Safia, un jour à Oran
68 pages
Français

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Safia, un jour à Oran , livre ebook

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Description

Entourée de l’affection de ses parents et de sa tante Ouarda, Safia a grandi à Oran. Après son mariage, elle va s’installer près de Paris et tout se gâte.


Saura-t-elle déjouer les écueils et prendre sa vie en main ?


D'après une histoire vraie.



Safia a grandi à Oran entourée de l'affection de sa famille. Après son mariage avec Djillali, elle part avec lui s'installer en France, près de Paris. Mais un jour, son époux lève la main sur elle. Electre


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791093275512
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Geneviève Buono
 
 
 
Safia, un jour à Oran
 
 
Collection Mouvements d’elles
 
 
 
Éditions Tangerine nights
46 Domaine du vert coteau
14800 Touques
 
Isbn : 979-10-93275-8-6
Ean : 9791093275086
Isbn numérique : 979-10-93275-51-2
Ean numérique : 9791093275512
 
 
 
 
 
 

J
e m’appelle Safia. Je suis oranaise. Mais, à présent, j’habite chez Madame Vidal, à Boincours. Une ville plate près de Paris, petites maisons toutes collées, rues étroites et jardins mouillés. Ma vie est compliquée. Une vie internationale ! Grâce à mon mari… ou plutôt à cause de Djillali …
J’ai le teint mat, avec des yeux marron vaguement bridés. Des femmes comme moi, il y en a beaucoup dans ce quartier. Foulards noirs, rouges ou verts. Le mien me ressemble : orange avec des pois et des rayures marron. Djillali ne m’a pas obligée, il m’a juste dit que c’était mieux de le mettre. Maintenant, je suis habituée…
En vérité, j’habite plusieurs endroits à la fois. Je ferme les yeux et je me retrouve là-bas, il y a presque un demi-siècle... Mon pays, royaume de la mer. La plus bleue, la plus belle. Méditerranée, un nom qui ressemble à la chanson Qum Tara… Viens, et tu verras !
 


 
 
 
 
 
 
 

J
’ai six ans. Lorsque l’associé de mon père vient dormir à la maison, on m’envoie passer la nuit chez Grand-mère. Je suis très contente.
– Grand-mère, Grand-mère, une histoire de Shéhérazade, s'il te plaît !
– D'accord, mais après, tu t'endors…
– Et si j'ai trop peur, une autre après, pour chasser les mauvais rêves.
– Pas de discussion, une histoire et c'est tout. Tiens, tu connais Dahbia, la princesse qui ne voulait pas apprendre ?
– Apprendre quoi ?
– Ben, tout… enfin rien… elle ne voulait rien apprendre.
– À l'école ?
– À l'école… et même à la maison…
– Parce qu'on apprend quoi à la maison ?
– Des tas de choses : à respecter ses parents, à bien se laver, à faire le couscous…
– Et à chanter aussi ?
– Oui, à chanter, à danser…
– Ma chanson préférée, c'est Sabari … Tu veux que je te la chante ?
– Plus tard !
– Alors, Grand-mère, tu fais Shéhérazade ?
– De tout cœur et comme un devoir d'hommages dus à mon sultan !
Il était une fois Dahbia, la plus paresseuse des princesses. Et comme elle ne voulait rien apprendre, Dahbia ne savait rien faire. Elle passait son temps à la fenêtre, à regarder les autres travailler :
– Et toi, quel idiot ! Tu renverses ton seau partout ! disait-elle au porteur d’eau. Ça sert à rien d’arroser les cailloux !
Au tailleur, elle disait qu'il ne savait pas couper la toile proprement. Au vendeur de beignets, qu’ils n’étaient pas cuits. Au marchand de légumes, que ses tomates étaient pourries... Bref, le monde ne deviendrait valable que le jour où les gens suivraient ses conseils. Un jour, un étranger arrive dans le royaume. Dès que la princesse l’aperçoit, elle éclate de rire :
– Celui-ci, il passe vraiment les bornes : borgne, boiteux, bossu, chauve… et en plus, il bégaie ! Ô toi l’étranger, je te félicite, tu es l’être le plus affreux au monde !
Elle rit si fort que, s’élevant au-dessus de la ville, sa voix fait voler en éclats la cruche du porteur d’eau, qu’elle dévie le cours des ciseaux du tailleur qui se coupe un doigt, que le vendeur de beignets s’asperge d’huile bouillante et que, prises de frayeur, les tomates éclatent dans les paniers comme des grenades. Or l'étranger est un djinn à la puissance redoutable. Il se campe devant la princesse :
– Par Allah, tu ne sais pas qui je suis, toi Dahbia la moqueuse. Tu m'as grandement offensé. Je te donne vingt-quatre heures pour apprendre à faire quelque chose. Si, d'ici à demain, tu n'as toujours rien appris, je te promets que tu n'auras plus jamais l'occasion de rire.
Ayant dit cela, il disparaît, comme le rire de la princesse, qui vient de prendre conscience de ce qui lui arrive. Que peut-on apprendre dans l'espace de vingt-quatre heures ? Elle aurait bien voulu écrire une histoire, mais elle ne savait pas écrire.
– Elle ne savait pas chanter non plus !
– Tu as raison, ma petite. Ni chanter, ni danser, ni même s’habiller...

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