Orients
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Description


Voyagez à travers les Orients



«
...
j’ai parcouru la Chine, en train, en bus, en avion, lorsqu’elle n’était pas encore ouverte sur le monde, que Pékin n’avait qu’un seul hôtel pour étrangers, quand il fallait s’arrêter sur la petite route de l’aéroport encore provincial pour laisser passer un troupeau d’oies mené par des enfants comme une estampe de l’artiste inuit Kananginak.




[...]
À chaque passage dans le sous-continent [indien] on aperçoit de l’avion, dans le lointain, les cimes himalayennes rosies par le levant ou le couchant, c’est selon, ou émergeant des miasmes de la plaine Indo-Gangétique au milieu du jour. Elles attirent comme le rivage de l’océan vu de la route des collines environnantes. Elles sont là, vous invitent, vous appellent. Vous pouvez passer votre chemin, mais vous les avez vues, et donc elles vous reverront, car on revient les chercher comme on revient sur ses pas pour s’approcher d’une célébrité aperçue au hasard d’une foule. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 août 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782368327647
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur aux Éditions Nombre7
 
 

-  Chemins de Rome, 374 pages, 2016
-  La Route du Rhum – Regards d’un Bobo sur les Géants des Mers, le Rhum agricole et les Antilles, 103 pages, 2017 (seconde édition mise-à-jour en 2019)
 
 
 
 
 
 
 
 
Orients
Dominique Alhéritière
 
 
 
 
 
Orients
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
 
SOMMAIRE
 
 
Avis au lecteur                                           8
Préface                                                  9
Fascinations                                           10
Premières touches                                           15
Les pieds dans l’eau                                    17
Immersion                                                  18
Aux sources de l’Inde                                    23
Ayurveda au Kerala                                    43
Himalayennes                                           73
La Chine                                                  99
L’Orient triomphant                                    105
L’Orient désorienté                                    120
Le Liban                                                  143
Japon (envoi à défaut d’envol)                             148
 
 
 
 
 
 
 
AVIS AU LECTEUR
 
Voici un troisième recueil de souvenirs de voyage, consacré à l’Orient, aux Orients, après « Chemins de Rome » et « La Route du Rhum ».
 
 
PRÉFACE
 
Les Indes forment une grande partie des Orients. L’Inde, une presqu’ile-continent en est le cœur. Ce fait géographique a formé nombre de ses caractéristiques, renforcé certains traits et créé une partie de ses contradictions. Nous l’avons abordée avec prudence, faisant du lèche-vitrine avant d’entrer. Il s’agit « des Indes » et de ce qui se trouve sur les routes qui y mènent ou sur les chemins du retour, ce que l’on appelle plus communément « l’Orient », mais même en excluant son extrême qui appartient à un tout autre monde, sa diversité ne peut être comprise qu’en parlant des « Orients ». Il n’y a guère d’unité dans cette masse géographique immense, si ce n’est une appartenance à un vague monde indo-arabo-européen qui fut en partie réuni par les brèves conquêtes d’Alexandre, de Gengis Khan, l’Islam et les empires coloniaux européens.
Mais les Orients ne peuvent se résumer aux Indes. L’Indochine, la Chine, la Corée, le Proche et le Moyen-Orient sont autant de mondes aussi fascinants que les Indes. Nous avons pu les parcourir à des périodes différentes. Seul le Japon nous est étranger et il le restera.
 
Fascinations
 
Le grand amphi de la fac de lettres d’Aix-en-Provence était empli à craquer. Presque tous les étudiants de l’Université s’y étaient regroupés pour voter la reconduction de la grève et de l’occupation des lieux. Deux mains seules s’étaient dressées pour réfuter le vote à main levée : celle d’une amie d’une grande famille aristo d’origine romaine, et la mienne ; pour la même raison : le refus de l’unanimité, la contestation dans la contestation. Les nervis du groupe Occident, avec leurs matraques et leurs casques, s’étaient tenus à l’écart des évènements, complètement débordés par la déferlante soixante-huitarde. Nous n’étions donc que deux à récuser ce mode de scrutin qui forçait plus de mille individus vers une contestation conformiste.
En fait, à la fin de cette troisième année de licence en droit qui à l’époque en comportait quatre, je ne pensais qu’à une chose : une traversée aller-retour de l’Amérique du Nord en auto-stop, de New-York à Anchorage, avec mon ami Michel, ce que nous fîmes quelques semaines plus tard. La suspension des cours me facilitait la préparation du voyage. Cette envie d’un grand raid en Amérique avait été renforcée toute l’année par ma voisine d’amphi, une certaine Françoise, avec qui nous échangions les notes de cours quand nos amourettes respectives nous les faisaient sécher. J’étais fasciné par son élégance, la finesse de ses poignets, de ses doigts, de sa peau, et par l’intelligence de ses notes, concises et bien écrites. Je ne savais pas que le hasard nous permettrait de nous retrouver en quatrième année pour rester ensemble à jamais.
Les soixante-huitards étaient davantage tournés vers l’Orient, - Inde, Népal, Afghanistan -, que vers une Amérique engluée dans la guerre du Vietnam. Les Beatles, Mick Jagger, Marianne Faithful, Mia Farrow et autres célébrités revenaient de leur ashram du nord de l’Inde. Certaines avaient choisi le Kerala, au sud.
 
« La vie un peu hindoue, on voulait des matins doux, on disait : vous verrez quand ce sera nous, plus de violence, plus de coup ; on voyait nos baisers gagnants, les filles se déshabillaient tout le temps. […] On était rêveurs » (« Rêveurs », A. Souchon)
 
La fascination des jeunes artistes pour les Indes devait durer jusqu’aux années 2000. Le « Thank You India » d’Alanis Morissette, un succès mondial, atteste la capacité de séduction toujours renouvelée du sous-continent.
Les Indes et l’Orient furent toujours synonymes d’exotisme. La dinde (« hindi » en turc) était originaire du Mexique ; la poule d’Inde, de l’Abyssinie ; qu’importe, l’une et l’autre porteraient le nom du pays qui symbolisait déjà le lointain, l’étranger.
Le premier voyage en Inde, je le fis sans quitter la maison natale, à Melle, dans le Poitou. Ma mère m’endormait avec la chanson du « Petit Cochon », un adorable animal qui lorsqu’il fut devenu gras s’enfuit de la porcherie pour échapper au coutelas de sa fanchon. Il traversa les prés les bois, et même les rivières, allant toujours tout droit, jusqu’à son arrivée en Inde où il fut proclamé roi des « cochons d’Inde, des habillés de soie ». Ces jeux de mots m’étaient incompréhensibles, mais déjà l’Inde devenait un territoire lointain et désirable, et j’associai ce pays à la soie et à la tendresse maternelle. Ma mère m’a chanté cette berceuse si souvent que je lui ai fredonnée sur son lit de mort dans l’espoir qu’elle aussi s’endorme sereinement.
J’avais dix ans lorsqu’une amie irlandaise de ma sœur et marraine est venue avec son mari, un Indien de Fidji, passer quelques jours dans notre maison familiale. Il s’appelait Ish. La douceur de sa voix, la grâce de ses gestes, la beauté de ses cheveux et le brillant de ses yeux nous avaient tous fascinés.
À la lecture du best-seller « Cette Nuit la Liberté », les extravagances réelles ou supposées de certains maharajas n’avaient pas écorné l’idée qu’Ish avait donné des Indiens. Je n’avais retenu du livre de Lapierre et Colins que les aspects flatteurs de ces princes dont certains avaient lutté pour faire de leurs États des phares de civilisation et de progrès. Celui de Baroda avait introduit l’instruction gratuite et obligatoire bien avant 1900, avait combattu en faveur des Intouchables, créant des institutions pour les loger, vêtir et instruire. Celui de Jaipur avait fait de l’observatoire de sa capitale un centre de renommée mondiale. Celui de Kapurthala avait doté sa principauté d’infrastructures pouvant soutenir la comparaison avec les nations occidentales.
Quinze années plus tard, j’allais connaître en entrant aux Nations Unies d’autres Indiens comme eux, aristocratiques, élégants, élèves d’Oxbridge, mais aussi des Indiens plus communs, au fort accent sous continental, dodelinant de la tête et tournant le poignet droit, la main moitié ouverte, l’index dressé, pour acquiescer ou expliquer. Le chef du service où je commençais ma carrière onusienne était un de ceux-là. Son nom voulait dire en Tamul « le beau le plus beau » alors qu’il était moche comme un pou, petit, la tête dans les épaules, laid comme un toucan, vilain comme un vautour. Il passait le plus clair de son temps à collecter des fonds pour la construction d’un temple hindou à Queens. Il nous parlait de lévitation et autres phénomènes étranges qu’un jeune collègue brésilien, plus hardi que moi, contestait avec force, ce qui mettait Alagappa A dans de terribles rages.
Je compris alors que toute généralisation, tout amalgame n’avait aucun sens pour un pays aussi peuplé. Rencontrer un habitant des Iles Féroé et en tirer une observation pour tout un peuple peut se comprendre. Un cas sur 49000 c’est un début de statistique. La notice explicative de certains médicaments prévient des effets indésirables possibles jusqu’à un cas sur 10000, et à Tórshavn ils sont 12000. Mais que faire d’un cas sur un milliard ? Cela n’empêche pas que ma première rencontre ait laissé des traces. Ish possédait une maison à Hampstead, une banlieue chic de Londres. Pour moi, un Indien c’était une personne affable, éduquée, calme, raffinée et prospère.
Ce sentiment fut conforté par l’un de nos voisins à New York, Indien de Delhi, haut fonctionnaire international qui se payait le luxe d’un 3 pièces dans un quartier de Manhattan où le studio se louait déjà une fortune. L’Organisation où j’avais fait un stage de volontaire, et dont le siège mondial était à Rome, avait eu pour Directeur général un Indien qui avait laissé le souvenir d’une direction noble et compétente. B.R. Sen était élégant, portait des costumes croisés bien coupés, un mouchoir dans la pochette, une fleur à la boutonnière et une cravate de soie ; il avait des cheveux poivre et sel lissés, une élocution parfaite acquise au Scottish Church College de l’Université de Calcutta, puis à Oxford. Cet Indien du Nord-Est, de la

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