Gustave
244 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Gustave , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
244 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Voici un roman qui se voudrait bucolique et qui tourne heureusement au carnage... Parce que rien ne vaut le frisson pour échapper à la banalité du quotidien et aux tracas ; qu’ils soient sentimentaux, domestiques, professionnels...

De l’épouvantable donc, mâtiné néanmoins d’une touche d’humour qui fait aisément passer ce qui pourrait paraître particulièrement sanguinolent pour les « âmes sensibles ».
Des considérations humanitaires allant jusqu’à des réflexions pseudo-philosophiques émaillent le récit. Un regard plutôt acerbe sur notre société de consommation otage du système capitaliste, quelques diatribes contre des élites intellectuelles et politiciennes, et le rejet d’un mode de vie si néfaste pour l’avenir semblent heureusement s’intégrer dans le récit des mésaventures de Gustave et consorts.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334200981
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-20096-7

© Edilivre, 2016
Du même auteur
Aphorismes 1 et 2, éditions Les Amis de la Poésie, 1998
Aphorismes & vignettes, éditions Gros Textes, 2009
Reflets, haïkus , éditions Les Amis de la Poésie, 2012
Amuse-gueule, vétilles, Edilivre, 2014
Sans me soucier de descendre du singe, vétilles, Cactus Inébranlable éditions, 2014
Théophraste, roman, Spirale 2016
Aux éditions Jack Harris
Un regard, micro-nouvelles, 2009
Quand quatre pattes ne suffisent pas à un canard, vétilles , 2010
L’Avant-dernier des Mohicans, vétilles, 2010
Celui par qui la sandale arrive, vétilles, 2010
Je sais, vétilles, 2011
Des nouvelles, des aphorismes, des poèmes et autres écrits de l’auteur paraissent régulièrement dans des revues et sur des sites littéraires.
Le site de l’auteur : http://elliautou-g.net/
Gustave
 
Gustave, émerveillé, regarde la dame venant vers lui, vêtue d’une robe haute couture et chaussée de talons aiguilles. Une telle apparition dans la cour de sa ferme relève du miracle. Mais ne va-t-elle pas traverser une lourde flaque de purin !? Il se précipite, s’étale dans la flaque afin qu’elle la franchisse sans souiller ses adorables chevilles. La dame, souveraine, piétine Gustave. Soudain il ressent une douleur mêlée d’un brin d’extase. N’a-t-elle point enfoncé inconsidérément un talon aiguille dans l’orifice de son fondement !
Mais laissons là cet incident fâcheux pour la plupart et possiblement heureux pour des personnes libérées des contraintes bourgeoises. Revenons à Gustave, un brave paysan dont le seul souci est l’élevage bio de son cheptel. Il se relève, la casquette à la main, tout tremblant d’émotion dans ses habits de dimanche imprégnés de purin.
– Ah ! Madame. Que me vaut l’honneur de cette visite inattendue ?
– Monsieur, je vous suis infiniment gré de votre galanterie. Sans votre geste, j’aurais sans nul doute pollué mes escarpins.
– Madame ! Ne suis-je point né pour éviter aux personnes de votre sexe ce genre de mésaventure ?
– Je le conçois. Mais il me faut visiter des particuliers aussi attentifs que vous l’êtes pour me réconcilier avec vos congénères.
– Ah ! Madame…
– Aussi je viens vous demander de m’accepter comme votre fille de ferme. J’aimerais tant côtoyer Dame Nature, lassée que je suis de la ville et des malotrus.
* *       *
Un choc mat provenant du tas de fumier. Gustave apparaît sur le seuil de la cuisine de sa ferme sise au bout d’un chemin creusé d’ornières. Un ange s’extirpe difficilement de la fange. Les ailes de guingois, il s’efforce à une digne attitude, se sachant le représentant du Tout-Puissant, bien que sali d’excréments issus de l’étable. Anne-Laure se précipite, seaux d’eau aux mains. Anne-Laure a un cœur d’or. C’est la dame de la ville qui est venu demander dernièrement à Gustave de la prendre comme fille de ferme. Elle veut côtoyer Dame Nature, lassée des artifices citadins – ce rappel nécessaire pour le malheureux lecteur qui n’aurait pu s’enthousiasmer de l’épisode précédent, occupé qu’il était de tenir la dragée haute à son épouse…
Or donc, Anne-Laure se précipite pour rendre à l’Envoyé du Très-Haut sa pureté originelle. Gustave, dubitatif, se gratte l’occiput sous sa casquette. Que vient faire cet ange ici ? se demande-t-il. Quel accident a provoqué cette chute heureusement amortie par le fumier ? En quoi mérite-t-il cette visite céleste ? Serait-il le nouvel Élu ?
Anne-Laure est plus simple. Ainsi que ses consœurs, elle se garde bien de ces interrogations qui font le malheur des hommes. Elle dévêt l’ange, balance les seaux d’eau sur sa plastique de rêve, constate que c’est un mâle ! – à rebours des affirmations des docteurs de l’Église qui les supposent asexués – ; l’entraîne dans sa chambre, alors que Gustave s’interroge toujours…
* *       *
La nuit durant, des trombes d’eau se sont abattues sur la ferme, entraînant le purin et la boue jusque dans la cuisine au seuil insuffisamment relevé pour faire barrage. Gustave s’extirpe de son lit bateau, se dirige vers la sombre pièce d’où lui parviennent des bruits divers. C’est Anne-Laure. Elle charge la boue dans une brouette. Lui qui la croyait fragile, comme le sont les dames de la ville ! Il reste planté un instant, observant la dame pelleter avec vigueur la gadoue nauséabonde de la cour…
Le fidèle lecteur n’est pas sans savoir qu’un ange est venu les visiter. Qu’en a fait Anne-Laure est une toute autre histoire. Toujours est-il qu’il a repris son vol, ailes réparées, sans doute comblé par les attentions de celle-ci. Mais revenons à nos moutons. Gustave contemple la poitrine et la croupe aux courbes typiquement féminines. Anne-Laure est en petite tenue. Sans doute l’urgence de la situation ne lui a point permis de s’apprêter comme aiment le faire les personnes de son sexe. Puis il se précipite pour lui ôter la pelle des mains.
– Ah ! Madame ! Une pareille tâche n’est point de votre condition !
– Que nenni, Monsieur ! J’apprécie mon nouvel état. Je tiens, en sus, à vous exprimer ma reconnaissance pour m’avoir accueillie chez Dame Nature.
– Dans ce cas… Poursuivez donc, Madame. Je vais traire les vaches qui m’attendent.
* *       *
« Mais comment donc opère Anne-Laure ? Ne voilà-t-il point qu’elle met la charrue avant les bœufs ! » Gustave, de son pas auguste de paysan bio, se dirige vers l’attelage avec lequel s’escrime Anne-Laure. « Il me faut lui apprendre le retour à la terre. Si elle doit coexister avec Dame Nature, il est de mon devoir de lui éviter pareille étourderie ». Anne-Laure pousse un soupir de soulagement lorsque Gustave, tranquille comme Baptiste, dételle les deux belles bêtes pour les amener devant la charrue et engager le timon dans le joug reposant sur le cou puissant des bœufs et attaché aux cornes par des lanières de cuir. Elle le regarde, impressionnée par les gestes séculaires de cet homme rude en harmonie avec la nature.
– Chère Madame, veuillez m’excuser pour cette intervention qui aurait pu égratigner votre amour-propre, mais comprenez que ce labeur ne vous est point familier. Je me dois donc d’intervenir si vous voulez mener à bien ce labour.
– Oh combien je vous suis reconnaissante de votre aide ! Il est vrai que je me vois plutôt interdite devant la complexité de la tâche.
– Cela s’arrangera avec la pratique. Soyez-en assurée.
– Je le souhaite grandement. Donc, si j’ai bien saisi, je dois atteler les bœufs devant la charrue.
– C’est cela même, Anne-Laure… Vous permettez que je vous appelle Anne-Laure ? « Madame » fait un peu trop affecté, n’est-ce point ?
– Je suis si heureuse de votre initiative… Gustave. Nous voilà plus proches à présent.
* *       *
Gustave n’est pas sans embarras. Anne-Laure vient d’arriver au bout du rang derrière l’attelage des bœufs tirant la charrue. Il n’est guère étonné de voir ce rang évoquant la reptation du serpent dans la garrigue. Toutefois il ne peut lui tenir rigueur de cet essai. C’est elle qui a insisté pour labourer le champ, enthousiasmée de participer à la moisson future. Il l’a vue, ahanant derrière les bêtes, tentant de maintenir droite et profonde la charrue. Mais Anne-Laure n’est point assez forte pour réaliser cette gageure. Ce labeur est le propre de l’homme. Il y faut des muscles. Et surtout l’atavisme de ceux qui travaillent la terre depuis des générations…
Anne-Laure, toute fière, regarde Gustave qui vient de la rejoindre ; lequel ne peut s’empêcher de couler un regard sur sa ferme poitrine que son corsage imprégné de sueur révèle innocemment. « Ah ! quelle superbe créature ! » pense-t-il. « Et qu’importe cette droite approximative si elle est le fait d’Anne-Laure aux courbes si parfaites ! Ne sera-ce point poétique que le maïs à venir se tortille au fil des rangs ? Mes bêtes en seront tout aussi bien nourries que je sache. Laissons cela, et félicitons-la pour le travail accompli. »
– Que voilà un excellent labour ! Anne-Laure.
– N’est-ce pas. J’aime tant Dame Nature, que je ne puis que l’honorer.
– Ah ! comme j’aimerais vous honorer pareillement…
– Gustave ! Voyons !
– J’implore votre pardon. Le printemps… le soleil…
* *       *
Anne-Laure a jeté sa robe haute couture et ses escarpins à talons aiguilles, tant le travail à la ferme les avait détériorés. Son teint d’albâtre s’est joliment bronzé au labeur des champs. Elle est à présent si bien dans sa peau qu’elle ne s’apitoie plus sur l’enfer de la ville prédatrice qu’elle a fuie pour retourner à la terre. Gustave lui coule parfois un regard où brille une lueur. Anne-Laure n’en a cure. Son ménage avec Dame Nature la satisfait pleinement. Elle a dû supporter tant d’admiration dévoyée des mâles de la ville… La paix ! Enfin la paix ! se réjouit-elle, fort satisfaite de son choix.
Gustave, dans son lit bateau, a quelque peine à trouver le sommeil. Il ne peut effacer de son esprit le corps harmonieux d’Anne-Laure. Il était si tranquille avant qu’elle ne déboulât dans son existence… Ce soir, alors qu’il a dégusté une soupe d’orties et de fanes de radis relevée d’oignons et de lard rance, et versée sur du pain rassis l’épaississant – qu’Anne-Laure avait mitonnée dans la marmite accrochée à la crémaillère de la vaste cheminée –, il ose enfin :
– Voyez-vous, chère Anne-Laure, je n’ai jamais connu de femme telle que vous, aussi bonne cuisinière que vaillante à l’ouvrage.
– Vous me flattez, Gustave.
– Aussi serais-je aux anges si vous daigniez…
– Je vous en prie. Poursuivez.
– Si vous daigniez, disais-je, bien vouloir faire mon lit afin que je dorme joliment, ravi qu’une main féminine aussi douce que la vôtre ait tapoté mon oreiller de plumes d’oie.
* *       *
Gustave est parti de bon matin

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents