Anthropologie de l'argent

Paulin Kialo, Amélie Mogoa Boussengui

Description

Pourquoi la société tsogho est-elle passée d'une économie de troc à une économie monétaire? Quels sont les changements socioéconomiques induits chez les Mitsogho du Gabon? S'inscrivant dans le champ de l'anthropologie économique et dynamique, cette recherche s'appuie également sur les résultats d'une authentique enquête de terrain. Confrontant les théories anthropologiques de Marcel Mauss, Bronislaw Malinowski, Claude Meillassoux, Maurice Godelier et Georges Balandier, Paulin Kialo a mené une longue et rigoureuse enquête de 2006 à 2012, qui lui a permis de décrire de manière concrète les phénomènes liés à la monétarisation, décryptant ainsi les causes et les conséquences déterminantes des principales transformations de la société tsogho.

Sujets

• Économie monétaire
• Enquête
• Économie
• Anthropologie

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 22 janvier 2015
• Nombre de lectures: 46
• EAN13: 9782342033625
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

Anthropologie de l’argent Changements sociaux chez les Mitsogho du Gabon

Paulin Kialo Amélie Mogoa Boussengui Anthropologie de l’argent Changements sociaux chez les Mitsogho du Gabon Publibook

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Introduction Cet ouvrage porte sur les changements socioéconomi- ques induits par l’introduction de l’argent chez les Mitsogho du Gabon. Cette problématique a déjà été abor- dée par des anthropologues de renom sous d’autres aires culturelles. On peut citer entre autres : Bronislaw Mali- nowski (1922), Georges Balandier (1955), Marcel Mauss (1956), Claude Meillassoux (1964) Maurice Godelier (1970), Claude. Pour ce qui est du Gabon, on peut citer Jean Émile Mbot (1974) et Otto Gollnhofer et Roger Sil- lans (1997). Nous nous intéressons, pour notre part, aux aspects so- cioéconomiques à partir des concepts opératoires forgés par ces auteurs. Nous cherchons précisément à compren- dre le fonctionnement de la société tosogho avant et après l’introduction de l’argent. Le premier constat est que dans certains villages mit- sogho, et même dans certaines familles de Libreville, des objets « traditionnels » importants tels que la hache (ghét- soka), l’enclume (ghébonda) sont devenus des objets « ornementaux ». Le deuxième constat est que certains objets symboli- ques importants de la société tsogho, qui servaient notamment dans les mariages et surtout les initiations, ont perdu de la valeur. Ils ont été remplacés depuis longtemps par l’argent ou par des objets occidentaux. C’est le cas du

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tissu raphia (obongo)remplacé par le pagne en textile im- 1 porté et de l’enclume (ghébonda) . Le troisième constat est qu’aujourd’hui, dans la société tsogho, les parents exigent des montants d’argent impor- 2 tants à leur gendre . Ces observations préliminaires accréditent la réalité des changements économiques intervenus dans la société tsogho. Notre objectif est de comprendre tous les méca- nismes liés aux circuits d’échange, d’analyser l’importance des objets échangés, de voir quels sont les objets changés et ceux qui résistent au temps et enfin quel- les sont les causes et les conséquences des transformations répertoriées. Notre démonstration s’appuie sur les déclarations et les comportements de deux échantillons de population. Le premier est constitué d’habitants du département de l’Ogoulou (Mimongo), précisément de quelques villages du canton Ogoulou-Onoye. Le deuxième échantillon con- cerne les Mitsogho de Libreville. Nous inscrivons notre recherche dans le champ de l’anthropologie économique, telle que théorisée par Mar- cel Mauss, Bronislaw Malinowski, Claude Meillassoux, Maurice Godelier et Georges Balandier. Ces auteurs et les concepts qu’ils ont développés constitueront l’horizon théorique de notre mémoire. Selon Maurice Godelier, cette branche spécialisée des recherches anthropologiques, n’a e été rendue possible qu’au début du XIX siècle. Elle traite des « diversesconditions et formes de production, de répartition et, dans une certaine mesure de la consommation des biens matériels, qui constituent la condition matérielle de l’existence et de la production 3 des diverses sociétés étudiées par l’anthropologie ». Nous réutili-

1 Il faut quand même dire que les mariages traditionnels célébrés de nos jours nécessitent la remise de l’enclume. Quand le marié n’en a pas, il donne de l’argent à la place de l’enclume. 2 Lire à ce propos Albert Schweitzer,A l’orée de la forêt vierge. Paris, Albin Michel, 1956. 3 http://www.arfecursus.com/anthropologie6.htm

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