Une vie électrique

Lisa Hengen

Description

Greg Stevens a été l’un des plus grands auteurs, compositeurs, interprètes de rock à la fin du 20^e siècle. Sa musique et son talent ont traversé le temps et l’espace. Sa disparition brutale a laissé la plupart des fans désemparés car cet artiste talentueux est parti dans la fleur de l’âge, au sommet de sa gloire. Cette histoire retrace les derniers moments de sa vie, nous immerge dans ses pensées intimes les plus profondes, pour vivre de l’intérieur, dans son esprit bouillonnant et perturbé, ce qui a précédé les ultimes instants de sa destinée. Sa vie, envolée trop vite, nous donne le goût de l’immédiateté de l’existence qu’il vit à cent à l’heure, quitte à se brûler les ailes. L’introspection de la vie de cet artiste nous immerge dans son monde, l’univers de la musique et de la défonce.

Sujets

• Autre

Informations

• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 03 octobre 2018
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782414237173
• Langue: Français

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ISBN numérique : 978-2-414-23718-0

© Edilivre, 2020
1 Olympia
Dix mille personnes se pressent devant nous dans cette immense salle de spectacle, les jeunes hurlent dès que nous arrivons sur scène. Dès que Marc le batteur tape ses baguettes l’une contre l’autre, nous allons attaquer le premier morceau qui va transporter le public au Nirvana. Nous sommes au firmament de notre gloire, nous venons d’être disque de platine. Nous allons enfin pouvoir vivre de notre passion, j’ai enfin atteint le but que je m’étais fixé, dont je ne rêvais plus. Dès que je commence à jouer les premières notes de musique sur ma guitare électrique, ma voix rauque s’élève dans les airs, nous allons partir pour deux heures de concert de pur bonheur, en osmose avec le public. Les spectateurs hurlent, crient mon nom, chantent le refrain. Lorsque je me jette dans le public, c’est électrisant. Je n’en reviens toujours pas d’être ici devant ces spectateurs qui sont venus pour écouter notre musique et nous acclamer. Mais pour l’heure, je dois rester concentré pour donner le meilleur de moi, pour vivre ce concert à fond avec mes deux amis de toujours Marc et David. J’ai toujours rêvé de ce moment, sans jamais l’espérer, ni même osé y croire, peut être que je suis en train de rêver ! Je suis Greg Stevens du groupe « Olympia » et vous avez fredonné mes refrains sans même vous en rendre compte.
Je suis né il y a vingt-cinq ans à Baltimore aux USA, près du grand port maritime. Je suis Greg Stevens, un des plus grands auteurs compositeurs de cette fin du XX e  siècle. Vivre et grandir dans cette ville en tant qu’artiste a été difficile car les marins pêcheurs sont de grands bosseurs, qui se lèvent tôt pour aller lever leurs filets remplis de crabes. Mon rythme de vie était à l’opposé, je me levais tard car je suis insomniaque, j’écris des paroles de chansons pendant la nuit. Je suis arrivé le premier bébé de la famille, j’étais l’objet de toutes les attentions, un joli bébé joufflu, heureux de vivre, faisant rire toute la famille qui venait me voir. A cinq ans, ma mère m’a offert ma première petite guitare que je ne quittais plus, je jouais dès que je pouvais sur cet engin qui grinçait entre mes petits doigts. En ce temps-là, je faisais rire toute la famille qui me traitait comme un petit prodige. Pendant mes heures sombres, j’essaye de me rappeler de ce petit gosse qui faisait rire tout le monde. J’ai toujours été très éveillé pour mon âge, j’étais hyperactif, ce qui était très fatigant pour mon entourage. J’ai appris à jouer de la guitare sans même prendre de leçons. Ma vie a commencé à se corser lorsque ma petite sœur Jessica est née. Je n’étais plus l’objet de toutes les attentions, j’ai eu le sentiment de ne plus exister, de ne plus être aimé de ma famille, c’était Jessica qui était aimée, qui avait pris tout leur amour. Pourtant j’ai aimé ma petite sœur, je lui faisais des bisous, je la trouvais belle, douce, charmante. Je détestais cette nounou qui lui prodiguait plus d’attentions qu’à moi, mon père me criait dessus, m’humiliait dès qu’il le pouvait, mes parents se disputaient beaucoup à cause de moi. A dix ans tout a volé en éclats, mes parents se sont séparés, mon petit monde s’est volatilisé. Je l’ai fait payer à ma mère qui n’a pas tardé à m’envoyer chez mon père à l’âge de onze ans. J’étais heureux de vivre chez mon père, nous faisions des parties de pêche pendant le week-end. Il me laissait jouer toute la soirée, enfermé dans ma chambre avec ma guitare pendant qu’il regardait le base-ball à la télévision.
Jusqu’à ce qu’il se remarie avec sa nouvelle femme qui avait déjà deux enfants, tout se passait bien entre nous. La naissance de mon petit frère m’a fait sentir de nouveau à part, je n’étais plus à ma place, j’étais de trop au milieu de tout ce petit monde. Et là j’ai de nouveau ressenti le sentiment de ne plus exister, de ne plus faire partie de cette famille. J’étais infernale avec tout le monde, je me conduisais mal, je le savais mais je ne pouvais pas m’en empêcher.
Quand mon père m’a envoyé chez ma tante, j’ai vraiment eu le sentiment de ne plus exister pour mes parents...