Profession juriste
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Description

Un vieil adage, souvent repris, veut que « le droit mène à tout ». Si l’on peut déceler dans cette affirmation une certaine part d’exagération — après tout, le droit et la biologie moléculaire demeurent des disciplines bien distinctes —, une formation en droit ouvre en effet de nombreux horizons de carrière, en plus de contribuer à l’épanouissement intellectuel des personnes qui y ont accès. En outre, cette formation a parfois des effets secondaires, en façonnant la personnalité de celles et de ceux qui la suivent. Beaucoup de familles ou d’amis ont ainsi été surpris de constater les transformations, souvent pour le meilleur mais parfois pour le pire, que subissent les personnes qui étudient en droit : le scepticisme s’accroît, les exigences quant à la qualité des raisons données pour justifier telle ou telle action deviennent plus strictes, l’art de l’argumentation s’affine ; dans le pire scénario, l’égo enfle. Mais le propos de ce petit ouvrage n’est pas, tant s’en faut, de faire la psychanalyse de l’apprenti juriste ; il s’agit plutôt de se pencher sur ce que signifie, aujourd’hui, être juriste. Cela oblige à aborder la question de la formation de celles et de ceux qui aspirent à le devenir.
Quel est le rôle, dans la Cité, des chercheurs, des intellectuels, des professeurs, des universitaires en général ? Qui sont-ils et que font-ils exactement ? Quel a été leur parcours intellectuel ? La collection « Profession » répond à ces questions.
Jean-François Gaudreault-DesBiens et Marie-Claude Rigaud sont professeurs à la Faculté de droit de l’Université de Montréal.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2015
Nombre de lectures 27
EAN13 9782760635913
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-François Gaudreault-DesBiens et Marie-Claude Rigaud
Profession juriste
Les Presses de l’Université de Montréal
Collection dirigée
par Benoît Melançon
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Vedette principale au titre: Profession, juriste (Profession) Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7606-3589-0 1. Droit - Pratique. 2. Droit - Orientation professionnelle. I. Gaudreault-DesBiens, Jean-François, 1965- . II. Rigaud, Marie-Claude, 1969- . III. Collection: Profession (Montréal, Québec). K120.P76 2015 340.023 C2015-941334-6 Dépôt légal: 3 e trimestre 2015 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2015 www.pum.umontreal.ca ISBN (papier) 978-2-7606-3589-0 ISBN (PDF) 978-2-7606-3590-6 ISBN (ePub) 978-2-7606-3591-3 Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Table des matières
Introduction
Acte I. La formation du juriste
Acte II. Une profession kaléidoscopique
Acte III. Le juriste entre droit et justice
Conclusion
Lectures complémentaires
Introduction
Imaginons un instant que le Petit Prince de Saint-Exupéry ait fait à son ami aviateur cette demande; «S’il te plaît, dessine-moi le droit.» Il est loisible de penser que le récit aurait immédiatement avorté ou, au mieux, qu’il se serait englué dans des développements peu digestes. Pourquoi donc, alors que la demande est si simple? Tout simplement parce que la réponse, en supposant qu’il n’y en ait qu’une, est loin d’être évidente et qu’elle renvoie à un phénomène à la fois abstrait et polysémique.
Imaginons maintenant que le Petit Prince lui ait demandé; «S’il te plaît, dessine-moi l’architecture.» Sans prétendre que la réponse eut pu être dénuée d’ambiguïté, on peut penser que l’aviateur aurait pu raisonnablement éclairer le Petit Prince en esquissant une maison, un pont ou un château. Et si, d’aventure, il avait été sollicité pour lui expliquer ce qu’est la musique, il aurait très bien pu dessiner un violon ou un piano, voire fredonner une chanson.
Mais le droit ne pourrait-il pas être représenté par, disons, le glaive ou la balance de la justice? Peut-être, mais aucune de ces images ne saurait être considérée comme vraiment satisfaisante. Irréductible à une quelconque représentation physique, le droit est en effet difficilement saisissable, d’abord parce qu’il est en flux constant, dans le temps et dans l’espace, et parce que, malgré son rôle fondamental en tant que pierre d’assise de toute société ordonnée, il est en quelque sorte invisible; on sent parfois son effet, mais on ne le voit guère. C’est face à une injustice que l’on décèle sa présence ou que l’on regrette son absence. On prend alors toute la mesure de son importance. D’ailleurs, l’aviateur aurait pu rétorquer au Petit Prince; «Pourquoi le droit, et pas la justice?»
Pareille question met en lumière la difficulté de fixer une image du droit, car celui-ci renvoie à des normes c’est-à-dire à des principes ou à des règles reconnus comme contraignants qui sont suffisamment précises pour guider la vie des sociétés et des individus. Mais comment dessiner une norme ou un ensemble de normes?
C’est parce qu’il cherche à prendre acte des défis inhérents à une telle entreprise que cet ouvrage se présente avant tout comme un carnet d’esquisses plutôt que comme un plan qui, au millimètre près, chercherait à décrire une réalité fugace à bien des égards. Et si le droit est irréductible à une représentation monolithique, il en va de même des professions juridiques. En ce sens, le titre Profession juriste , en tant qu’il évoque une profession unique dont les contours seraient parfaitement déterminés ou déterminables, est un tantinet trompeur. C’est donc dans l’optique de mieux saisir la complexité inhérente autant du droit que des professions juridiques que nous posons dans cet ouvrage autant de questions que nous donnons de réponses. Cela est toutefois dans l’ordre des choses, puisque l’une des tâches les plus importantes de tout juriste est précisément de formuler de bonnes questions. Quant aux réponses, elles ne peuvent découler que d’un processus de décantation et de réflexion, que nous déclinerons en trois actes. Le premier acte s’intéresse à la formation du juriste, le deuxième porte sur la diversité des professions juridiques malgré leur fonds commun, alors que le troisième scrute la relation entre le droit et la justice. Nous nous en tiendrons à tracer les contours d’une image, la plus fidèle possible, du juriste à la lumière de ce qu’il fait concrètement et des défis qu’il affronte. Nos propos seront ponctués de témoignages de juristes œuvrant en droit et dans d’autres champs.
Kim Thuy, écrivaine et juriste
Sans mes années en droit, je crois que je n’aurais pas su apprécier l’intelligence des textes des journalistes anonymes de la revue The Economist , ni entendre la musicalité des mots du poète Roland Giguère. De même, je me demande si j’aurais su saisir l’essence d’un texte de l’honorable juge Louise Otis sur l’humiliation et voir la structure de base du complexe plan architectural des cerveaux et des cœurs de mes enfants. Une chose est certaine, sans ce passage à la Faculté de droit, sans cet entraînement, je n’aurais pas appris la nécessité et la discipline de réfléchir, car la paresse et la facilité m’auraient gagnée et abattue.
Acte I La formation du juriste
Un vieil adage, souvent repris, veut que «le droit mène à tout». Si l’on peut déceler dans cette affirmation une certaine part d’exagération après tout, le droit et la biologie moléculaire demeurent des disciplines bien distinctes , une formation en droit ouvre en effet de nombreux horizons de carrière, en plus de contribuer à l’épanouissement intellectuel des personnes qui y ont accès. En outre, cette formation a parfois des effets secondaires, en façonnant la personnalité de celles et de ceux qui la suivent. Beaucoup de familles ou d’amis ont ainsi été surpris de constater les transformations, souvent pour le meilleur mais parfois pour le pire, que subissent les personnes qui étudient en droit; le scepticisme s’accroît, les exigences quant à la qualité des raisons données pour justifier telle ou telle action deviennent plus strictes, l’art de l’argumentation s’affine; dans le pire scénario, l’égo enfle. Mais le propos de ce petit ouvrage n’est pas, tant s’en faut, de faire la psychanalyse de l’apprenti juriste; il s’agit plutôt de se pencher sur ce que signifie, aujourd’hui, être juriste. Cela oblige à aborder la question de la formation de celles et de ceux qui aspirent à le devenir.
Pourquoi aller en droit?
Il n’existe pas de «bonne réponse» à cette question. On peut «aller en droit» autant pour se donner une formation rigoureuse et polyvalente que pour réfléchir à la manière dont les sociétés humaines cherchent à concrétiser les aspirations liées à la notion plus abstraite de justice. On va alors en droit parce que l’on souhaite y trouver une formation humaniste fondamentale. On peut aussi vouloir aller en droit afin d’atteindre des objectifs plus instrumentaux, mais néanmoins légitimes, où l’accès à une profession mobilisée dans la plupart des sphères de la vie moderne est envisagé comme un tremplin pour une carrière de conseiller d’acteurs économiques ou politiques à l’échelle locale ou globale. Le juriste peut également aspirer à contribuer à la conception et à la mise en œuvre de réformes sociales structurantes, en se faisant à la fois agent et outil de changements sociaux. Il peut encore, et ce de manière très concrète, désirer aider les gens à surmonter les difficultés pouvant émerger dans leur vie quotidienne. On aurait tort de sous-estimer cette dimension de l’engagement du juriste.
Esther Bégin, journaliste et juriste
Le droit mène à tout… Mon premier «vrai» CV, je l’ai envoyé à une station de télé de Québec. C’était en 1990. Je venais d’être admise au Barreau après mes études en droit à l’Université Laval. Mon but; décrocher enfin l’emploi dont je rêvais depuis toujours; reporter au petit écran! Sans expérience ni étude en journalisme, pas évident… J’ai pourtant décroché un poste dès ma toute première entrevue ! Pourquoi? Selon mes futurs patrons, ma formation juridique, jumelée à mon bac en science politique, me donnait les connaissances complémentaires me destinant à devenir une journaliste rigoureuse. Au cours de ma carrière, il ne s’est pas passé une journée sans que le jugement et l’esprit de synthèse que procure une formation juridique ne me soient utiles. Couverture de procès, réalisation d’entrevues, animation de breaking new s… toujours en direct, dans le feu de l’action et, malgré tout, toujours rigoureuse. Le droit mène à tout? Il amène aussi plusieurs atouts!
Anciennes, les professions juridiques jouissent d’un capital social et culturel non négligeable; il suffit pour s’en convaincre de constater le nombre important de femmes et d’hommes détenteurs d’une formation juridique au sein des élites politiques et économiques de la plupart des pays occidentaux. Ces professions dites «libérales» sont fréquemment représentées, parfois à tort, comme génératrices de revenus considérables. Aussi la formation juridique a-t-elle toujours été considérée comme pouvant constituer un levier intéressant dans une dynamique individuelle d’ascension sociale. Mais, au final, la réponse à la question «pourquoi aller en droit?» appartient à chaque personne qui considère cette discipline comme une formation possible. Il n’est du reste pas exclu qu’au fil de la progression d’un étudiant dans un cursus juridique les motivations d’hier disparaissent au profit de nouvelles.
Lorsque l’on évalue la possibilité d’une carrière en droit, il importe de bien saisir que toute formation dans cette discipline est ancrée dans le contexte de la société parti

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