Quand le vieux copte s est enfui
82 pages
Français

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Quand le vieux copte s'est enfui , livre ebook

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Description



De retour dans son pays natal après un demi-siècle d'exil pour un ultime voyage, le narrateur regarde la communauté copte, les chrétiens d'Égypte, se débattre, tiraillée entre ses propres traditions et les vicissitudes de la modernité. Alors que la liberté spirituelle de ceux qui lui sont chers semble menacée, il se souvient de son enfance, de ses combats d'adolescents et de toutes les histoires qui ont fondé son pays, l'Égypte.



L'auteur évoque, d'une très belle plume, l'exil et la nostalgie d'un vieil homme, son propre père. Un ouvrage sur le souvenir et le temps qui passe, à travers le regard de cet homme qui retourne en Égypte, alors même que souffle sur la région le vent des printemps arabes et que l'islamisme radical monte en puissance. L'occasion pour le lecteur d'appréhender la douloureuse mémoire de la communauté copte et la complexité de l'exil tout en accédant à une autre vision de l'Égypte contemporaine.





         Hiver 2015 : Puisqu'il faut continuer à regarder l'horizon pour ne pas perdre l'équilibre.




  1. Voici mon identité : je suis copte de terre et de sang, copte comme l'Égypte, et comme tous mes semblables : humilié, chassé mais invaincu.


  2. Dernier retour au Caire où le temps a recouvert mes souvenirs de voies rapides, de voitures souffreteuses et d'une poussière négligente.


  3. Nous sommes nés avec l'Égypte dès le premier souffle de vie sur sa terre aride et son reflet sur l'eau du Nil.


  4. À ma naissance mon père évoqua Jésus bien sûr, mais aussi le dieu Sérapis ainsi que le faisaient nos ancêtres.


  5. Je me revois face au Nil. Voilà Sami qui s'avance.


  6. Nous voulions invoquer les puissances du cosmos et convoquer l'espoir de rencontrer Osiris.


  7. Sur la colline du Mokkatam je dessinais Isis sur le sol comme un sésame qui devait ouvrir nos cœurs.


  8. Avec ce thé et une pâtisserie à la fleur d'oranger, nous revenions avec lenteur vers le monde contemporain.


  9. Aujourd'hui, chaque soir, je m'exerce à revivre ce que je n'ai pas vu.


  10. Thérèse était si proche de moi sur ces blocs millénaires de Khéops.


  11. Mon père avait été élevé dans la nostalgie des anciens vers lesquels il devait se retourner sans cesse pour continuer à les faire vivre.


  12. Mon frère. Et peu à peu ce silence qui nous réduisait à des ombres ternes.


  13. La vie d'un homme peut ressembler à la vie d'un peuple.


  14. Mon ami Milad croyait à un grand pays pharaonique et pourquoi pas, chrétien.


  15. Même en exil nous ne sommes jamais loin de notre pays puisque nous le portons dans notre nom.


  16. Ida, soleil lointain et si attirant.


  17. Les yeux rivés sur notre propriété de Sohag, jamais mon père ne l'accepta.


  18. Aujourd'hui plus rien n'a la couleur de la lumière.


  19. C'était mon premier exil.


  20. Le père d'Ida. Rencontre avec la Sicile et tellement semblable à mon chemin.


  21. Le coup d'état de 1952. Notre peur deviendra permanente.


  22. Je décidais de partir alors même qu'étant égyptien je ne pouvais quitter le pays.


  23. Quand le bateau s'éloigna.


  24. Une nostalgie incurable parce que le rêve s'en mêle.


  25. Depuis, tous les dimanches j'appelle Le Caire.


  26. Ce récit sera mon dernier voyage.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 décembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782212182835
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

R sum
De retour dans son pays natal apr s un demi-si cle d exil pour un ultime voyage, le narrateur regarde la communaut copte, les chr tiens d gypte, se d battre, tiraill e entre ses propres traditions et les vicissitudes de la modernit . Alors que la libert spirituelle de ceux qui lui sont chers semble menac e, il se souvient de son enfance, de ses combats d adolescents et de toutes ces histoires qui ont fond son pays, l gypte.
L auteur voque, d une tr s belle plume, l exil et la nostalgie d un vieil homme, son propre p re. Un ouvrage sur le souvenir et le temps qui passe, travers le regard de cet homme qui retourne en gypte, alors m me que souffle sur la r gion le vent des printemps arabes et que l islamisme radical monte en puissance. L occasion pour le lecteur d appr hender la douloureuse m moire de la communaut copte et la complexit de l exil tout en acc dant une autre vision de l gypte contemporaine.
Christian Boghos est auteur de plusieurs ouvrages, en particulier en hommage son p re copte catholique d gypte, r fugi en France en 1959.

Christian Boghos
Quand le vieux copte s est enfui
ou
L histoire d un chr tien d gypte en exil

Groupe Eyrolles 61, bd Saint-Germain 75240 Paris Cedex 05
www.editions-eyrolles.com
Cet ouvrage est paru pour la premi re fois en 2013, aux dition du Rocher, sous le titre Journal d un vieux copte .
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire int gralement ou partiellement le pr sent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l diteur ou du Centre fran ais d exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
Groupe Eyrolles, 2016 ISBN : 978-2-212-56475-4

" S il est vrai que les seuls paradis sont ceux qu on a perdus, je sais comment nommer ce quelque chose de tendre et d inhumain qui m habite aujourd hui. Un migrant revient dans sa patrie. Et moi, je me souviens.
Albert Camus, L envers et l endroit
Pour Lisa, Iris Salom et Paul-Andr a.

Sommaire
Hiver 2015
Puisqu il faut continuer regarder l horizon pour ne pas perdre l quilibre.
1
Voici mon identit : je suis copte de terre et de sang, copte comme l gypte, et comme tous mes semblables : humili , chass mais invaincu.
2
Dernier retour au Caire o le temps a recouvert mes souvenirs de voies rapides, de voitures souffreteuses et d une poussi re n gligente.
3
Nous sommes n s avec l gypte d s le premier souffle de vie sur sa terre aride et son reflet sur l eau du Nil.
4
ma naissance mon p re voqua J sus bien s r, mais aussi le dieu S rapis ainsi que le faisaient nos anc tres.
5
Je me revois face au Nil. Voil Sami qui s avance.
6
Nous voulions invoquer les puissances du cosmos et convoquer l espoir de rencontrer Osiris.
7
Sur la colline du Mokkatam je dessinais Isis sur le sol comme un s same qui devait ouvrir nos c urs.
8
Avec ce th et une p tisserie la fleur d oranger, nous revenions avec lenteur vers le monde contemporain.
9
Aujourd hui, chaque soir, je m exerce revivre ce que je n ai pas vu.
10
Th r se tait si proche de moi sur ces blocs mill naires de Kh ops.
11
Mon p re avait t lev dans la nostalgie des anciens vers lesquels il devait se retourner sans cesse pour continuer les faire vivre.
12
Mon fr re. Et peu peu ce silence qui nous r duisait des ombres ternes.
13
La vie d un homme peut ressembler la vie d un peuple.
14
Mon ami Milad croyait un grand pays pharaonique et pourquoi pas, chr tien.
15
M me en exil nous ne sommes jamais loin de notre pays puisque nous le portons dans notre nom.
16
Ida, soleil lointain et si attirant.
17
Les yeux riv s sur notre propri t de Sohag, jamais mon p re ne l accepta.
18
Aujourd hui plus rien n a la couleur de la lumi re.
19
C tait mon premier exil.
20
Le p re d Ida. Rencontre avec la Sicile et tellement semblable mon chemin.
21
Le coup d tat de 1952. Notre peur deviendra permanente.
22
Je d cidais de partir alors m me qu tant gyptien je ne pouvais quitter le pays.
23
Quand le bateau s loigna.
24
Une nostalgie incurable parce que le r ve s en m le.
25
Depuis, tous les dimanches j appelle Le Caire.
26
Ce r cit sera mon dernier voyage.
Hiver 2015
Puisqu il faut continuer regarder l horizon pour ne pas perdre l quilibre.
C e texte a t crit il y a quelques ann es. Quelques jours apr s qu un attentat la voiture pi g e devant une glise copte Alexandrie a fait 21 morts et 79 bless s dans la nuit du 1 er janvier 2011. Quelques jours plus tard, le 25 janvier des milliers de jeunes gyptiens, l exemple de la Tunisie, manifestent place Tahrir au Caire contre le pouvoir en place du pr sident Moubarak et pour plus de d mocratie. Le 30 janvier l arm e annonce que les revendications du peuple sont l gitimes et s engage ne pas faire usage de la force. Le 2 f vrier de violents heurts clatent quand des miliciens pro-Moubarak sont envoy s place Tahrir pour d loger les manifestants anti-Moubarak. Le 11 f vrier 2011, Hosni Moubarak, pr sident depuis 1981, d missionne. Ce qui tait impensable, se produisit.
Le vieux Copte ne put voir cette r volution, il quitta sa rive bien avant. Une fin de nuit dans sa tour parisienne de Beaugrenelle, le long de la Seine. Il se savait au bout. La veille il ne voulut pas d ner. Pas m me boire un verre d eau. Il marchait plus lentement encore quand il rejoignait sa chambre, se tenant au mur du couloir si court et infiniment interminable pour lui. Petits pas mal assur s et ses mains encore belles, rides peine dessin es et clair es par la petite chevali re offerte par sa femme il y a tant d ann es. Une chevali re qu elle dessina et qu elle fit surgir de l or fondu de deux pendentifs h rit s de sa famille. Ainsi faisait-on, les battements d un c ur amoureux pr c daient l esprit de d brouille ou de cr ation quand il fallait t moigner, c l brer, s inscrire dans le temps.
Un samedi matin, au plus t t du matin, alors que j ouvris la porte de son appartement au 21 e tage de cette tour vitr e et rouill e sur ses murs, c est un silence coupant et la lumi re criarde de la baie vitr e, qui m accueillirent. D s mon premier pas l int rieur, et comme chaque fois, mon regard saisit au fond de la pi ce qui prolongeait l entr e son fauteuil bleu de Prusse qui lui servait d alternative au lit. S il tait vide, c est qu il dormait. La veille c est l que nous e mes une conversation si br ve, interrompue par une fatigue si lourde. Des phrases qui restaient dans le vide. Des mots difficilement articul s. Des id es discontinues. Et puis une lassitude que plus aucun souvenir n att nuait.
J ai su alors. Le bref couloir que je voyais plus sombre. La porte ouverte comme d chir e. Le noir stri par le jour qui insistait.
Je l ai trouv tendu terre, au pied de son lit de ch ne clair, visage contre le sol, inerte. J ai plong sur lui guettant sa respiration. Je l ai alors relev , maladroitement, corps lourd mais encore vivant. Il tait ailleurs. En partance. Il quittait doucement sa rive. Puis il me regarda de son lit que je trouvais pr sent ridiculement petit, triqu , il me regardait fixement et je ne voyais en lui plus que le vide, le d part, l obscurit qui le gagnait. Je lui parlais, mais sans r ponse. Mes mots se d sint graient dans le silence de cette chambre pr sent charg e d un air acide ou cre. Face lui, lui qui s vadait, je sentais le silence de mes mots de sable.
J ai alors, mais bien plus tard, cris ce texte sa place esp rant y figer sa trace. C est sa voix que j entendais. Sa voix que j ai crite. Pas forc ment un hommage. Plut t un t moignage. Comme un homme fait de tous ceux qui ont v cu l exil. Comme un passage d une vie la stabilit ternelle vers un voyage hostile, sans fin, sans plus aucune racine, la rencontre de gens qui ne vous attendent pas.
Depuis que ce livre est sorti, beaucoup me parlent de leur exil, de celui de leur famille, de leurs proches. Souffrances et nostalgie au d tour d une image restitu e avec pudeur. L exil veut parler l exil. Mais je ne suis que le porte-plume du vieux Copte. Comment leur redire ?
Et chaque fois je le vois, rien ne referme ces cicatrices, tout au plus en parler avec un semblable les apaise un peu. Sans doute est-ce la raison qui a fait du vieux Copte un silencieux des choses essentielles et un r p titeur d images de cartes postales.
Comment dire aux enracin s, ceux qui l ont accueilli en France, le manque de racines ? Ce manque comme un organe malade qui s atrophie et gangr ne le reste de la vie. Comment dire celui qui vit sur la m me terre depuis que son nom existe ce qu est le mal de terre, le mal du pays ? On pourrait croire que poss der ce sentiment aide comprendre ceux qui en sont d munis. C est le contraire.
La France du Sud-Ouest a accueilli le vieux Copte et elle l a fait parler des Pyramides, du Nil et des pharaons. On attendait de lui que son visage projette ce que l imagerie populaire r serve de l gypte. Rien d autre qu une atmosph re orientaliste, ternelle s quence du sable du d sert foul par un dromadaire devant le Sphinx. Mais jamais, jamais un int r t pour la cicatrice de n avoir plus sa terre, de n avoir pour r ve obs dant que le reflet d un soleil blanc sur le sable du plateau silencieux de Gizeh et tre condamn , pour continuer respirer, fermer les yeux pour revoir la mer sur son balcon pench sur le canal de Suez. Ces sentiments, ces impressions, ces manques-l ne s expriment pas, ne peuvent m me pas se concevoir quand on en est rassasi de ses racines, chaque jour plus. L exil, vous dit-on alors avec l g ret , est une p rip tie dont on doit pouvoir se remettre en faisant un effort sur soi. Laissons-les dire. La r alit , elle, ne peut se dire. L esprit et le go t de vivre avec insouciance resteront d finitivement ailleurs.
Et sans doute pour ne jamais avoir de m moire d failla

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