Afficher son identité, protéger sa vie privée ?
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Description

Les jeunes affichent-ils sans réserve leur vie privée sur internet ? Sont- ils imprudents quand ils fréquentent les réseaux sociaux ? Et les adultes ? Ne s’expriment-ils pas souvent plus facilement face à des inconnus qu’en présence de leur conjoint ? Quel plaisir trouvent-ils à partager les petits potins de leur vie quotidienne à leurs « amis » virtuels ? Internet a-t-il produit une société exhibitionniste ? Et la téléréalité ? Rejoint-elle les travers voyeuristes de tout un chacun ?

La nécessité de se faire connaître aux autres, de se dire, de communiquer son identité est un besoin humain fondamental. Une condition sine qua non pour être reconnu et exister.
 Et le besoin de protéger certains aspects de son intimité est aussi une question de survie.
Ces deux besoins — de s’exposer et de se protéger — sont-ils tellement différents aujourd’hui qu’hier ? Les nouvelles technologies de la communication ont-elles modifié les frontières de l’intime et du public ? Et quel est l’impact de ces changements sur la manière de nouer des relations ?

Psychothérapeute, philosophe, spécialiste des nouvelles technologies, formateur en éducation aux médias confrontent leurs approches. Des parents font état de leurs expériences heureuses ou douloureuses, de leurs craintes, de leurs questions. Tous incitent en tout cas à porter un regard critique, pour que les nouvelles technologies soient synonymes de mieux-être.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782931191019
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Afficher son identité, protéger sa vie privée
Dossier n° 97
Sommaire Introduction Questions Identité, espace privé : des besoins variable s Se risquer au regard des autres pour exister Journal intime vs blog Jardin secret, espace privé Dans la vie Facebook et moi… Mon jardin — pas du tout secret — sur la toile Et quand on est témoin de propos suicidaires… Quand le secret n’est plus un jeu d’enfant Les relations L’intimité amoureuse sur Facebook Pour vivre heureux, vivrons-nous cachés… ou exposés ? Quand on s’aime, on se dit tout ? L’éducation Les jeunes et internet : extimité ou inconscience ? Internet à la maison : ami ou intrus ? Parce que l’éducation aux médias s’ancre dans une éducation globale préalable Conclusion Boîte à outils
Introduction
Voilà bien un dilemme, cette double aspiration des humains d’aujourd’hui comme de ceux d’hier. Il faut dire aux autres qui l’on est si l’on souhaite en recevoir en retour une forme de reconnaissance. Parce que c’est par le regard des autres qu’on se sent exister et que l’on construit peu à peu son identité. Mais il faut aussi protéger une part de soi, que l’on se réserve à soi-même ou aux intimes. Parce que le regard et le jugement des autres peut être meurtrier, destructeur.

Ce double mouvement existe probablement depuis le début de l’humanité. Mais les moyens qui permettent aujourd’hui de se projeter face au regard des autres ont considérablement évolué. Les émissions de téléréalité divulguent à tous les amateurs les secrets les plus intimes de ceux qui y participent. Avec les blogs et les réseaux sociaux, on peut en quelques clics rendre accessible à une multitude d’internautes, connus ou non, des données personnelles qui ne se transmettaient hier que dans un cercle restreint. Est-ce un bien, est-ce un mal ?

A ce jeu, les plus jeunes semblent les plus fragiles, justement parce qu’ils sont en phase de construction de leur identité. Soucieux de savoir qui ils sont, avides de reconnaissance, ils risquent de s’exposer trop dangereusement à des désagréments divers : les prédateurs sexuels ou autres, les arnaqueurs de tous bords, les malveillants, les harceleurs… Les images d’eux-mêmes qui font leur fierté aujourd’hui, en particulier quand ils jouent avec les limites, pourraient se retourner contre eux à l’avenir… On rappelle assez que les employeurs se renseignent de plus en plus souvent par ce biais sur les candidats à un emploi. Un jeu dangereux : c’est la manière dont beaucoup d’adultes appréhendent et évoquent les pratiques de leurs enfants dans l’espace numérique.

Au départ de cette inquiétude, un groupe de parents a voulu s’interroger et aller plus loin que les sentiments de peur ou de fascination. Ils ont partagé leurs expériences et ont interrogé différents spécialistes. Les besoins de s’afficher sont-ils tellement différents aujourd’hui ? Le rapport a l’intime et à la vie privée a-t-il changé ? Les plus jeunes font-ils vraiment n’importe quoi ? Comment les accompagner ? Quel doit être le rôle des parents ? Et les adultes, quelles sont leurs pratiques ? Les nouvelles technologies leur ouvrent-elles les portes d’une communication facilitée ? Les relations amoureuses qui se nouent par internet sont-elles plus fragiles ? Et quels sont les effets d’internet sur les relations de couple ?

Lors des échanges, les points de vue et les analyses étaient souvent multiples, parfois très opposés. En fonction des générations, des expériences de chacun. Certains sont spontanément réticents et attentifs aux dangers, quand d’autres voient les incroyables possibilités des nouvelles technologies.

Mais au-delà de ces différences, la question fondamentale est de savoir comment vivre les relations aux proches, au cercle d’amis, aux anonymes dans un univers de communication quasi instantanée. C’est en tout cas la question qui a animé tout le travail du groupe qui a réalisé cette étude. Nous espérons que les approches proposées permettront aux lecteurs de porter un regard plus critique sur les réalités actuelles et sur leurs propres pratiques. Dans une société qui se complexifie, c’est le meilleur gage pour se réapproprier sa vie et l’orienter dans la direction que l’on souhaite.

José Gérard,
Couples et Familles
Éditions Feuilles Familiales
Questions
Identité, espace privé : des besoins variables
Le besoin de connaître et de faire connaître son identité, comme celui de préserver un espace privé, varient d’une personne à l’autre. Peut-être changent-ils aussi quand on avance en âge…

Recherches d’identité

Comment parler juste quand on cerne mal le sens ultime des mots « identité » et « vie privée » ? Que de discussions à leur propos ! Et si nous évoquions d’abord cette fameuse identité ? Il y a des lunes qu’on voit courir le monde à sa recherche. Ce doit être important, donc ! Mais pour moi ce n’est pas clair. Bien sûr, certains aspects m’en apparaissent évidents. Par exemple, la démarche de nombreux immigrés qui se sentent mal parce que arrachés à leurs racines et assis entre deux chaises, entre deux cultures : le pays d’origine les pousse à une certaine lecture du monde ; le pays d’accueil en propose une autre. Alors, qui sont-ils face à ces contradictions ? Comment concilier les deux ? Que garder, que rejeter, que prendre ?

Je conçois bien aussi la démarche obsédée d’enfants adoptés, ou encore orphelins depuis la prime enfance, qui cherchent à percer le secret de leurs origines ; à savoir pourquoi ils ont été abandonnés ou comment leurs parents sont morts… « D’où viens-je ? » : question numéro 1 !

Je m’explique aussi la quête adolescente en vue de répondre aux grandes questions existentielles qui font irruption dans leur conscience : « Qui suis-je ? Que suis-je venu faire sur terre ? À quoi suis-je appelé ? Quelle est ma spécificité ? Que vais-je devenir ? ».

Enfin, comme toute personne qui vit, ou en a vécu l’expérience, je réalise combien la rencontre d’un véritable amour, ce fameux « tu » qui fait advenir le « je », constitue vraiment une belle aventure identitaire — entre autres !

« Qui suis-je ? » ou « Quand suis-je ? »

Bon, voilà qui est dit. Mais en ce qui me concerne aujourd’hui, qu’en est-il ? Serait-ce un effet de l’âge ? Je me demande si c’est tellement important, la question de mon identité. Est-ce parce que j’en ai reçu — ou trouvé — plus ou moins une ? Est-ce vraiment si capital de me définir ? Pourvu que je ne perde pas la carte… y compris la carte électronique, sans laquelle je n’existe juridiquement pas et n’ai accès à rien d’officiel ; sans laquelle je ne puis ni me loger, ni travailler, ni voyager, ni même être inhumée !

Suis-je devenue ce que je suis ? Je ne m’en inquiète plus tellement. Je me demanderais plutôt : « Quand est-ce que je me sens vivre ? Exister ? ». Franchement, ça ne peut pas être quand j’apparais sur Google ou Facebook, même si je trouve internet for-mi-da-ble ! C’est plutôt, notamment… quand j’aime et me sens aimée, quand je crée quelque chose qui me plaît, quand j’invente quelque chose qui m’exprime, création à partager, bien sûr, avec au moins une personne dont je me sente appréciée, ou qui me rejoigne…

Se sentir être ! Voilà la question, dirait Shakespeare. Je suis, lorsque je respire à fond ; lorsque je me sens libre ; lorsque je travaille à un projet qui me semble bon ; lorsque je écouvre quelqu’un de beau, et que son mystère résonne au plus profond de moi…

C’est cela qui remplace ou recentre dans ma vie l’abrupte question identitaire. Peu à peu, le moi devient moins important au profit de l’être, cette chose intraduisible et pourtant si… essentielle. Voilà pour mes songeries sur l’identité.

Indispensable espace privé

Abordons maintenant la question de la vi privée. Le rapport avec l’identité ne m’apparaît pas d’emblée, mais il existe ! Par exemple, on parlera de la soif d’un refuge pour « se retrouver » tranquillement…

Sa vie privée, quoi qu’on en dise, on y tient ! Parce qu’on en a besoin, à des degrés divers. Si, si ! Même les super people et les m’as-tu-vu ! C’est un droit, une nécessité, une question de survie… On ne peut pas tenir le coup sans elle, dans ce monde de brutes, comme disent certains. Et d’abord, on en a besoin pour souffler, pour dormir en paix. Penser à ces dortoirs immenses où des enfants, des adultes, au pensionnat ou dans les camps, étaient censés s’abandonner aux bras de Morphée sous le regard inquisiteur du surveillant, ou dans l’indiscrétion des voisins de chambre pas souvent choisis… Sans compter le bruit, ce tueur de repos.

Espace privé, espace d’intimité permettent de relâcher le qui-vive, la vigilance ; c’est le lieu de retrouvailles avec soi, avec l’être cher, en petit comité, en famille. Mais même en famille, qui ne rêve de détenir sa propre chambre, pour y secréter tranquillement sa coquille ?

Oui, je pense que même les gens qui ne se sentent exister qu’en public ont besoin de s’isoler tôt ou tard ; y compris les angoissés que terrorise la solitude entre les murs ; ce retrait leur est nécessaire, ne serait-ce, hélas, que pour se droguer en paix, regarder un film qui les saoule, pratiquer leurs interdits, être hors-la-loi en sécurité ; ou tout simplement s’affaler pour dormir.

Quant à la personne qui n’a rien à cacher (cela existe-t-il ?), pour celle-là, en irait-il autrement ? Bien sûr que non. Elle aussi a besoin d’un havre où se laisser aller sans se plier à toutes les exigences sociales. Il y a une foule de choses inadéquates en public, même si c’est hautement moral. Comme de se dévêtir, méditer, faire le point, rêver à ce qui est joli, se concentrer sur un projet, réfléchir à une solution, étudier, lire, s’adonner à la peinture… Jouir du silence aussi, ou écouter une sonate de Mozart… en solitaire, à quelques-uns… Et puis encore, échanger des caresses et de l’amour.

Rejoindre son espace privé, c’est, dans le meilleur

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