Le vent d Ostende à Peshawar
149 pages
Français

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Le vent d'Ostende à Peshawar , livre ebook

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Description

C'est l'histoire d'une époque... C'est l'histoire de potes et de filles... C'est l'histoire de voyages de fous... C'est l'histoire d'un amour... C'est une histoire d'amour et de mort.. C'est l'histoire de la mort d'un amour, de la mort d'une époque... C'est l'histoire d'illusions perdues... C'est mon histoire...

Informations

Publié par
Date de parution 08 janvier 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312024066
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le vent d’Ostende à Peshawar

Gilbert Roussel
Le vent d’Ostende à Peshawar








LES ÉDITIONS DU NET
22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014
ISBN : 978-2-312-02406-6
Du même auteur
Série « Grands reportages »
Viet Nam – 1993 – Créations du Pélican
Ceylan – 1993 - Créations du Pélican
Louisiane – 1995 - Créations du Pélican
Indonésie – 1995 - Créations du Pélican
Afrique du Sud – 1996 - Créations du Pélican
Namibie – 1997 - Créations du Pélican
Mexique – 1997 - Créations du Pélican
Reportages historiques
Trésors Cathares – 1992 - Créations du Pélican
Sentiers Cathares – 1995 - Créations du Pélican
Beaux Livres
Indochine Oubliée – 1994 - Créations du Pélican
Les Plantations du Vieux Sud – 1996 – Nakipa édition
Les plantations du Vieux Sud – 1998 – Houma Books – USA
Collection « Un certain Regard »
Indonésie – 1996 – Connivence
Mexique – 1996 – Connivence
Viê t- Nam – 1996 – Connivence
En préparation
Mai au balcon
Quand j’étais star
À mon fils…
Notre génération a été le dernier avatar de la guerre, la dernière traite qu’il a fallu payer. Notre génération n’a pas eu d’enfance comme les autres. Nous avons grandi parmi les ruines des maisons et les ruines des couples, avides de reconstruire au petit bonheur… Une génération qui a tout fait péter et changer la face du monde… Il m’a semblé opportun de prendre mon cas pour expliquer ce que l’on était… Ce que l’on est devenu et ce que nous avons traversé……
Quatre voyages, il aura fallu quatre voyages pour passer de notre enfance de banlieue à la vie d’homme.
Le premier n’était que le déplacement de quatre mômes insouciants jusqu’aux portes de l’Asie. Nous n’avons fait que transporter notre univers dans un autre monde que nous n’avons pas vu tant nous étions étonnés d’être arrivés si loin. La découverte de notre innocence. Ce premier voyage a pourtant fait éclater notre groupe « d’inséparables ».
Le second et le troisième étaient beaucoup plus proches des gens. S’il n’a pas été le révélateur d’une vocation, il a été celui de la prise de conscience avec une réalité parfois assez violente.
Le quatrième fut la découverte de l’enfer et la perte de l’innocence. Toute la misère du monde qui vient mourir sur une plage de Goa à la recherche d’une société utopique.
Le style de ces trois parties est différent même si l’on retrouve l’auteur dans chacun d’eux.
Outre le récit de ces voyages et leurs péripéties, ce livre nous emmène vers le mode de vie et de pensée de la fin des années soixante, ce que voulaient, ce que craignaient les enfants du « baby-boom ». La génération qui a changé le monde…
P ESHAWAR – 1970
– I can help you sir ?…
Il me regarde, il est tout de traviole, ou bien c’est moi qui penche, je ne sais pas, je ne sais même pas où je suis. Dans un couloir, dans un hôtel, assis par terre, trempé comme une soupe, sonné comme un carillon…
Il me regarde toujours. Il vient vers moi. J’ai envie de l’envoyer se faire foutre, qu’il me foute la paix, qu’il me laisse avec ma blessure, je saigne à l’intérieur, on m’arrache des organes, on me broie le ventre, j’ai sûrement chopé une saloperie ; dans ces pays de merde, on ramasse tout ce qui traîne.
Je voudrais lever ma main pour qu’il reste où il est, mais je ne peux pas, je ne peux plus rien bouger, pas un bras pas une main pas un doigt. J’ai la tête lourde, le menton qui tombe sur ma poitrine. C’est mouillé, et ça pue terrible, c’est du dégueulis, je me suis gerbé dessus, j’ai encore le goût amer dans la bouche. Je m’en fous, j’en n’ai vraiment plus rien à foutre de rien…
Il est près de moi avec un uniforme d’opérette et un turban sur la tête. Il est tout noir, enfin, très foncé. Il a des yeux noirs mais celui-là, il ne semble pas me vouloir de mal… Il se penche, veut me soulever, mais n’y arrive pas. Il a peur de se foutre de la gerbe sur son uniforme de fakir.
– Stay here sir, I come back…
Tu parles si je reste là, où il voudrait que j’aille ? Je suis bien assis dans ce couloir d’hôtel. Les fesses au chaud, parce qu’en plus je crois bien que je me suis pissé dessus… C’est ça, je voulais sortir pour aller pisser, pourquoi, je ne sais plus puisque j’ai des chiottes dans ma chambre, une idée, une lubie. Je ne voulais peut-être pas sortir pour ça, peut-être que je voulais aller chercher une bouteille, oui, c’est ça, je suis sorti puisque je dégouline de flotte et que dehors j’entends la pluie. Ah moins que… Je ne sais plus rien. J’ai la tête qui tourne, encore envie de gerber mais j’ai déjà tout largué. J’ai mal dedans, putain que j’ai mal. Je dois avoir un cancer qui m’a tout bouffé, le foie, la rate, les rognons, le bide et puis je pleure. Je n’arrête pas de pleurer. C’est pas le mal qui me bouffe, non, c’est un chagrin terrible, immense, une fontaine, un torrent de larmes… je ne me tiens plus, je sombre, je veux aller au fond du trou, dormir avec les morts, me tuer de peine et de misère…
Ils sont deux maintenant, plus une femme de ménage qui vient me passer le plumeau. Entre deux sanglots, je me marre… Ils s’approchent et me prennent chacun sous un bras… Mes jambes ne me portent plus, je vois le tapis du couloir qui est moche et crade. Il y a des taches de gerbe. C’est moi ? Sans doute ! Ou alors c’est la spécialité de l’hôtel. Ils ouvrent une porte… c’est ma chambre, je me souviens. Il règne un bordel indescriptible. La femme au plumeau ouvre les fenêtres. Les deux fakirs me posent sur un fauteuil et commencent à considérer le champ de bataille. J’ai envie de leur parler, de leur dire de me laisser crever ici, que tout va bien, ce n’est qu’une question de patience. J’entends au loin madame plumeau qui fait couler des robinets dans la salle de bain, qui tire la chasse d’eau des chiottes, qui s’affaire dans tous les coins. Du renfort arrive, deux autres noiraudes, une grosse moche et une petite laide. Elles font un boucan du diable, ramassent les bouteilles qui traînent un peu partout, enlèvent les draps du lit, ouvrent les fenêtres, pulvérisent de la bombe qui sent bon, ramassent mes fringues et les bourrent dans un sac. Elles rangent mes papiers, une me fait signe qu’elle met mon sac à pognon dans le tiroir de la table de nuit, mais je m’en fous, elles peuvent tout prendre, les dollars, les roupies, les tickets de bus… Là où je vais je n’ai plus besoin de rien… Je veux juste que toute cette armada, qui envahit ma chambre, se barre. Le pire arrive, un réacteur d’avion, un bruit comme on n’a pas idée, une usine qui me pète dans la tête. C’est l’aspirateur de la petite laide. Elle passe partout, aspire et aspire. Si ça continue elle va avaler le carrelage. Enfin, elle s’arrête. Je suis fatigué, j’ai envie de leur crier à tous qu’ils me font chier au-delà des limites. Ça doit se lire dans mon regard. Les femmes s’en vont.
Les deux fakirs restent là. Ils me soulèvent, me retirent mon T-shirt et mon froc, l’air dégoûté. Ils semblent gênés. C’est peut-être de me voir à poil. C’est vrai que je ne bande pas lourd, ça fait une éternité que je n’ai plus bandé… Ils doivent penser que les européens ont tous une petite bite… Je m’en tape, j’ai sommeil, j’ai mal au crâne et puis j’ai toujours cette boule au creux de l’estomac qui coince tout, qui m’empêche de respirer. Ils me collent dans la baignoire, et m’aspergent de flotte… même là, je n’ai plus aucune réaction. L’eau me pique la peau, je sens qu’on me soulève et puis j’ouvre les yeux et je suis dans mon lit, étendu, à poil sur le drap. Les deux fakirs sortent… Je suis trempé, trempé de larmes à l’intérieur comme à l’extérieur, épuisé de toute la peine du monde, alors je m’endors dans un chagrin sans fin……
Ouverture
Totalement gazé. Je ne réalise pas encore tout ce qui vient de se passer. La semaine dernière encore, ça allait bien, enfin, pas si

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