Fatrasies en si bémol majeur
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Fatrasies en si bémol majeur , livre ebook

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Description

« Au Moyen Âge, les “fatrasies” – comme les “fatras” – étaient des poèmes en vers rigidement codifiés dans la forme, par opposition avec le fond, volontiers plus libre. Après des siècles de perdition dans les oubliettes de la littérature, elles ont connu au XXe siècle une renaissance “dilettantesque” revendiquée par les surréalistes d'abord, puis consacrée par Jacques Prévert dans son inclassable Fatras en 1966. Faisant fi des contraintes poétiques, elles privilégient les folâtres vagabondages entre le non-sens cher à l'humour anglais, les divagations oulipiennes et les loufoqueries en tous genres de tous les humoristes plus ou moins patentés. Dans cette auberge espagnole ouverte à tous les vents, chacun peut “apporter son manger”, et même un peu de poésie si le cœur lui chante, comme ont su le faire sans se forcer un Georges Brassens ou un Bobby Lapointe. Les médias ne s'y sont pas trompés, à commencer par la presse écrite, qui a laissé libre cours à quelques fantaisistes affûtés, comme Alexandre Vialatte et, plus tard, à son disciple Pierre Desproges. C'est dans cette veine que s'inscrit le présent opus où une chatte n'y retrouverait pas ses petits. » De chroniques fantaisistes en poèmes décalés, ces Fatrasies en si bémol majeur livrent le chant de l'humour avec un plaisir contagieux. Amour des mots, comique de situation, penchant pour l'absurde, le recueil de Jacques Rouvière, riche en références et clins d'œil, est traversé d'un vent de folie rafraîchissant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 avril 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342160550
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fatrasies en si bémol majeur
Jacques Rouvière
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Fatrasies en si bémol majeur
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://jacques-rouviere.societedesecrivains.com
 
Avant-propos
Au Moyen Âge, les « fatrasies » – comme les « fatras » – étaient des poèmes en vers rigidement codifiés dans la forme, par opposition avec le fond, volontiers plus libre.
Après des siècles de perdition dans les oubliettes de la littérature, elles ont connu au xx e  siècle une renaissance « dilettantesque » revendiquée par les surréalistes d’abord, puis consacrée par Jacques Prévert dans son inclassable Fatras en 1966. Faisant fi des contraintes poétiques, elles privilégient les folâtres vagabondages entre le non-sens cher à l’humour anglais, les divagations oulipiennes et les loufoqueries en tous genres de tous les humoristes plus ou moins patentés. Dans cette auberge espagnole ouverte à tous les vents, chacun peut « apporter son manger », et même un peu de poésie si le cœur lui chante, comme ont su le faire sans se forcer un Georges Brassens ou un Boby Lapointe.
Les médias ne s’y sont pas trompés, à commencer par la presse écrite, qui a laissé libre cours à quelques fantaisistes affûtés, comme Alexandre Vialatte et, plus tard, à son disciple Pierre Desproges.
C’est dans cette veine que s’inscrit le présent opus où une chatte n’y retrouverait pas ses petits. J’ai gratifié mes « fatrasies » d’une référence musicale («  en si bémol majeur  ») pour le seul plaisir d’ouvrir un superfétatoire débat, comme il y en a tant dans les colloques et autres symposiums élitistes. Il a été conçu en des termes dont je refile lâchement la paternité au commandant Charcot, explorateur (1867-1936) :
«  Pourquoi “en si bémol majeur” ?!
— Pourquoi pas !  »
J. R.
 
Au « Bateau-Lavoir »
Recrutée par une petite annonce famélique punaisée au mur du « Bistrot de la Butte » et libellée comme suit :
«  Peintre cherche belle panthère prête à poser pour une bouchée de pain  »
une jeune femme délurée se présente au « Bateau-Lavoir ».
La perspective de se faire tirer le portrait (et plus, si affinités !) a visiblement l’air de l’exciter. Le peintre a beau lui rappeler qu’il ne pourra guère la payer, elle le rassure tout à fait et se montre pleine d’enthousiasme.
On passe donc aux choses sérieuses. La voilà déjà prête à se déshabiller et aussitôt déçue quand le peintre lui précise qu’il n’a pas l’intention de peindre un nu. « Juste un portrait, pour aujourd’hui », lui dit-il.
Il a malheureusement bien du mal à la faire tenir tranquille. Il l’a peinte de face et a bien avancé son travail quand soudain la belle Artémis tourne la tête en prétextant que ce serait peut-être, tout bien réfléchi, aussi bien de profil.
Le peintre a beau protester et répéter que la besogne est si proche de son terme qu’il ne saurait être question de tout recommencer, la mignonne n’en démord pas : « Puisque je pose pour du beurre, j’ai au moins le droit de choisir la tartine. » Le peintre ne voit pas très bien le sens de la parabole (il n’est pas le seul d’ailleurs !), mais qu’importe. Il comprend bien en revanche que la mule est têtue et, prêt à renoncer, il pose sa palette et ses couteaux en proférant un définitif :
« Je ne recommencerai pas !
— Mais qui vous parle de recommencer ! rétorque la belle. Vous m’avez commencée de face, finissez-moi de profil ! »
Écœuré par tant de sotte inconscience, le peintre obtempère, bâcle son travail en bougonnant un « foutu pour foutu ! » résigné, en rajoute une couche pleine de fureur et, tout honteux du résultat, décide de signer d’un pseudonyme ( retourner la page pour voir la signature ) :
 

Kangourou’s story
On raconte que le navigateur anglais James Cook, débarquant en 1772 sur les côtes orientales de l’Australie, fut tout étonné de découvrir, avec ses hommes d’équipage, un très étrange animal qui faisait des bonds incroyables, avant de se reposer, assis sur son arrière-train, les mains dans sa poche ventrale.
N’ayant jamais vu pareil marsupial, pas même dans un dictionnaire illustré, ces marins circonspects hélèrent un indigène qui passait par là, pour lui demander quel était donc ce curieux animal. Mais, à défaut de pouvoir se faire entendre en parlant anglais, ils en furent réduits à l’interroger par le langage des signes, à grand renfort de gesticulations du plus grand effet comique. Faute d’en deviner le sens caché, l’indigène pouffait de rire à voir l’un des marins mimer les poses de la bébête, puis ses sauteuses escapades. Le tout en hurlant de plus en plus fort : «  What’s his name ?!… What’s his name ?!… Son of a bitch 1  !  », le tout à plusieurs reprises.
L’autochtone, sentant peu à peu monter d’évidents signes d’exaspération chez cet homme blanc venu de Dieu sait où, aurait, dit-on, fini par ânonner à voix basse :
«  Kan-ghu-rû … Kan-ghu-rû …
—  Ah enfin, tu accouches, son of a bitch  ! dit le marin hurleur. C’est donc un “ kan-ghu-rû ” si j’ai bien compris ?
— Kan-ghu-rû  », répéta l’indigène en opinant du chef pour ne pas contrarier davantage son interlocuteur apparemment apaisé, avant de tourner les talons illico presto .
De retour au campement, les marins en vadrouille furent très fiers d’annoncer au reste de l’équipage qu’ils avaient découvert un animal parfaitement inconnu : un «  kan-ghu-rû  » !
« Un quoi ?!
— Un kan-gou-rou, qu’on vous dit ! »
Quelques mois plus tard, l’expédition terminée, ils allèrent partout raconter leurs exploits et leurs découvertes, en insistant surtout sur les kangourous… devant des auditoires médusés. Jusqu’à ce qu’un éminent linguiste, ayant écouté leurs balivernes et subodoré le malentendu, finisse par leur faire savoir en public qu’en dialecte indigène austral l’expression «  kan-ghu-rû  » voulait tout simplement dire : « Je ne comprends pas (votre question) ! »
Les funérailles de l’évêque de La Garenne-Bezons
C’est le chevalier d’Éon en personne qui fut chargé de régler l’ordonnancement des funérailles de l’évêque de La Garenne-Bezons. Non pas qu’il fût un pilier de cathédrale, mais uniquement parce qu’il s’agissait de son cousin germain le plus proche.
Il prit langue à cet effet avec le coadjuteur du défunt, ainsi qu’avec le grand chambellan en charge de la basilique Saint-Frusquin. Ces deux derniers préconisèrent d’orchestrer la cérémonie avec des morceaux d’orgue accompagnés des chœurs de la cathédrale, selon le cérémonial réservé aux évêques de France et de Navarre. Le consensus fut vite trouvé sur le choix des œuvres, entre cantiques et Requiem.
L’affaire se corsa cependant, quand le coadjuteur et le grand chambellan excipèrent des ...

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