Une famille corse - Diaspora 1825-2013
56 pages
Français

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Une famille corse - Diaspora 1825-2013 , livre ebook

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Description

Ce voyage au cœur de la diaspora d'une famille corse de 1825 à nos jours, témoigne de notre attachement viscéral à l'île de nos pères et à son histoire. Débarquant à la gare de Toulon en 1922 après une traversée Bastia-Marseille mouvementée, zia Minia en compagnie de ses cinq enfants, remontait à pied le Boulevard de Strasbourg, sans oser emprunter le tramway. Dominique et Jean marchaient devant avec leurs baluchons, et le nez en l'air regardaient les maisons, en s'émerveillant à la vue des persiennes qui ornaient les fenêtres. Et tous suivaient scrupuleusement les rails du tram, pour être sûrs de ne pas s'égarer, jusqu'à leur destination finale, le quartier Rodeilhac.

Informations

Publié par
Date de parution 10 octobre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312014180
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une famille corse
Roseline Sauli-Le Droumaguet
Une famille corse
Diaspora 1825-2013















LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01418-0
Solenzara – Corse – Octobre 2013
« Les hasards de notre vie nous ressemblent »
Elsa Triolet

A ma référence judicieuse et amie Claudia, des remerciements chaleureux pour sa disponibilité et son esprit d'à propos.

Merci à Christian Sauli, mon neveu, sans qui mon désir d'écrire serait resté un rêve.

Ce voyage au cœur de notre diaspora est dédié plus particulièrement à toute ma famille que j'aime.
Avant propos
Cette année je rejoins la classe florissante des retraités septuagénaires. J'admire ceux qui savent maîtriser leur destin, et font de leur futur ce qu'ils désirent qu'il soit. La vie pour ma part m'a amenée aujourd'hui à écrire ce récit. J'aimerais qu'il apparaisse comme un témoignage, un regard personnel, posé sur nos origines et le monde qui pèsent sur nos aspirations, pas toujours fortuites, qui nous ont façonné et fait ce que nous sommes.

Chapitre 1
1950 à Pau.

Nine, veux-tu prendre la casquette de Pépé dans sa chambre...et ses supports chaussettes aussi, s'il te plaît ? Demande Maman.
Oui maman. Mais c'est moi qui lui mets les chaussettes !

Pleine d'enthousiasme je ramenais les deux articles en courant pour exécuter cette mission de confiance, et finir d'ajuster mon grand-père. Il était installé depuis quelques minutes dans son fauteuil près du Mirus, le petit poêle à bois rougeoyant qui ronflait d'une belle flamme vive derrière sa vitre de mica. Ce matin là, comme tous les dimanches, mon père avait procédé à la grande toilette de Pépé. Il l'avait rasé de prés avec le rasoir à main bien affûté sur la ceinture de cuir et Maman terminait l'habillage soigneusement.

Moi, du haut de mes sept ans j'étais chargée de fignoler sa tenue vestimentaire. Casquette de cheminot vissée sur la tête, chaussettes bien tirées dans ses charentaises...« Babbu », pépé Fondacci, préparait sa première pipe de la journée. Nous étions de connivence. J'ai bourré le fourneau, bien tassé le tabac avec le petit poussoir spécifique, et lui en hâte a allumé sa bouffarde avec son gros briquet à pierre qui sentait l'essence. Ce rituel accompli, je filais chercher le coffret de jeux et invariablement nous attaquions une partie de petits chevaux ou de dames. On rigolait bien tous les deux. Il me laissait gagner, souvent...bon prince. Pendant ce temps maman s'activait à la cuisine pour le repas dominical. Papa bricolait à la cave ou au jardin et mes frères étaient partis retrouver leurs copains.

Après le déjeuner pépé faisait une petite sieste dans son fauteuil, puis descendait l'escalier avec l'aide de mon père, et partait clopin-clopant retrouver les boulistes place de Verdun....Clopin-clopant, parce qu'il était hémiplégique. On peut dire que ça lui était tombé dessus un beau matin, au réveil, peu de temps après la mort de sa femme notre grand-mère, Marie-Jeanne Dolovici la mère de maman. Comme beaucoup de Corses de la diaspora, ils habitaient depuis longtemps à Toulon, le quartier du Pont du Las, bigarré chantant et fleurant bon la Provence. Za, diminutif de Toussaint, que lui donnaient ses compatriotes, après cinq ans de navigation en qualité de quartier maître dans la Marine Nationale où il était mécanicien de bord, avait intégré la PLM, une des compagnies régionales de chemins de fer ancêtre de la SNCF. Il conduisait les trains sur la ligne Paris-Lyon-Marseille. Sa magnifique locomotive à vapeur rutilait comme un bijou. Après Mimi sa fille, et peut-être même avant elle, sa machine était tout sa fierté. Sa montre au gousset ne le quittait jamais. Il avait gardé l'habitude d'annoncer l'heure à tout bout de champ pour la moindre chose. « 13 heures 52, je vais faire un petit somme. Il est 15 heures 27, c'est le moment de partir. 17 heures 33 Micky ne va pas tarder » ...A son époque les trains arrivaient à l'heure ce qui n'est pas toujours le cas maintenant malgré toutes les nouvelles technologies! Et lui, se faisait un point d'honneur de respecter les horaires. A la minute pile, son train entrait en gare.

Micky, petit nom affectueux de Dominique, c'était mon père mécanicien-navigant dans l'Armée de l'Air. Dominique étant le prénom d'usage, quelle peut-être l'origine de Odovic son premier nom de baptême? Peut-être une déformation phonétique de Ludovic, due à l'accent corse et au mauvais usage du français de l'employé de mairie chargé de l'état civil en 1908. (Lodovico est un prénom courant en Italie, dont la déclinaison est Louis en français). Mon super héros, fort et toujours souriant, revenait le soir du Pont Long sa base aérienne, calot sur la tête et bardé dans son pardessus de cuir. J'aimais cette odeur forte mêlée à celle du tabac. Je me cachais bien sûr, c'était le jeu. Il faisait mine de me chercher et dès qu'il me découvrait, je lui sautais au cou. Il m'embrassait. J'étais aux anges dans ses bras rassurants. Et c'était parti pour des rires et de la joie. J'étais la petite dernière, le « caganis » dit-on dans le midi. Mes deux frères faisaient leurs devoirs sur la table de la salle à manger. Alain treize ans, étudiait en classe du Certificat d’Études et Raymond dix-huit ans, au collège technique cherchait encore sa voie avant de partir faire son service militaire. Après son « attaque » comme on appelait l'AVC autrefois, maman avait rapatrié au domicile familial, son père invalide et en perte d'autonomie. La famille avait restreint ses libertés. Tout tournait autour de Pépé qui faisait des siennes dès que nous nous absentions pour la journée. Maman préparait son repas de midi à l'avance et malgré cela à notre retour le soir, nous retrouvions toujours des catastrophes, souvent dues à son handicap, mais aussi parfois volontaires. Sans doute se vengeait-il un peu de notre abandon momentané. Donc les Week-end prolongés au bord de l’Océan, à Saint-Jean de Luz ou à Socoa n'étaient plus au programme.

Au cours de l'année précédant le décès de mémé Fondacci et l'arrivée du grand-père maternel à Pau, nous avions passé les vacances de Pâques à Toulon dans la famille de mon père. Mémé Sauli, ma grand-mère paternelle s'était remariée après la mort d'Alfred son premier mari incorporé en 1916 malgré ses cinq enfants, et décédé de l'effroyable grippe espagnole juste avant l'armistice de 1918. Elle avait convolé en justes noces en 1922 avec son beau-frère, Ernest enrôlé dans la Marine Nationale pendant toute la durée de la guerre et enfin dégagé des obligations militaires. Quelques mois après son retour en Corse, à Novella son village natal, et la bague au doigt passée à la jeune et jolie veuve, Ernest réunit femme enfants et bagages et embarqua tout son petit monde sur le continent à Toulon. Il navigua dans la marine marchande pendant quelques années. Puis il signa un contrat avec les Messagerie Maritimes et de 1927 à 1941 fut engagé sur l'AthosII, le paquebot des Messageries, qui assurait la liaison régulière avec l’Extrême-Orient. Donc l'Oncle Ernest (sa nièce la fille aînée et ses quatre neveux l'appelaient ainsi) nourrissait et élevait tant bien que mal malgré ses longues absences, toute sa grande famille. Deux fils naquirent de leur union en 1928 et 1930. Ces deux petits derniers, Charles et Roselin étaient donc demi -frères et cousins germains des cinq aînés issus du premier lit. L'Oncle naviguait six mois par an dans l'antre du navire, à son poste de mécanicien, aux machines propulsées par deux turbines à vapeur alimentées par des chaudières à mazout. Vingt-sept années de navigation dont quatorze passées dans le cœur de la bête à marner comme un esclave. La fournaise et l'atmosphère confinée l'usèrent prématurément. Il fut débarqué finalement en 1941 avec une tuberculose évolutive. Mais qui se souciait de prophylaxie, ou de contagion? J'ai toujours connu l'Oncle en pyjama rayé, presque toujours alité, soufflant, suant, toussant et crachant. Mais il nous aimait, et nous embrassait sans malice. On nous essuyait bien le visage avec un mouchoir imbibé d'eau de lavande après les embra

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