Yvan
160 pages
Français

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Description

« Je ne sortais pas indemne de cette conversation posthume. Une fois de plus, le discours d'Yvan me paraissait très singulier. Je ne savais que penser. J'en avais des frissons, tellement l'écoute m'avait bousculé et, en même temps, intimidé. Étais-je devant un grand monsieur ? Je ne réalisais pas complètement tout ce qu'il m'avait dit. » Suite à la mort accidentelle de son épouse, François découvre qu'elle cachait un mystérieux passé. Décidé à découvrir la vérité, il retrouve la piste d'Yvan, l'ancien compagnon de sa femme. Celui-ci est décédé, mais lui a fait parvenir par l'intermédiaire de son notaire des révélations bouleversantes. Il avoue l'avoir discrètement manipulé pour contribuer au bonheur de son couple. En souvenir de son attachement pour la disparue, il lui lègue son héritage. Peu à peu, la douleur du deuil s'apaise et entouré de ses trois enfants, François retrouve goût à la vie. Le temps passe et la famille se recompose autour de sa nouvelle femme, trouvant un heureux équilibre. Jusqu'au prochain coup de théâtre inattendu...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 juin 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342161861
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yvan
Gérard François Masion
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Yvan

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://gerard-francois-masion.societedesecrivains.com
 
Chères lectrices, chers lecteurs, si vous souhaitez me contacter, n’hésitez pas à le faire via mon adresse e-mail : gfmasion@yahoo.com
L’accident
Paul venait tout juste d’avoir quatre ans. Depuis l’événement, il ne cessait de réclamer sa mère. Pourquoi elle ne revient pas ? Ne cessait-il de dire. Que pouvait-on faire ? Certes, il allait falloir lui dire la vérité, lui annoncer la triste nouvelle plutôt que de lui répéter sans cesse qu’elle allait revenir, qu’elle avait un problème avec son travail qui la retenait loin de chez nous. Pourtant, il avait déjà perçu qu’il se passait quelque chose d’inhabituel, les allées et venues incessantes dans la maison, les visages fermés et tristes de son frère et de sa sœur qui avaient promis de ne rien dire, mais qui souvent ne pouvaient contenir leurs larmes, en proie à leur chagrin. À l’annonce du drame, Paul était resté plus d’une semaine chez la nourrice qui le gardait depuis que Christine avait repris le travail. Charles et Valérie, respectivement âgés de treize et dix ans, avaient vécu les jours suivants en direct. Je ne leur avais rien caché après l’annonce de l’accident. Douloureux moments, que j’ai essayé d’oublier, mais en vain. Je les revois abattus, n’osant pas croire à ce qui venait de se passer, se raccrochant à tout ce qui leur rappelait leur mère, aux derniers instants avec elle, qu’ils revivaient et qu’ils reconstruisaient à leur manière pour ne pas oublier. Et, bien sûr, ils avaient insisté pour assister à la cérémonie funéraire, alors que je cherchais à les en dissuader. Rien à faire, ils voulaient être là. Je cherchais du mieux possible à les rassurer, les soutenir, alors que j’avais moi-même déjà du mal à faire face à mes émotions. Ils avaient autant besoin de moi que l’inverse. Je leur prodiguais tout l’amour dont j’étais capable. Mais, désemparé parfois, je constatais que ce n’était pas suffisant. Leur mère leur manquait et, au fond, cela était bien normal. Tout comme Paul, depuis son retour à la maison, qui l’attendait toujours. C’était inhabituel, une si longue absence. Il devait bien sentir qu’on lui cachait quelque chose. Mais que faisait-elle sur cette route, à plus de cent kilomètres de notre village, alors qu’elle était censée prendre l’avion pour un rendez-vous à Strasbourg ? Que nous cachait-elle ? J’étais tellement abasourdi quand les gendarmes se sont présentés à la maison pour m’informer de l’accident, que cette question, pourtant évidente, n’avait pas encore surgi. Tout était confus, mon esprit essayait de reconstruire : pas l’aéroport, mais la direction opposée, pas un crash d’avion, mais une voiture emplafonnée dans un arbre, plus de rendez-vous, le mystère sur sa destination. J’avais trop peu d’informations pour tenter de reconstituer le moindre scénario, mais suffisamment pour comprendre que Christine m’avait caché ce qu’il allait bien falloir élucider. Comment m’y prendre ? J’avais bien peu de contacts avec ses collègues de travail, son entreprise où je me voyais mal me présenter et demander des explications. Certes, ils m’avaient assuré de leur soutien, il y aurait certainement un rendez-vous avec la société pour régler les questions de fin de contrat, d’assurance vie, que sais-je. Mais de là à aborder ce point crucial, dévoiler une part de son intimité. Allaient-ils vouloir le faire et répondre à mes questions ? Des questions certainement évidentes pour moi, mais peut-être trop personnelles ou embarrassantes pour qu’ils puissent ou veuillent y répondre. De toute façon, coûte que coûte, il devait bien y avoir quelques indices qu’il faudrait trouver quelque part. Ils étaient les premiers auxquels je devais rendre visite.
L’accueil avait été condescendant, ce qui n’augurait rien de bon. Une manière peut-être de me reprocher les nombreuses festivités auxquelles je n’avais pas participé. L’entreprise de Christine était son domaine, d’aucune façon je n’avais cherché à m’y afficher. Donc, juste retour des choses, le soutien serait à proportion, pour ne pas dire inexistant. Je n’appris pas grand-chose, sauf qu’il n’y avait pas de rendez-vous programmé à Strasbourg. Pourquoi avait-elle usé de ce stratagème, plutôt que de me dire la vérité ?
Christine était une femme indépendante, discrète sur sa vie privée et ses amis. Elle avait toujours eu une conduite exemplaire, on ne pouvait rien lui reprocher. Pourquoi donc ce changement d’itinéraire ? Je n’attendais plus de réponse à cette question. « Cher Monsieur, ce qui se passe dans la tête d’une femme, mieux vaut ne pas en chercher la raison. » Misogyne ou pas, il fallait suspendre cet entretien. Retour au point de départ, je n’avais aucune piste.
J’essayais donc de faire un bond en arrière de quelques presque quinze années de notre vie commune, afin d’y trouver un signe qui pourrait me mettre sur la voie. Là encore, je séchais lamentablement. Nous vivions en parfaite harmonie, Christine était beaucoup plus extravertie mais s’amusait souvent de mon côté ours mal léché. Jamais je ne l’ai entendue me reprocher mon caractère un tant soit peu casanier. Pour donner le change, je l’emmenais assez souvent passer des week-ends prolongés dans les capitales européennes, ce qui posait toujours des problèmes pour la garde des enfants. Nos escapades amoureuses étaient toujours bien perçues par Christine, ce qui avait tendance à me rassurer. Alors pourquoi ? J’étais vraiment au pied d’un mur d’incompréhensions. Pour quand le déclic ? En attendant, il fallait faire face.
D’abord Paul, c’est certainement ce qui a été le plus difficile. Il ne voulait pas comprendre et admettre que Maman, il ne la reverrait jamais. Il fallait qu’on lui montre où elle était. Pour un enfant de quatre ans, le cimetière, quelle signification cela peut-il avoir ? Il a pourtant été stoïque. Debout devant la tombe, il lui demandait pourquoi elle ne reviendrait plus ; il s’est accroupi, s’est mis à pleurer, et a déposé, sur le caveau de famille, le bouquet que j’avais acheté à cette intention. Puis il m’a pris la main. C’est ainsi que nous sommes sortis de ce lieu sans un mot. Il n’y eut plus de questions à ce sujet ensuite, du moins ce n’étaient pas les mêmes ; il me questionnait pour savoir si là-haut Maman pensait toujours à lui, ce qu’elle pouvait bien faire, mais pas si elle reviendrait. Paul fut peut-être celui de nos enfants qui, en grandissant, parla le plus volontiers de sa mère. Ce ne fut pas le cas pour les deux autres ; c’était un sujet tabou, et surtout pas question d’aller au cimetière. Je respectais leur choix et nous y allions tous les deux, Paul et moi.
Charles compensa cette absence en se réfugiant dans les études. L’école qui, jusque-là, était un sujet sensible, devint du jour au lendemain un refuge et les progrès ne tardèrent pas à se faire sentir.
Ce qui ne fut pas le cas pour Valérie qui, à l’inverse, baissa les bras. Elle était devenue colérique, boudeuse, paresseuse, et le collège n’avait rien arrangé. Ses résultats étaient désastreux. D’une enfant rieuse et enjouée, nous étions en présence d’une fille complètement taciturne, sans aucun allant. Il avait fallu recourir à une aide extérieure pour la sortir de son isolement. C’est certainement chez elle que l’impact de la disparition de sa mère eut les effets les plus nocifs.
L’énigme
À l’évidence, mon entrevue avec l’entreprise de Christine n’avait rien donné. Il fallait essayer du côté de la famille, sait-on jamais.
Ma femme avait une sœur plus âgée, Alice, qui vivait en Picardie, ainsi qu’un frère, Michel, qui s’était installé près de Dunkerque. Les parents, alors à la retraite, vivaient toujours à Abbeville, où leurs trois enfants étaient nés. Autant dire que les retrouvailles avec la famille s’étaient espacées avec le temps, chacun étant pris par ses occupations, mais aussi à cause de la distance qui nous séparait. Nous nous étions installés à Mortefontaine, village de l’Oise, où nous avions trouvé une petite maison à l’orée de la forêt d’Ermenonville. C’était très pratique pour l’activité de Christine, l’aéroport Charles de Gaulle étant à vingt minutes. Mais aussi pour les enfants, l’école primaire était à cinq minutes à pied, et l’arrêt de car pour le collège de Senlis était juste en face de la maison. Donc, toute la famille était présente pour les funérailles, tout du moins, c’est le souvenir que j’en ai, tellement cette journée avait été douloureuse pour moi. Je ne voulais pas graver cette cérémonie dans mon esprit et certainement ne fis pas beaucoup d’efforts pour me remémorer ce pénible moment. Pourtant chaque membre de ma belle-famille avait fait preuve de compassion à mon égard. Ils étaient autant touchés que moi, mais l’avenir avec trois enfants les préoccupait beaucoup. Troublé par le cérémonial ambiant, très certainement mal à l’aise dans ces circonstances, il ne me serait pas venu à l’esprit de les questionner sur ce qui était déjà en train de me hanter : mais que faisait-elle sur cette route ? Savaient-ils quelque chose ? Christine s’était-elle confiée à sa sœur, dont elle était très proche et avec qui elle passait beaucoup de temps au téléphone ? Pourtant, aujourd’hui,

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