Lac-Mégantic : De la tragédie... à la résilience

Céline Larin, Danielle Maltais

Description

Le 6 juillet 2013 en pleine nuit, non seulement la communauté de Lac-Mégantic était sous le choc, mais aussi le Québec tout entier. Un train à la dérive, comprenant 72 wagons remplis de pétrole brut, explosait en plein centre-ville, provoquant le décès de 47 personnes, la destruction de plusieurs immeubles, la perte de centaines d’emplois et le désarroi de plusieurs milliers d’endeuillés d’un proche, d’un ami ou d’un voisin. Très rapidement, des policiers, des pompiers, des infirmières et des travailleurs sociaux se sont rendus sur les lieux pour assurer la sécurité physique et psychologique des victimes directes et indirectes.
Différentes interventions tant curatives que préventives ont été mises en place dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi. Les organismes publics et communautaires de Lac-Mégantic, de l’Estrie et de plusieurs autres muni­ci­palités du Québec ont fait preuve d’ingéniosité pour répondre aux différents besoins de soutien de la population.
Cet ouvrage s’adresse aux formateurs, aux étudiants ainsi qu’aux professionnels du réseau de la santé et des services sociaux, aux intervenants municipaux et à toute personne qui a à intervenir en cas de catastrophe. Il permet aux lecteurs de se familiariser avec différents moyens pouvant être mis en œuvre lors des étapes de secours, d’intervention et de rétablissement en cas de sinistre. Plus d’une trentaine d’auteurs partagent les leçons qu’ils ont apprises au cours de leur expérience sur le terrain. Tous estiment que le contenu de cet ouvrage pourra être utile à d’autres intervenants et communautés qui seront aux prises avec une catastrophe naturelle ou anthropique.

Sujets

• santé
• Initiative
• Intervention
• Apprentissage
• Résilience
• Synergie

Informations

• Publié par: Presses de l'Université du Québec
• Date de parution: 16 novembre 2016
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782760546332
• Langue: Français

Extrait

Lac-M gantic
Presses de l Universit du Qu bec Le Delta I, 2875, boulevard Laurier bureau 450, Qu bec (Qu bec) G1V 2M2 T l phone: [phone] - T l copieur: 418 657-2096 Courriel: [e-mail] - Internet: www.puq.ca

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CANADA
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FRANCE
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BELGIQUE
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SUISSE
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Lac-M gantic
De la trag die la r silience

Sous la direction de
Danielle Maltais et C line Larin
Pr faces de Colette Roy-Laroche et Pauline Marois
Catalogage avant publication de Biblioth que et Archives nationales du Qu bec et Biblioth que et Archives Canada
Vedette principale au titre:
Lac-M gantic: de la trag die la r silience
Comprend des r f rences bibliographiques.
ISBN 978-2-7605-4631-8
ISBN EPUB 978-2-7605-4633-2
1. D raillement et explosion d un train p trolier, Lac-M gantic, Qu bec, 2013. 2. Secours aux victimes de catastrophes - Qu bec (Province) - Lac-M gantic. 3. Chemins de fer - Accidents - Qu bec (Province) - Lac-M gantic. 4. Changement social - Qu bec (Province) - Lac-M gantic. I. Maltais, Danielle. II. Larin, C line.
HE1783.C32Q8 2016 363.12 20971469 C2016-941819-7

R vision Isabelle Canarelli
Correction d preuves Sandra Guimont
Conception graphique Julie Rivard
Mise en pages Info 1000 mots
Photo de couverture Claude Grenier, Studio Num ra
"Dans cette photo, on sent le calme, la douceur. Les gens sont bien droits, se soutiennent et regardent en avant. - Colette Roy-Laroche
D p t l gal: 4 e trimestre 2016
Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Biblioth que et Archives Canada
2016 - Presses de l Universit du Qu bec Tous droits de reproduction, de traduction et d adaptation r serv s
Imprim au Canada D4631-1 [01]
Pr face 1

Le pr sent ouvrage collectif, fruit de la collaboration de plusieurs partenaires et acteurs impliqu s dans le r tablissement des individus et de la communaut de Lac-M gantic la suite de la trag die du 6 juillet 2013, arrive certainement point dans le contexte o les catastrophes surviennent de plus en plus fr quemment. Les sujets trait s touchent divers aspects de l intervention et les recommandations formul es pourront servir de guides aux acteurs qui doivent intervenir en situation d urgence.
Ce livre prend une signification toute particuli re pour moi, pour nous Lac-M gantic qui avons d faire face aux cons quences de la trag die ferroviaire. Il pr sente un grand int r t en regard de ce drame humain, social et environnemental, de ses impacts et des le ons tirer. Intervenir la suite d une trag die comme celle de Lac-M gantic repr sente un d fi d une tr s grande ampleur auquel aucune ville, petite ou grande, n est tout fait pr par e.
Je sens qu il y a une urgence raconter notre histoire. Apr s trois ans, des gens nous quittent. Avec leur d part, avec le temps qui passe, la m moire s efface. Notre histoire risque de se perdre. Je trouve important que des personnes racontent ce qu elles ont v cu et ce qu elles ont fait pour que l on n oublie jamais la puissance de la trag die, mais galement la puissance de la formidable cha ne d intervention humaine qui a suivi. On ne doit jamais oublier Lac-M gantic et il faut en tirer des le ons.
Cette nuit-l , nous avons beaucoup perdu. Nous avons perdu 47 citoyens, des gens de tous ges aux profils tr s vari s. Nous avons perdu des enfants, des parents, de jeunes adultes dans la force de l ge qui voulaient changer le monde, des a n s actifs, des artistes, des entrepreneurs dynamiques
Nous avons perdu des gens qui contribuaient, chacun leur fa on, la vitalit et au dynamisme de la r gion. Cette perte est inestimable, impossible combler, et rien de ce que nous pouvons imaginer ne pourra l effacer, ni effacer notre peine.
Les familles et les proches des disparus sont clairement ceux et celles qui ont perdu le plus dans la trag die. Les personnes sinistr es qui avaient des r sidences, des commerces, des b timents dans le centre-ville ont aussi beaucoup perdu.
Chaque habitant de Lac-M gantic et de la r gion, chaque personne originaire de la r gion a le sentiment de s tre fait enlever quelque chose d important. En r alit , nous avons tous perdu.
Nous avons perdu nos rep res les plus significatifs. Le centre-ville, chez nous Lac-M gantic, tait encore bien vivant; il tait le c ur de la ville. C tait un lieu de rencontres et de rassemblements. C est l que les gens se retrouvaient pour travailler, fraterniser, se divertir, magasiner ou simplement fl ner au bord du lac. C tait un lieu o on trouvait les b timents qui racontaient le mieux l histoire de notre ville qui a plus de 130 ans.
Ces rep res ont disparu. Nos rep res sociaux aussi. La dynamique communautaire est compl tement chamboul e depuis l t 2013. Ce furent et ce sont encore de grands deuils faire. Chacun les vit sa fa on. Il nous arrive encore de balancer entre le deuil et l espoir, entre la volont de regarder en avant et de reb tir, et certains moments de doute et de d couragement.
De cette nuit d horreur, j ai des images marquantes et omnipr sentes qui ne s effaceront jamais. Encore aujourd hui, j ai l impression d avoir t plong e dans un sc nario de science-fiction et le sentiment d avoir v cu l histoire d un film improbable, un sc nario que l on pouvait craindre mais que l on n aurait pu imaginer aussi dramatique.
Et pourtant, malheureusement, c est notre r alit . Il tait 1 h 20 lorsque mes deux t l phones, le portable et celui de ma r sidence, ont sonn dans la nuit du vendredi au samedi, soit six minutes apr s le d raillement. C est ce moment que le cauchemar a commenc .
Rapidement, je me suis dirig e vers le centre-ville, accompagn e de mon mari. Une vision apocalyptique nous attendait: un mur de feu, un ciel rougi par l incendie, le vacarme d explosions puissantes, des champignons de flammes, des panaches de fum e noire, des valves de surpression qui sifflaient, des citernes qui explosaient avec fracas, des sir nes de camions d incendie et de voitures de police. On croyait vivre la fin du monde.
Les gens sortaient de leur maison, ils ne comprenaient pas ce qui arrivait. Les gens pleuraient, les gens criaient. Devant l ampleur de l incendie, j ai cru un moment que toute la ville allait dispara tre et j avais d j la conviction que plusieurs personnes p riraient.
Cette nuit-l m a profond ment affect e. Ce n tait pas la mairesse qui tait boulevers e ce moment-l , c tait la citoyenne qui se sentait impuissante, qui ressentait une grande douleur. Ces sentiments sont puissants et tenaces; encore aujourd hui, je les ressens fortement lorsque l on aborde ce sujet. La peine, la douleur et le sentiment d impuissance de la nuit du 6 juillet 2013 font partie des moments les plus prouvants de ma vie. Cela me suivra toujours.
Les gens d abord
Le choc des cinq premi res minutes m a paralys e. Ensuite, ma responsabilit de mairesse a repris le dessus. J avais une responsabilit qui m incombait de toute urgence, une t che des plus importantes: informer notre population, ouvrir rapidement un centre d h bergement pour les personnes vacu es et un centre de services aux citoyens.
Il nous est galement apparu que la communication publique tait d une importance cruciale. Tr s t t, le matin du 6 juillet, la catastrophe de Lac-M gantic tait sur toutes les l vres. Devant les m dias, d j en tr s grand nombre d s 7 heures ce matin-l , nous tenions notre premier point de presse. L objectif de mon premier message tait de rassurer mes citoyens malgr les circonstances, de leur dire que nous prenions toutes les mesures pour les accompagner et les aider. Je voulais leur transmettre la meilleure information sur la situation, une information juste qui r pondrait en partie leurs questions et leurs besoins, tout en livrant un message de r confort et d espoir.
Chaque jour pendant le mois qui a suivi, nous avons tenu deux points de presse. Je mettais toute mon nergie rendre mes communications avec respect et empathie, en disant les choses comme elles taient, honn tement, sans grands discours, avec sobri t et franchise. Le ton pour dire les choses est aussi important que le message lui-m me. Il doit tre authentique, sinon il nous trahira plus que les mots que nous pronon ons. Et pour tre authentique, il doit refl ter la situation telle qu elle est. De m me, pour rassurer, nous devons tre v ritablement ma tres de la situation. Nous avons r alis que cette routine a donn des points de rep re aux citoyens un moment o ils n en avaient plus.
D autres moyens de communication furent mis en place: un bureau d information, des lignes t l phoniques info-citoyens 24 heures sur 24, des feuillets informatifs distribu s au domicile des citoyens, des messages la radio et la t l vision, une section d di e au r tablissement sur le site Web de la Ville.
Solidarit et r silience
Cette trag die