Voyage dans les Montagnes d Ecosse et des Isles Hébrides, fait en 1786
237 pages
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Voyage dans les Montagnes d'Ecosse et des Isles Hébrides, fait en 1786 , livre ebook

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Description

La deuxième moitié du XVIIIe siècle marque l’époque de la « découverte » des régions reculées ou périphériques des grands pays européens. Le voyage aux Isles Hébrides, en Ecosse, sera parmi les premiers classiques avec les ouvrages de Samuel Johnson, James Boswell et Thomas Pennant.


Le voyage de John Knox (1720-1790) sort un peu de l’ordinaire : en effet, il a lu les livres de ses prédécesseurs et va marcher sur leurs pas, allant même jusqu’à demander à dormir dans la même pièce où fut reçu le Dr Johnson, quelques années auparavant... Mais, plutôt que de s’occuper des mœurs et coutumes singulières des autochtones, John Knox entend promouvoir le développement des High-Lands de l’Ecosse. Il a créé, à cette fin, une société capitalistique dont le but est de favoriser le financement et la mise en place de ports, de pêcheries et éviter, par là-même, le départ des populations montagnardes — misérables et exploitées — vers les Amériques. Et ses voyages vont servir à populariser son projet auprès des populations et des élites locales, tout en validant les informations ou connaissances dont il a besoin au fur et à mesure de l’avancement de ce même projet.


C’est à la fois, donc, un ouvrage de prospective et un ouvrage de description — « journal » des différentes visites de l’auteur dans les comtés côtiers de l’Ecosse. Traduit en français dès 1790, il augure des développements futurs et des aménagements de territoire qui ne se concrétiseront que bien plus tard au XIXe et même au XXe siècle.

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Publié par
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EAN13 9782366346237
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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J O H N KNOX
OMESIǧII S E D I R B É H S E L S I VOYAGEDANSLESMONTAGNESH É B R I D E SI S L E S DÉCOSSE&DESISLESHÉBRIDES E S S FAITEN1786 O (TOMESIII) C É D S E N G A T N O M M O N T A G N E S D ’ É C O S S E
E G A Y O VO Y A G E 151
Tous droits de traduction de reproduction et dadaptation réservés pour tous les pays. Conception, mise en page et maquette : © Éric Chaplain Pour la présente édition : © PRNG EDITIONS — 2012/2021 PRNG Editions (Librairie des Régionalismes) : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 CRESSÉ
ISBN 978.2.36634.166.9 Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous lais-sions passer coquilles ou fautes — linformatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... Nhésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra daméliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.
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J O H N K N O X TRADUIT DE L’ANGLAIS par Th. Mandar
VOYAGE
DANS LES MONTAGNES DE L’ÉCOSSEET DANS LES ISLES HÉBRIDES, FAIT EN 1786 TOMES III
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Dissertations sur l’état ancien et moderne des Montagnes d’Écosse de l’ancienne Calédonie et des Isles Hébrides
(1) orsque les Romains portèrent leurs armes dans la Bretagne , toute l’Isle était occupée par trois Nations descendues originairement, L quoiqu’à des époques très différentes, des Celtes, ou Gaëls du conti-nent ; c’étaient les Calédoniens, les Cimbres & les Belges. Quoiqu’ils vinssent de la même source, l’époque où ils s’étaient séparés pour suivre différentes routes, était très reculée. Les Gaëls, qui occupaient le Nord de la Bretagne, sous le nom de Calédonie, étant venus du continent, avant que les arts de la vie civile eussent fait de grands progrès parmi eux, retinrent le langage pur, mais grossier de leurs ancêtres, ainsi que l’agreste simplicité de leurs mœurs. Les Cimbres & les Belges étant tombés sous le pouvoir des Romains, bientôt après que les Historiens en eurent parlé, furent confondus sous le nom général de Bretons. A mesure que nous avançons vers le Nord de l’ancienne Bretagne, le nuage, qui enveloppe les antiquités de ses habitants, s’épaissit devant nous. On pouvait distinguer les Cimbres & les Belges, après qu’ils eurent été soumis à la domination Romaine ; mais quant aux Gaëls, qui habitaient l’Isle depuis bien plus longtemps, on ne les apercevait que de temps en temps, toutes les fois qu’ils s’avançaient vers les frontières de la Province Romaine, pour y commettre des hostilités. Les armes de l’Empire péné-trèrent, à différentes époques, dans le cœur du pays qui est au-delà des Firths; mais comme ces expéditions ne furent pas suivies d’unede l’Écosse
1. Voyez Introduction à l’Histoire de la Grande-Bretagne & de l’Irlande, par James Macpherson, Écuyer, ainsi que les Dissertations critiques, sur l’Origine, les Antiquités, la Langue, le Gouvernement, &c. des anciens Calédoniens, des Pictes leurs descendants, & des Scots Bretons & Irlandais, par John Macpherson, Docteur en Théologie, & Pasteur de Slate, dans l’Isle de Sky.
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conquête absolue, ni de l’établissement subséquent d’aucune Colonie, les Romains firent peu de recherches sur l’origine, & sur l’histoire des naturels de la partie Septentrionale de la Bretagne. Jules Agricola, qui déploya pour la première fois l’aigle Romaine au-delà  (1) desFirths, n’eut pas plus de succès sur le champ de bataille, qu’il ne fut heureux à trouver un Historien qui transmit avec éclat ses actions à la postérité. Le clair, l’intelligent Tacite lui-même ne donne qu’une idée très imparfaite de ces ennemis, dont la défaite a couvert son beau-père d’une si grande gloire. Il nous apprend cependant que les Calédoniens étaient les plus anciens habitants de la Bretagne ; qu’ils étaient braves & nombreux ; que quoique vaincus en bataille rangée par la discipline des légions Romaines, ils étaient bien loin d’être subjugués à un point, qui pût mériter à leurs oppresseurs le nom de conquérants. Après qu’Agricola eut été dépossédé du Gouvernement de la Bre-tagne, les Écrivains de l’Empire perdirent de vue les Calédoniens pen-dant quelques années. Les incursions de ces barbares, dans la Province Romaine, forcèrent Adrien & Antonin le Pieux à construire des murailles à grands frais, & avec des travaux immenses, pour arrêter leurs ravages. Sous le règne de Commode, ni les murailles, ni les talents militaires, & la conduite habile de Marcellus, ne purent les empêcher de dévaster le district septentrional de la Bretagne Romaine, jusqu’au temps où Sévère, vers le commencement du troisième siècle, porta la guerre dans leur pays, avec une nombreuse armée. Tel est l’abrégé sommaire de ce que les Romains ont dit des Calédoniens, pendant près de deux cents ans, depuis qu’ils en avaient parlé pour la première fois. Les Écrivains de Rome ne connaissaient pas plus leur origine que leur histoire. Cette stérilité dans les Historiens étrangers, à l’égard des anciens habitants du Nord de la Bretagne, est d’autant plus à déplorer, qu’on ne trouve parmi eux aucun monument authentique qui puisse y suppléer. Dans le siècle qui s’écoula entre le règne d’Agricola & celui de Sévère, les Calédoniens ne furent pas plus dépourvus des moyens de conserver leur histoire, que ne le furent leurs descendants, très longtemps après que les Romains eurent renoncé à la possession de la Bretagne. Le climat & le sol de la Calédonie n’étaient rien moins que favorables à la civilisation intérieure, & la férocité des mœurs, produite & nourrie par les guerres continuelles qu’ils faisaient, empêchait que les Arts de la société ne péné-trassent jusques dans ce pays ingrat. Les Écossais ne pensent qu’avec regret à la privation de la connaissance des lettres qui a enveloppé de ténèbres & de sables l’origine & l’histoire de leurs ancêtres ; mais ils devraient réfléchir que c’est probablement ce qui leur a fait maintenir l’indépendance nationale, qu’ils surent transmettre à leur postérité.
1. Le motFirthsigniïe une baie étroite, qui se divise en plusieurs branches, & s’enfonce fort avant dans les terres.
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D’après les témoignages réunis de Tacite, de Dion & de Solin, nous trouvons que l’ancienne Calédonie comprenait tout le pays situé au Nord des rivières de Forth & de Clyde. A mesure que les Silures ou Cimbres s’avancèrent vers le Nord, les Calédoniens se trouvant resserrés dans des bornes plus étroites, furent forcés de se retirer dans les isles, qui sont en grand nombre sur les côtes Occidentales de l’Écosse. C’est probablement à cette époque que nous devons placer la première grande émigration des Gaëls Bretons en Irlande, ce royaume étant beaucoup plus près du promontoire de Galloway & de Cantire, que plusieurs des isles d’Écosse (1) ne le sont du continent du Nord de la Bretagne . Ils donnèrent au pays, que les Calédoniens possédaient, le nom deCaël Doch,est le seul que les Écossais, qui parlent la langue Gallique ou qui Celtique, connaissent pour leur division de la Bretagne.Caël-Dochest un mot composé deGaël,ouCaël,première colonie des anciens Gaulois qui passèrent dans la Bretagne, & deDoch,signifie district, ou division qui d’un pays. Les Romains, en transposant la lettre Z dans le motCaël,& en adoucissant selon la terminaison latine lechdeDoch,en formèrent le nom bien connu de Calédonie. Lorsque les tribus du Nord de la Bretagne se virent attaquées par les Romains, elles formèrent des ligues entr’elles, afin qu’en unissant leurs forces, elles fussent plus en état de repousser l’ennemi commun. Le nom particulier de la tribu qui fut mise à la tête de l’association à cause de la supériorité de ses forces, ou de sa réputation militaire, devint le nom  (1) général que les Romains donnèrent à tous les confédérés . De là vient que lesMœates,qui habitaient avec d’autres tribus, ces districts de l’Écosse, qui sont situés au Sud duFirth, &les Calédoniens qui habitaient à l’Ouest & au Nord-Ouest, se sont emparés de toute la gloire qui appartenait en commun, quoiqu’en un moindre degré, à toutes les autres Nations éta-blies depuis longtemps dans le Nord de la Bretagne. Ce fut pour la même raison que le nom deMœatesfut entièrement oublié, après le troisième siècle, par les Historiens étrangers, & qu’il fut à peine question des Calé-doniens après le quatrième. Tacite, Hérodien, Dion, Spartien, Vopisque, & d’autres anciens Écrivains donnent constamment le nom de Bretons, de Calédoniens, de Mœates, de Barbares aux anciens habitants du Nord de la Bretagne. Quelques Historiens de Rome, du quatrième siècle, donnent aux successeurs de ces Bretons., Calédoniens, Mœates & Barbares, les noms de Pictes, de Scots & d’Attacots. L’origine du motScots &Pictes, employé par les derniers Auteurs Ro-mains, a occasionné beaucoup de controverse parmi les antiquaires de ce temps-là. La dispute paraît avoir été entièrement décidée par quelques savants Critiques de notre siècle, & surtout par les deux Auteurs que
1. Le canal qui se trouve entre Galloway & l’Irlande, n’est que de vingt milles, & de treize milles entre Cantire & ce royaume.
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nous avons déjà cités, & qui ont été aidés dans leurs recherches d’une connaissance profonde de la langue Gallique. Le nom d’Attacols disparut avec la Nation qui l’avait introduit. Nous allons distinguer les habitants du Nord par les noms de Scots & de Pictes. Par Scots, il faut entendre les nations, qui, après le départ des Romains, habitèrent la partie Occidentale de ce royaume, en y comprenant les montagnes & le plat-pays. Les Pictes possédèrent toute la partie de l’Est, qui était la plus fertile du Nord de la Bretagne. Quoique ces deux nations n’eussent formé dans l’origine qu’un même peuple, elles n’en étaient pas moins continuellement en guerre l’une avec l’autre, ou avec les Bretons, & ensuite avec les Saxons de la partie méridionale de l’Isle. Les Scots ayant enfin soumis les Pictes, le Nord de la Bretagne se réunit en 843, sous un seul Monarque, dont les descendants ont régné jusqu’à nos jours. A cette époque, les noms de Pictes, & de pays des Pictes, firent place à ceux de Scots & d’Écosse ; mais il se forma dans la suite une nouvelle division. On appela High-Landers, (Montagnards), ceux qui se fixèrent dans les montagnes, & Low-Landers, (habitants du plat-pays), ceux qui vivaient dans les plaines : ces distinctions se conservent encore. Les High-Landers continuent à parler, dans toute sa pureté, l’ancienne langue Celtique, & ils ont conservé leur ancienne vigueur, leur bravoure, leur hospitalité, & leurs mœurs simples. Les habitants du plat-pays sont un mélange des anciens Calédoniens, habitants originaires du pays avec les Bretons du Midi, les Saxons & les Anglais modernes. Les Montagnards ne prennent pas le nom primitif de Scots (Écossais), & ils donnent aux habitants du plat-pays celuid’Albinich,ou habitantsd’Albin.Ils appellent les Anglais,Sassenachs,ou Saxons, & leur pays,Sassen, ou terre des Saxons. Quoique ces deux peuples ne forment qu’une même Nation, & soient gouvernés depuis une longue suite de siècles par les mêmes Princes, ils ont cependant continué, en quelque sorte, à être ennemis l’un de l’autre. Rarement on les a vus s’accorder entre eux, excepté lorsqu’il a fallu réunir leurs efforts mutuels, pour défendre leur pays & leur liberté. Leur vigueur incroyable, leurs succès, & leur constance en ce point n’ont jamais varié depuis la première invasion des Romains, jusqu’à l’union des deux Royaumes. Les ennemis les plus formidables & les plus féroces qui envahirent ce Royaume, après la chute de l’Empire Romain, furent les différentes tribus de la pépinière du Nord, connues sous le nomd’Easterlings,Danois de & de Norvégiens. Le Pays qu’elles habitaient était l’ancienne Scandinavie, actuellement la Suède, le Danemark, & la Norvège. Le produit de leurs montagnes ne suffisant pas à la subsistance des habitants, dont le nombre croissait sans cesse, des essaims de ces bar-bares, se déterminèrent courageusement à traverser l’Océan, pour aller chercher des pays plus fertiles. On peut supposer que leurs premières
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tentatives furent dirigées contre cette partie de la Bretagne, qui est la plus proche du continent. C’était la côte Nord-Est de l’Écosse, entre laquelle (à Peter-Head) & leNezde la Norvège, la distance n’est que de 85 lieues, ou 255 milles. L’apparence & la fertilité de cette côte devaient naturellement les engager à porter plus loin leurs vues ; aussi étendirent-ils leurs ravages de tous les côtés, depuis la Tamise jusqu’aux Isles Orcades ; ils se hasar-dèrent même sur leFirthde Pentland, qui est, pour la navigation, un des parages les plus dangereux des Mers du Nord, doublèrent le cap Wrath, s’emparèrent des Isles Hébrides, alors sans défense, & passèrent de là par le Sud dans l’Irlande, qu’ils subjuguèrent en partie. Il paraît que les habitants des Hébrides furent gouvernés par leurs Chefs, ou petits Souverains, qui dépendaient de la Couronne d’Écosse, depuis le quatrième siècle jusqu’à peu près vers la fin du onzième, temps auquel ils tombèrent entre les mains des Norvégiens de la manière suivante. Vers le milieu du onzième siècle, Duncan, Roi d’Écosse, ayant été assas-siné par son cousin Macbeth, qui par-là s’ouvrit un chemin au Trône, Malcolm & Donald-Bane, les deux fils du feu Roi, s’enfuirent, l’aîné en Angleterre, & le cadet dans les Isles Hébrides. Seward, Comte de Northumberland, aida Malcolm, par ordre d’Édouard le Confesseur, à retirer la Couronne des mains de l’usurpateur qui fut défait, & périt dans le combat. Quelque temps après la mort de Malcolm, son frère Donald, qui avait résidé dans les isles Hébrides pendant les deux derniers règnes, forma des prétentions sur le Trône d’Écosse, au préjudice des enfants de son frère ; & pour les faire valoir d’une manière efficace, il fit une alliance avec Magnus, Roi de Norvège, auquel il céda les Hébrides, en considération des secours qu’il devait lui donner, pour le soutenir dans son usurpation. En 1098, Magnus arrive avec une puissante armée sur la côte occidentale de l’Écosse, se jette avec une fureur impitoyable sur les Isles, s’empare des bestiaux, brûle les habitations, & en extermine les habitants. Plusieurs de ces malheureux fuyent les uns à Cantire, & les autres en Irlande. Magnus les y poursuit, porte le fer & le feu partout où il passe, subjugue l’Isle de Man, attaque l’Isle d’Anglesey, reçoit des présents des Gallois, qui s’estiment contents de pouvoir acheter son amitié, envoie ses souliers à Murcard, Roi d’Irlande, en lui ordonnant, sous peine d’encourir sa disgrâce, de les porter sur ses épaules, en présence de ses Ambassadeurs, le jour de l’anniversaire de la Nativité de Jésus-Christ. La Noblesse Irlandaise reçoit ce message insolent, avec le mépris & l’indignation qu’il mérite ; mais Murcard dit à ses amis qu’il aimerait mieux manger les souliers du Monarque Norvégien, que de voir une seule Province de l’Irlande ravagée par ce conquérant farouche. Ces détails sont tirés des Poèmes de deux Bardes Norvégiens, qui accompagnèrent Magnus dans cette expédition mémorable. Les Norvégiens divisèrent les Isles Hébrides en deux parties, conformé-
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ment à leur position, & nommèrent un Gouverneur pour chacune. Ils don-nèrent le nom deSudereys àla division Méridionale, & celui deNordurey, àcelle du Nord. La pointed’Ardnamurchan,dans le Comté d’Argyle, était la borne de séparation. Ce furent ces deux divisions, avec l’Isle de Man & l’étroite péninsule de Cantire, qui composèrent le Royaume Norvégien deMan& des Isles. La division Méridionale des Hébrides fut regardée comme étant plus considérable que la Septentrionale, & on y fixa le siège du Gouverne-ment. Les Rois tenaient leur Cour dans l’isle de Man, & envoyaient dans lesNordureysVice-Rois, qui faisaient leur résidence, soit dans l’isle des deSky, soit dans celle deLewis. Ces Gouverneurs, ou Vice-Rois étaient tantôt des Norvégiens, & plus souvent des naturels des isles. Alexandre II, Roi d’Écosse, Prince sage & puissant, ayant en vain entamé des négociations, pour recouvrer les Hébrides, équipa une flotte, & prit la ferme résolution de chasser hors de ses États, les usurpateurs Norvégiens ; mais tandis qu’il était sur la côted’Harris,il sut attaqué d’une fièvre, dont il mourut à Bernera, l’an 1249. Alexandre III prend les mesures les plus efficaces pour recouvrer les Isles, & pour venger la mort de son père. Il envoie une escadre sous les ordres du Comte de Ross, pour réduire les petites isles. Haquin, Roi de Norvège, fait voile en 1263 pour les Isles Shetland, & de là pour les Orcades, qui étaient alors sous sa domination, & où il joint sa flotte. De là il s’avance jusqu’auFirthde Clyde, où il débarque 20.000 hommes à un endroit appelé lesLargs,bataille à l’armée Écossaise, en est livre  (1) complètement battu, & perd les deux tiers de ses soldats . Après cet évènement décisif, il retourne aux Orcades, où bientôt il meurt de chagrin. Ce fut de cette manière que les Isles Hébrides furent annexées de nouveau à la Couronne d’Écosse, après avoir été soumises à la Norvège pendant plus de 160 ans. Entre cette époque, & celle du règne de Jacques III, ces isles n’ajoutèrent que peu aux forces de l’Écosse, & ne contribuèrent en rien au soutien de l’État. Les descendants des Vice-Rois des Hébrides, sous le Gouvernement Norvégien, exerçaient un pouvoir souverain, & quelquefois ils prenaient le titre de Roi ; mais l’histoire en fait plus souvent mention sous les noms de Comtes de Ross, de Seigneurs des Isles, ou de Grands Macdonalds.
1. On peut encore voir sur le rivage de cet endroit, des traces des retranchements du camp Norvégien. Les Commandants Écossais, qui périrent sur le champ de bataille, surent enterrés sur une éminence, près du Village. On mit trois ou quatre personnes dans un même tombeau, à chaque côté duquel était une grande pierre plate. Ces pierres, avec une autre à chaque bout, en supportaient une plus grande, qui couvrait le tombeau à la hauteur de plusieurs pieds. Il y a quelques années que le propriétaire du champ, démolit tous ces tombeaux, à l’exception d’un seul, qui donne une idée des autres. Les habitants de cet endroit connaissent, par tradition, les détails de cette bataille, & ils montrent l’endroit où elle fut donnée, ainsi que celui où les deux armées étaient campées.
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