Trophée des plumes 2022 - (Le bébé de la guérison)

Elfried Samira Nikiema

Description

Elle ne voulait pas d'enfant. Mais elle ne savait pas que cette grossesse surprise allait changer le cours de sa vie et celle de son mari. Cela leur donnera un nouveau départ.

Sujets

• Blessures secrètes
• Guérison
• Grossesse
• Femme

Informations

• Publié par: canalplus.1nkew0qyjakevbsp7hwq5q.h48
• Date de parution: 02 juin 2022
• Nombre de lectures: 10
• Langue: Français

Extrait

Les deux traits bleuss’affichentsur le dixième test que je fais.

Je voulais être sûre de ce que je vois, résultat, j'en ai fait 10. Pourquoi tant de stresse, pourquoi tant de tests ? Juste la peur, les questionnements, les doutes sur le fait que je serai une bonne mère ou pas. L'appréhension de ce que serai ma vie dorénavant.

Je ne voulais pas d'enfant. J'étais catégorique là-dessus. Et Jules le savait, quand il a décidé qu'on unisse nos vies.

Il le savait, et il n'a pas posé de réticences. Il savait, selon ses propres mots, que j'étais la femme de sa vie, avec ou sans enfants. Les enfants sont du ressort de Dieu disait-il. Mais je sais que secrètement, il espérait qu'un jour je change d'avis et que je veuille des enfants. Ce qu'il ne sait pas, ce que je ne lui avais jamais dite. Ce refus de procréer me vient de mon rapport avec mes géniteurs. Je ne voudrais pas faire subir ce que j'ai subi à mes enfants.

Aujourd'hui, je suis obligée de lui dire la vérité, Jules doit savoir la vérité. Car je n'envisage pas l'avortement. J'ai fait de mon mieux avec les contraceptifs. Si malgré tout il est là, c'est pour une raison que j'ignore. Certainement du ressort de Dieu.

Pendant que je parle, j'ai la main sur le bas ventre. Et un sentiment étrange me parcourt la colonne vertébrale. Je passe par plusieurs émotions en si peu de temps.

Je suis émue, je pleure. Non, finalement je ne vais pas confronter le regard de Jules. Je ferai ce que je connais le mieux. Écrire, oui je lui écrirai une lettre. Je n'ai pas encore la force de parler à haute voix.

Me voici donc à table pour coucher ma douleur.

" Cher Jules, mon adorable époux.

Je t'aime et tu le sais.

Mais il y'a des choses que je n'ai pas encore eu la force de te dire. Aujourd'hui je me retrouve dos au mur. Il faut que je me libère, si je veux que nous allions de l'avant.

Très cher, je ne tournerai pas autour du pot. J'ai eu une enfance assez tumultueuse. Bâillonnée entre deux parents qui se livraient ouvertement la guerre. C'était toujours des délégations de réconciliation. C'était toujours des déménagements. Mes études en ont pris un coup à un certain moment. C'était toujours des injures qui ne sont pas dignes de deux personnes qui vivent ensemble. C'était toujours des objets qui volent en éclat, des sanglots à n'en point finir.

C'était toujours nous qui récoltons les dégâts. Car oui, papa nous battait souvent pour décharger sa colère contre maman, et maman nous battait pour décharger sa colère contre papa.

Nous nous retrouvons donc pris entre deux feux, ne savant où aller.

Sans oublier les moqueries des gens du quartier et de la famille.

Car oui, une maison où il n'y a pas de paix, ni de joie, est propice pour les attaques extérieures.

J'ai grandi donc avec cette idée de la parentalité. Je ne voulais pas me marier, mais tu as su me donner le goût sucré du mariage.

Je ne voulais pas d'enfant, mais tu as su avec patience rester à mes côtés.

Aujourd'hui, je suis enceinte. Oui nous sommes enceintes après 4ans de mariage. Malgré toutes les précautions, je suis enceinte. Je peux donc dire que c'est DIEU.

Le plus étrange, je suis au courant que depuis quelques heures seulement. Mais je chérie cette grossesse plus que tout.

Je veux de cet enfant, je veux faire la différence. Je veux briser cette chaîne toxique. Offrir à mon fils ou ma fille ce foyer que je n'ai pas eu. Je voudrais tellement que à 3, toi, moi et Dieu. Nous fassions la différence. Je t'aime, ta femme"

Après l'avoir lu, Jules me prit dans ses bras. Il me dit àl’oreille :"Nous ferons la différence, merci mon amour, je t'aime aussi".

Nous éclatons alors en sanglots dans les bras, l'un de l'autre.