White Trash
130 pages
Français

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White Trash , livre ebook

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Description

Le narrateur nous fait découvrir le monde et la vie d’un groupe de rock punk à travers une relation fratricide entre le chanteur et le manager.

Les mécanismes de la création sont alambiqués et souvent surprenants !

Créer, c’est la vie, non ?

Un conte des temps modernes où se retrouve toute une génération livrée à elle-même, et tant mieux parce que c’est dans ces moments de difficulté d’identification sociale que vont se créer les chansons qui aideront le public, les gens, les amis à se dire qu’ils ne sont pas seuls dans cette société qui essaie de les rejeter mais qui finit par leur appartenir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mai 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334146852
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-14683-8

© Edilivre, 2016
White Trash
 
 
Encore une journée où il ne se passe rien. Cela fait vingt-cinq ans que je suis là, sous les palmiers, le soleil, je pensais que c’était Hollywood avec des nanas partout, la fête, le fric et que la vraie vie allait commencer.
En fait, pas du tout, j’étais encore à Cannes, dans un bled de retraités ou plutôt un mouroir pour vieux plein de pognon.
Je m’ennuyais un peu à vrai dire, il ne se passait jamais grand-chose par ici. Pourtant, j’étais dans une région touristique où le soleil attire les gens aisés. Pour l’instant, je ne ramassais que les miettes comme la plupart des mecs ici.
Il me manquait quelque chose, je ne savais pas encore quoi, mais j’attendais ce qui allait casser cette routine qui me rendait dépressif.
J’ai trouvé un nouveau job dans un atelier de sculpture qui bosse pour le cinéma. J’ai des potes sympas, j’ai même un peu de fric à la banque et pourtant il ne se passe rien.
J’ai déjà coupé les ponts avec ma famille j’ai une petite indépendance financière, et comme on dit : « je ne sais pas où je vais mais je sais d’où je viens… »
J’ai une seule idée en tête : comment ne pas me faire contaminer par cette médiocrité ambiante ? Ça fait un moment que j’essaie de m’en sortir pour ne pas devenir un robot du système. A la vue du nombre de ringards qui m’entourent, je me dis qu’on n’a pas tous le même but.
Les jours défilaient comme si je regardais un film muet en noir et blanc. Pourtant, aujourd’hui, on pourrait croire que c’est un jour comme les autres, aussi prévisible que la veille, mais la lumière est différente, il y en a beaucoup plus. J’étais plus vivant ce jour-là, l’atelier était moins sordide que d’habitude, en fait il y avait un nouveau.
Enfin il se passait enfin quelque chose, on attend toujours qu’il se passe quelque chose, d’autant plus que je suis en constante analyse de mon environnement.
Je commençais à m’ennuyer ferme mais voilà que ce type apparaît dans mon univers. Il est plus jeune, plus neuf, une aura se dégage de sa personne, je suis curieux tout de suite.
A l’atelier, je suis entouré d’artistes, de sculpteurs, de peintres, mais ils se prennent tous la tête. Ils souffrent et ça se voit et moi ça me gonfle vraiment.
Ils ne pensent qu’à eux, ce ne sont encore que des enfants. Ce n’est pas que je ne les aime pas mais ils ne m’intéressent pas du tout, et ils me le font bien payer en étant toujours sur mon dos. Ils savent que s’ils abusent je les massacres, alors ils ne dépassent pas les limites.
Le nouveau n’est pas du tout comme eux. Il observe, il écoute, il a l’air sensible et ça nous rapproche tout de suite. Il est attentif à son environnement. C’est cette espèce d’intelligence qui nous permet de ressentir tout ce qui nous entoure, cet instinct qui fait que l’on profite plus de la vie.
Je sens qu’il a ça en lui, et je décide de le protéger des autres types agressifs, jaloux, minables. Je le rencarde assez vite sur l’ambiance. On devient vite potes. Il s’appelle Brad, il est là pour faire un stage de formation, il a été pistonné mais ça, c’est son problème. Je sais qu’il n’est pas à sa place et lui aussi il sait que je ne suis pas à la mienne.
Le lendemain, comme pour casser cette malédiction du travail, il m’invite à déjeuner chez lui. Il faut dire que ma vie part bien en vrille, j’en suis presque à ne plus supporter ni les autres, ni moi, mais il a déjà compris tout ça.
On dirait que c’est un échange entre nous, je le protège du monde trop réel et lui, il va m’ouvrir les portes du sien, beaucoup plus trouble je dirais…
On arrive chez lui vers midi trente, c’est sa copine qui nous ouvre. Elle dormait encore. C’est le bordel, mais elle à l’air gentil Elle sourit et c’est déjà sympa. On n’est pas habitués à l’atelier.
Il n’est pas très à l’aise avec moi mais comment le pourrait-on ?
On parle de tout et de rien, j’observe plutôt l’appartement. Il fait des pâtes, je dirais qu’on est en phase d’observation. Mes yeux tombent sur un poster que je connais et dont je me rappelle un peu l’histoire. Je lui demande ce que de l’art contemporain, qui plus est se trouve être de la peinture naïve, fait chez lui.
Je trouve que ça dénote dans ce décor et il me répond calmement que c’est sa mère qui l’a peint.
J’étais sûr de déjà connaître Brad. Cette histoire, pas si belle que ça d’ailleurs, quand un de mes anciens meilleurs potes me l’avait raconté il y a plusieurs années, je m’étais sentis concerné sans comprendre pourquoi. Mais l’important était que je le connaissais déjà, comme si une partie du puzzle trouvait sa place. C’est plutôt comme ça que je l’avais ressenti, et ce moment c’était maintenant.
De retour au boulot, les jours passent sans qu’on s’en rende compte jusqu’au jour où il me dit qu’il a un groupe de rock et qu’il joue ce soir, si je veux passer…
J’hésite un peu, j’ai un peu peur de l’inconnu mais quelque chose me dit d’y aller.
Et je me retrouve en plein milieu du concert des Space. Une hallu ? Non, mais presque. Le bar est bien sombre, les gens aussi et là, devant moi je découvre un spectacle vraiment vivant.
Tout le monde se laisse aller, moi aussi d’ailleurs et ça faisait tellement longtemps. Ça fait du bien de se sentir vivant, un peu défoncé par l’odeur de shit, d’alcool et de rock bien fort et sale qui parvient de la scène, enfin plutôt l’endroit où ils ont installé leur matos.
Lui qui était si timide, réservé, presque fragile, voilà qu’il joue de la guitare avec les pieds, les siens d’abord, puis avec le pied du micro. Ça a l’air de n’importe quoi mais en fait ce sont des notes. Il joue comme s’il était possédé et qu’il y avait quelqu’un d’autre avec lui. Le plus bizarre, c’est qu’au lieu de me dire « qu’est-ce que je fous là dans ce bordel ? » je ressens ça comme un apaisement, de l’allégresse. Je me sens bien.
Tout est fluide et devient clair. Moi qui ne ressentais plus rien depuis si longtemps ou qui faisais le plus souvent semblant, je me remettais à avoir des émotions.
J’en étais ému, c’était l’extase, je ressentirai ça plus tard mais avec d’autres moyens…
J’étais mal à l’aise dans ma vie, des difficultés à m’intégrer, mais bizarrement, là, je ressentais tout, je me sentais apaisé.
Une renaissance ou plutôt un repositionnement cosmique comme si les choses se remettaient à leur vraie place et que j’en redevenais le centre.
Le concert continuait de plus en plus fort, devenait de plus en plus hystérique, plus d’alcool, plus de bruit, toujours plus…
Peut-être ma nouvelle devise ? Pas toujours plus de fric, de pouvoir, mais toujours plus d’émotions, plus de vie, plus de vérité, plus de bruit !
Je ne sais pas pourquoi mais ils m’acceptent de suite, sans hésiter. On se marre, on plaisante, on est tous à moitié bourrés. Il me semble que pour l’instant les acides semblent avoir leurs préférences vu le genre de musique punk psyché des Space. En conclusion, c’était celle qui leur convenait le mieux.
« Tout casser pour mieux reconstruire, » telle était leur devise, elle allait devenir la mienne et de la casse, il allait y en avoir.
Je ne les quittais plus d’une semelle, c’était ma nouvelle famille ; je le savais depuis longtemps, je les attendais.
Le lundi, revoir toutes ces têtes de cons du boulot me semblera moins grave que d’habitude. Je leur donnerai moins d’importance, une porte s’est ouverte. De nouvelles émotions, une nouvelle perception venait d’embellir mon quotidien.
Le concert se termine plus tôt que prévu parce que Brad a fini par exploser son ampli qu’il n’a même pas encore fini de payer. Il est comme en transe, vidé de toute sa substance vitale, de toute cette vie qu’il vient de donner. Il est blanc comme un fantôme mais il est là.
Je commence à rouvrir les yeux et il me présente toute la petite famille. Ils sont tous un peu plus jeunes que moi, presque innocents, tous en quête de quelque chose qui n’existe pas, quelque chose qu’il faut inventer, imaginer, transgresser. Et pour ça tous les moyens leur semblent bons.
D’abord l’alcool, puis la drogue, toutes les drogues d’ailleurs et s’il fallait en trouver de nouvelles, ils étaient là pour les essayer, pour les commenter, les comparer, les aimer. J’aimais bien leurs looks, ils étaient différents.
C’est sur de l’inconnu que j’avançais, mais heureusement parce qu’avant, car il y aura un avant et un après le concert, je décidai de vivre mes émotions, mes phantasmes. L’uniformité, le conformisme de pauvres lobotomisés qui culpabilisent, c’est fini, moi j’ai trouvé mon issue de secours.
Par les temps qui courent, c’est risqué de sortir du « droit chemin ». Mais je n’allais pas finir comme une merde qui balise de se faire virer par un minable, qui angoisse de se faire lourder par sa copine, de se faire à bouffer tout seul, de se coucher tout seul, et qui craint de se retrouver face à lui-même.
Mais lui dès qu’il branchait sa guitare, il ne trichait pas et ça me montrait l’exemple.
Pour beaucoup de gens qui entouraient le groupe, c’était un divertissement, une évasion ou de la frime, mais pour moi, c’était l’instant présent où minute après minute tout est important.
Tout allait très vite, je les quittais plus, je les amenais à tous les concerts. J’installais le matos, j’organisais tout. J’étais tout le temps là.
Le temps prenait une autre dimension quand j’étais avec eux pour les concerts. Tout s’arrêtait et de se foutre du temps rendait tout magique, irréel, comme si on avait du mal à distinguer le vrai du faux. Que se soit en répétition ou pendant les concerts on se prenait tous pour des stars que l’on pensait être et que l’on était à ce moment là.
Les autres, ce qu’ils

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