Une enfance tourmentée
152 pages
Français

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Une enfance tourmentée , livre ebook

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Description

Paul découvre une feuille de cahier d'écolier, abandonnée au bord d'un fossé. Il est loin d'imaginer alors qu'il est en train de s'immiscer dans le vécu bouleversant d'un jeune garçon déterminé à trouver son père.
L'ancien maître d'école recevra de cet enfant un témoignage très fort sur la difficulté à se construire une identité quand l'esprit torturé par une absence, avec pour seul recours : nourrir l'espoir...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 novembre 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332981295
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-98127-1

© Edilivre, 2015
Préambule
Par une fraîche matinée de septembre, Paul venait de quitter son domicile afin d’effectuer sa promenade quotidienne au cœur de la campagne flamande. Un pâle soleil de début d’automne était déjà bien présent dans un ciel légèrement embrumé à l’horizon. Tous les ingrédients étaient réunis pour que cette journée soit propice à la balade. En ce premier dimanche d’automne, le bruit d’un coup de fusil au loin annonçait l’ouverture de la chasse. Il emprunta un chemin qui filait entre un champ de pommes de terre dont le feuillage fané laissait envisager l’imminence de la récolte et une parcelle de betteraves qui s’étendait à perte de vue. Il eut l’occasion d’apercevoir un chasseur qui arpentait une parcelle de terrain fraîchement déchaumée, précédé par son chien qui se déplaçait dans tous les sens en flairant le sol. En observant cette scène, le maître d’école retraité fit immédiatement le parallèle avec le grand poster qu’il avait l’habitude de commenter avec ses élèves, dans les premiers temps qui suivaient la rentrée des classes. Soudain, le chasseur épaula son fusil à la vue d’un lièvre qui venait de détaler. Un coup de fusil retentit. Le canon de l’arme expulsa une volée de plombs en direction de l’animal traqué sans réussir toutefois à atteindre sa cible. Paul tenta de suivre du regard la course du fugitif à travers une prairie bordée d’une haie clairsemée, laissant derrière lui une trace dans l’herbe blanchie par la forte rosée du matin. Le chien, lancé à sa poursuite, interrompit rapidement sa course, en réaction au cri et au sifflement de rappel de son maître. Pas mécontent du fait que la chance se soit, pour cette fois, rangée du côté de la bête agressée, le promeneur concentra toute son attention sur la scène des retrouvailles entre l’homme et son compagnon. L’individu de petite taille, casquette sur la tête, se mit à caresser chaleureusement son chien, venu se frotter contre sa jambe : un geste de consolation et d’encouragement à l’égard de l’animal déçu d’avoir échoué dans sa mission, d’avoir dû abandonner un combat perdu d’avance. Etant lui-même originaire d’une famille au sein de laquelle on était chasseur de génération en génération, il avait toujours été fasciné par l’extraordinaire complicité qui pouvait exister entre l’homme et l’animal. Il avait fait sienne l’idée qu’il n’y avait pas que les mots pour exprimer un message ou un sentiment. Tout au long de sa carrière d’enseignant entièrement consacrée à l’aide aux enfants en difficulté, il s’était beaucoup inspiré de l’idée qu’un geste, qu’une posture avait bien souvent plus d’impact qu’un long discours. Il avait toujours veillé à soigner sa façon d’être et d’agir avec ses élèves afin de les aider à garder confiance en leurs possibilités et de leur donner l’envie d’aller de l’avant.
Sur sa route, il croisa un couple affairé à la cueillette des mûres. La dame portait un gilet de laine par-dessus un long tablier qui descendait jusqu’au-dessus de ses bottes en caoutchouc. Un large foulard lui recouvrait entièrement la tête, ne laissant dépasser que quelques mèches de cheveux gris. Quant au mari, il avait revêtu une veste de velours côtelée par-dessus la traditionnelle combinaison bleue de travail. Il affichait une mine plutôt sympathique sous son béret aux couleurs ternies par les intempéries. Il chaussait, lui aussi, une paire de bottes qui ne différait de celles de sa dame que par la pointure. Paul eut droit à un long exposé sur la préparation des confitures. Il appréciait ce genre de rencontres impromptues. Elles constituaient à chaque fois pour lui une leçon d’existence. Il aimait écouter des personnes parler, avec tellement d’enthousiasme, de choses simples de la vie à la campagne, rencontrer des personnes qui se sentaient bien dans ce qu’ils étaient et dans ce qu’ils faisaient.
Le retraité poursuivit son chemin quand son regard fut attiré par une page froissée de cahier d’écolier, abandonnée au bord d’un fossé. Le dessin, qui occupait le centre de la feuille, attisa davantage encore sa curiosité. Il s’agissait du portrait d’une dame, portant de longs cheveux, qui avait été reproduit avec un crayon de papier puis totalement noirci avec force. Paul crut distinguer, également, quelques bribes de mots dans les pliures de la feuille. Il se pencha pour ramasser le morceau de cahier dont l’aspect laissait à penser qu’il ne traînait pas là depuis bien longtemps. Sur le papier légèrement humide, on apercevait encore nettement les rayures imprimées ainsi que les marques du crayon. En dépliant la feuille, Paul découvrit avec surprise à côté du portrait de la dame, un dessin représentant un enfant assis sur le dos d’un oiseau en plein vol. Chacun des deux dessins avait été annoté : « ma mer » pour celui de la dame et « Kévin » pour celui de l’enfant. Mais Paul fut interpellé davantage encore par les mots qu’il lut un peu plus bas : « ma mer ne mém pa. Elle ve pa médé. Je ve touvé mon per ».
Il n’eut aucune difficulté à donner une signification à ces quelques mots écrits par un enfant qui ressentait probablement le besoin d’exprimer son mal-vivre. En retournant la feuille, Paul découvrit deux additions, posées sans aucun soin, dont les calculs avaient été entamés avant d’être raturés avec insistance. Il rangea le document dans la poche intérieure de sa veste, avant de poursuivre sa route, l’esprit entièrement mobilisé par sa découverte. Tout au long de sa carrière d’enseignant, il avait côtoyé beaucoup d’enfants qui rencontraient des difficultés à donner du sens aux apprentissages scolaires, à assumer leur statut d’écolier. Comment donner du sens au travail scolaire quand on ne parvient pas à donner du sens à sa propre vie d’enfant ?
L’homme se mit alors en tête de retrouver cet enfant pour tenter de lui venir en aide, et ainsi prolonger en quelque sorte l’engagement auquel il avait consacré toute sa vie professionnelle.
Première partie
Un nouveau jour se lève
Un jour qui s’avèrera ordinaire pour les uns.
Un jour qui marquera, pour quelques autres,
Le début d’une histoire
Dont ils ne sortiront pas indemnes.
I
A partir des éléments recueillis sur le morceau de cahier, Paul situa la scolarité de l’enfant au cycle des apprentissages fondamentaux 1 . Le garçon s’était probablement débarrassé de ce papier sur le chemin de l’école. Il se rappela être passé devant le bâtiment, quelques minutes auparavant, alors qu’il traversait le village de La Motte au Bois. Il ne croisa que quelques maisons construites en bordure de cette étroite route goudronnée avant d’arriver à hauteur d’un sentier caillouteux, creusé par le passage répété des engins agricoles, qui menait à la cour d’une ferme en longeant une prairie où broutaient quelques vaches laitières. Paul s’arrêta quelques instants pour observer l’exploitation avec sa cour carrée. C’est alors qu’il aperçut un homme qui sortait de la maison pour se diriger, le dos courbé et la démarche hésitante, vers un hangar où étaient empilés d’énormes ballots de paille. L’image de la silhouette de ce paysan, façonnée par le dur labeur de la terre, lui occupa un moment l’esprit alors qu’il poursuivait son circuit de randonnée. Au moment de bifurquer en direction d’Hazebrouck, il se retourna pour avoir une vue d’ensemble du secteur. Deux interrogations dominaient désormais ses pensées : « Qui est ce petit garçon ? Il doit probablement habiter une de ces maisons, mais laquelle ? ».
A peine rentré, il montra le morceau de papier à son épouse en lui indiquant qu’il s’agissait peut-être d’un enfant en détresse qui avait besoin d’aide. Celle-ci lui rétorqua :
– Tu ne changeras jamais. Il s’agit peut-être tout simplement d’un petit garnement qui s’est fait réprimander parce qu’il avait fait une grosse bêtise et qui n’a pas accepté les remontrances ou la sanction de sa maman.
Paul ne se laissa pas convaincre par les propos de sa femme. Il était bien décidé à emprunter, le lendemain après-midi, au moment de la sortie des classes, le chemin où il venait de faire cette étrange découverte, afin de tenter de repérer l’auteur de ce message qu’il jugeait plutôt troublant.
1 . Cycle qui regroupe les trois premières années de scolarité à l’école primaire.
II
Le lendemain, il était là, au moment où les premiers enfants quittaient l’école, malgré le crachin qui tombait depuis le début de l’après-midi. Il croisa une fillette à bicyclette qui le salua avec un large sourire et assista au passage de deux voitures transportant des enfants, le nez collé au carreau. Aucun d’entre eux ne correspondait au portrait qu’il s’était fait de celui qu’il voulait retrouver. Il chemina lentement, attentif au moindre mouvement, avant de se résigner à rejoindre son domicile. Marie, son épouse, l’accueillit avec des propos qui n’étaient pas faits pour lui remonter le moral :
– C’est pas raisonnable de traîner dehors par un temps pareil !
Paul resta totalement insensible à cette remarque. Il lui indiqua simplement, alors qu’il était en train de réchauffer le reste de café préparé le matin :
– Je n’ai pas vu le moindre petit garçon qui pourrait correspondre au gamin que je recherche. J’aurai peut-être plus de chance demain.
Marie se replongea dans la lecture de son journal en hochant la tête en signe de désappointement face à l’obstination de son mari.
La nuit de repos n’avait modifié en rien la détermination de l’ancien maître d’école à arpenter à nouveau les lieux. Seules les conditions climatiques avaient quelque peu changé puisqu’un pâle soleil partageait le ciel avec de gros nuages restant très menaçants. Il croisa les deux voitures rencontrées l

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