Une irrésistible envie de beau
204 pages
Français

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Une irrésistible envie de beau , livre ebook

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Description

Un équipementier aéronautique français s’invite au Vietnam pour entamer une nouvelle aventure industrielle, qui sera le point d’orgue de la vie professionnelle de son PDG. À partir de sa propre expérience de dirigeant, celui-ci nous invite à transgresser les règles en place. Il esquisse les contours d’une entreprise, redevenue porteuse d’avenir et créatrice de rêves pour ses employés, nous dévoile ses doutes, ses joies et ses colères dans des tranches de vie où s’entremêlent les temps de la vie privée et ceux de la vie professionnelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 février 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342002287
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une irrésistible envie de beau
Robert Perrin
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Une irrésistible envie de beau
 
 
 
À mes deux Marcel
 
 
 
Message aux « Gilgamesh » contemporains, hommes et femmes d’affaires trop pressés…
 
« Où donc cours-tu ainsi, Gilgamesh ? La vie sans fin que tu recherches, tu ne la trouveras jamais ! Quand les dieux ont créé les hommes, ils leur ont assigné la mort, se réservant l’immortalité à eux seuls ! Bien plutôt, remplis-toi la panse, demeure en gaité jour et nuit… Accoutre-toi de beaux habits, lave et baigne ton corps, regarde avec tendresse ton petit qui te tient la main, et fais le bonheur de ta femme serrée contre toi ! Telle est la seule perspective des hommes ».
Extrait de la légende héroïque de Gilgamesh, roi mythique de la ville méridionale d’Uruk en Mésopotamie (vers 2600 av. J.-C.).
 
 
 
À mon père…
 
 
 
De nombreuses années plus tard, trop tard
Je ne sais toujours pas si tu étais là ce jour de la remise des prix. Comment le saurais-je puisque je ne te l’ai jamais demandé et que tu ne me l’as jamais dit. Et pourtant je suis sûr que tu étais là, blotti au fond de la salle, dans un coin plus sombre pour te protéger du regard des autres. J’aurais tant aimé que tu sois assis au premier rang comme les autres parents. Cela t’aura certainement coûté de demander à ton employeur « Le Bon Lait » quelques heures pour t’absenter, tant ta vie était consacrée au travail.
Bien sûr que tu étais là. Je t’imagine montant la rue de l’Héritan, pédalant avec peine car la côte est assez raide Tu auras posé ton vélo contre un mur, avec soin et loin des voitures garées, celles de parents venus comme toi assister à la cérémonie organisée par mon lycée. Ce jour-là tu portais probablement ton « bleu », propre et bien repassé par maman. Le bleu, c’était pour l’été, l’hiver tu portais un pantalon à cotes de velours, un pantalon « advelu » comme tu le disais dans un patois de chez toi quand tu voulais nous faire rire.
Bien sûr, tu auras probablement attendu que la foule soit rentrée et alors discrètement, sans gêner, tu seras rentré dans la salle. Personne ne t’aura remarqué et si quelqu’un t’a demandé pourquoi tu étais là, tu te seras excusé. Car toute ta vie tu te seras arrangé pour ne jamais déranger les autres, toute ta vie tu as fait en sorte d’être le plus transparent possible, pour ne pas gêner.
Dans un coin de la salle, dans ton bleu de travail, tu auras assisté à la cérémonie des remises de prix. Le lycée avait décerné à ton fils « le prix d’excellence ». On t’aura proposé plusieurs fois de t’asseoir, de te rapprocher mais tu auras gentiment refusé. Et puis mon tour est arrivé, tes yeux se sont mouillés et ton menton s’est mis à trembler, comme chaque fois que tu t’autorisais à être ému. Car bien sûr, tu étais ému et fier de ton fils dans ce coin de la salle, sombre, loin des regards des autres. Et puis aussi discrètement que tu es arrivé, tu auras quitté immédiatement la salle, tu seras remonté sur ton vélo et tu seras rentré à la maison.
Tout au long du chemin de retour, tu te seras dit que ce n’était pas la place d’un fils d’ouvrier d’être ainsi récompensé et applaudi par « la haute ». La haute, c’est ainsi que tu désignais les gens riches, que tu avais délibérément déclarés comme inaccessibles, différents et supérieurs à toi. Deux mondes, le tien, celui des « petits » et le leur qui ne pouvaient jamais se rejoindre, le tien infiniment respectueux du leur.
Tu nous disais souvent « on naît pauvre, on meurt pauvre », ou bien encore « on naît fils d’ouvrier, on meurt ouvrier ». Comme un héritage génétique transmis de génération en génération. Et le long de cette règle si simple qu’elle en devenait inéluctable, tu as tracé ta vie au cordeau. Refrénant tes joies, modeste dans tes projets, résigné dans ton ambition mais toujours si respectueux et soucieux de tes obligations de pauvre. Tu as accompli ta tâche d’ouvrier avec application, porté le fardeau de ta vie sans jamais te plaindre et sans un mot de travers sur les autres.
En dehors de quelques bribes qu’il nous fallait t’arracher, tu nous parlais rarement de ta vie D’avant ta rencontre avec maman, nous ne savons quasiment rien, comme si tes souvenirs d’enfant, ta vie de jeune adulte ne méritaient pas d’être évoqués. À passer en pure perte. Circulez, il n’y a rien à entendre. Et puis, comme si ce début de vie dont nous savons qu’il a été difficile et douloureux ne suffisait pas, il y a eu la guerre et ces six ans d’absence qui auraient dû te « casser » si maman n’avait pas été là.
Tu as vécu en silence, tu nous as aimés en silence. Sans exhibitionnisme, d’une affection profonde, vraie, pure comme l’a été ta vie, avec un sens aigu de tes obligations de père et d’époux. D’une affection que beaucoup d’enfants, moins chanceux que nous, auraient aimé avoir à la maison, même si notre maison était une maison de pauvres.
 
Alors, ne m’en veux pas de t’avoir désobéi, d’avoir enfreint la règle, ta règle « on naît fils d’ouvrier, on meurt ouvrier ». Je l’ai fait pour toi et pour que tu sois fier de ton fils. Pour te prouver que cette ligne de partage que tu pensais infranchissable est transgressive, sans pour autant renoncer aux principes de vie qui ont été les tiens et que tu m’as laissés en cadeau.
 
 
 
Au pays du dragon
 
 
 
Septembre 1994-Avril 1997… Naissance d’un projet fou au pays du dragon
Il est 13 heures Aéroport international… Notre avion vient d’atterrir à Ho Chi Minh City après une escale à Singapour. Je découvre le Vietnam d’abord du ciel. La ville immense paraît se lover, indolente, dans les méandres du fleuve et de ses nombreux bras qui traversent de part en part l’agglomération. Le fleuve charrie une eau marron et ressemble à un gigantesque reptile échoué sur la ville qu’il semble avoir pris en protection. En approche au-dessus de l’aéroport, je remarque par le hublot l’alignement le long des pistes des abris militaires mentionnés dans tous les guides, des demi-cylindres en béton armé de forte épaisseur ancrés dans le sol, ouverts aux deux extrémités et censés protéger les avions et hélicoptères en cas de bombardement. Image peu rassurante et qui nous rappelle à une histoire dramatique récente. Un escalier de piste est avancé pour permettre le débarquement des passagers. Je descends la passerelle et je fais mes premiers pas sur le sol vietnamien entre deux rangées de militaires, armes au poing. Serrés les uns contre les autres dans leurs tenues kaki, au garde-à-vous, ils constituent un rempart canalisant les passagers vers les bus qui doivent nous conduire au terminal. Cela ne ressemble en rien à un message de bienvenue : visages crispés et regards impassibles, ils nous dissuadent de toute tentative pour échanger un sourire.
Nous empruntons des bus d’un autre âge ; assis sur des banquettes en bois revernies pour la circonstance et aussi inconfortables pour un adulte que l’étaient les bancs de mon école primaire, je découvre l’environnement de l’aéroport. Nous passons tout près des fameux abris militaires aperçus au moment de l’atterrissage, quelques hélicoptères y stationnent comme abandonnés sous la poussière, leurs pales immobiles courbées vers le sol paraissent résignées, vestiges d’un temps où pourtant la guerre des airs faisait rage. Les bâtiments de l’aéroport sont vétustes malgré les efforts faits pour leur redonner un certain lustre, tout comme les camions de pompier, qui paraissent oubliés dans des hangars de fortune le long des pistes.
Nous pénétrons dans le terminal barré par un alignement de cabines ouvertes, sortes de guérites, contenant chacune un douanier. Ils sont si nombreux que le choix de la bonne file est hasardeux. Dans leurs uniformes kaki, ils nous font comprendre par leur questionnement minimaliste et surtout par leur silence et leurs faces patibulaires que le coup de tampon libérateur est un acte sérieux et qui se mérite. Ce jour-là, je suis pour mon douanier un numéro correspondant au visa que j’ai obtenu à l’ambassade du Vietnam en France. Malheureusement, il me manque deux photos d’identité pour réussir mon examen de passage. Je comprends par les indications que me donne le douanier que je dois me diriger vers une autre salle où se trouvent précisément les cabines photos. Après avoir compris comment les utiliser, je suis de retour vers mon douanier préféré, pour obtenir enfin la délivrance. Je me dirige alors vers le hall à bagage et je suis agréablement surpris de constater que ma valise est déjà arrivée. L’ambiance dans cette zone de l’aéroport est différente : les employés ont de larges sourires et montrent un empressement sincère pour nous rendre service et nous être agréables. Même si la police veille ! La liberté n’est pas pour autant acquise à ce stade de la procédure. Il nous faut encore franchir une nouvelle barrière toute parée de vert kaki, remplir et remettre des nouveaux formulaires attestant que nous ne transportons rien d’illicite au regard de la loi vietnamienne. Engagement sur l’honneur mais validé par un passage des bagages aux rayons X tout de même.
Enfin la sortie et quelle sortie ! Une foule immense s’est amassée derrière de hautes grilles protégeant l’accès à la salle de débarquement. Ils sont là pour accueillir un membre de leur famille, un ami, un visiteur, parqués derrière ce grillage que certains, plus intrépides ont escaladé, comme des animaux en cage. Des centaines de visages, de paires d’yeux s’offrent à nous, des centaines de larges sourires c

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