans doutes pénibles à certains, d’autres s’en amuseront ou en feront encore un autre usage en lisant le livre d’une seule main.
            Enfin si j’ai décidé de rendre public ce manuscrit que j’ai pris sur moi d’intituler Thomas ou les infortunes de la fierté, c’est aussi afin d’instruire les parents des pièges qui guettent notre jeunesse avide de sensations fortes dans une époque qui les autorisent presque toutes.
 
 
Bruxelles, le 28 août 2015
Thomas ou les infortunes de la fierté
 

 
1
 
 
Je m’appelle Thomas. Qui je suis ? Tu l’apprendras en lisant ce que j’ai fait. Où je suis ? Je ne le sais pas moi-même. Quelque part loin de tout. Mon âge est lui aussi douteux. J’avais dix-huit ans quand j’ai quitté la France. Mes aventures ont été brèves. J’ai brûlé ma jeunesse en à peine quelques mois. J’ai maintenant vingt-trois ou vingt-quatre ans peut-être. Il est difficile de mesurer le temps quand on vit hors du monde. Il se peut que je sois plus âgé que je ne le pense. Mais puisque tu m’as regardé comme tu m’as regardé, je ne dois pas être si vieux.
Ce que j’ai fait, je l’ai fait sans rougir. Dans toutes les circonstances je me suis montré digne. Il m’est sans doute arrivé d’embrasser contre mon gré des bouches qui ne me plaisaient pas. Pourtant les situations les plus embarrassantes ne sont jamais parvenues à me faire perdre ma fierté. Alors autant te le dire avant que tu ne commences à parcourir le récit de mes infortunes, j’ai toujours agi par devoir. J’ai pratiqué le sexe gay par conviction.
J’ai pompé des nababs aux doigts couverts de bagues serties de diamants, j’ai enculé des hommes de religion qui priaient la divinité avant de décharger, j’ai été sodomisé par une bande de soldats, je me suis fait lécher les pieds, certains m’ont attaché, d’autres ont payé mille dollars pour que je les insulte, j’ai godé un colonel américain qui partait en retraite. J’ai aimé la République. Je lui dois mes principes, je lui dédie ces pages.
Personne ne m’a jamais contraint. Il se peut qu’on m’ait abusé. Les hommes n’ont pas su reconnaître mes actes à leur juste valeur. J’ai souvent sacrifié mon bonheur à ma fierté. Toi-même tu ne sais probablement pas ce que tu me dois.
Comme tu l’as constaté chaque fois que nous nous sommes vus, je reste ferme sur mes principes, je ne renâcle jamais devant la tâche. L’autre soir tu as voulu être baisé trois fois après m’avoir entendu et je ne t’ai pas déçu. Pourtant chaque nuit, alors que je peine à trouver le sommeil, je ne peux m’empêcher de me demander si tout cela n’aura pas été qu’un feu de paille, un peu de foutre lâché sur la chaussée.
Il faut pourtant continuer.
 
 
2
 
 
C’est vers l’âge de douze ou treize ans que j’ai ressenti mes premiers émois gays. Ressentir est déjà t

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