Dissident - Pierre Vallières (1938-1998) : Au-delà de Nègres blancs d'Amérique

Daniel Samson-Legault

Description

Nègres blancs d’Amérique a cimenté dans notre imaginaire la figure de l’ouvrier canadien-français opprimé par des patrons anglais. Traduit en plusieurs langues, un des derniers livres interdits au Québec, cet essai-choc a, depuis sa parution, acquis le statut de livre culte. Son auteur a pourtant largement œuvré au-delà du cadre de ce livre.

Considéré comme un leader felquiste, que les autorités se sont empressées de « couronner », Vallières – journaliste, écrivain et animateur social – a laissé sa marque dans toutes sortes de luttes. Qui d’autre a été altermondialiste avant l’heure, milité à la fois pour le socialisme, l’indépendance du Québec, les droits des gais et lesbiennes, la dignité des personnes ex-psychiatrisées, l’écologie, les Autochtones ou les Bosniaques de l’ex-Yougoslavie? Des Séguin à Corcoran en passant par Foglia et Chartrand, sans compter les Ferron, Miron, Lévesque ou Binamé, Vallières a côtoyé une multitude de figures marquantes du Québec, et contribué à mettre en lumière des rapports de classes dont ont longtemps été victimes les francophones d’Amérique et autres populations ostracisées.

Terroriste ? Naïf ? Héros ? Martyr ? Tout le monde a son image de Vallières. Voici les faits.
« Aux côtés de Michel Chartrand et de Gaston Miron, Vallières, au printemps 1957, est aux manifestations de la grève de Murdochville. C’est le début de son engagement politique. À peu près en même temps, il adhère au NPD, à l’époque le Parti social-démocrate (PSD), section québécoise. Est-ce que l’éveil qui se passe en Algérie ne pourrait pas se passer aussi au Québec ? La question le triture. L’hiver suivant, le journal étudiant Quartier latin publie une pétition d’une centaine d’intellectuels qui demandent la gratuité scolaire au Québec. La signature de Vallières côtoie celles de Pierre Elliott Trudeau, Gérard Pelletier, Fernand Dumont, Jacques Ferron, Ambroise Lafortune, Jacques Brault, etc. »

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Informations

• Publié par: Québec Amérique
• Date de parution: 31 octobre 2018
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782764436431
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Du même auteur
Guide raisonné de rédaction , Québec, Multimondes, 2012.
Imager le journal : le photojournalisme , Montréal, Amecq, 2004.
L’entrevue , Montréal, Amecq, 2004.
Le texte d’opinion , Montréal, Amecq, 2002.
Portrait socioéconomique de la MRC Drummond , (avec Julie Perreault), Drummondville, Carrefour de développement social de Drummond, 2002.


Projet dirigé par Éric St-Pierre, éditeur

Conception graphique : Claudia Mc Arthur
Mise en pages : Marquis Interscript
Révision linguistique : Sophie Sainte-Marie et Sabrina Raymond
En couverture : © Pierre Crépô (1989)
Peinture « Le révolutionnaire : Pierre Vallières » en C4 : © Cynthia Girard-Renard
Recherche iconographique : Daniel Samson-Legault
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

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The author and the Éditions Québec Amérique acknowledge the support of the Canada Council for the Arts, which last year invested $153 million to bring the arts to Canadians throughout the country.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Samson-Legault, Daniel, auteur
Pierre Vallières (1938-1998) : au-delà de Nègres blancs d’Amérique / Daniel Samson-Legault.
En tête du titre : Dissident.
(Biographie)
ISBN 978-2-7644-3641-7 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3642-4 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3643-1 (ePub)
1. Vallières, Pierre, 1938-1998. 2. Québec (Province) - Histoire - Autonomie et mouvements indépendantistes. 3. Québec (Province) - Histoire - 1960- . 4. Intellectuels - Québec (Province) - Biographies. I. Titre. II. Titre : Au-delà de Nègres blancs d'Amérique. III. Collection : Biographie (Éditions Québec Amérique).
FC2925.1.V35S25 2018 971.4’04092 C2018-941902-4

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2018
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2018

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2018.
quebec-amerique.com




À ceux et celles qui mériteraient autant une biographie pour leur travail de justice sociale, mais qui restent dans l’ombre.


« Je ne veux pas avoir raison… mais vivre »
Nègres blancs d’Amérique , édition 1994, p. 436

Préface
Je lis cette biographie dans l’urgence d’un septembre de campagne électorale qui – sous des apparences relativement calmes d’un affrontement sans heurts véritables – pourrait bien être fatidique pour le destin du Québec. Une époque pourrait se clore. Une autre plus belle pourrait naître. Mais elle pourrait aussi signaler le crépuscule du combat pour l’émancipation politique et sociale du Québec. À la lecture de cette biographie, je mesure mon incertitude. Pour le moment, femmes et hommes politiques, nous sommes devant le tribunal du peuple et du destin pour l’élection d’octobre 2018.
Au moment de subir des attaques de toute part pour excès d’idéalisme et de radicalisme, pour excès d’ambition et d’audace, j’aurais aimé pouvoir convoquer Vallières à la barre des témoins. Comme Vallières l’avait fait devant le tribunal il y a 50 ans, lorsqu’au moment de faire paraître Nègres blancs d’Amérique , il appelait Pierre Foglia et René Levesque à sa défense dans un procès pour homicide involontaire qu’il qualifiait de « procès politique ».
Vallières est une légende. Légende née de Nègres blancs d’Amérique et de son emprisonnement en 1968. C’était un « porteur d’eau », pressier de fabrique de vêtements, « petit nègre blanc » de mille métiers, mais c’était surtout un premier de classe surdoué, qui dévorait les livres, fréquentait Miron à 18 ans et signait aux côtés des Trudeau, Ferron et Dumont des pétitions pour la gratuité scolaire avant ses 20 ans.
J’aurais aimé pouvoir convoquer Vallières à la barre des témoins, car il était « dans l’attente d’un rassemblement véritable fondé sur la fraternité dans le combat comme dans la réflexion, qui conduira à une révolution dépourvue de mythe, à savoir : une volonté radicale de changer une “société” dominée par une économie véreuse, une politique d’intérêts financiers et une culture individualiste », aux dires de l’essayiste André-J. Bélanger.
Que penserait-il de notre révolution ? Que penserait-il de nos mythes ? Que penserait-il de nos urgences toujours aussi fatidiques auxquelles s’ajoute celle des changements climatiques ?
Miron publie « Compagnon des Amériques » dans son recueil L’Homme rapaillé en 1970. Octobre est encore loin mais Vallières a déjà publié Nègres blancs d’Amérique et fait de la prison. Je ne peux m’empêcher de penser que dans cet hymne au Québec, tout de souffle et de lumière, Miron parle de Vallières, ce compagnon des Amériques qui voulait souder les luttes des Québécois à celles des Noirs, des Mexicains et des Autochtones.
Avec les images de Miron en tête, cette biographie m’apparaît comme celle d’un homme dont « la pauvreté luisant comme des fers à [ses] chevilles » porte « une large blessure d’espace au front », un homme « porteur de [notre] espérance », « veilleur, guetteur, coureur, haleur de [notre] avènement », un homme de « patience raboteuse et varlopeuse », un homme de « commisération infinie ».
Malgré de multiples déboires, malgré « tous les chemins défoncés de [son] histoire », la vie de Vallières en fait l’égal des plus grands parmi toutes ces femmes et ces hommes du Québec qui ont su rester « debout dans l’horizon de la justice » !
Bonne lecture !
Amir Khadir

Introduction
Toutes les vies méritent d’être racontées, mais certaines sont pas mal plus surprenantes que d’autres. On a dit que la première œuvre d’un créateur, c’est sa vie. Si c’est vrai, celle de Pierre Vallières est extrêmement originale.
Le mythe démocratique voudrait que tous les individus soient égaux dans l’évolution de la société, qu’ils aient le même poids dans l’avancement des choses. Ce n’est pas le cas. Pour avoir fait bouger les choses plus que d’autres, ils sont connus (Mandela, Trudeau père, Parizeau) ou moins. Certains individus, certains regroupements, comptent double ou comptent triple, comme on dit au scrabble…
Parce que Vallières a été considéré comme un intellectuel, on a peu examiné sa vie, on a privilégié l’étude de sa pensée. Des coups de volant brusques dans ses positions ont révélé un libre-penseur… Ce n’est pourtant pas d’abord comme intellectuel qu’il a touché les gens qui l’ont connu. Il n’était pas que doté d’une intelligence et d’un charisme exceptionnels, sa capacité d’empathie, théoriquement et pratiquement, impressionnait.
Vallières était un autodidacte. Aucun diplôme universitaire. Par ses lectures et ses recherches, il s’est forgé une culture lettrée bien au-dessus de la moyenne, surtout pour son époque. Il a toute sa vie considérablement écrit, dans une variété de contextes, de médias, d’occasions.
Bien sûr, c’est l’auteur du best-seller international Nègres blancs d’Amérique . Un livre-culte. Devenu rapidement « la bible des révolutionnaires *1 ,1 » et un classique de la littérature québécoise. Qu’on a fait lire à James Cross, pendant la crise d’Octobre 70. Que l’écrivain Mordecai Richler, québécophobe notoire, a fait lire à ses enfants 2 . Traduit dans plusie