Les Deux crises
408 pages
Français

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Description

Comment les crises financières ont-elles frappé le Crédit Lyonnais et la Société Générale ? Quel regard poser sur ces scandales qui ont singulièrement entaché l'univers bancaire français ? La démarche adoptée ici est celle de l'analyse des témoignages officiels les plus significatifs émanant des principaux acteurs, des publications de la presse ou des jugements des tribunaux pour tenter de dégager une image des relations profondes qui ont conduit aux crises financières évoquées. Avec, pour but final, la suggestion de pistes destinées à orienter les législateurs sur des moyens d'en limiter les conséquences dommageables sur le plan de l'économie française. Cadre retraité du Crédit Lyonnais et de la Société Générale, touche-à-tout de l'univers bancaire, spécialiste des risques des financements des marchés de matières premières, l'auteur a décidé d'analyser les conditions et les ressorts qui ont conduit au démantèlement du Crédit Lyonnais et à la démission de M. Bouton de la Société Générale avec une interprétation vraisemblable des témoignages publiés, donnant une autre vision des faits par rapport à leur version officialisée par la presse. Une investigation rigoureuse, qui vient rappeler que certaines règles dans le domaine des échanges constituent des armes redoutables souvent utilisées au détriment d'une Europe passive et morcelée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342051735
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Deux crises
Christian Plaetevoet
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Les Deux crises

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
Introduction
 
 
 
« Quel est l’espoir de son estude ? quel bien y pretend il ? Rien plus qu’un peu de mouelle. Vray est que ce peu, plus est delicieux que le beaucoup de toutes aultres pour ce que la mouelle est aliment elabouré à perfection de nature, »
Ce court extrait du prologue de Gargantua de François Rabelais est une image de la démarche que je vous propose dans ce livre, où comme le chien philosophe je vais casser l’os pour vous afin de vous faire goûter aux délices de la moelle que j’ai extraite.
Cette démarche découverte au collège, montre toute l’impor­tance de la qualité de l’enseignement dispensé, dans la découverte de l’authenticité sous les décors qui nous sont présentés dans notre civilisation de l’image et de l’apparence.
Nombre de références nous incitent à la recherche de la réalité au-delà du mouvement que l’on déploie pour attirer notre attention. Parmi celles qui me semblent les plus les plus marquantes, je citerais les films Matrix , les raisonnements à la limite évoqués en science-fiction par Harlan Elison, ou encore la parabole du pharisien et du béotien.
L’apparence de la sainteté est au cœur des drames qui ont endeuillé notre pays. Pour détruire l’autre il est essentiel de se valoriser en le déprisant. Combien de fois ce processus a-t-il été employé pour justifier les massacres.
En économie l’habit mathématique a servi à dissimuler les erreurs de raisonnement mais surtout les imperfections qui existent dans la mesure et dans les processus d’informations qui sont tous limités à la précision de l’outil utilisé.
Le banquier qui utilise l’argent comme outil de mesure de la valeur, porte la responsabilité de la façon dont il l’utilise. Lorsque jeune démarcheur je fus confronté au paiement des coupons ridicules de la dette 1 % perpétuelle de l’État français placée à des épargnants jadis aisés et ainsi confrontés à la quasi-indigence par les effets de l’inflation ou lorsque j’ai découvert au fond d’un coffre les titres papiers, d’une beauté singulière des emprunts russes, attestant de la spoliation de mes grands-parents, j’ai été particulièrement sensibilisé à ce problème et à l’importance de la liaison entre la mesure et la réalité qu’elle sous-tend ainsi qu'à son évolution dans le temps..
L’analyse financière dans des secteurs en mouvements constants comme ceux des PME des entreprises de négoce, ou des marchés de devise où la monnaie est rongée par l’inflation ou la corruption, m’a conduit à toujours rechercher la liaison entre le bien physique et sa traduction monétaire, laquelle est certainement le système de mesure le plus imparfait qui soit surtout quand il sert à quantifier un bien futur.
Ainsi le mélange dans l'établissement du prix de valeurs présentes et de valeurs futures sans un minimum de précautions me semble conduire à l’escroquerie. Et cette procédure mêlée avec une utilisation impropre de l’outil statistique est au cœur de la crise et des drames qu’elle continue de générer.
Le phénomène comme par le passé induit le rejet en bloc des références culturelles qui le véhicule et entraîne une spirale de la violence. C’est dire combien la probité et la prudence est de mise, car sans elles la confiance qui est le fondement de tout échange et de la noblesse du métier de banquier ne peut s’établir et se perpétuer.
Mon éditeur m’a suggéré de clarifier comment j’ai accédé à cette moelle rabelaisienne et c’est l’objet de cette introduction.
Ma démarche a consisté à partir des témoignages des acteurs de ces drames qui en justifiant leurs actions, en citant leurs critères de référence, ou en rendant compte de leur perception des faits, de rechercher les indices révélateurs des incohérences internes de l’histoire globale des deux crises que j’ai vécues en spectateur et victime collatérale. J’ai illustré le cheminement des commentaires qui me semblent donner un aperçu de la complexité inhérente à la gestion du risque d’entreprise souvent absent du débat et que l’on transfère au marché sans dire que le marché est la plus ou moins grande sécurité de notre épargne.
Je vous offre de partager la démarche qui peut être parfois un peu ardue et de juger de la vraisemblance de mes propositions d’explications.
 
 
 
Chapitre 1 La découverte des événements dramatiques
 
 
 
Le dimanche 5 mai 1996, mes fils, ma femme et moi, nous nous trouvions, comme pratiquement tous les ans à cette époque, en visite à la foire de Paris. Nous avions pris l’habitude de nous y rendre, invités par des fournisseurs de conserves du Sud-Ouest et des vignerons du Bordelais.
La visite permettait par ailleurs de faire le tour des exposants du Concours Lépine et de découvrir les dernières innovations techniques de l’image et du son, ou des produits artisanaux exotiques.
En début d’après-midi, alors que nous abordions le pavillon 7 ou se tenaient le salon de vins et le Concours Lépine, mon attention fut attirée par un panache de fumée provenant du centre de la capitale. En raison de la crise économique, j’ai pensé à un incendie de magasin, événements qui, de façon curieuse, se produisent souvent dans ces périodes de difficultés.
J’étais à cent lieues de penser à mon employeur, dans la mesure où les dispositifs anti-incendie étaient d’une telle sensibilité que le regroupement de fumeurs, près des distributeurs de boissons, se terminait assez régulièrement par une douche provenant des dispositifs de protection automatique. En outre, une équipe de pompiers était en permanence dans l’immeuble, faisant des rondes régulières.
De retour à notre domicile vers vingt heures, nous recevons l’appel de mon beau-père, annonçant l’incendie et, comme je ne voulais pas le croire pour les raisons énoncées ci-dessus, il me dit de regarder le journal télévisé qui, en effet, en faisait la une de son édition de vingt heures.
Plus tard dans la soirée, au cours d’une allocution radiophonique, M. Peyrelevade demanda à l’ensemble du personnel du siège de ne pas se rendre sur son lieu de travail le lendemain matin, précisant que chaque employé serait convoqué individuellement.
On peut se figurer aisément quelle qualité de sommeil a pu reposer sur les employés de la banque et comment j’ai moi-même passé la nuit. Toujours est-il que le lendemain, une heure avant l’heure habituelle, j’étais sur place. Les raisons qui m’ont poussé à transgresser les ordres reçus étaient de deux natures : d’une part, l’activité que je supervisais en matière de risques ne pouvait pas souffrir de délais ; d’autre part, j’avais mis au point des supports de documents spécifiques sur des bases informatiques qui, je le savais, se trouvaient hors site, je me sentais donc en mesure d’assurer l’essentiel de la continuité du service à partir de n’importe quel poste de travail.
Arrivé sur place, je me suis trouvé confronté à une surprise de taille, la quasi-totalité du personnel était sur place. Traditionnellement très respectueux de la hiérarchie et des consignes, mes collègues, comme moi, avaient désobéi pour sauver leur entreprise. De mon côté, mon passé professionnel dans les équipes de support de la Société Nancéienne et Varin Bernier, fonction à laquelle a succédé la responsabilité de la création de la Banque Auxiliaire Du Rhône, m’avait prédisposé à la prise d’initiatives sans la nécessité d’attendre des instructions.
Mon premier souci, en raison de la multiplicité des dispositifs de sécurité, a été de comprendre ce qui avait abouti à cette catastrophe, d’autant plus choquante que j’avais appris qu’un pompier avait été très grièvement blessé et qu’une équipe d’informaticiens était en train de tenter, au péril de leur vie, de récupérer des bandes de données indispensables pour le fonctionnement de la salle des marchés de secours qui, par prévoyance, avait été prévue en cas de crise.
Pour donner une image de la gestion prudente de l’entreprise, il faut savoir que le Crédit Lyonnais était pratiquement la seule banque de la place à avoir ce dispositif opérationnel. 1 . Il faut toutefois relativiser sans le dénigrer le caractère précurseur de la démarche mise en œuvre par David Dautreme, le directeur de l’informatique. En effet, l’expérience des grèves de 1974, qui avait vu le blocage quasi-complet de la banque par les services des centres informatiques du groupe, avait montré la vulnérabilité de l’entreprise face à la gestion de ses données. Je reviendrai sur cet aspect des risques ultérieurement.
En faisant le tour du site et en interrogeant les gens présents de ma connaissance, j’ai voulu tout d’abord comprendre comment un tel accident était possible. En effet, les services et les lieux de passages étaient tous dotés de détecteurs de fumée, de même que les lieux de réunions que sont les sites des distributeurs de boissons. En outre, ces détecteurs étaient couplés à des extincteurs. Ainsi que déjà mentionné, leur sensibilité était telle que, lorsqu’un nombre de fumeurs d’une dizaine de personnes se rassemblait sur un de ces sites, les extincteurs se mettaient en action avec une alerte au poste de l’équipe des pompiers de Paris, qui était résidente dans l’immeuble.
Mes interrogations successives m’ont apporté diverses confirmations que

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