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Description
Informations
Publié par | Les Éditions du Net |
Date de parution | 08 juin 2020 |
Nombre de lectures | 2 |
EAN13 | 9782312073484 |
Langue | Français |
Extrait
Tokamak
Johnny Phoenix
Tokamak
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-312-07348-4
« Nous, par le droit que nous donne notre âge
Réduisons nos fils à l’esclavage
Ensemble
Si demain chacun d’eux nous ressemble
Il faudra faire en sorte
Qu’aucun d’eux ne ressorte
Du monde dont nous fermons les portes
Que la légende d’Orion
Soit morte »
Gérard Manset
À Jessie : mon Pandamour
Plaine des Cafres
31 juillet 2048.
Le soir descend sur les hauteurs de l’Île de La Réunion.
Orion Rivière s’empresse de régler l’automate de la station d’essence. Sise au vingt-septième kilomètre.
Ouvrant en grand la large portière verte, il se hisse sur le marche-pied de son véhicule tout-terrain. Un vieux Land-Rover entièrement rehaussé, âgé d’un demi-siècle déjà.
Le petit giratoire recouvert d’hortensias, qui balise tel un fanal la majestueuse Maison du Volcan, est particulièrement resserré.
Le Discovery l’emprunte donc avec cautèle.
Ce n’est qu’au sortir de l’anneau qu’Orion peut enfin lever les yeux au-dessus des parterres d’agapanthes et d’amaryllis multicolores. Pour voir entre les troncs parcheminés des gros platanes à feuilles d’érable, s’élever ce trio minéral de géants gris : le Grand Bénare, le Gros Morne et le Piton des Neiges. Qui hissent leur somptueuse couronne auréolée de nuages, jusqu’à l’empyrée des trois mille mètres.
La Route des Plaines est aussi ce serpent qui glisse parmi les haies hérissées de genêts d’or, de mimosas argentés et de bois d’épinards. Des taille-vents enguirlandés de barbelés secrets. Derrière lesquels des vaches alanguies paissent avec une exquise douceur le boulingrin des pâturages.
Un papangue, unique nom vernaculaire d’un grand busard, vient de regagner bredouille le perchoir d’un tamarinier. Pour y entamer son indigente nuit de jeûne.
Le dernier croissant de lune, la machette aiguisée de la nuit, s’est désormais abattu sur le Tropique du Capricorne. Et telle une fleur ouverte Vénus, l’Étoile de Lucifer, scintille dans le ciel pellucide. Qui vaporise, parmi les remparts d’un vert jungle, son parfum de corolles phosphorescentes.
Les molosses, ces chauves-souris endémiques, virevoltent à présent sous le premier rayon vert d’un lampadaire. L’un d’eux en maraude a pris en chasse un papillon de galabert. Un sphinx à tête de mort, qui vite court s’abriter sous la feuille urticante d’un veloutier sauvage.
Une terre pourtant si merveilleuse, clame en son for le Cafriplainois. Lui qui connaît par cœur chaque recoin de ces sentiers, qui conduisent au pinacle de l’Île Intense : le Piton des Neiges. Combien même son métier d’astronome à l’observatoire des Makes, des hauts de Saint-Louis, l’éloigne trop souvent de ce labyrinthe de rêve, effervescent de phytoncides.