Désordres sur mon dernier chemin
96 pages
Français

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Description

« Ma tâche devait consister à “viser de compenser l’état de fragilité, de dépendance et de difficulté dû à l’âge, à la maladie, au handicap ou aux difficultés sociales par une aide dans la vie quotidienne.” Mon quotidien englobait en réalité la toilette, le ménage, le repassage, les courses, la préparation des repas, parfois le ramassage du courrier, l’achat des médicaments et les démarches administratives. »

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Informations

Publié par
Date de parution 12 octobre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748392616
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Désordres sur mon dernier chemin
Hassina Mokhtari
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Désordres sur mon dernier chemin
 
 
 
 
Désordres sur mon dernier chemin « professionnel »
 
 
 
J’oscillais entre satisfaction et insatisfaction ; le bien-être laissant place à la révolte.
Tel était mon lot quotidien.
Être auxiliaire de vie consistait à assurer, accompagner, assister, stimuler, organiser, aider, accomplir et établir une relation de confiance dans le respect du droit des personnes, sans faire valoir son indispensabilité.
Vivre, c’était exister, espérer, subsister, demeurer, aimer, se sentir aimé, faire partie de ce monde. Tel était le désir profond de tout être.
Cette merveilleuse vie qui, de la naissance à la mort, pouvait se résumer à « espoir ».
Je faisais partie d’une petite équipe de treize à quinze auxiliaires, diplômées ou non. Nous possédions toutes les compétences et qualités nécessaires à l’exercice de cette profession.
L’expérience je l’acquérais sur le terrain, jour après jour, en totale autonomie.
La direction se composait d’une responsable dont le rôle était « d’établir les liens entre les personnes âgées, les créations de prises en charge en coordination avec les partenaires sociaux, afin de planifier les interventions pour une meilleure adéquation par rapport aux besoins, ainsi que les encaissements de la participation financière fixée par les organismes sociaux (but pédagogique). 1
Et de surcroît, d’établir les liens entre les auxiliaires de vie, les diriger dans leurs fonctions, gérer l’administratif et parfois résoudre les difficultés rencontrées. »
Ma tâche devait consister à « viser de compenser l’état de fragilité, de dépendance et de difficulté dû à l’âge, à la maladie, au handicap ou aux difficultés sociales par une aide dans la vie quotidienne 2 . »
Mon quotidien englobait en réalité la toilette, le ménage, le repassage, les courses, la préparation des repas, parfois le ramassage du courrier, l’achat des médicaments et les démarches administratives.
Mon mal-être débuta lorsque je commençai à exercer cette profession qui nécessite de réelles qualités humaines.
Requérant empathie et altruisme, autant à l’égard des aidés que des aidants, je me noyais tout simplement dans cette misère humaine.
Dans un respect des personnes et du secret professionnel, je relaterai tout simplement mon expérience d’auxiliaire de vie.
 
 
 
Qu’est-ce que c’est que la maltraitance ?
 
 
 
Dans quelles conditions pouvait-elle survenir ?
« Les métiers de l’intervention à domicile sont, dans l’économie sociale, parmi les plus touchés par des contraintes physiques. Le stress, le mal-être, la souffrance au travail et leurs conséquences pour la santé représentent une part importante des risques professionnels.
La souffrance au travail, dans l’aide à domicile peut avoir plusieurs sources, et notamment les contraintes “organisationnelles” : c’est-à-dire liées à l’organisation du travail et au contact avec les bénéficiaires, les risques d’agressions verbales et physiques, la durée de travail variable selon les semaines, les jours, le travail le week-end, les coupures dans la journée, les formations et moyens matériels insuffisants et inadaptés pour le travail, le manque d’effectifs, le manque de communication entre professionnels…
Mais également le rapport affectif aux personnes aidées ainsi que le rapport à la maladie et à la mort des personnes aidées. 3  »
Cette souffrance, je l’ai vécue quotidiennement dès mon premier jour au sein de cette profession que l’on nomme « auxiliaire de vie ».
 
 
 
Avril 2009
 
 
 
Lundi 7 avril
La décision fut brutale mais le dépôt de bilan ne me laissait pas d’autre alternative : je devais quitter la gérance du kiosque à journaux, le cœur meurtri.
Ce petit commerce de proximité était ma petite entreprise, je l’avais créée, je l’affectionnai et surtout j’en étais très fière.
Je me devais de retrouver un emploi le plus rapidement possible.
Il était hors de question que je fasse payer à mon mari les pots cassés. Heureusement, ma petite famille était là pour me soutenir ; grâce à eux, j’avais échappé de peu à la dépression et je leur en étais plus que reconnaissante.
La femme d’un médecin, qui se trouvait être l’une de mes clientes, me fit part de ses démarches pour trouver une secrétaire médicale.
Bien que je n’eusse jamais exercé cette profession, je la contactai et lui soumis ma candidature.
Le rendez-vous fut pris pour un entretien avec son mari, puis je décrochai le poste. Je débutai le 17 avril, avec un contrat déterminé de quinze heures par semaine. Je travaillais le mercredi après-midi et le vendredi toute la journée en tant que secrétaire, et je consacrai le samedi matin à l’entretien du cabinet : j’étais payée dix euros de l’heure.
Bien entendu, je m’étais inscrite à l’Agence nationale pour l’emploi et je continuais mes recherches, mes revenus ne me permettant évidemment pas de vivre.
En attendant, je me perfectionnais en informatique en prenant des cours.
Sur mon CV on pouvait lire :
« Responsable famille d’accueil thérapeutique : 15 ans d’expériences en collaboration avec un centre hospitalier. »
J’étais confiante, je pensais qu’il s’agissait d’une bonne expérience à faire valoir, qu’elle m’ouvrirait de nombreuses portes.
 
 
 
Juillet 2009
 
 
 
Un vendredi de juillet, je reçus un message vocal sur mon portable : une femme se présenta en tant que responsable d’une association d’aide à la personne.
Je la rappelai aussitôt, et par chance elle me proposa un rendez-vous pour le lendemain, samedi après-midi.
Je me trouvai en face d’une femme distinguée.
Elle semblait dévouée, puisqu’elle me fit part de son statut de responsable bénévole au sein de l’association. L’entretien se passa très bien.
Je décrochai un contrat à durée déterminée de deux mois, qui serait suivi d’un contrat indéterminé, sous réserve d’acceptation des deux parties.
Le salaire était de douze euros de l’heure en semaine et de quinze euros le dimanche et les jours fériés.
J’avais bien entendu mentionné sur mon CV que j’occupais un poste de secrétaire médicale.
Elle tenta de me convaincre de quitter ce poste afin de me rendre plus disponible.
Je lui fis comprendre que ce n’était pas possible ; j’étais extrêmement reconnaissante envers la femme du médecin grâce à qui j’avais pu retravailler, suite à la perte du kiosque.
De mon point de vue, je me devais de continuer à travailler au cabinet médical.
Elle allait me le suggérer une seconde fois, mais je campais sur mes positions.
Elle me fit savoir qu’une réunion aurait lieu le lundi suivant, avec l’équipe des auxiliaires de vie au complet. Celle-ci avait pour but de prévoir les remplacements de congés annuels.
Puis ma responsable me demanda « si je n’exigeais pas un certain nombre d’heures ». Je lui répondis que non, que je n’avais pas d’exigences particulières.
En quittant la réunion, je me retrouvai avec une quarantaine d’heures par semaine, jusqu’à mi-septembre.
...

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