Wall Street à l assaut de la démocratie : Comment les marchés financiers accroissent les inégalités
140 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Wall Street à l'assaut de la démocratie : Comment les marchés financiers accroissent les inégalités , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
140 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« En pleine pandémie mondiale, l’indice Dow Jones dépassait le cap des 30 000 points. Alors que l’économie faisait face à une récession brutale, les indices boursiers caracolaient en tête des records et ignoraient l’accumulation des menaces pesant sur la stabilité économique, sociale et financière de la planète. Cette déconnexion entre l’économie réelle et les marchés financiers atteint le cœur même de nos démocraties. Elle repose sur plusieurs piliers : l’influence (et la corruption) des responsables politiques par les acteurs des marchés ; la vision court-termiste de l’horizon boursier qui fragilise les infrastructures ; la décision des banques centrales de sacrifier les épargnants au profit des emprunteurs ; des soutiens massifs aux grandes entreprises et surfaces au détriment des PME et des indépendants. Cette année 2020 nous aura démontré qu’une nouvelle forme de capitalisme solidaire devra faire place au “tout pour l’actionnaire”. Cette révolution sera le seul moyen d’empêcher que la démocratie se déroule dans la rue. » G. U. Georges Ugeux est un spécialiste de la finance internationale, qu’il enseigne à la Columbia University School of Law. Il a assumé pendant sept ans les fonctions de vice-président du New York Stock Exchange, puis a fondé Galileo Global Advisors, une société spécialisée dans le conseil international. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 octobre 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738156761
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR CHEZ ODILE JACOB
La Descente aux enfers de la finance , 2019
La Trahison de la finance. Douze réformes pour rétablir la confiance , 2010
© O DILE J ACOB , OCTOBRE 2021 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5676-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Without equality there can be no democracy 1 .
Eleanor R OOSEVELT , 12 octobre 1944

No one pretends that democracy is perfect or all-wise. Indeed, it has been said that democracy is the worst form of Government except for all those other forms that have been tried from time to time 2 …
Winston S. C HURCHILL , 11 novembre 1947
INTRODUCTION
Wall Street ignore la pandémie qui la guette

2020 : l’année où le voile du temple se déchira
Le 24 novembre 2020, en plein milieu de la seconde phase de confinement, l’indice Dow Jones a dépassé le cap de 30 000 points pour la première fois au grand plaisir et dans le délire de Wall Street. Depuis sa chute brutale en mars 2020, l’indice a augmenté de plus de 100 %, ignorant les conséquences structurelles d’une pandémie qui a fait vaciller la planète. L’année boursière aura été une démonstration grandeur nature de la déconnexion des marchés financiers par rapport à l’économie réelle. Comparé à son sommet de février 2020, ce même indice a augmenté d’un tiers. L’Eurostoxx 600 a suivi la même tendance mais dans des proportions moins élevées.
En effet, d’un côté l’économie réelle a dû faire face à une récession brutale, caractérisée par un taux de chômage abyssal et un pouvoir d’achat des ménages en berne entraînant une baisse vertigineuse des profits des entreprises. La « zombification 1  » de l’économie laisse présager une cascade de faillites d’entreprises sans précédent. De l’autre côté, grâce à une croissance de 100 billions de dollars de l’endettement mondial, les indices boursiers ont caracolé en tête des records de capitalisation, ignorant allègrement l’accumulation des menaces pesant sur la stabilité économique, sociale et financière de la planète, et de ce fait le risque systémique que l’endettement fait courir à l’économie mondiale.
Cette déconnexion qui atteint le cœur même de nos démocraties est construite sur plusieurs piliers :
l’influence des opérateurs des marchés financiers sur les responsables politiques ;
la vision à court terme de l’investisseur boursier qui recherche le profit immédiat ;
la décision des banques centrales de sacrifier les épargnants au profit des emprunteurs ;
l’endettement massif des États favorisé par des taux d’intérêt négatifs ;
l’idéologie qui favorise à outrance les actionnaires et accroît les inégalités.
Au cours des années, les acteurs des marchés financiers (publics comme privés) ont réduit toute forme de contribution sociale et économique à la portion congrue : seul compte l’enrichissement à court terme.
Qu’un président des États-Unis ait pu faire des marchés le baromètre de ses succès économiques sans être contredit donne la mesure de l’absence de contrôle démocratique 2 . Lorsqu’elles seront sommées de s’expliquer, les autorités auront beau jeu de vouloir minimiser la situation mais elles devront in fine rendre compte de cette dérive de nos économies qui semblent dirigées de Wall Street : le voile du temple du capitalisme financier s’est enfin déchiré.

IL EST TEMPS DE DIRE LA VÉRITÉ
J’ai entamé ce livre parce qu’au travers d’un demi-siècle passé dans le monde financier, j’ai acquis la certitude que la finance se fourvoie et n’a d’autre option que de se réformer, se transformer, et se remettre en question. Elle doit renouer avec sa vocation économique et sociale. Je crois que la bataille est peut-être perdue, mais pas la guerre. Il est important de rééquilibrer le rapport économique et social entre les marchés, les gouvernements et la population.
Pour cela, il faut aller au-delà des discours manichéens et analyser de manière approfondie les mécanismes qui soumettent nos démocraties au diktat des marchés. Je vis au jour le jour l’expérience des marchés financiers : je l’ai acquise comme banquier commercial, directeur financier, à la fois au sein de l’Union européenne et aux États-Unis, notamment au New York Stock Exchange (NYSE).
Ayant dirigé sa division internationale au 11 Wall Street, j’ai eu l’occasion d’expérimenter la vie quotidienne de ces marchés tant sur le plan national qu’à travers le monde. Mes responsabilités internationales m’ont conduit aux quatre coins du globe et j’ai vu les marchés des capitaux fonctionner ainsi que leurs dérives.
C’est cette expérience enrichie par mon cours sur la banque et finance internationale à la faculté de droit de l’Université de Columbia à New York qui inspire ma démarche, associant ainsi ma pratique de la finance à une dimension académique et pédagogique.
La loi du silence et le déni public des risques systémiques que nous encourons sont coupables. Ils ne nous permettent pas de prendre des mesures qui nous éviteraient le pire. L’argent public n’est pas là pour enrichir massivement les entreprises, leurs actionnaires et leurs dirigeants. Face aux défis de la transition énergétique, des retraites et de l’emploi, les gouvernements et les banques centrales accumulent les discours alors qu’ils sont privés des moyens nécessaires à une action devenue aussi urgente qu’inéluctable.

LE CORONAVIRUS FAIT ÉCLATER NOS FAIBLESSES STRUCTURELLES
Face à l’invasion du SARS-CoV-2 (Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2), des mesures budgétaires ont été prises, dont les conséquences s’avèrent dramatiques. Les États, déjà affaiblis financièrement avant même que la crise du coronavirus n’éclate, ont fait exploser les déficits budgétaires et par conséquent leur endettement. Si encore ces capitaux avaient trouvé leur destination économique, un tel déséquilibre financier aurait été acceptable.
Or les trompettes médiatiques ont focalisé le public et donc la classe politique sur l’évolution, les chiffres et les acteurs de la crise sanitaire. Le ton et le discours des médias ont distillé la peur et tétanisé les ménages, les écoles et les entreprises. Les plus sérieux d’entre eux portent la responsabilité pleine et entière d’avoir considéré que seul le virus était digne de leur « une » : ils ont utilisé des données que la profession médicale, naturellement réticente au risque, dramatisait à longueur de journal télévisé, sans les mettre en perspective avec d’autres facteurs économiques, sociétaux dans une dynamique de paralysie et de peur.
Ce sont les banques centrales qui sont venues au secours des États en souscrivant à leur dette sur les marchés à hauteur d’une dizaine de billions, le tout en l’espace de six semaines à la fin du mois de mars 2020 : un montant équivalent à dix années de mesures pour relancer l’économie après la crise de Lehman Brothers. Il n’y avait aucune chance que ces capitaux puissent être utilisés de manière productive : privés de rémunération sur les obligations à cause de la baisse des taux d’intérêt par ces mêmes banques centrales, les investisseurs se sont engouffrés en Bourse.
Le reste n’est que littérature.

LES FRAUDES ET LES MANIPULATIONS SE MULTIPLIENT
Au-delà de ces vicissitudes, les années 2020 et 2021 ont aussi été le théâtre de manipulations et de fraudes sur les comptes des entreprises.
C’est d’Allemagne que sont venues les premières mauvaises nouvelles avec le soutien massif des autorités allemandes à la société Wirecard , le leader de la technologie des paiements, dont la fraude dépasse les 3 milliards de dollars. Le scandale a éclaté au grand jour à la suite d’une enquête du Financial Times qui fut ensuite poursuivi pour avoir publié cette information… par le régulateur allemand !
Quelques mois plus tard apparaît GameStop qui attire l’attention sur les manœuvres de certains fonds spéculatifs qui ont massivement vendu à découvert les actions de cette entreprise, pariant sur le fait qu’elle allait faire faillite. Ils ont dû faire face à la réaction protectrice d’une armée de petits acheteurs qui ont fait exploser à la hausse le cours de l’action et sont parvenus à mettre en péril un des fonds qui s’était attaqué à la société.
Début 2021, c’est au tour de la société Greensill de faire les gros titres de la presse, après avoir abusé de la dette et investi imprudemment dans une entreprise sidérurgique britannique, propriété d’un magnat indien. Derrière cette faillite, on retrouve des tentatives de levées de fonds par l’ancien Premier Ministre britannique David Cameron qui avait tenté de soudoyer la Trésorerie de Sa Majesté et le prince héritier d’Arabie Saoudite. Plusieurs banques y ont laissé des plumes.
Quelques mois plus tard un autre gros scandale éclate avec le hedge fund Archegos , financé par une série de banques et dont la culbute devrait coûter 5 milliards de dollars au Crédit Suisse qui a dû augmenter son capital pour rétablir ses fonds propres. Le solde a été réparti entre Nomura, Deutsche Bank, Morgan Stanley, Goldman Sachs, UBS 3 . C’est l’activité de financement des hedge funds , appelée prime brokerage , qui avait permis ce surendettement : sans les banques pour les financer, ces fonds ne pourraient exister. Nous y reviendrons.
Que dire du rôle joué par JP Morgan dans le financement à hauteur de 4 milliards d’euros de cette «  Super Ligue européenne de footbal

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents