L Art de l enquête criminelle
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L'Art de l'enquête criminelle , livre ebook

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Description

Dans les démocraties occidentales le monde des enquêtes criminelles est vaste et souvent méconnu. Notamment les enquêteurs privés, qui, s’ajoutant à ceux de la police, œuvrent dans les services internes de sécurité, au sein des banques, grandes compagnies commerciales, assurances, aéroports, ministères…Véritable état des lieux basé sur la théorie et la pratique, ce livre répond à toutes les questions que l’on peut se poser sur le sujet. Comment l’enquête criminelle est-elle pratiquée par les enquêteurs compétents ? Quelles méthodes s’avèrent les plus performantes ? Comment réussir une enquête rapidement ? Comment enquêter sans porter atteinte aux droits et aux libertés ? Quelles sont les meilleures stratégies ? Quelles sont les caractéristiques de l’enquête scientifique ? Les progrès de la science et du numérique ont-ils rendu l’enquête plus efficace ? Pour quelles raisons une investigation réussit-elle alors qu’une autre échoue ? Les taux de solution ont-ils un impact sur les taux de criminalité ? Que faut-il savoir sur le droit de l’enquête ? Les réponses à ces questions s’appuient sur de nombreux cas réels (agressions sexuelles, fraudes, homicides, introductions par effraction, incendies criminels) ainsi que sur les connaissances scientifiques et juridiques sur l’enquête et sur la criminologie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 mars 2020
Nombre de lectures 22
EAN13 9782380940404
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PRÉFACE
J E ME SUIS INTERÉSSÉ AUX TRAVAUX de Maurice Cusson il y a quelques années, alors qu’on me demandait de construire et de dispenser un cours de criminologie à l’Université permanente de Nantes. Mon métier de commissaire de police effectué à la police judiciaire pendant près de quarante était alors derrière moi ; ces nouvelles lectures arrivaient donc un peu tard pour m’être utiles professionnellement.
Pourtant, ses ouvrages m’auraient permis, j’en suis certain, de comprendre et de formaliser nombre de réalités perçues plus ou moins confusément lors des diverses enquêtes que j’ai eu à connaître, de rationaliser et d’optimiser mes savoir-faire, de structurer davantage mes idées, et de modéliser les expériences acquises au quotidien sur le terrain.
Maurice Cusson a en effet une approche stratégique du phénomène criminel ; lors d’un discours prononcé en 2010, il expliquait très justement que le délinquant, la victime et le policier « s’adaptent les uns aux autres dans un jeu imprévisible d’actions et de réactions, d’attaque et de défense, de mesures et de contre-mesures, de dissuasion et de contre-dissuasion. Chacun essaie d’anticiper le prochain mouvement de l’autre, de le déjouer, de s’y adapter, de le contrer. Les délinquants cherchent les points faibles des dispositifs de sécurité, ils les déjouent, ils les neutralisent, ils inventent de nouvelles tactiques criminelles que les acteurs de sécurité devront apprendre à prévenir et à déjouer ». Aujourd’hui, la transmission de mon vécu professionnel – que ce soit au travers de cours, de conférences, de livres, de débats ou encore d’émissions de télévision – constitue une de mes occupations essentielles.
C’est cette volonté de transmission qui m’amène à conseiller aux policiers, aux gendarmes, aux magistrats, mais aussi à tous ceux qui s’intéressent à cette maladie sociale qu’est le crime, de lire ce livre, de s’en imprégner et d’en garder à l’esprit les principes essentiels lors des enquêtes qu’ils auront à connaître.
Le titre – « L’Art de l’enquête » – suscite à lui seul la réflexion. L’enquête serait donc un art, comme on en qualifie parfois la médecine. Aurais-je été un artiste sans le savoir pendant quarante ans ? À l’heure où l’on ne parle que de police technique et scientifique, ce titre peut interpeller. Pourtant, artiste, oui, je crois l’avoir été, tout comme les médecins le sont.
Les médecins soignent des gens atteints de diverses maladies ; les enquêteurs et les magistrats soignent une société atteinte par les crimes et délits. Les médecins interrogent le malade ; les enquêteurs interrogent les victimes et les suspects. Pour conforter leur diagnostic, les médecins font appel à la technique, radio, scanner, et autres analyses ; les enquêteurs, eux, pour confronter leurs doutes et asseoir leurs hypothèses, ont recours à l’examen de la téléphonie, à la physique, à la biologie et à la médecine légale. Les cas les plus nombreux, les moins sérieux, sont traités par les médecins de ville, à l’image des commissariats et des gendarmeries. Les cas les plus graves, les plus complexes, les « belles » pathologies comme les « belles » affaires – qui ne sont belles que pour ceux qui les traitent – sont confiées à des services spécialisés.
Dans cet ouvrage, Maurice Cusson et Guillaume Louis reprennent ce parallèle en l’appliquant à l’enquête elle-même :
 

L’enquête peut être conçue à l’image du diagnostic médical. Quand il pose son diagnostic, le médecin généraliste, premièrement, examine son patient, l’ausculte, le soumet à des tests et à des radiographies et fait le relevé de ses symptômes ; deuxièmement, partant du faisceau de symptômes ainsi constatés, le médecin identifie… la maladie dont souffre ce patient ; troisièmement, il prescrit un traitement reconnu comme étant le plus approprié à la maladie ainsi diagnostiquée. Le médecin et son patient tombent bien sûr d’accord sur le fait que le diagnostic est sans intérêt s’il ne débouche pas sur un plan de traitement adapté à la maladie et individualisé.
Imaginons qu’un détective inspiré par l’exemple de son médecin décide d’entreprendre une démarche semblable. Dans un premier temps, il examinera la scène du crime, posera des questions aux témoins et aux protagonistes, fera des prélèvements de traces. Dans un deuxième temps, il se demandera : à quelle catégorie criminologique appartient ce crime que j’investigue ? S’il constate que le crime en question correspond à un type de crime ou à une tactique criminelle qu’il connaît, l’enquêteur y verra plus clair et il échafaudera des hypothèses fécondes et suivra des pistes prometteuses. S’il trouve réponse à ses questions, il proposera des solutions : poursuites au criminel ou mesures préventives, réparatrices ou dissuasives adaptées au crime, au criminel et à la situation. (Chapitre 6 « Science et vérité : le diagnostic, les hypothèses et l’abduction »)
 
Les policiers, comme les médecins, sont sans cesse à la recherche de dosages, d’équilibres subtils notamment entre le préventif et le curatif, entre la défense et la poursuite, entre la présomption d’innocence et la mise en cause d’un suspect, entre les libertés publiques et les actes coercitifs indispensables à l’enquête.
L’art de l’enquête est la recherche de cet équilibre fragile entre un enquêteur compétent et combatif qui recherche l’auteur de l’infraction, un enquêteur scientifique qui recherche la preuve, la vérité, et un enquêteur, charnière entre le fait et le droit, qui recherche la justice ou la vérité judiciaire, à l’image des trois têtes de Cerbère, Stratios, Epistêmê et Aequitas .
Cet ouvrage s’appuie sur de nombreux exemples, de nombreux cas pratiques, des chiffres et des données concrètes. Il ne s’agit pas d’un travail de réflexion mené hors sol comme savent le faire certains théoriciens qui manient des concepts sans ancrage dans le réel.
Maurice Cusson et Guillaume Louis citent et s’appuient notamment à plusieurs reprises sur les travaux du lieutenant-colonel Jérôme Baraltier, docteur en criminologie de l’université de Lausanne et praticien de l’enquête. Officier de gendarmerie depuis vingt ans, après avoir servi en compagnie départementale et en section de recherche, il est actuellement affecté au pôle judiciaire de la gendarmerie nationale, un poste stratégique pour compiler des données et en faire l’analyse.
C’est une vraie satisfaction que de voir les travaux d’un authentique criminologue français utilisés par les auteurs de ce livre ; en effet, depuis un certain nombre d’années, la criminologie française a été phagocytée par des marchands de théories sécuritaires suffisamment adroits dans l’exercice médiatique pour faire prospérer leur commerce.
Cet ouvrage pose, enfin, à mes yeux, une question essentielle : l’enquête – réussie – contribue-t-elle à la réduction des taux de criminalité ? Autrement dit, l’enquête pénale, qui, nous le savons, a une finalité répressive, aurait-elle également des vertus préventives ?
Les éléments de réponse apportés tendent à établir que tel serait le cas : un fort taux d’élucidation dans une catégorie de crimes ou de délits entraînerait corrélativement une baisse de ceux-ci. C’est vraisemblable, mais les auteurs vont plus loin en affirmant que l’enquête « donne des dents à la prévention », notamment « en faisant découvrir, à l’occasion des enquêtes, des brèches dans nos systèmes de sécurité et en recommandant la mise en place de mesures préventives ».
Nos politiques, qui affichent, pour les uns, un tropisme répressif marqué et, pour les autres, une politique axée sur la prévention, auraient tout intérêt à s’inspirer des travaux de Maurice Cusson et Guillaume Louis pour éviter cet effet de balancier socialement déstabilisant et inefficace.

Jean-Marc Bloch, contrôleur général honoraire de la Police nationale
AVANT-PROPOS Cerbère et les trois théories de l’enquête
L A MYTHOLOGIE NOUS RACONTE que les portes des enfers étaient gardées par un chien monstrueux appelé Cerbère. Cet animal laissait entrer les ombres des morts dans l’enfer pour ensuite les empêcher d’en sortir, assurant ainsi l’équilibre des mondes. La bête avait trois têtes. La première, Epistêmê, était la tête scientifique et recherchait sans cesse la vérité. Mais Stratios, la deuxième tête de Cerbère, ne lui laissait pas le temps d’assouvir sa soif inextinguible de savoir. Cette tête était la plus terrifiante. Stratégique, elle aimait mordre les malheureux qui étaient envoyés vers le Phlégéthon, le fleuve qui emprisonnait d’un anneau de feu les criminels condamnés au supplice. Et entre ces deux têtes se trouvait Aequitas. Éprise d’un souci d’équité et de juste milieu, elle cherchait à faire prévaloir la justice et le droit, modérant les ardeurs des deux premières têtes.
Un jour, Epistêmê, la tête scientifique de Cerbère, prit la parole :
– Permettez-moi de vous expliquer la méthode que j’adoptai quand un chef d’une grosse entreprise commerciale me demanda de rechercher la vérité sur une série de vols commis par des employés de son entrepôt d’un pays appelé Hiver. Je commençai par analyser les données sur les pertes de l’entreprise occasionnées par les vols. Quels sont les produits le plus souvent volés ? Dans quels secteurs de l’entrepôt les articles volés se trouvaient-ils ? Dans les bases de données de l’entreprise, j’examinai les antécédents et d’autres informations sur les employés rattachés à l’entrepôt et sur ceux qui y pénétraient. Je vérifiai les contrôles d’accès à l’entrepôt et les éventuelles brèches dans le système de sécurité. Puis j’interrogeai les employés de l’entrepôt, les gardiens de sécurité et les visiteurs. Enfin, je puisai dans ma mémoire ce que je savais sur le mode opératoire et les stratagèmes des employés voleurs que j’avais attrapés dans le passé. Ensuite, j’émis plusieurs hypothèses : d’abord, du faisceau de faits constatés dans l’entrepôt et, ensuite, des types de vols internes sur lesquels j’avais déjà investigué. Ces hypothèses m’indiquaient des pist

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