Maintenir la paix en zones postconflit : Les nouveaux visages de la police
172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Maintenir la paix en zones postconflit : Les nouveaux visages de la police , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Dans un monde où les opérations policières de paix se substituent graduellement aux opérations exclusivement militaires, à quels défis organisationnels les services de police contributeurs et les sociétés hôtes sont-ils confrontés ? Quelles sont les motivations institutionnelles et individuelles à participer à de telles opérations ? Quels liens unissent les contingents internationaux aux polices locales et aux autres acteurs du maintien de la paix ?
À partir d'études de terrain réalisées dans des contextes variés (Balkans, Afghanistan, Haïti, Timor-Leste...), des chercheurs provenant de disciplines aussi diverses que la science politique, la sociologie, la criminologie ou le droit esquissent les grandes lignes d'un champ de recherche dédié aux opérations de maintien de la paix et aux processus complexes qui permettent à des sociétés divisées de se réconcilier et de rétablir des institutions policières légitimes.
Avec les textes de : Hervé Dagès, Nathalie Duclos, Benoit Dupont, Nadia Gerspacher, Andrew Goldsmith, Vandra Harris, Marcel-Eugène LeBeuf, Antoine Mégie, Francis Pakyaf, Juan Carlos Ruiz Vásquez, Xavier Saint-Pierre et Samuel Tanner.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760631076
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MAINTENIR LA PAIX EN ZONES POSTCONFLIT
MAINTENIR LA PAIX EN ZONES POSTCONFLIT
Les nouveaux visages de la police
Sous la direction de Samuel Tanner et Benoit Dupont
Les Presses de l’Université de Montréal
Ce livre est publié dans le cadre de la collection « Régulation sociale », dirigée par Stéphane Leman-Langlois.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Vedette principale au titre :
Maintenir la paix en zones postconflit : les nouveaux visages de la police
(Régulation sociale) Comprend des réf. bibliogr.
ISBN 978-2-7606-2781-9
1. Consolidation de la paix. 2. Police internationale. 3. Police. 4. Sûreté de l’État. 5. Sécurité internationale. I. Tanner, Samuel, 1975- . II. Dupont, Benoît, 1972- . III. Collection : Régulation sociale.
JZ5538.M34 2012 327.1’72 C2012-941102-7
Dépôt légal : 3 e trimestre 2012 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2012
ISBN (papier) 978-2-7606-2781-9 ISBN (epub) 978-2-7606-3107-6 ISBN (pdf) 978-2-7606-3108-3
Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition.
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Version ePub réalisée par: www.Amomis.com
À Simone et Maxime, nos doux tyrans
INTRODUCTION
Police et opérations de paix
Samuel Tanner et Benoit Dupont
À l’échelle de l’histoire de la police, l’intérêt des chercheurs pour ses formes transnationales est récent. Ce n’est qu’à partir des années 1980, avec des travaux portant principalement sur l’avènement de réseaux internationaux de coopération policière en matière d’enquête criminelle et d’échange de renseignements, via Interpol, que progressivement, les connaissances émergent sur la dimension « hors les frontières » du travail policier (Malcolm, 1989). Pourtant, la déterritorialisation de la police, tant comme fonction que comme organisation, s’opère quant à elle depuis la fin du XVIII e siècle, à la fois sur le continent nord-américain et en Europe, par exemple dans la mise en place de réseaux transfrontaliers de police en Europe dans la lutte contre l’évasion fiscale et l’anarchisme (Deflem, 2002 ; Nadelmann, 1993). À partir des années 1990, alimentées par les transformations majeures que connaissent les relations internationales avec la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre, et l’ouverture que ceci provoque vers des perspectives théoriques alternatives au fétichisme étatique jusqu’ici dominant, les connaissances empiriques sur la police transnationale se développent et s’affinent, mettant à jour toute la complexité opérationnelle et les défis organisationnels des échanges policiers transnationaux. Elles révèlent le rôle crucial des organisations policières – tant privées que publiques – et leurs agendas dans la mise sur pied d’un ordre sécuritaire mondial, ou global (Sheptycki, 2005 ; Bigo, 1996 ; Bowling, 2009). Ces connaissances sont largement rendues possibles grâce à l’adoption de méthodologies innovantes, dont les enquêtes de terrain de type ethnographique, ou à travers la collecte d’entrevues auprès des principaux intéressés. À cet égard, les travaux de James Sheptycki sont incontournables (Sheptycki, 2005).
Dans le présent ouvrage, c’est une dimension encore inédite de la police transnationale qui est traitée, la participation policière dans les opérations internationales de paix. Ces opérations ont connu au cours des vingt dernières années de profondes transformations. En effet, dès le début des années 1990, des missions onusiennes déployées en Namibie ou en ex-Yougoslavie ont été confrontées à des sorties de conflits non conventionnels caractérisées par la nécessité de faire coexister au sein d’une même société en reconstruction des factions s’étant affrontées par les armes, des civils prisonniers d’allégeances déterminantes pour leur survie et des institutions à la légitimité et aux capacités faibles ou défaillantes (Donais, 2004). La réponse apportée par l’ONU à ces défis significatifs fut de développer des missions policières de maintien de la paix (communément désignées sous le terme UNPOL) reposant sur des compétences de policiers civils en matière d’usage parcimonieux de la force physique, de préoccupation pour la sécurité humaine des populations et d’interaction avec les institutions judiciaires indispensables au fonctionnement pacifié d’une société en reconstruction (Brahimi, 2000). Pourtant, si les textes normatifs produits sur le thème des missions UNPOL reflètent cette transformation durable, la production de connaissances scientifiques empiriques sur le sujet reste extrêmement limitée, comme nous l’avons récemment souligné (Dupont et Tanner, 2009) et ce, d’autant plus en langue française.
Cette approche s’avère problématique dans la mesure où une proportion non négligeable des opérations de maintien de la paix des Nations unies se déroule en milieu francophone. Par exemple, au moment du lancement de la présente initiative de livre, sur les 19 missions de paix de l’ONU en cours, sept avaient lieu en terrain francophone, dont quatre en Afrique (Burundi, Côte d’Ivoire, République centrafricaine et République démocratique du Congo). Par ailleurs, sur les 93 000 soldats, policiers et observateurs déployés par les Nations unies, 55,5 % opéraient sur un théâtre francophone. En matière policière, seulement 2300 des 4500 agents de la paix déployés dans des sociétés francophones provenaient de pays contributeurs de langue française, soit environ la moitié des effectifs considérés. Pour le Canada, par exemple, l’importance de la dimension francophone dans les opérations UNPOL se reflète par le fait qu’un pays francophone (Haïti) constitue une priorité (Engler et Fenton, 2005) avec plus d’une centaine de policiers déployés en permanence, et que les deux plus gros contributeurs d’effectifs policiers à ces missions (en dehors de la Gendarmerie royale du Canada) sont la Sûreté du Québec et le Service de police de la Ville de Montréal.
Dans une contribution décisive en matière de consolidation de la paix, et spécifiquement sur le rôle de la police dans le cadre de telles opérations et de réforme des polices locales dans des sociétés postconflit, Gordon Peake et Otwin Marenin dressent le constat sévère – mais juste – d’un échec systématique de la mise en application des recommandations émises par une littérature abondante en matière de réforme policière et de sécurité produite par ce qu’ils nomment la « communauté globale édictant des politiques sur la police 1 » (Peake et Marenin, 2008). Cet échec est en grande partie la conséquence d’une attitude des chercheurs et des organisations non gouvernementales qui visent à prioriser les intérêts des organismes et pays donateurs par rapport aux destinataires de cette aide. De fait, constatent les auteurs, on observe un manque flagrant de connaissance sur les enjeux organisationnels et opérationnels liés à la reconstruction de la sécurité dans le cadre d’États en crise, et surtout un manque d’appréciation de la complexité – envisagée dans sa sphère locale – de l’interaction entre les contingents policiers déployés et l’environnement dans lequel ils évoluent. Ainsi, concluent les auteurs, la plupart de ces rapports formulent des recommandations inadaptées aux nécessités et besoins pratiques rencontrés sur le terrain.
Prenant acte de ce constat, et dans le prolongement de cette réflexion, cet ouvrage poursuit une démarche résolument ancrée empiriquement afin de tracer le profil de ce visage encore peu connu de la police et des défis qu’il présente. Outre l’objectif académique et la production de nouvelles connaissances sur ces missions impensées par la sociologie policière, ce collectif permettra aux décideurs et gestionnaires, tant aux divers paliers politiques qu’au sein des organisations policières, de dispo­ser d’une information ancrée dans des propos d’intervenants de première ligne du travail policier dans le cadre d’opérations internationales de paix. Ainsi, cet ouvrage, traitant de la « ligne de front » policière de la reconstruction et consolidation de la paix, soit des UNPOL et de leur relation à leur environnement de zone de crise, présente une perspective inédite qui se situe entre les doctrines et recommandations souvent désincarnées dénoncées par Gordon Peake et Otwin Marenin et une préoccupation centrée exclusivement sur les acteurs « indigènes » de la reconstruction de la sécurité, sans pour autant perdre de vue les besoins des populations locales. À travers l’ensemble des chapitres, que nous décrirons brièvement sous peu, ce collectif se concentre sur « l’outil » ou « dispositif » policier de consolidation de la paix et opère un état des lieux sur les enjeux politiques et organisationnels, ainsi que les défis opérationnels qui le caractérisent en vue de rétablir la sécurité publique dans le cadre d’une société en crise. Indépendamment de l’idéologie qui caractérise le processus de réforme du secteur de la sécurité, négliger le segment crucial des acteurs responsables de le mettre en application revient à poursuivre la prophétie mise en évidence par les deux auteurs cités.
État des connaissances
En dépit de l’augmentation des effectifs policiers dans les opérations internationales de la paix, cette activité demeure encore peu étudiée empiriquement. Les préoccupations des chercheurs, à de rares exceptions près, se concentrent plutôt sur la composante militaire. Pourtant, une fois les combats terminés, et dès lors qu’il s’agit de stabiliser une région au sortir d’un conflit armé, les forces militaires s’avèrent peu outillées et adéquates (Hills, 2001). Ces tâches relèvent du maintien de l’ordre, de la reconstruction des institutions de sécurité (police, systèm

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents