La Piste indienne
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La Piste indienne , livre ebook

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Description

La Piste indienne Indian trail, est le récit de vingt années de rencontres chez les Amérindiens. On découvre l'envers du décor touristique avec la piste qui conduit chez les Havasupai, le « peuple de l'eau bleu-vert » caché au cœur du Grand Canyon du Colorado, et l'histoire tragique des Navajos avec leur Longue Marche. L'auteur révèle des pans méconnus de l'histoire américaine et livre un touchant hommage aux peuples Amérindiens et à leur culture. On parcourt les pistes indiennes du Nevada, de l'Arizona et on se perd dans le désert californien le plus chaud du monde avec les pionniers français qui ont mis en valeur la Vallée de la Mort. Le mythe de la piste a ouvert la voie au trekking qui rassemble des milliers de randonneurs vers des espaces où l'on apprend les secrets de la terre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332971326
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-97130-2

© Edilivre, 2015
Avertissement
Voilà cinquante ans que j’ai choisi l’océan à la montagne. J’ai fui la neige, le verglas et l’ombrage des sapins du Haut-Jura pour les cocotiers et les lagons polynésiens. À 21 ans, on est plein de certitude, rien ne vous fait peur, avec le temps et des cheveux blancs on réfléchit et on fait le bilan. Vivre au ras de l’eau est aussi dur que d’habiter sur un haut sommet. On y gagne de beaux souvenirs mais aussi de nombreux maux physiques qui empirent avec l’âge.
J’ai mal au dos, l’arthrose m’a envahi, je traîne douloureusement mon corps entre deux saisons des pluies. L’humidité ambiante m’accable chaque année, même le froid est humide au mois de juillet, en plein hiver austral. Les mers du Sud usent les corps et les organismes. Les consultations chez différents docteurs ont confirmé un diagnostic étrange, je dois « m’immerger », j’ai pensé, « normal pour un homme de la mer », mais c’était une image, dans un univers totalement différent, celui de la terre et de la sécheresse.
– Un endroit où le taux d’humidité ne dépasse pas 30 %, m’ont-ils tous rappelé.
Au milieu de l’océan Pacifique, à plus de 8 000 kilomètres du premier pays possédant un désert, l’avis médical est particulièrement difficile à appliquer.
Je dois faire un choix et vivre différemment pour calmer mes rhumatismes et atténuer la douleur de mes lombaires. Alors quelle destination, cap vers l’est vers les États-Unis, pour les pistes du grand territoire indien avec ce qui est encore caché dans l’Arizona, l’Utah, le Nevada et la Californie, ou direction plein ouest, l’Australie, pour le désert rouge qui abrite Ayers Rock, “Uluru”, le monolithe de grès sacré des Aborigènes et vivre au centre d’une île continent.
Le choix s’est fait naturellement, sur un constat pratique. J’appréhende la conduite à gauche des routes australiennes qui mènent au cœur de l’Outback, alors qu’il ne faut changer aucune habitude de conducteur pour se rendre vers les sites des plus beaux trails de l’Ouest américain.
Je suis donc parti avec Lucie, mon épouse, véritable fille des îles, vers un horizon bien loin de ses habitudes. Elle m’a suivi avec courage sur un terrain fait de terre sèche, de falaises rocheuses, sous un soleil sans alizé, dans un monde différent pour des rencontres dont on se souvient toute sa vie.
Nous avons parcouru pendant presque vingt ans les pistes de trois États, principalement dans des canyons, ce qui signifie qu’il faut d’abord descendre et remonter ensuite, à l’inverse d’une randonnée de montagne où l’on monte avant de redescendre.
Descendre semble toujours très facile pour le randonneur non expérimenté qui attendra d’être fatigué, d’avoir faim ou soif, pour s’arrêter. Il faut se méfier de ce genre de facilité. De nombreux panneaux « danger de mort » sont affichés au début des descentes pour informer les marcheurs des périls qui les attendent et surtout pour les sensibiliser aux dangers des randonnées sans préparation.
Aux États-Unis, “The Great Outdoor Adventures”, les grandes aventures de plein air, sont partagées par des millions de passionnés. Le classement des plus beaux sites de leur pays en National Parks, State Parks, National Recreation Area, National Forests et National Monument leur ont permis de découvrir un héritage fabuleux. Au centre de ce retour vers la nature, le respect des premiers habitants des lieux, les Amérindiens, totalement oubliés jadis, qui ont du mal à communiquer, comme si le passé pesait encore très fort sur les nouvelles relations humaines. Ils gèrent, sans les Blancs, leur immense patrimoine mais aussi de nombreux casinos fréquentés par ceux qui voulaient les exterminer.
Aussi nous devons au hasard, à la chance, sûrement, le bonheur d’avoir rencontré au cours de nos voyages vers les États-Unis, Win et Olaf Barnard. Un couple, très âgé, de pionniers peu ordinaires, résidents à Las Vegas.
Au début des années cinquante, ils ont vécu au milieu d’une tribu de 200 Amérindiens, les Havasupai, Win travaillant comme institutrice, et Olaf comme postier et agent spécial.
– Nous étions très loin de la civilisation, nous ont-ils dit. La réserve des Havasupai est située au fond d’un petit canyon écrasé par des falaises de 300 mètres de haut, en bordure du Grand Canyon du Colorado, et à proximité du Grand Canyon National Park, dans l’Arizona.
Cette tribu n’est accessible que par une piste. On y accède à pied, à cheval ou, et dans les cas extrêmes, par hélicoptère. Mais cette piste n’est pas n’importe quel chemin anonyme tracé par l’homme dans des régions peu hospitalières. Elle fait partie du top five des plus belles randonnées sportives de montagne des États-Unis.
C’est la piste, the trail, qui mène au paradis des marcheurs, trekkeurs et autres hikers. Ils viennent des cinq continents pour une contemplation et un bonheur extrême, découvrir les cascades de Havasu Creek et échanger quelques paroles avec les propriétaires des lieux.
Leur renommée a traversé les continents et fait rêver sur Internet. On vient plonger, se baigner, calmer son mal aux pieds dans des piscines naturelles creusées par trois chutes d’eau classées parmi les plus belles du monde. Leur hauteur varie entre 15 et 65 mètres, la température de l’eau est constante, quel que soit le temps, entre 20 et 23 degrés.
La création terrestre a été généreuse avec la rivière Havasu. Elle bénéficie d’un dépôt continu de minéraux qui ont créé au cours de milliers d’années un environnement spectaculaire. Malgré les intempéries qui frappent la réserve, le processus est toujours en cours, il lui donne ce reflet bleu ciel, cristal, vert clair, et bleu foncé que l’on ne rencontre nulle part au monde, sauf dans un lagon polynésien.
Mes amis, Win et Olaf, sont à l’origine d’un succès qui les dépasse. Il y avait moins d’une centaine de visiteurs par an dans les années 1950-1960, quand ils ont lancé la mode du hiking dans une contrée perdue. Cinquante ans après, il faut réserver six mois à l’avance sa place dans le “campground” très sommaire des Havasupai pour espérer fouler la poussière ocre de la piste.
La tribu reçoit maintenant plus de 30 000 « sacs à dos » chaque année. Ce n’est pas sans mal et surtout pas sans risque. L’isolement des Havasupai constitue une curiosité. Jusqu’à quand ?
Rien n’a changé dans cette vallée étrange, tout vient par la piste, les randonneurs, la nourriture, les matériaux de construction, bref, tout, on réexpédie les déchets à l’extérieur par cette même voie. Le village, Supai, a la particularité d’être le dernier bureau postal des États-Unis où le courrier est acheminé par des mules.
La tribu a pris le nom de son environnement, Havasupai se traduit ainsi, « Pai » : le peuple, et « Havasu » : l’eau bleu-vert, soit « le peuple de l’eau bleu-vert » (people of the blue-green water). Elle constitue l’une des cinq entités indiennes du Grand Canyon.
Les Paiute, les Navajos, les Hopi, les Hualapai et les Havasupai se partagent un territoire plus grand que la France. « Le peuple de l’eau bleu-vert » en a la plus petite part, dans l’Arizona, il est le seul qui vit à l’intérieur même du Grand Canyon.
C’est chez eux que j’ai rencontré Kit Carson, mon héros de bande dessinée. Il a bien existé et il a eu une existence encore plus incroyable que les histoires écrites pour la jeunesse que j’avais encore en mémoire. Curieux de nature, j’ai entraîné Lucie dans le Canyon de Chelly, dans l’Arizona, pour découvrir le peuple navajo qui a lutté jusqu’au dernier souffle pour être libre. La mémoire collective n’a pas oublié l’assaut de Kit Carson, la défaite et l’exil vers le Nouveau Mexique au cours d’une Longue Marche qui est devenue le ciment de tous les clans composant les Navajos modernes.
Les pistes qu’avaient tracées les tribus indiennes au milieu du continent américain ont facilité la conquête de l’Ouest. Elles partent presque toutes du centre des États-Unis et portent le nom de Santa Fe Trail, d’Oregon Trail, d’Humbolt Emigrant Trail, de Spanish Trail, elles ont vu passer l’envahisseur blanc, des milliers de colons, des chercheurs d’or, les tuniques bleues, les mormons qui se sont établis dans l’Utah voisin, et les hikers, aujourd’hui, en quête d’émotions.
La conclusion médicale « d’immersion dans la sécheresse » nous a plongés dans la région la plus chaude du monde, à Death Valley, la vallée de la Mort. Son climat me convenait, très peu de pluie, un désert avec une moyenne de 12 % d’humidité, maximum de 7 % en juillet et 18 % en janvier, les conditions étaient réunies pour combattre mon arthrose.
On fait des rencontres curieuses à Death Valley où des Français se sont illustrés dans la mise en valeur de cet étrange lieu de pénitence sans que leur pays natal n’en sache rien. Les mineurs ont épuisé les richesses du sous-sol, d’abord l’or, puis l’argent, ensuite le borax dans la vallée de la Mort, où nos deux compatriotes, Daunet et Aguerreberry, ont laissé leurs noms sur un pan d’histoire peu banal. L’extraction moderne du borax se fait à quelques centaines de kilomètres plus bas, dans le désert Mojave, et son usage est d’une importance stratégique. La vallée de la Mort est devenue en 1994 le plus grand parc national des États-Unis, c’est la région historique des expériences sportives et des règlements de compte.
Nous avons besoin de beaucoup d’eau pour ces rencontres. Elles se font dans des contrées désertiques, où l’homme a écrit l’évolution de sa vie terrestre avec la signature de ses os. L’histoire de notre existence sur les pistes de l’Ouest commence à se dévoiler, mais à quel prix ! Il faut marcher patiemment vers elle et la séduire pour

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