Art-thérapie et états-limites
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Art-thérapie et états-limites , livre ebook

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Description

Cet essai s'adresse aux soignants paramédicaux en et hors institution de soins partageant un intérêt et des interrogations pour l’amélioration de la prise en charge de patients états limites.

L’auteur présente des cas de sujets présentant une pathologie des états limites et en dégage des particularités spécifiques dans la prise en charge en art-thérapie. L’intérêt de cet essai est de montrer en quoi et comment l’art-thérapie contribue à la responsabilisation et à l’autonomie par le choix de cette médiation par l’art, et ceci dans une volonté de participer à une dé-stigmatisation de la maladie mentale ainsi qu'à l’amélioration des connaissances en matière de pratiques soignantes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 août 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332940957
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-94093-3

© Edilivre, 2016
« D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » 1
Gauguin a laissé plusieurs traces sur son but et son envie du pourquoi de ce tableau testament. Il écrit alors à son ami Monfreid sur les circonstances de l’élaboration de « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » :

« Il faut vous dire que ma résolution (de suicide) était bien prise pour le mois de décembre. Alors j’ai voulu, avant de mourir, peindre une grande toile que j’avais en tête et, durant tout le mois, j’ai travaillé jour et nuit dans une fièvre inouïe […]. L’aspect est terriblement fruste […]. On dira (« dira » ?) que c’est lâché, pas fini . » P Gauguin
Il la réalise en novembre 1897. Le tableau est conçu comme un ultime testament, un sommet monumental de son évolution personnelle et artistique. Il est conçu comme une fresque. Gauguin présente plusieurs groupes de personnages selon les différentes étapes de la destinée humaine :
• A droite près d’un bébé endormi, trois jeunes filles à l’air songeur sont assises ;
• Derrière elles, deux femmes en robe pourpre discutent sous le regard d’un homme massif qui a la main derrière la tête ;
• Au centre, représentant le milieu de la vie, un homme cueille un fruit ;
• Au fond une idole veille sur un enfant entouré de deux chats et une chèvre et sur une femme vêtue d’un pagne ;
• A l’extrême gauche une vieille femme recroquevillée semble attendre la mort auprès d’un oiseau blanc tenant dans ses pattes un lézard image « de l’inutilité des vaines paroles »
Ce tableau est une véritable fresque peinte de couleurs orangées avec un fond bleuté du tableau d’où se détachent végétation, oiseaux, ciel et montagne. Il semble bien que Gauguin est atteint, ici, son but et il le dit lui-même : «… Je crois que non seulement cette toile dépasse en valeur toutes les précédentes, mais encore que je n’en ferai jamais une meilleure ni une semblable. J’y ai mis là avant de mourir toute mon énergie… »
Au moment où il vient de terminer son tableau, le bateau arrivant de France le 30 décembre 1898, ne lui apporte aucune nouvelle et pas plus d’argent. Alors il sait qu’il va se suicider. Le soir du Nouvel an 1898, il s’avance sur le sentier qui mène aux collines… Paul a glissé dans sa poche une boîte contenant de l’Arsenic… Arrivé au sommet il se laisse tomber dans les fougères et avale le produit. Gauguin en a pris une trop forte dose, il se met à vomir, est pris d’étourdissements en même temps que son cœur bat à se rompre. Il souffre affreusement mais il est toujours vivant. A l’aube il redescend et se résigne à vivre.
Cette toile résume les pensées et la vision du monde par Gauguin, il n’est en aucun cas l’image directe de l’impact sur son œuvre de son état de santé. Le thème a été choisi par le peintre, sa réalisation reste classique et dans le cadre de sa peinture « tahitienne ». Il n’est n’en est pas moins vrai, que la dépression est une maladie et c’est elle qui a inspiré le tableau.
Nous verrons dans cet essai que le suicide est une préoccupation contre laquelle lutte avec une force effrénée les patients états-limites pour se libérer de leurs angoisses sans accéder à une dépression contrairement à P.Gauguin dans la période où il peint cette œuvre. Certaines pratiques soignantes dont l’art-thérapie participent d’une nette amélioration et stabilisation des états-limites amenés parfois à vouloir en finir avec cette difficulté à vivre.
La pratique de l’art-thérapie permet-elle de dépasser certaines crises et d’éviter des fins marquées par l’unique réponse définitive de la destructivité ?
1 Œuvre de Paul Gauguin « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » est une peinture les plus connues de Paul Gauguin. Peinte à Tahiti en 1897-1898, elle est maintenant conservée au musée des beaux-arts de Boston, dans le Massachusetts, aux États-Unis.


A ma fille Alexia qui nous a quittés prématurément,
« Apprivoiser la mort c’est la contraindre de se lier à la vie » 2
2 Green André La folie privée psychanalyse des cas-limite Gallimard, Paris, 1990, p. 283.
Préface
Du Dr M. CARDENAL 3
Les états-limites représentent un objet d’intérêt essentiel pour les soignants pour autant qu’on veuille bien ne pas y voir une catégorie fourre-tout ni un simple intermédiaire entre la névrose et la psychose. L’approche psycho dynamique de la personnalité est importante pour comprendre que l’organisation état-limite possède un fonctionnement psychique qui lui est propre et intrinsèque à son développement (angoisse de perte d’objet, relation d’objet anaclitique, mécanismes de défense narcissiques, moi vacuolaire, etc…).
L’art-thérapie s’avère aujourd’hui encore trop peu utilisée avec ce type de patients. Or l’application de l’art-thérapie aux sujets états-limites apparaît d’une pertinence certaine pour deux raisons essentielles : la première est l’espace transitionnel qu’elle offre à ces patients, espace où peut se rejouer tous les aménagements psychiques inhérents à l’organisation état-limite (limites intérieur/extérieur précaires, difficultés corporelles, angoisse d’abandon, étayage narcissique…) ; la deuxième est l’exploration de la sphère imaginaire chez ces sujets particulièrement développée du fait du défaut de symbolisation qui les caractérise.
Utiliser l’art-thérapie permet de redonner aux patients états-limites leur position de sujet à part entière en les faisant acteurs de leur création et les libérer ainsi d’un enfermement, à tort, dans un aspect trop souvent purement descriptif et symptomatologique. Utiliser l’art-thérapie chez les sujets états-limites c’est aussi apporter des clés aux équipes soignantes, très souvent démunies face à ce type de patients, afin de leur permettre de valoriser leur pratique au quotidien.
Voilà tout l’enjeu de cette articulation art-thérapie/états-limites que Monsieur Jean-Loup Vachon, cadre de santé profondément humaniste et particulièrement dévoué à sa fonction de soignant, s’est attaché à mettre en évidence dans ce travail passionnant de réflexion et d’analyse.
3 Psychologue diplômées d’études universitaires générales des sciences humaines et sociale mention psychologie, Doctorat de psychopathologie. Licence de psychologie ; Maitrise de psychologie. Diplôme d’université criminologie, victimologie et psychopathologie medio légale. Diplôme d’études approfondies de psychopathologies.
Introduction
L’exercice de ma fonction d’infirmier en psychiatrie depuis 1993 de cadre de santé et de directeur de soins en psychiatrie depuis 2001 m’avait amené à conduire des projets de thérapies médiatisées auprès de différentes populations (enfant, adulte, personnes âgées).
Cet écrit « Art-thérapie et état-limite » s’adresse aux soignants dans leur pratique quotidienne intra et extra hospitalière au sein d’un travail pluridisciplinaire de l’art-thérapie dont nous apprécierons les nuances avec les autres médiations à visée thérapeutique.
En effet, j’adresse ma réflexion théorique et pratique au personnel soignant en santé mentale qui souhaitent mettre en œuvre et/ou pratiquer les médiations thérapeutiques avec la médiation artistique.
Je vais traiter dans cet ouvrage de l’intérêt de l’art-thérapie auprès de patients présentant spécifiquement un trouble de la personnalité état-limite 4 (Il est à noter que le terme état-limite a été préservé dans le DSM V).
Nous sommes infirmiers, psychologues, ergothé­rapeutes, psychomotriciens (exerçant tous dans un cadre règlementé de notre profession) confrontés dans notre quotidien à la difficulté de la prise en charge hospitalière par les médiations. La création artistique dans les activités thérapeutiques médiatisées ont un intérêt particulier dans la prise en charge en santé mentale. Les patients « états-limites » réputés au contact difficile mettent souvent en échec la prise en charge soignante traditionnelle de par la complexité de leur structure psychique et de la spécificité de leur relation à l’autre. J’ai constaté que l’art-thérapie était un soin bien approprié par les soignants en institution pour les patients psychotiques et souvent délaissé pour les patients états-limites de par la difficulté de leur prise en charge.
Concernant la terminologie nosographique, j’utiliserai volontairement le terme d’état-limite. En effet ce terme est plus usité par les courants théoriques d’orientation psychanalytique en référence à leur structuration psychique et non de leurs troubles occasionnés par leur personnalité (Trouble de la Personnalité Borderline).
Aussi, je souhaite souligner l’enjeu de santé publique soulevée pour une prise en charge efficiente des sujets états-limites. En effet dans un contexte d’interrogation 5 et de travaux de la mission sur la santé mentale et de questionnement sur l’avenir de la psychiatrie et de ses contradictions 6 sur le concept de santé mentale 7 nous allons explorer un champ de la psychiatrie au travers de cet essai celui de la prise en charge des états-limites par les médiations artistiques thérapeutiques. En effet le concept d’art-thérapie n’est pas encore admis, ayant encore du mal à se forger une entité juridique dans son exercice professionnel hospitalier en France.
Néanmoins quel que soit la terminologie utilisée, il n’en reste pas moins qu’il est intéressant de constater que concernant les projets pour ces 2 à 3 % de la population générale que sont les états-limites ; les projets de soins ne pèsent finalement jamais très lourd dans les projets de soin hospitaliers. Aussi, le « Plan psychiatrie santé mentale 2005-2008 » ne concernait explicitement à aucun moment les personnes états-limites et pourtant

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