Une vie ou deux...
260 pages
Français

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Une vie ou deux... , livre ebook

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Description

« Avant de se relever, il prit soin de respirer ce concentré intense d'effluves qui figent le temps, puis il ressortit du lit et, d'un geste vif, mais à regret, il changea les draps, la housse, les taies d'oreillers, alla à la salle de bains, revint avec son parfum Burberry, et en vaporisa la couette, sans oublier les taies. Il bourra tous les indices accumulés dans le lave-linge et le fit tourner sur programme long, ‘‘synthétique'', c'est-à-dire une heure et demie de lavage. Il agissait comme quelqu'un qui nettoyait la scène d'un crime. Or, son lit était devenu l'expression aride d'une scène d'amour torride. Il ne rimait plus à rien. Joe venait de nettoyer à regret la scène d'une rime... Savait-il que c'est le zèle qu'on met à maquiller un délit qui fait souvent découvrir celui-ci ? » Zelpha, Julien, Joe : une femme et deux hommes à la ressemblance troublante... Si Jamil Berry commence à narrer les chassés-croisés décalés d'un trio amoureux entre la France et le Liban, il nous rappelle qu'une romance n'est jamais une simple affaire, surtout lorsque s'en mêlent des voyages dans le temps et la cagnotte de l'Euro Millions... Mêlant fantaisie et étrange, provoc' et sentiments, ‘‘Une vie ou deux'' est une satire folle et fière de sa liberté de ton.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342056594
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une vie ou deux...
Jamil Berry
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Une vie ou deux...
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://jamil-berry.societedesecrivains.com
 
 
 
À la mémoire de mes parents…
Préambule. Silhouette
Lorsque cette silhouette s’est avancée vers le front de mer, personne à sa vue ne se doutait de ce qu’elle allait commettre. Elle était seule, et des passants par la suite ont juré tous leurs saints que c’était une femme tandis que d’autres martelaient que non, mille non, ils l’avaient vue de très près : c’était un homme.
 
Ayant atteint le dernier trottoir bordant la grande avenue côtière, la silhouette s’arrêta, jeta autour d’elle un regard circulaire, aussi circulaire qu’une roue de la fortune. Ses yeux en étaient le curseur, et justement ils s’immobilisèrent sur un de ces cafés, peu fréquentés et insuffisamment éclairés comme aurait dû l’être un endroit public.
 
— Bonsoir, lui intima l’élégant serveur au nœud de pape. Vous avez réservé ?
— Non, répondit d’un ton neutre la silhouette.
— J’ai une table libre pour personne seule, au bout de la dernière rangée là-bas.
— Elle convient parfaitement.
 
Confortablement installée, la silhouette commanda un breuvage, puis un autre, puis expédia le serveur, en lui faisant comprendre qu’elle lui ferait signe si elle avait besoin de lui. Non rassuré, dubitatif, le serveur s’éloigna.
 
C’est là que la silhouette fit un quart de tour vers l’autre table pour personne seule qui était à sa gauche, et d’un geste discret mais implacable se saisit de sa victime, qui n’eut même pas la possibilité de pousser un cri. Immobile, elle l’enserra savamment dans ses puissantes mains, car ne devait pas en être à sa première victime, sans plus la lâcher jusqu’à ce qu’elle n’appartienne plus au présent.
 
La silhouette mit trois bonnes heures à se délecter de la mort lente de sa proie. La pénombre lui fut excellente complice. Assurée de la mort de sa victime, elle se leva, regarda une dernière fois sa proie, hasarda un coup d’œil vers sa montre poche : 23 h 10. Elle afficha un air satisfait, régla sa note, et se dirigea vers la sortie.
 
À la sortie, elle rencontra un couple d’amis, qui lui donna une grande accolade, et lui demanda ce qu’elle faisait seule par ici.
— Je tuais le temps ! répondit la silhouette avant de se refondre dans la foule…
Introduction
Je suis un ami de Joe, dont je reproduis ici l’histoire.
Personnellement, j’ai la double nationalité, libanaise et française, respectivement par naissance et par connaissances. Joe, aussi, est un binational, mais dans le sens inverse. Français d’origine, naturalisé libanais par mariage. Je l’ai justement connu par le biais de Zelpha, une amie commune, libanaise, qui allait devenir sa femme. Ils avaient été dans la même promo du temps où ils faisaient leurs études à l’école de journalisme à Bordeaux.
 
Cela faisait plus de trois ans que je connaissais Zelpha. La première fois que je l’avais vue, c’était à la sortie de l’autoroute A48. Nous étions aussi à la sortie de l’hiver. Elle était bronzée comme une médaille. Elle devait revenir des stations de ski mais c’était plus modestement à une station d’essence que je l’ai rencontrée. Une belle plastique se tenait là devant moi. Nous faisions le plein chacun de son côté de part et d’autre du distributeur. Zelpha, pendue à son cellulaire, menait une conversation en arabe. L’accent était libanais. Je n’ai pas pu ne pas l’aborder :
—  Madmozelle, lui dis-je en arabe, c’est dangereux de faire usage de son portable pendant qu’on fait le plein d’essence.
—  Enta lebneneh   ? (Vous êtes libanais ?) me répondit-elle.
J’ai d’emblée aimé le timbre rauque de sa voix. Il la rendait jolie à l’oreille.
Je me suis présenté, et il s’ensuivit une explication succincte sur l’électricité statique et sa rencontre avec les vapeurs d’essence, en passant par d’où je viens, ce que je fais, depuis combien d’années, et si je m’y plaisais. Rien de plus classique en somme. Le bas de gamme des lieux de rencontres. Idem pour les questions-réponses. Cela s’est terminé par un échange en tout bien tout honneur (je déteste l’hypocrisie de cette expression) de nos numéros de téléphone, et chose peu commune, ce fut elle, le soir même, qui appela la première.
 
J’ai rapidement été prendre un café chez elle. C’est ainsi que j’ai appris qu’elle était journaliste exerçant peu, mais qu’elle avait diversifié casquettes et plaisirs en décrochant un diplôme dans une école de théâtre, et avait réussi à se faire intégrer dans un groupe théâtral local. Elle avait quand même un train de vie où « papa » était visiblement derrière.
 
Ce que j’ai envie de dire aujourd’hui, c’est qu’au fil de nos rencontres, cette femme ne fut pas pour me déplaire. Moi l’éternel célibataire, et quand je me suis décidé à avancer le premier pion ; en reine impitoyable, elle le balaya, et me fit comprendre que non ! Mon pauvre pion se voulait cavalier, elle le traita de fou.
« Non, c’est non. »
 
Pour se justifier, elle avait l’embarras du choix : je n’avais déjà pas une brillante situation. L’ambition et moi, cela fait trois. (Je suis myope.) Je n’étais donc pas en position de briguer quelque mandat sentimental auprès d’une femme de bonne famille. Je sais que Stéphanie de Monaco tomba amoureuse de son garde du corps, mais bon, ce n’est qu’une histoire de chasse dans tous les sens du terme.
Me concernant, ma condition n’était pas l’argument que ma compatriote mit en avant. Je pense sincèrement qu’elle serait passée outre s’il n’y avait eu que cela. Ses parents, certes, auraient voulu que leur fille unique fasse un beau mariage, or je ne suis pas l’homme des beaux mariages.
Sa raison était ailleurs. Elle sortait du tréfonds de notre conscience collective :
— Tu comprends Julien ! Accepte-moi comme la sœur que la vie ne t’a pas donnée, car pour moi, tu es le frère que je n’ai jamais eu. Tu es l’ami fiable. Le compatriote rassurant. Te regarder et te considérer comme un homme mâle, j’ai du mal. Prononcer les termes de l’amour et du sexe en arabe me gêne.
— Je parle français tu sais ! avais-je relevé.
Elle opposa une fin de non-recevoir à ma contestation :
 
— Ce serait ridiculement artificiel. Deux Libanais, désertant leur langue maternelle, et demandant l’asile sexuel à une autre langue ! Tu imagines la scène ?
Je n’ai pas eu le temps de réagir. Elle partit en vrille :
— J’ai été tellement moralisée en arabe, que cette langue devint pour moi celle de tous les interdits. Notre société étouffait les crises d’adolescence aux âges où l’on flirte. Un train qu’on nous a interdit de prendre. De l’enfance, nous montions directement dans le train de l’âge adulte. Le premier homme qui m’a abordée, je l’ai pris pour un pédophile. Or il était on ne peut plus normal. Nor… mal ! C’est moi hélas qui n’avais pas grandi.
Elle se tut le temps de reprendre son souffle, avant de poursuivre professorale :
— J’ai prié en arabe. J’ai récité des poèmes sublimes en arabe. Lu les textes les plus purs en arabe. J’ai subi le lourd impact de la famille et de la religion, en arabe. Les prêches du dimanche qui n’en finissaient pas quelle qu’ait été l’église. Ils étaient en arabe. Le seul amour que j’ai pratiqué dans cette langue fut l’amour parental. Trivialement dit, je ne pourrai pas mouiller en arabe…
J’ai trouvé osé son terme. Elle faisait de l’érotisme sans le savoir.
— Tu m’écoutes ? me rappela-t-elle à l’ordre.
— Oui je t’écoute !
— Comment ça, oui ?
— Je suis tout ouïe.
— En arabe, j’aurais l’impression de transgresser. De commettre ! Il n’y a qu’à voir les insultes que la rue utilise dans notre langue ! Ces abrutis se sont approprié tout le vocabulaire de la sexualité, à tel point, qu’ils l’ont rendue vulgaire, répugnante. Non Julien, je ne pourrai pas. Pas avec un compatriote. Tu peux penser ce que tu veux, et tu auras sans doute raison, mais pour moi cela aura tout l’air d’un d’inceste au vocabulaire répugnant en plus !
Sous l’effet de cette ineptie, ma gorgée de café alla tout droit dans mes bronches.
— Tu vas un peu trop loin là, répondis-je en m’essuyant la bouche de mon revers de main. Comment font les autres Libanais ? Tous incestueux d’après toi !
Elle extirpa une cigarette refuge de son sac à main et sans me quitter des yeux, tout en cherchant son briquet dans son sac (les yeux au bout des doigts), elle répondit aussitôt :
— Mais les Libanais intramuros sont en immersion totale dans leur langue. Ils n’en sont pas sortis pour la regarder de l’extérieur. Ya’neh (je veux dire) on ne peut être à la fois in et out  ! (Il arrive que les Libanaises soient trilingues dans une seule et même phrase). Nous vivons « en français » Julien, et cela nous donne le privilège de voir les petits défauts de l’édifice maternel.
 
Me voici rhabillé pour l’hiver ! pensai-je. Tu parles d’un privilège !
 
Zelpha changea ensuite de sujet avec une déconcertante aisance. Ce n’était pas la première fois qu’elle me faisait cela. Décapiter un sujet était une de ses spécialités, et tous les « cous » lui étaient permis !
— Tu voteras quoi aux prochaines présidentielles ? me questionna-t-elle.
— PS…
Sarkozy entamait la dernière année de son quinquennat. Il était donc déjà en campagne pour sa réélectio

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