Une lueur pour croire
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Une lueur pour croire , livre ebook

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Description

Le chemin de l’amour se dessine pour René et Janet quand ils se rencontrent dans un hôtel écossais. Jusqu’à ce soir où, dans une voiture conduite par Janet, Frédéric, le fils de René, trouve la mort sur une route de Provence. L’entente harmonieuse qui unissait le couple se détériore vite sous les coups de la culpabilité, la séparation devient même inévitable.


À la recherche d’une paix intérieure perdue, René part en mer sur le voilier qu’il possède. Janet, brûlant toujours d’un inextinguible amour, le rejoint. Chacun endure à nouveau une solitude qu’ils croyaient à jamais oubliée.


Cet amour pourra-t-il être ravivé ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383518648
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Chapitre 1
A vec Jean-Baptiste on a eu du mal, la faute à un vent malicieux qui ne nous facilitait pas l’entrée dans le chenal. Mais on y est arrivé tout de même et « Volubilis », mon voilier, a retrouvé sa place au port Saint-Pierre, sur l’île des Embiez. J’ai laissé mon équipier parfaire l’amarrage, c’est son fort, il s’y connaît. Surtout, il est plus souple que moi.
Jean-Baptiste Sainte Rose est Martiniquais. Plombier de son état. À force de ténacité il a réussi à mettre sur pied une petite affaire qu’il conduit bien. Les circonstances exactes qui nous avaient amenés à lier connaissance ont depuis longtemps quitté ma tête. Ce dont je suis sûr, c’est que c’était bien avant qu’il se marie avec Marilyn, la fille naturelle de Nancy, mon épouse. Nancy avait tout juste cinquante-quatre ans quand, entrée en urgence à l’hôpital marseillais de la Timone pour une complication pulmonaire, elle y mourut au bout de quelques jours.
Grand et mince, Jean-Baptiste a un corps de gymnaste. Je donnerais beaucoup pour avoir un physique qui se rapprocherait du sien. Cela s’explique : il est encore jeune lui, la quarantaine… Pas moi. En bon antillais, il apprécie le ti-punch préparé « comme chez lui. » Il y aura toujours sur mon bateau plusieurs bouteilles de rhum sérieusement calées dans un coffre.
Hélas, quand on mouille l’ancre quelque part, dans une crique, une calanque… et qu’il dit : « Je vais me faire un ti-punch », puis qu’il ajoute assez vite : « Tu en veux un ? », en général je commence par réprimer une grimace. L’épreuve à laquelle mon cerveau se trouve subitement soumis est trop forte. Je me mets à penser à Janet Webster, la femme qui, après la mort de Nancy, eut pour moi toutes les attentions dont peut rêver un homme. Et ça ne me vaut rien… Elle, c’est le gin dont elle ne saura sans doute jamais se défaire. Elle en boit, régulièrement, et pas qu’un peu. Pour autant que je sache, sa vie ne s’en est jusqu’ici jamais trouvée facilitée. Par dérision, je dis d’elle que c’est une « too much ».
Pour ainsi dire, j’ai toujours navigué, car père et grand-père ont eux aussi possédé un bateau. Dès que l’occasion m’en a été donnée, j’ai acheté le mien. Ça relevait de mon tempérament, et peut-être du simple ordre des choses. J’ai ainsi satisfait à une attirance pour la mer venue se loger dans mes viscères.
« Volubilis » est long de dix mètres. S’il n’est pas de construction récente, il n’en possède pas moins charme et technicité actuelle. Mon père, que tout le monde appréciait pour son franc-parler et sa bonhomie, louait sur l’île une place à l’année. Je n’ai eu qu’à négocier pour prendre la suite. Devoir me résoudre à aller amarrer mon sloop ailleurs m’aurait fendu le cœur. Je ne me suis encore jamais lassé de l’accueil pratiqué dans ce port, de son environnement soigné, et même de son relatif isolement. Une île, c’est tout dire ! La jolie bourgade du Brusc n’est qu’à une douzaine de minutes par la pittoresque navette ; un peu plus au cœur de l’hiver lorsqu’un mistral infernal entreprend le plan d’eau.
Son sac de mer en main, Jean-Baptiste est sur le point de passer sur le quai. Il y a un quart d’heure, quand la navette a fait son entrée dans le port, nous l’avons entendue, et il s’est hâté pour ne pas la rater.
« C’est sûr ? Tu restes encore un peu ? s’inquiète-t-il.
— Oui ! Pars sans moi !
— Comme tu veux ! »
Jean-Baptiste est parti. Des marches de la descente, je regarde sa haute stature s’éloigner, passer d’un lampadaire à un autre. J’ai de l’estime pour ce gars-là.
La descente, je l’aime bien. Il s’agit d’un étroit et raide escalier qui permet de descendre à l’intérieur d’un voilier. En navigation, on s’y tient droit et on peut s’y caler. Surtout, on y a le corps au chaud. Lorsque le vent violente mer et bateau, le capot qui la protège doit être tenu tiré, sinon, les embruns pénètrent à l’intérieur et trempent tout ce qui peut l’être.
Un coin de ciel délaissé par les nuages… Indécise, la lune d’hiver m’observe. À la fois timide et goguenarde, elle semble réfléchir aux mots qu’elle pourrait m’adresser.
Avec la nuit, le froid accentue son emprise. Tout serait plus silencieux si les gréements n’étaient pas traversés par un vent qui, de toute évidence, ne faiblira pas de toute la nuit. Malgré cela l’envie toute simple me vient d’attendre le matin en me glissant dans le duvet laissé toujours à bord. L’idée est séduisante ; en été, un régal. Je descends une, deux marches… tire le capot, et retrouve la chaleur. Passer la nuit à bord ? Qui m’en ferait reproche ? À l’ancre, avec le vent qu’il fait, l’ancre pourrait chasser… Mais là, dans le port… Où que ce soit, personne ne m’attend… Ce soir, froid et brise se sont ligués, et Volubilis ne possède rien capable de produire une chaleur continue et suffisante. À l’opposé, ma maison est bien chauffée… Et relativement proche.
J’ai fait mon choix. Ma voiture, je l’ai récupérée au Brusc. Le parking était désert et malmené par les bourrasques. À présent je roule, sans me presser, presque avec nonchalance. Et je me sens nostalgique, comme souvent.
À la mort de Nancy, notre fils avait vingt-quatre ans. Jusque-là, nous vivions tous les trois dans une maison du centre d’Aups, l’agréable cité du Var qui me vit naître. Il n’y avait pas plus heureux que nous. Pourtant, le malheur allait nous surprendre. Nancy et moi étions prêts à voir notre fils s’en aller vivre une vie nouvelle avec une agréable jeune femme prénommée Elvira. Secondé par un employé aussi drôle qu’efficace, je déployais mon savoir-faire de coiffeur pour hommes dans une rue passante de la ville. J’avais de la chance, j’étais propriétaire d’un salon fréquenté par des habitués de tous âges. De son côté, Nancy se servait de sa qualité d’Américaine pour donner des leçons de soutien à des collégiens. Mais ce sont surtout les leçons de piano qui lui procuraient les vrais sentiments de satisfaction qu’elle recherchait.
Fort du peu d’anglais acquis sur les conseils du patron chez qui j’avais appris mon métier de coiffeur, je l’avais abordée un soir dans un restaurant du nord-est des États-Unis. Ce restaurant avait une particularité : il était construit à l’aide d’énormes troncs d’arbres. Pour le rejoindre, il fallait traverser des bois serrés et inquiétants. Les gens se rassemblaient ici, autant attirés par l’ambiance festive et particulièrement décontractée, que par ce que l’on y servait. C’était en 1983, au nord de Portland, état du Maine. Nancy avait vingt-neuf ans, moi trente-quatre. Avec son style plein de décontraction de jeune femme de l’ouest américain, Nancy m’avait séduit.
Par moments, même si je me qualifiais déjà et exagérément de « vieux » célibataire, je n’en prenais pas moins la vie du bon côté. L’insouciance de mes jeunes années m’avait quitté, mais je n’en gardais pas moins un esprit orienté vers l’aventure. De temps en temps, il m’arrivait d’être gagné par des envies de découvertes lointaines qui ne devaient sous aucun prétexte demeurer inassouvies ! Aussi, ce sont ces envies-là qui m’avaient fait m’envoler, avec quatre gaillards tous amis de mon père, pour le nouveau monde. Ces hommes n’avaient qu’un désir : caboter sur un voilier de location le long des superbes et – je devais le découvrir durant notre croisière – néanmoins dangereuses côtes du Maine.
La croisière finie, et juste avant de regagner la France, je m’empressai de promettre à la belle de revenir dès qu’une occasion se présenterait. Sur le moment, elle cria au mensonge, à la « vulgarité » d’une plaisanterie dont, disait-elle, les hommes sont friands. C’est pourtant ce que je fis. Je garde même encore maintenant un souvenir ému du temps passé auprès d’elle. Ce n’est que plus tard, après un intense échange de lettres, que la perspective d’un mariage et d’une vie en France acheva de séduire ma conquête.
Nancy avait vu le jour dans la paisible ville de Flagstaff, en Arizona. Au moment de notre rencontre, elle enseignait dans le Maine la musique à des adolescents. Pourquoi le Maine ? Parce que c’est dans cet État que le poste le plus lucratif s’était offert à elle. Marilyn, sa fille qu’elle élevait seule, était alors âgée de sept ans. Elle aussi était née en Arizona, d’un père petit éleveur de bovins, dans un coin où il ne se passait jamais rien tant il était retiré. Marilyn n’avait pas connu son père, l’homme étant mort au soir d’une beuverie, la cage thoracique enfoncée par les sabots d’un étalon.
La chance me servit en ce sens que, par simple désir de culture, Nancy fréquentait un club réunissant des personnes désireuses d’entretenir la pratique de la langue de Molière. Le Maine ayant la particularité d’être proche du Québec, la langue française parvient à y conserver un attrait. Ici, certains n’oublient pas que jadis, dans cette partie de l’Amérique du Nord, la France joua un rôle dont elle n’eut jamais à rougir.
La mort de Nancy nous figea, Frédéric et moi, dans la posture des vaincus. Marilyn semblait mieux supporter le choc. Mariée à Jean Baptiste, le couple vivait – et vit toujours – à Toulon avec leur fils prénommé Lorenzo.
Plus d’espoir de jours meilleurs ! Nous restions prostrés. Des mois passèrent avant que, sur l’instigation autant d’Elvira (la conquête de Frédéric), que de Marilyn, mon fils me fasse comprendre que mon devoir était, non pas de rester à longueur de temps la tête serrée entre mes mains, mais de tout tenter pour fausser compagnie à notre détresse. Il en avait assez ! Me voir agir était devenu pour lui une question de fierté, un défi

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