Un voile sur ma vie
176 pages
Français

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Un voile sur ma vie , livre ebook

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Description

Héléninha, petite fille Portugaise, vivant sous la dictature Salazar, issue d'un milieu agricole pauvre, va devoir subir dans sa chair la dure loi de son père et le terrible poids des traditions avant de s'en affranchir, avec l'aide de sa meilleure amie et complice de toujours, Maria. Toutes deux vont défier la morale jusqu'à commettre l'irréparable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 octobre 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332611482
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-61146-8

© Edilivre, 2015
Remerciements


Remerciements
Je tiens à remercier plus particulièrement ma famille et mes amis qui m’ont soutenue et encouragée dans cette merveilleuse aventure, qu’est l’écriture.
Chapitre 1
Ma vie ne fut qu’une succession d’évènements où le bien et le mal cohabitèrent pour le meilleur et pour le pire.
Je suis née le dix septembre mille neuf cent quarante-cinq à Tondela au nord du Portugal, de l’union de mon père : Manuel Da Silva et de ma mère, Amàlia Carvalho, dans un petit village niché au flanc de la montagne.
Les hommes et les femmes vivaient essentiellement de l’agriculture et de l’élevage et seul, le produit de leur travail leur permettait de subsister jusqu’à la récolte suivante.
La vie y était rude à l’image de leurs habitants et de cette terre aride, gorgée de soleil, qui épuisait les hommes à force de travail et d’exigence. Cependant, j’étais en parfaite osmose avec ce paysage où je n’ai rencontré nulle part ailleurs cette ambivalence entre, d’un côté, la montagne imposante presque maternelle par son aspect protecteur « la serra de Caramulo », parsemée de roches et de quelques bouleaux, et de l’autre, la riche vallée fertile du Douro, avec ses vignes à perte de vue et ses arbres qui semblaient surgir tout droit du chapeau d’un magicien, tant les chênes, les châtaigniers et les pins dressaient leurs cimes avec une imposante impudence.
Petite, j’aimais marcher pieds nus dans la montagne et arpenter les sentiers les plus sinueux, les bras chargés de brindilles pour allumer le feu dans notre immense cheminée.
Mes parents étaient tous les deux analphabètes, comme beaucoup de Portugais nés en mille neuf cent vingt-six, année où la dictature militaire s’empara du pouvoir et nomma à sa tête António de Oliveira Salazar, homme froid et austère. Ma mère eut quatre enfants : moi, l’aînée, Héléninha, puis mes trois frères, Manuel (qui hérita du même prénom que mon père, comme le voulait la coutume à cette époque), Joaquim et António.
Je n’eus pas une enfance heureuse et insouciante car issue d’un milieu populaire pauvre je dus, très jeune, seconder ma mère et m’occuper de mes frères tout en participant au travail de la ferme. En outre, le Portugal était un pays très ancré dans des traditions séculaires, où la religion dictait notre vie au quotidien et allait tracer le destin qui allait être le mien.
Notre président Salazar, catholique convaincu, respectera les traditions et dirigera le Portugal d’une main de fer, en collaborant au départ avec les militaires puis, assurera seul le pouvoir, en maître absolu jusqu’en septembre mille neuf cent soixante-huit.
Je ne renâclais pas aux différentes besognes qui m’étaient imposées, étant d’un naturel docile et serviable. Mon père, de toute façon, m’inspirait de la terreur et l’idée de me rebeller ne m’effleurait même pas l’esprit. Je me souviens particulièrement d’un hiver froid et rigoureux, où les loups affamés dévoraient les moutons dans la montagne, quand ils ne s’attaquaient pas aux jeunes bergers ou bergères que nous étions. C’était en hiver mille neuf cent cinquante-trois, ce matin-là, mon père me dit sur un ton péremptoire :
– Dépêche-toi de conduire les bêtes là-haut et surtout ramène-les toutes vivantes, sinon… !
Il ne continua pas sa phrase, car il savait que le village déplorait déjà deux disparitions de jeunes enfants, sans compter les brebis éventrées dont les loups se nourrissaient avec avidité. Ma mère le regarda d’un air incrédule mais n’osa rien dire. Elle se contenta d’ajouter :
– Héléninha, n’oublie pas ton bâton, couvre-toi bien et surtout rentre avant la nuit !
Elle me donna un rapide baiser sous le regard courroucé de mon père, qui quitta la pièce sans me jeter un regard.
Maman, les yeux embués de larmes, me regarda partir, mon petit frère Manuel âgé de deux ans, accroché à sa jupe, pendant que je sortais les moutons de leur enclos. J’arpentai le sentier qui menait au pâturage, la peur au ventre, ma maigre pitance d’une main et mon bâton de l’autre. Au fur et à mesure que j’avançais, une angoisse sourde m’oppressait et me tenaillait. Je sentais mon être tout entier m’abandonner quand une voix salvatrice m’interpella :
– Héléninha, où vas-tu de si bonne heure ?
Je n’eus même pas le temps de répondre, que Frédérico, un ami de mon père, s’empressa d’ajouter :
– Ne me dis pas, que Manuel t’a demandé de conduire tes bêtes dans la montagne avec ce qui se passe en ce moment !
Un pauvre sourire timide et de grands yeux apeurés lui firent comprendre qu’il avait malheureusement vu juste.
– Ne t’inquiète pas fillette, je vais aller lui parler et il faudra bien qu’il m’écoute ! Tu ne resteras pas longtemps là-haut, foi de Frédérico !
Je me sentis ragaillardie après ces propos rassurants et mes pas devinrent plus alertes. La journée se passa sans que l’ombre de mon bienfaiteur vienne interrompre ce qui commençait à devenir un cauchemar, à mesure que le soleil déclinait. Je n’avais qu’une envie, prendre mes jambes à mon cou, mais l’image de mon père, furieux, m’en empêchait. D’un geste de la main, je chassai ces idées noires de ma pensée et commençai à ramasser des brindilles, quand tout à coup, j’entendis des craquements derrière moi et vis un de mes moutons, couché sur le flanc, aux prises avec un loup qui ressemblait à s’y méprendre au chien de Frédérico. Prise d’une pulsion irraisonnée, je me mis à courir en faisant tournoyer mon bâton au-dessus de ma tête tout en criant de toutes mes forces. La bête se retourna, surprise, et s’enfuit en laissant derrière elle sa pauvre victime, exsangue. C’est à ce moment qu’apparut Frédérico, accompagné de plusieurs hommes du village, armés de fourches et de faux. Ils comprirent qu’ils étaient arrivés trop tard mais leur seule présence me réconforta. Je pris délicatement l’agneau à demi éventré dans mes bras, avec l’espoir un peu fou, qu’avec la chaleur de mon corps je puisse le ramener à la vie. Le reste du troupeau rentra dans la bergerie sans encombre, pendant que mes accompagnateurs furent invités à boire un verre de porto. Je poussai la porte de la maison, doucement, sans attirer l’attention sur moi avec l’agneau blotti dans mes bras, quand la voix tonitruante de mon père me fit sursauter :
– On ne peut vraiment pas te faire confiance, tu n’es bonne à rien !
Il se leva d’un bond et ôta sa ceinture pour me frapper, car j’avais failli à ma tâche en ne ramenant pas tous les moutons sains et saufs à la maison. Cependant, Frédérico qui avait observé toute la scène s’interposa entre mon père et moi en plaidant en ma faveur :
– Manuel, ta fille, malgré son jeune âge, a fait preuve de beaucoup de courage en chassant le loup et en rapportant le mouton dont Amàlia pourra cuisiner les restes.
Les autres hommes présents acquiescèrent et mon père n’eut pas, d’autre choix, que d’abandonner la punition qu’il me réservait. La soirée se passa ainsi, à parler de loups et de vie plus difficile à cause des prédateurs qui n’hésitaient pas à venir se nourrir, jusqu’aux portes de nos maisons. Cette atmosphère chaleureuse me fit presque oublier la terrible journée que je venais de vivre. Je me mis à aider ma mère à la préparation du dîner. Puis nos hôtes s’en allèrent et Frédérico me gratifia d’un grand sourire, avant de quitter notre maison, ce qui eut le don d’exacerber la colère de mon père.
– Héléninha, demain tu retourneras garder les moutons et tu te dispenseras de raconter ta vie à tout le village !
Chapitre 2
Après cet incident, la vie reprit son cours avec son lot quotidien de joies et de pleurs. Les loups avaient déserté notre région, suite aux nombreuses battues, organisées dans le village. Cette année-là ma mère donna naissance à mon petit frère Joaquim, un beau bébé joufflu, qui accapara toute son attention. J’eus donc l’autorisation d’aller au marché avec mon père, vendre les œufs, le lait de chèvre et notre fromage dont tout le monde vantait les mérites dans le village. Comme à l’accoutumée, mon père conduisit quelques moutons pour les vendre sur la place aux bestiaux. Il faisait chaud en ce début de printemps et la route me parut longue, avec les trois kilomètres que nous avions à parcourir jusqu’au marché.
La nature s’éveillait aux premiers frémissements de ce mois d’avril et malgré le lourd silence de mon père, j’étais heureuse à l’idée de retrouver mon amie d’enfance : Maria. Ses parents vivaient dans le village et étaient de petits paysans qui venaient, eux aussi, vendre les produits de leur labeur. Ils nous prêtaient souvent main forte lorsqu’il y avait du travail dans les champs et mon père les appréciait beaucoup.
L’entraide était monnaie courante dans notre milieu où tout le monde se connaissait. A ma plus grande joie, je me retrouvais à côté de ma meilleure amie à haranguer la foule, en espérant rapporter des escudos à la maison. Quant à mon père, il était parti sur une autre place pour essayer d’offrir ses bêtes au plus offrant, tout en demandant à la mère de Maria de veiller sur moi.
Je pris mon rôle très au sérieux et, malgré mon jeune âge, je réussis à convaincre les acheteurs de me faire confiance. Sous l’œil aiguisé de ma voisine, j’appris vite à calculer et à rendre la monnaie étant, aux dires de ma mère, douée pour les chiffres. La foule était nombreuse ce matin-là et je n’eus pas beaucoup de temps à consacrer à Maria, mais nos sourires complices et sa seule présence suffirent à me rendre heureuse. Le prêtre de la paroisse, étonné de me voir là, m’adressa la parole :
– Ton père est-il là ? J’aurais besoin de lui parler ma petite Héléninha !
– Non, Mon Père, il est sur la place de

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