Un tigre, une banane, une miss et quelques filles…
368 pages
Français

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Un tigre, une banane, une miss et quelques filles… , livre ebook

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Description

Patrice Restor est un jeune cadre qui s'ennuie dans une usine lorraine, au milieu de collègues ambitieux décrits en une savoureuse galerie de portraits acidulés.
Il vit avec Chantal dans une ville au riche patrimoine historique, conduit un cabriolet désuet et fréquente des personnages pittoresques.
Patrice est introverti, inadapté à son époque. Il se réfugie dans l’élitisme et la nostalgie. Ses relations avec les femmes qu'il côtoie auront des conséquences imprévues et déroutantes.
Deux événements vont bouleverser sa routine : l’arrivée d’une nouvelle employée, la troublante Isabelle et la lecture d’un livre de philosophie non conformiste.
Ce roman est une chronique à la fois douce et amère, au ton désabusé voire ironique. Un certain accent onirique apporte une touche élégiaque au récit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 mars 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332817433
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-81741-9

© Edilivre, 2014
Quelque part en Lorraine, dans une ville qui aurait pu s’appeler Divodurange ou Mettisy ; en 1984 peut-être ou dans ces années-là…
Le récit est divisé en cinquante-sept chapitres dont chacun s’agrège à d’autres, outre celui qui le précède et celui qui le suit, par affinité analogique ou référence commune. Cet engrènement s’organise en un puzzle formant une mosaïque chamarrée, comme la carte des départements affichée au mur des écoles primaires de cette époque. Voici donc le tableau des cinquante-sept « départements littéraires » de ce roman.
Epictète (Le manuel)


« Les choses contre lesquelles nous ne pouvons rien, faisons en sorte qu’elles ne puissent rien contre nous. »
Epictète (Le manuel)
Julius Evola (Chevaucher le tigre)
« Le monde moderne est un tigre déchainé, mais quiconque chevauche le tigre ne peut plus en descendre, nous avertit un proverbe oriental. Mieux vaut donc rester en croupe et attendre que l’animal épuisé morde la poussière.
C’est pourquoi il est bon de prendre, tant qu’il est encore temps, ses distances en se détachant de ce qui doit tomber et en se tenant fermement à ce qui, de par sa nature même, ne peut être détruit. Car lorsque tout s’écroule, moins on s’appuie et moins on tombe. »
Julius Evola (Chevaucher le tigre)
Chapitre 1 Patrice
Le feulement du moteur rugissait, profond et mélodieux. Le puissant huit cylindres, bien que déjà très largement centenaire en milliers de kilomètres parcourus, répondit encore promptement à la sollicitation de Patrice qui déboitait de sa voie pour dépasser un camion. L’autoradio au son nasillard massacrait une chanson des Beatles. La musique fut bientôt parasitée par un insupportable crissement provenant du tableau de bord.
La survenue de ce bruit strident contraria Patrice, jusque-là d’humeur plutôt enjouée. Il avait bien dormi et s’était levé à la fin d’un cycle de sommeil, avant que le réveil ne sonne. Le soleil naissant rougeoyait à l’horizon et donnait une teinte vernale à ce petit matin de mars plutôt frisquet. Il n’était pas plus en retard que d’habitude. A la vérité, il mettait presque un point d’honneur à cultiver ce tempérament dilatoire. Lorsqu’on lui en faisait la remarque, il rétorquait ironiquement, avec une bonne dose de rodomontade, voire d’insolence : « Je m’entraine, pour être sûr d’arriver en retard au rendez-vous final avec la grande dame noire. La camarde devra attendre ! ».
Depuis quelques années, les stations de radio avaient toutes développé des tranches horaires consacrées à des programmes rétro illustrant l’âge d’or de la musique rock et pop des années soixante-soixante-dix. Une antenne locale, Spleen Radio , était même entièrement consacrée à ces succès remontant à quatre ou cinq lustres, en langue anglaise pour la plupart d’entre eux. Les Beatles y tenaient naturellement une place de choix, à la plus grande satisfaction de Patrice, aficionado de la première heure des fab four . Il faut dire que chaque « tube » des quatre diables de Liverpool lui évoquait un souvenir particulier. Ecouter une anthologie des « scarabées » était pour lui, comme pour sans doute la majorité des auditeurs, un merveilleux voyage dans son jeune passé, de l’âge des premiers émois à celui des tendres désillusions. Sa madeleine de Proust en quelque sorte.
Les violons finissaient lentement en épilogue douceâtre, à la limite de l’écœurement pensa Patrice qui, en inconditionnel exigeant, se permettait parfois de telle réserve sur certains accompagnements orchestraux de Paul. Mais cette particularité sirupeuse n’était-elle pas justement leur marque de fabrique ?
Les inévitables publicités, arrogantes et flatteuses, succédèrent au long sanglot romantique. Le crissement du tableau de bord, en réplique à l’agression mercantile, redoubla d’intensité. Ne supportant plus cette cacophonie, Patrice éteignit le poste de radio d’un index rageur, donna un coup de poing vengeur sur la planche de bord et enclencha son clignotant droit. La bretelle de sortie d’autoroute était en vue. Le petit bruit vibratoire se tût, conséquence de l’intimidation violente, de la baisse du régime moteur ou de l’enchainement combiné des deux actes simultanés. « Il faudra tout de même que j’en parle au père Lereboulet lors de la prochaine vidange », pensa Patrice.
La voiture serpentait lentement entre les méandres des divers cours d’eau qui accompagnaient la petite route de campagne. Le vieux cabriolet Morgan franchit successivement la lothringe , puis un canal encombré de péniches et ensuite le bras secondaire de la rivière, pour se retrouver dans un village lorrain traditionnel. Les demeures trapues étaient alignées, presque toutes mitoyennes, regroupées, recroquevillées sur elles-mêmes, encore engourdies par la traine de l’hiver. Au-delà des premières rangées de maisons, on distinguait les toits rutilants des lotissements successifs qui, telles des colonies saprophytes, avaient poussé autour du hameau originel.
Patrice pria pour que le feu tricolore fût rouge. Il l’était. C’était pour lui une halte symbolique que ce signal lumineux. Il matérialisait la fin du village et l’intersection de la petite route avec une artère à double voie de circulation conduisant à l’usine. Ce banal instrument de signalisation routière représentait la frontière séparant l’ancien et le nouveau monde, la campagne et l’industrie, la tradition et le modernisme. Patrice détestait passer brutalement de l’un à l’autre de ces univers antagonistes. Il avait besoin d’une préparation, d’une mise en condition, avant d’affronter le monde contemporain. Le feu rouge lui permettait ce moment critique. D’autant plus qu’une fois arrêté, il regardait immuablement une haute et vielle maison de maître située sur sa gauche, à environ cinquante mètres de la chaussée. Elle avait encore fière allure et, hormis quelques tuiles brisées et une façade décrépie, n’accusait pas trop l’outrage des années d’intempéries et de négligence. Durant trente secondes, Patrice se plaisait à imaginer la vie d’une famille de vielle noblesse provinciale, désargentée comme il se doit et fidèle au serment de ses ancêtres : « Pour l’épée, le trône et l’autel ». Encore un bond dans le passé et il se voyait lui-même sous l’armure d’un preux chevalier, soldat du Christ-Roi, se préparant au départ pour la croisade… Une corne bruyante le fit sursauter. Le feu était passé au vert et l’automobiliste qui le suivait s’impatientait. Il abaissât la visière de son heaume, assura la prise de sa lance, enclencha la première vitesse et fit vrombir le huit cylindres rugissant de la Morgan.
L’usine se trouvait à cinq cents mètres à peine, imposante, arrogante, incongrue au milieu de ce terroir rural lorrain. « Une cerise confite sur une tarte aux mirabelles » pensa Patrice. Quelle faute de goût ! Bien que, « Pourquoi pas ? », eut rétorqué un nouveau Curnonski, adulé des magazines branchés au discours fat et consensuel. Il rangea sa voiture sur le parking réservé aux cadres de l’établissement. Le long capot Sherwood green , couleur de tout authentique cabriolet anglais qui se respecte, jurait parmi les berlines grisâtres et anonymes déjà présentes. Un cadre qui sait se comporter ès qualités doit rester neutre, sans signe extérieur distinctif autre que ceux, indispensables, qui catégorisent son appartenance sociale : costume sombre en cachemire, cravate club, mocassins Weston et mallette du type attaché-case. Sa voiture haut de gamme, berline de préférence, se doit d’être grise. Du gris perle au gris anthracite, toute la palette défilait sur le parking, avec une prédilection pour les teintes foncées. Le bleu marine et le noir était à la rigueur tolérés, mais trahissaient l’ambitieux qui se voyait déjà accéder à l’équipe de Direction. Le spider anglais, inconfortable et gourmand, coutait une véritable fortune à Patrice ; mais c’était le prix à payer d’un certain anticonformisme social. Originalité qu’avec le temps Chantal appréciait d’ailleurs de moins en moins. Mais ceci est une autre histoire comme disait Rudyard Kipling…
Chapitre 2 Monsieur Restor
– Bonjour monsieur Restor.
– Bonjour madame Gironde, répondit Patrice à l’hôtesse assise derrière son comptoir, dans le grand hall vitré de la SLM.
La SLM ou Société Lorraine de Moteurs était la filiale d’un grand fabricant d’organes destinés à l’automobile, l’entreprise PFA. La compagnie familiale jurassienne « Pichot Frères et Associés » avait beaucoup prospéré en un siècle, se diversifiant dans toutes sortes de fabrications mécaniques. Cette usine lorraine était récente et fabriquait, comme son nom l’indiquait, différents types de moteurs thermiques, essence ou diesel. L’entreprise employait un peu plus de trois mille salariés, surtout des anciens sidérurgistes reconvertis, ainsi que leurs enfants. La SLM était le premier employeur privé du département et sa réputation dépassait le périmètre de la région Lorraine.
Arlette Gironde portait son nom à merveille. C’était une petite boule rose et blonde, à l’œil pétillant et au petit nez retroussé. Appétissante sans être belle, aimable sans être vulgaire, toujours souriante et exhalant le parfum délicat que lui avait conseillé la secrétaire du Directeur général, très attentif à ces détails qui impliquaient l’image de marque de la société dès l’arrivée dans les locaux de la réception. Arlette Gironde avait pourtant bien du mérite à afficher son éternel sourire, qui n’était pas de circonstance, mais reflétait bel et bien une joie innée, voire organique. Son mari, agent de maitrise dans l’usine, était un alcoolique atrabilaire, désagréable au possible, qui excellait à

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