Trophée des plumes 2022 - (La falaise)
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Trophée des plumes 2022 - (La falaise) , livre ebook

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Description

Elle s’est crue un instant dans un rêve… Elle ouvra les yeux. Regardait autour d’elle sans réaliser ce qui venait de lui arriver. Elle fronça les sourcils au fur et à mesure jusqu’à fermer les yeux. Puis, elle poussa un grand cri en signe de douleur qui alerta les gens autour d’elle. La route n’était pas sécurisante, le voyage se faisait toujours avec crainte, mais c’est le seul chemin viable qui relie la ville de douala à celle de Dschang. ils arrivèrent au niveau de la falaise de Dschang. Falaise réputée accidentogène, avec ses nombreux virages et ses pistes ressemblant à des ruelles. Les chauffeurs roulent en moins de trente kilomètres par heures. Le bus passe par endroit tout à côté d’un ravin et il y est arrivé que certains basculent. Les gardefous qui longent la route sont soit détruits, soit laminés par la force des véhicules qui y ont chuté dessus. Tout le long de la route on voit des plaques portant des stigmates de nombreux accidents, indiquant le nombre de morts à certains endroits« ici 30 morts »,peut-on lire, de quoi attiser la frayeur chez certains. Le bus perdit les freins à la montée et se mit à faire une marche arrière forcée. Les cris se faisaient entendre… les prières à la vierge marie, au seigneur Jésus-Christ et même au prophète Mahomet s’accentuèrent.

Informations

Publié par
Date de parution 31 mai 2022
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Elle s’est crue un instant dans un rêve… Elle ouvra les yeux. Regardait autour d’elle sans réaliser ce qui venait de lui arriver. Elle fronça les sourcils au fur et à mesure jusqu’à fermer les yeux. Puis, elle poussa un grand cri en signe de douleur qui alerta les gens autour d’elle. La route n’était pas sécurisante, le voyage se faisait toujours avec crainte, mais c’est le seul chemin viable qui relie la ville de douala à celle de Dschang. ils arrivèrent au niveau de la falaise de Dschang. Falaise réputée accidentogène, avec ses nombreux virages et ses pistes ressemblant à des ruelles. Les chauffeurs roulent en moins de trente kilomètres par heures. Le bus passe par endroit tout à côté d’un ravin et il y est arrivé que certains basculent. Les garde-fous qui longent la route sont soit détruits, soit laminés par la force des véhicules qui y ont chuté dessus. Tout le long de la route on voit des plaques portant des stigmates de nombreux accidents, indiquant le nombre de morts à certains endroits« ici 30 morts »,peut-on lire, de quoi attiser la frayeur chez certains. Le bus perdit les freins à la montée et se mit à faire une marche arrière forcée. Les cris se faisaient entendre… les prières à la vierge marie, au seigneur Jésus-Christ et même au prophète Mahomet s’accentuèrent. Le bus se déséquilibrait, se renversa sur le côté gauche et s’abattit sur un arbre au bord de la route… Ce fut la consternation totale, la scène ressemblait à celle d’une attaque terroriste… Le sang jaillit sur la chaussée, des morceaux de bras et de jambes étaient éparpillés non loin du bus, les sapeurs pompiers furent appelés. Des cris stridents entremêlés à des pleures et à des paroles se faisaient entendre,« aidez-moi… sauvez mes enfants… Seigneur prend pitié… Qu’ai-je fait au bon Dieu pour mériter ça… Je ne vois pas mon mari… »hurlait et jacassait de partout, on s’aurait cru dans un film d’horreur. Ça Des gens avaient été complètement écrabouillés, à vue d’œil tu croirais de la patte à modeler de couleur rouge sur la chaussée. Les sapeurs pompiers se faisaient toujours attendre, laissant d’autres passagers qui en attente d’aide médicale commencèrent à agoniser. Ils arrivèrent une heure plus tard et découvrirent l’hécatombe dans laquelle de nombreuses familles seraient plongées. Elle allait à Dschang avec Eric chez sa grand-mère. Elle y avait grandit après le décès de ses parents avant d’aller continuer ses études à Douala. Elle était déjà à sept mois de grossesse et Eric voulait qu’elle accouche auprès de sa famille. Son travail de militaire l’empêchait d’être présent à la maison il se déplaçait beaucoup. Il ne voulait prendre aucun risque au cas où elle aurait un souci en son absence. Lorsqu’il voyageait, Audrey ne pouvait passer une heure de temps sans prendre de ses nouvelles, elle ne manquait jamais de l’appeler. Elle avait toujours envie d’écouter sa voix, comme si elle y trouvait un certain
refuge et il ne manquait jamais de la rassurer, de lui chuchoter des mots réconfortant à l’oreille. En Eric elle retrouvait son père, son frère et son mari. Les pompiers arrivèrent sur le lieu de l’accident et transportèrent les blessés pour l’hôpital de District de Dschang. Ils étaient dirigés dans le pavillon traumatologie. Les cris et les pleures étaient si poussés que tu te croyais être dans un enterrement. L’odeur du sang était si âpre que tu avais envie de vomir. Les chambres étaient pleines à craquer. Eric et Audrey furent mis dans la même chambre, ils étaient inconscients. Après que les nouvelles d’un accident macabre parurent aux infos, la grand-mère d’Audrey se rendit immédiatement à l’hôpital de District pour identifier les corps. Elle arriva dans la chambre et vit les deux, inconscients. Ils étaient dans le coma, la tristesse et les pleurs qui l’abritait déjà s’accentuèrent lorsque le médecin lui fit savoir que le bébé d’Audrey n’avait pas survécu. «Yémaleh, yémaleh…» S’exclamait elle en signe de détresse. Deux jours après, Audrey fut la première à se réveiller. Sa grand-mère lui tint la main, sa face s’emplit de joie lorsqu’elle la vit. Audrey mit la main sur son ventre, remarqua qu’il avait baissé et demanda à sa grand-mère «où est mon bébé ?». Observant son silence parlant, elle insista avec étonnement« grand-mère dit moi où est passé mon bébé ».Lorsque sa grand-mère baissa la tête et écrasa une larme, elle comprit que le pire était arrivé. « nonnn… nonnn…pas mon bébé seigneur… » Elle se démenait dans son lit, mettait la main sur sa tête, balançait les pieds, elle voulait retirer la perfusion qu’on lui avait mise… elle criait tellement fort qu’elle interpellait les infirmiers qui durent venir la calmer. Elle se ressaisit timidement et demanda après son mari. « C’est lui qui est couché dans le lit en face de toi »dit sa grand-mère. Elle n’arrivait pas à croire. Il avait subi plus de dommages lui physiques par rapport à elle. La moitié de sa face était bandée, son corps présentait des brûlures jusqu’au deuxième degré, et sa jambe gauche lui était amputée. L’état d’Audrey s’améliorant de mieux en mieux, elle fut admise à sortir de l’hôpital. Elle faisait de la rééducation et dormait tous les soirs auprès d’Eric qui était toujours dans le coma. Elle rentrait le matin, cuisinait quelque chose et revenait à l’hôpital. Elle lui faisait humer les odeurs des repas qu’elle apportait espérant que ça suscite son appétit et le réveille. C’étaient les mets dont il raffolait tel la banane malaxée. Lorsqu’il entrait à la maison et qu’il humait cette odeur, il ne rentrait plus dans la chambre se débarbouiller et s’asseyait une fois dans la salle à manger. Une semaine après alors qu’elle s’était assoupie auprès de lui, avec sa grand-mère à côté, elle entendit quelqu’un dire ta banane malaxée m’a tellement manqué. Elle se leva en sursaut, esquissa un large sourire et le serra avec les yeux pleins de larmes. Elle l’informa du décès de leur bébé. Il s’en voulait d’avoir été l’initiateur du voyage, il lui
demanda pardon.»on en fera d’autres enfants quand tu seras établi « T’inquiète . La joie emplit leurs deux visages, ils se regardèrent comme ce premier jour lorsqu’ils se cognèrent la tête en voulant entrer à l’amphi Melone de l’université de Douala. Elle lui parlait de comment juguler son handicap lorsqu’il sortira, lorsqu’elle sentit les yeux d’Eric se flétrir.« Tu as dormi pendant presqu’une semaine et tu as déjà sommeil ? »,il ne dit mot.« Eric, Eric… »Martelait-elle mais ses yeux se fermèrent, sa main qu’il saisissait, peu à peu, elle sentit qu’il la lâcha. Elle courut appeler le médecin. Lorsqu’il arriva il constata qu’Eric ne respirait plus, il examina son pouls, il n’en avait plus. Il se retourna vers Audrey qui ne cessait de déambuler dans la chambre, les mains réunies sur sa poitrine en signe de prière. Lorsqu’elle vit les yeux du médecin qui la regardaient avec désespoir, elle s’affalait directement sur le sol, comme si elle s’était faite désossée. Elle se roulait au sol en hurlant « non seigneur, dit moi que je suis entrain de faire un cauchemar ».Mais c’était bien réel, le médecin vint la calmer et le corps fut mis à la morgue. Elle retournait chez sa grand-mère ayant l’impression qu’un mauvais sort lui avait été lancé. Elle s’enfermait dans la chambre et y passait toutes ses journées, elle n’y sortait seulement lorsqu’elle voulait boire de l’eau et aller aux toilettes. Sa grand-mère essayait de lui faire manger quelque chose et sortir un peu de la maison. Mais rien n’y faisait, on dirait qu’Eric était parti avec une partie d’elle. Elle maigrissait de jours en jours, sa voix se flétrissait, ses yeux voulaient comme sortir de l’orbite et un soir alors que sa grand-mère entra dans sa chambre, elle la vit étalée dans le lit comme un mollusque, la vie l’avait quittée.
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