La Course à la suprématie monétaire mondiale
130 pages
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La Course à la suprématie monétaire mondiale , livre ebook

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Description

Ce livre est consacré aux bouleversements de l’économie mondiale au XXIe siècle. Comment l’ascension fulgurante de la Chine, deuxième puissance économique du monde derrière les États-Unis et en voie de devenir la première après 2030, met-elle en cause l’hégémonie du dollar ? Quelles en sont les conséquences pour le système monétaire international ? Comment tenir compte de cette nouvelle donne monétaire pour affronter les défis écologiques de la planète ? Ce livre étudie la rivalité géopolitique découlant de la montée en puissance de la Chine. Il dévoile une dimension qui n’est pratiquement jamais abordée par la recherche économique occidentale : les transformations de la monnaie en Chine et, notamment, la création d’une monnaie digitale de banque centrale. Michel Aglietta, Guo Bai et Camille Macaire analysent ici les contradictions qui en découlent pour la suprématie du dollar. Ils plaident pour une réforme approfondie du système monétaire international sous l’égide d’un Fonds monétaire international enfin libéré de la contrainte du dollar et digne de ce nom. Michel Aglietta est professeur émérite à l’université Paris-Nanterre et conseiller scientifique au CEPII. Il a été membre de l’Institut universitaire de France et membre du Haut Conseil des finances publiques. Guo Bai est professeure de stratégie et d’entrepreneuriat à la China Europe International Business School (CEIBS), où elle dirige également le programme d’enseignement pour les futurs dirigeants. Elle est aussi chercheure associée à l’Université Fudan de Shanghai. Camille Macaire est économiste à la Banque de France et chercheuse associée au CEPII. Ses travaux portent sur la finance internationale, le système monétaire international et la Chine. Luiz Pereira da Silva est directeur général adjoint de la Banque des règlements internationaux à Bâle. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 avril 2022
Nombre de lectures 3
EAN13 9782415001742
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cet ouvrage exprime l’opinion des auteurs et ne reflète pas nécessairement le point de vue de la Banque de France.
© O DILE J ACOB , AVRIL  2022
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-4150-0174-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Préface
par Luiz Awazu Pereira da Silva *1

Michel Aglietta, Guo Bai et Camille Macaire nous offrent avec La Course pour la suprématie monétaire mondiale une grille analytique très stimulante pour comprendre les défis qui se posent au système monétaire international à l’épreuve de la rivalité sino-américaine et des changements technologiques du numérique. Le livre arrive à un moment très opportun pour nous permettre de relier plusieurs questions de politique économique essentielles se posant à nous en ce XXI e  siècle. Celles-ci sont analysées de façon séquentielle en recoupant certains des thèmes des ouvrages précédents de Michel Aglietta. On pourrait dire que la logique géométrique de l’ Éthique spinoziste est à l’œuvre dans le déroulé des chapitres du livre qui nous amènent, élégamment et sûrement, à conclure à la nécessité d’un renouveau de la coopération internationale en matière monétaire mais aussi au-delà. Une coopération qui devra se construire dans un cadre institutionnel multipolaire, capable de susciter plus de consensus social national et global en répondant aux enjeux de la liquidité globale, de la soutenabilité écologique, de la stabilité économique et financière et en visant le bien commun. Un programme ambitieux mais nécessaire mêlant un certain pessimisme de la raison et un optimisme de la volonté qui nous entraînent dans la démonstration convaincante que produit l’ouvrage.
Le système international qu’analyse le livre étant monétaire, il faut bien commencer la démonstration en partant de l’idée de monnaie. Celle-ci n’est pas simplement une mesure technique de la valeur dans les économies marchandes. Pour être reconnue et utilisée par les agents économiques dans toutes leurs transactions et rapports, il faut bien qu’elle leur soit commune, comme un langage dit le livre, et qu’elle suscite subjectivement de la confiance dans une certaine permanence stable de ces rapports sociaux. La monnaie a donc besoin de ces caractéristiques relationnelles et des garants institutionnels (des banques centrales pour en assurer la souveraineté nationale) pour perpétuer le rapport social de confiance qu’elle exprime. C’est ainsi que la monnaie ne peut être comprise sans une approche qui mobilise l’ensemble des sciences sociales, de l’histoire à l’économie politique, comme l’avaient fait Michel Aglietta, Pepita Ould Ahmed et Jean-François Ponsot, dans La Monnaie entre dettes et souveraineté (2016), en remontant plusieurs millénaires d’histoire pour saisir l’unité du phénomène monétaire.
Mais comment passer de la confiance nationale à une monnaie internationale ? C’est apparemment un paradoxe. Pourquoi ne constate-t-on pas simplement un enchevêtrement d’accords bilatéraux entre divers pays et leurs monnaies respectives ? La réponse vient de l’histoire du développement des échanges internationaux et le livre revient sur ce qui avait été auparavant développé par Michel Aglietta et Virginie Coudert dans Le Dollar et le système monétaire international (2014). L’histoire a périodiquement vu l’émergence d’une « puissance dominante » qui est capable d’émettre une monnaie à cours ou à acceptation internationale, comme on voudra. C’est le concept de « devise clé ». La confiance générale en cette puissance produit des effets de réseaux, des gains d’échelle et de facilitation des échanges. C’est donc un des piliers de la stabilité financière globale. Mais, par construction, cette devise clé est aussi sujette à de fréquents épisodes d’instabilité car rien ne garantit que l’émission et la politique monétaires d’un pays, si dominant soit-il, soient adéquates au regard du  timing et des besoins des cycles d’affaires de l’ensemble de la communauté internationale. Aujourd’hui, dans le système de Bretton Woods, même révisé, ce sont les États-Unis qui exercent cette responsabilité mais aussi, on l’a dit, ce « privilège exorbitant » : le dollar américain est le pivot des relations commerciales et financières globales. Le système monétaire international (SMI) est donc le résultat de ces processus historiques qui fait émerger une monnaie internationale à chaque phase de domination d’un pays sur les échanges mondiaux. Chacune de ces périodes donne lieu donc à un compromis autour d’une puissance hégémonique bienveillante (car devant combiner privilèges et devoirs internationaux) et de sa devise clé.
À ce stade de l’analyse, Michel Aglietta et ses coauteures nous signalent plusieurs défis simultanés pour assurer une continuité du processus décrit jusqu’ici sans risques de trop de ruptures ou crises. Il y a évidemment en premier la géopolitique mondiale et la rivalité sino-américaine, un des thèmes de l’ouvrage. S’il y a donc alternance de la puissance dominante dans le SMI, celle qui émet et garantit sa devise clé, il est logique de s’interroger sur ce que produira l’émergence de la Chine comme alternative à la domination des États-Unis et du dollar. La Chine a son propre développement, économique et financier, qui pose peut-être la question d’une nouvelle devise clé. Mais il y a aussi les avancées technologiques de la finance qui interfèrent de manière complexe avec les enjeux hégémoniques classiques. En effet, ce challenge historique, et aussi, disons, logique et naturel, se produit en même temps que surgit une remise en cause plus profonde de l’idée même de monnaie souveraine. C’est l’interrogation, reprise dans ce livre, que posent Michel Aglietta et Natacha Valla dans Le Futur de la monnaie (2021). La confiance qui sous-tend la monnaie traditionnelle peut-elle diminuer, voire être transférée ? Nous sommes en effet en présence d’une myriade d’innovations privées en matière monétaire et financière : nous voyons autour de nous la multiplication de nouveaux moyens de paiement avec leurs nouveautés diverses, porte-monnaie électronique, nouveaux applicatifs et codes, etc., sur Internet, et qui utilisent de façon de plus en plus commode et massive les moyens individualisés des smartphones. On voit aussi l’apparition de « monnaies numériques » ou plutôt de cryptoactifs comme le bitcoin, qui se présentent comme des moyens de paiement et se veulent des réserves de valeur alternatives pour les millions d’utilisateurs des anciennes monnaies nationales… Cependant, si nous pensons vraiment que l’essence de la monnaie est de matérialiser un rapport social pérenne et garanti par un souverain, des « cryptomonnaies » privées peuvent difficilement accaparer entièrement cette fonction à terme. Mais il y a tout de même un risque d’érosion du lien de confiance qui sous-tend les monnaies souveraines des banques centrales. Ce risque est sûrement aggravé par les stablecoins de grandes firmes de la Big Tech. Celles-ci mettent en place des moyens de paiement internes qui facilitent les règlements dans une nouvelle unité entre des comptes privés, en dehors des systèmes gérés par les banques centrales. Si ces tendances se confirment, et certaines sont déjà présentes au grand jour, une réponse logique des autorités pourrait être de faire évoluer le lien de confiance pour le renforcer en l’accouplant aux innovations technologiques et donc de mettre en place elles-mêmes des vraies monnaies numériques souveraines, les central bank digital currencies (CBDC).
Si on reconnaît bien l’ampleur de ces défis, où en sont les hégémons potentiels aujourd’hui ? Le livre nous rappelle que la Chine a multiplié des expériences avancées dans ces domaines. Elle a conservé une planification méthodique des ressources et a accumulé des acquis dans la création et la maîtrise de nouvelles technologies financières en matière de paiement, de nouvelles formes d’évaluation du risque et de sélection sur ses marchés du crédit, et la mise en place de sa propre monnaie numérique de banque centrale, le RMB ou yuan numérique, ou « e-CNY ». Elle a aussi été prudente en matière d’ouverture de ses marchés financiers en évitant de créer une trop grande dépendance au dollar, en limitant la volatilité de ses cycles d’affaires par le contrôle et le management de ses flux de capitaux et en en favorisant la croissance des règlements internationaux dans sa région dans sa propre devise clé. Mais, comme tout pays encore en développement, elle a aussi de nombreux autres défis en dehors de la sphère monétaire et financière.
Avec la montée de l’économie numérique, cet essor extraordinaire n’est pas sans revers de médaille et la rivalité sino-américaine aura à résoudre des problèmes communs. Par exemple, comment gérer la course contre l’épuisement de certains métaux essentiels à l’économie numérique ? Comment examiner la viabilité à terme de tout nouvel arrangement monétaire ? La puissance de chacun n’exclura pas la nécessité de consolider un consensus social sur les grandes questions de société, y compris la soutenabilité globale des stratégies de développement des deux pays face à de nombreux défis connus, ceux des inégalités croissantes et ceux de l’environnement. À cela s’ajoute la rançon du succès lui-même : sans parler de cryptomonnaies, les Big Tech se sont construit des monopo

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