Elles, Ils, Eux...
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Français

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Description

D’ici et d’ailleurs, des rencontres, des scènes de vie, des évasions dans l’humanité...


Êtes-vous prêt(e) à découvrir Jeanne, Adèle, Hélias et les autres...?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381539881
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Elles, Ils, Eux…
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Agathe van Dyck
Elles, Ils, Eux…

 
«   L’être humain est une ruche d’Êtres.   »
Gaston Bachelard
 
À Matthieu
Tom, Inès, Clément
 
 
La Jeanne de Sergueï
La désormais Russie a ouvert l’année précédente son espace à ceux de l’Ouest. Va peut-être voir le jour un manuel d’apprentissage du français destiné aux élèves russes   ; je dois contribuer avec des universitaires de Saint-Pétersbourg à son élaboration.
4 heures, frilosité d’un matin d’avril, jour de départ pour ce voyage tant attendu, aéroport de Luxembourg. À peine avons-nous franchi les portes du lieu qu’une annonce nous contrarie : départ différé, jour de neige inattendue à Saint-Pétersbourg, atterrissage impossible. La nouvelle déstabilise, agace, inquiète, c’est selon. Cinq heures plus tard, départ avec escale à Moscou. Déroutant !
Descente de l’avion. Pas de neige ici, mais un froid piquant. En bas de la passerelle, un homme, mitraillette pointée, tout en noir, godillots à la 10 h 10 bien campés sur le sol, un garde dont seul le regard est mobile . I l scanne chacun de nous mais rien ne révèle ses observations : on est ailleurs… ! L’arme paraît insolite autant que ridicule, lui-même, le nez rougi par le froid ambiant évoque un clown, une marionnette déguisée mais… qui d’être surpris, qui d’être inquiet, qui d’avoir brièvement envie de sourire, qui d’être dans l’incompréhension… On nous invite un peu brusquement à monter dans un autobus fatigué de rouille, aucun siège à l’intérieur hormis une chaise, siège plastique fendu, qui doit s’étonner d’être là, sans attache, brinquebalante de-ci de-là, percutant certains passagers avant que l’un d’eux n’ait l’idée (évidente, bien que risquée) de s’y asseoir pour stopper les allées et venues de l’insolente.
Ouverture des portes après que l’autobus se soit rangé au plus près d’un mur, jusqu’à risquer d’en détacher les plaques de ciment dont les morceaux dispersés évoquent un puzzle soit en cours d’élaboration soit, plus vraisemblablement abandonné par un joueur que la matière et l’issue ont démotivé… À peine le premier d’entre les voyageurs a-t-il mis pied à terre, qu’une porte imposante, lourde, s’ouvre . U n homme, lui aussi armé, la fait glisser avec peine sur un rail… nous entrons… la porte est refermée. Sensation de piège. Tout se déroule dans un quasi-silence mis à part les consignes d’accueil… dans cette langue que je domine mal ! L’endroit, peu éclairé, sans issues décryptables, se révèle propice à toutes les divagations : où sommes-nous ? Que va-t-il advenir ? Surgissent dans mon esprit des images de goulag : brutalité, inhumanité, tous les possibles sordides… j’ai froid soudain, froid dans mes os… et mon ventre s’affole. Certains Russes s’expriment, avec parcimonie, je crois deviner dans cette discrétion et les tonalités une sorte d’étonnement embarrassé, eux aussi s’interrogent. Peu d’attente il est vrai dans ce simulacre de souricière. S’ouvre une autre porte, étroite, c’est-à-dire qui ne laisse le passage qu’à une personne, qui laisse filtrer un peu de lumière, une manière de me rassurer, de deviner une issue lisible, quelle qu’elle soit. Dans cette nouvelle pièce, la lumière du jour s’étale faiblement, provenant de meurtrières (quel mot brutal ! qui ne fait qu’ajouter à mes craintes) hautes percées, le réconfort est de courte durée alors je décide de les baptiser «   chatières   »… les chats russes acrobates ? Oui, je rêve, ces acrobates d’une vie à l’envers, les vibrisses dans les étoiles, l’œil irisé de céleste, le poil lustré d’éclats de lune, des chats libres, sans caresses, gardiens de l’étrange…
Dans cette pièce est installé un labyrinthe de tubes en ferraille rouillée semblable à celui que les animaux, voués à l’abattage, doivent suivre avant le coup fatal… des images de regards éperdus, de stress incontrôlables, d’impasse abjecte   ; me voilà prise au piège de mon imagination et de mon angoisse   ; impossible pour moi à cet instant d’envisager une échappatoire, une issue favorable   ; mon esprit divague et rien, dans cette peur viscérale ne peut endiguer le désarroi… aucun réconfort accessible… même si, soudain, une main inconnue frôle mon épaule et un regard souriant tentent d’apaiser l’angoisse qui me submerge, main et regard tellement humains que, dans ma panique intérieure j’interprète comme un encouragement fourbe à subir le pire… même si je me fustige pour ne pas croire que l’on nous veut du mal… Pourquoi nous en voudrait-on ? Tout de même, ce périple hors du commun, où nous emmène-t-il ? Va-t-on nous torturer, nous exécuter froidement avec un pistolet ? Non, tout cela ferait trop de bruit… Nous couper la gorge pour récupérer notre sang, que va-t-on faire de ce sang ? Le transfuser à des malades, l’éliminer pour effacer les traces des forfaits, l’analyser à des fins scientifiques ? Délire de paniquée devenue déraisonnable.
Dans un bruit sec s’ouvre encore une porte… ce sera la dernière. Lumière vive, musique douce… nous sommes à l’intérieur de l’aéroport de Moscou… !
Chocs multiples : passage de l’ombre silencieuse à la lumière des néons, du feutré au glissement des sons d’un archet, d’une peur de la mort à la vie ordinaire, grouillante d’allées et venues   ; contraste brutal, déstabilisant, les nerfs affleurent, les larmes aussi, libératrices, salutaires.
La vie me happe avec un clin d’œil : deux grosses dames «   fichutées   », façon matriochkas, armées d’un petit balai en jonc à manche très court se penchent pour effacer de la moquette vert sapin les salissures du jour… remake des Temps modernes , contraste, toujours… nous sommes ailleurs et avant… forte odeur d’ail… Cinq heures de déambulations pour ne rencontrer que l’ordinaire d’un aéroport avec, ici, des boutiques peu achalandées et des voyageurs aux visages asiatiques ou moyen-orientaux, peu d’Européens.
Décollage pour Saint-Pétersbourg. Arrivée dans la neige. Nouvelle découverte, nous devons descendre du tramway pour, tous ensemble, lui donner l’impulsion d’un redémarrage : surréaliste ! Certains râlent, d’autres sourient, fatalistes, tout le monde participe et… ça marche (si j’ose !). Plongée au centre de la Terre, le métro saint-pétersbourgeois doit frôler le nife, enfoui si profondément qu’il est, il bouscule les sensations… une descente vers l’inconnu sur le plan très, tellement incliné du tapis roulant où chacun doit garder sa droite pour que ceux, pressés, puissent rejoindre au plus vite le centre de la Terre, un trésor y serait-il caché ? Beaucoup semblent le croire… Fatigue et peurs accumulées modifient les ressentis, l’impression de ne plus se posséder, de ne plus être dans un réel maîtrisable, envie de laisser faire, de recevoir les évènements non pas avec un stoïcisme mais plutôt avec une béatitude un peu niaise, gardienne des débordements nerveux, de celles qui facilitent, vous aident à aplanir les déluges inattendus et fragilisants qui mettent en vrac émois et certitudes.
Dehors, le froid devenu plus âpre rend la progression chaotique vers l’adresse convoitée des hôtes. Les bagages autant que les humains perdent l’équilibre, menacent de se renverser sur cette neige parfois devenue gadoue et à d’autres endroits, gelée, toute durcie, bosselée, gênant le pas. Dans le soir sombre d’une zone mal éclairée, des immeubles, pareils à ceux de nos banlieues, alignés en successions et chevauchements… Arrivée à l’adresse… Porte ouverte de l’immeuble… Odeur âcre du chou mêlée à celle vite identifiée de l’aneth, odeurs qui insistent, entêtent même, vous enveloppent… difficile de se repérer, éclairage déficient… par chance, bruit d’ascenseur… quelqu’un sort de cet ascenseur «   vieille mode   » avec grille en fer forgé qui détonne et étonne dans cette construction apparemment récente… Vite, profiter de cette aubaine… À peine les deux pieds posés, nouvelle alerte : l’ascenseur s’affaisse… ouf !, pas le temps d’échafauder (oui, j’ose, c’est vous dire…) qu’il décolle, lentement puis, plus sûr de lui, me propulse au 7 e  étage là où je suis attendue… j’espère… ? J’ai frôlé l’enfer, me voilà au 7 e  ciel… Oui, enfin…
Le lendemain, après une nuit en tranches , réveillée plusieurs fois en sursaut par des appels téléphoniques à diverses heures, peu reposée. Helena toque discrètement à la porte de ma chambre. Ce que je remarque en premier ? Un plâtre à son poignet. Je lui demande (en allemand ! Eh oui, cette langue nous permettra de communiquer assez...

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