Annuaire stratégique et militaire 2005
142 pages
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Annuaire stratégique et militaire 2005 , livre ebook

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Description

Dans le monde de l’après-guerre froide, qu’en est-il du nucléaire militaire ? Quelle place occupe-t-il dans la politique de l’Union européenne ? Quel bilan peut-on établir du legs nucléaire soviétique ? Qu’en est-il du terrorisme nucléaire ? À l’heure de la commémoration des 60 ans d’Hiroshima, les meilleurs spécialistes de la Fondation pour la Recherche Stratégique répondent à ces questions et dressent le bilan de la nouvelle donne géopolitique. À la fois rétrospectif et prospectif, un ouvrage indispensable pour comprendre les mutations planétaires d’aujourd’hui et de demain. Dirigé par François Heisbourg, conseiller spécial de la Fondation pour la Recherche Stratégique, établi par des experts, assuré du concours des meilleurs analystes, l’Annuaire stratégique et militaire permet de suivre, d’année en année, l’évolution de l’appareil français de défense et d’établir des comparaisons avec nos grands partenaires.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 août 2005
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738187697
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, SEPTEMBRE  2005
15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-8769-7
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Introduction
Guillaume Schlumberger 1

La Fondation pour la Recherche Stratégique a souhaité consacrer un dossier au nucléaire militaire dans son Annuaire 2005 . Soixante ans après Hiroshima, alors que le nucléaire semblait devoir perdre sa place centrale dans les politiques de sécurité avec la fin de la Guerre froide, dans un premier temps, et ensuite avec l’irruption du terrorisme catastrophique, il n’a jamais été aussi présent.
La crise iranienne comme le feuilleton récurrent nord-coréen laissent craindre un monde de demain non seulement imprévisible mais aussi proliféré alors que la conférence de révision du Traité de non-prolifération (TNP) se conclut sur un bilan mitigé. L’irruption de l’Inde et du Pakistan comme puissances nucléaires dans les années 1990 n’a pas empêché la poursuite des conflits les opposant tout en faisant croître les enjeux.
L’intervention en Irak pousse certains experts à annoncer la dévalorisation de ces armes et souligne l’importance a contrario du nucléaire pour des pays souhaitant s’affirmer face aux États-Unis.
Aux États-Unis même, le rôle du nucléaire semblait devoir être révisé en profondeur : c’est désormais la permanence de l’importance et du rôle central du nucléaire qui semble devoir être rappelée.
Aucune puissance nucléaire établie ne semble vouloir se défaire de son statut et de ses armes : le désarmement ou l’ arms control était largement inspiré par l’importance désormais disparue de cette dimension dans les rapports entre les États-Unis et l’Union soviétique. Tout au plus s’agit-il désormais de réduire les risques liés aux héritages de la Guerre froide.
Si l’abandon par la Libye de ses ambitions de prolifération doit être salué et démontre que rien n’est écrit, il s’est accompagné de révélations sur l’existence de réseaux de commerce de technologies nucléaires militaires, dirigé par le docteur Khan : nous n’en connaissons toujours pas les contours, les limites et les implications.
L’échec pour la non-prolifération que représente ce trafic souligne une certaine banalisation des savoir-faire, les risques liés à la dualité des technologies nucléaires et les lacunes des approches considérées jusqu’à présent. Il relance aussi la perspective de voir des acteurs non étatiques s’orienter vers des tentatives d’actes terroristes nucléaires ou radiologiques. La maîtrise du cycle du combustible, alors que l’énergie nucléaire devient tous les jours de plus en plus indispensable, offre pour les années à venir un enjeu essentiel pour le contrôle.
Ce renouveau de la dimension nucléaire des relations stratégiques nous concerne aussi et doit être pris en compte dans son intégralité : l’implication des Européens dans le dossier iranien depuis plusieurs mois montre que cette prise de conscience existe.
Dans ce contexte, si la France et le Royaume-Uni poursuivent leurs efforts d’investissements financiers, humains et technologiques pour maintenir le niveau d’excellence de leur outil de dissuasion nucléaire, les débats sur les conséquences de ce nouvel environnement restent rares en Europe. À travers différents éclairages, mettant en perspective les six décennies passées, la FRS souhaite proposer des clés de lecture d’autant plus utiles que les mois à venir seront largement marqués par des dossiers de nucléaire militaire.
François Heisbourg s’interroge sur les leçons que nous pouvons tirer de l’histoire et revisite le lien entre dissuasion nucléaire et paix à travers une étude de situations diverses. Il souligne que la période de la Guerre froide a été riche en situations où les prémices et les évaluations de départ auraient pu nous amener à la catastrophe. Si les nouveaux entrants sont certainement des acteurs rationnels, nous devons néanmoins nous préparer à un risque croissant de dysfonctionnement et à la perspective de scénarios que la Guerre froide ne représente pas.
Bruno Tertrais nous rappelle que le problème de l’arme nucléaire est son trop bel avenir : police d’assurance pour certains, atout de contre-dissuasion pour d’autres, elle reste une arme d’une nature différente de celle des armes conventionnelles ; même aux États-Unis, la défense antimissile s’inscrit avant tout dans une logique de complémentarité avec les moyens offensifs nucléaires et non plus de substitution. Reste que nul ne peut prédire les conséquences pour la pérennité du concept de dissuasion d’un « troisième emploi ».
Michel Asencio revient sur les efforts de contrôle des technologies et sur les succès enregistrés dans le ralentissement de la diffusion de celles-ci. Face à de nouveaux acteurs ou aux tentatives de contournement, il souligne l’importance d’une approche convergente entre les États-Unis et les Européens.
Yves Boyer reprend les difficultés d’une approche européenne en matière de dissuasion nucléaire. Il rappelle l’absolue priorité de maintenir un effort continu de modernisation des outils en France et au Royaume-Uni, la nécessaire patience compte tenu de l’imperfection de l’autonomie stratégique européenne et, enfin, l’intérêt d’une approche graduelle pour « injecter » l’idée même de dissuasion dans un contexte européen.
Enfin, quelques pistes pour l’avenir ont été retenues pour illustrer la diversité et la complexité des questions prospectives tant sur un plan géostratégique que sur des questions technologiques.

1 - Directeur, Fondation pour la Recherche Stratégique.
I
Soixante ans après Hiroshima : bilan et perspectives du nucléaire militaire
La dissuasion nucléaire a-t-elle préservé la paix ?
François Heisbourg 1

Enjeux
Les défenseurs des programmes nucléaires militaires mettent volontiers au crédit de l’armement atomique le fait que la Guerre froide soit demeurée un affrontement virtuel au plan militaire, du moins dans les cas où se trouvaient face à face les armées des pays disposant d’armes nucléaires. Avant d’examiner le bien-fondé de cette thèse, il est important de garder à l’esprit deux constats.
Le premier, c’est que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire, dans le cas d’espèce les pays industrialisés occidentaux, et plus spécialement ceux qui ont animé l’Alliance atlantique, au tout premier rang desquels les États-Unis. Or l’Alliance atlantique a, dès ses origines, donné un rôle prééminent aux armes nucléaires. Il y aura donc un biais naturel de l’Alliance à souligner ex post facto la contribution de la dissuasion à l’issue heureuse – à la fois victorieuse et pacifique – de la Guerre froide. L’autre observation est que la gamme des acteurs ayant un intérêt à mettre en exergue la place centrale de la dissuasion nucléaire est extrêmement large. Il s’agit moins ici des industriels et opérateurs du complexe militaro-nucléaire, depuis les laboratoires jusqu’aux grands commandements nucléaires stratégiques, que de tous ceux – politiques, analystes, relais d’opinion, autorités morales – qui ont eu à justifier quotidiennement une politique basée sur l’éventualité de la mise à mort de dizaines de millions de civils innocents. La seule façon de rendre moralement acceptable des doctrines impliquant la possibilité de la destruction indiscriminée de populations entières, sinon de l’humanité elle-même, est de pouvoir s’appuyer non seulement sur le constat heureux qu’il n’y a pas eu lieu de recourir à de telles extrémités, mais encore sur le fait supposé que de telles menaces ont effectivement contribué de façon décisive à empêcher une nouvelle guerre mondiale.
Tous ceux, comme l’auteur de ces lignes, qui ont participé à des degrés divers à la définition et à la conduite de telles politiques – y compris, entre autres, celles des églises qui ont accepté à des degrés divers des stratégies basées sur la destruction mutuelle – auront la conscience d’autant plus tranquille que l’immoralité fondamentale de doctrines de la mégamort virtuelle sera compensée, et au-delà, par la moralité supérieure des morts réellement évitées. La démonstration sera d’autant plus nécessaire qu’il est possible aussi d’imputer à la dissuasion nucléaire la durée et la dureté du sort subi par les pays d’Europe centrale et orientale au nom de la stabilité stratégique : les peuples et les pays du glacis européen de l’empire soviétique furent des victimes réelles de la Guerre froide. Sans les exigences de la dissuasion nucléaire, il est permis de penser que l’URSS aurait – peut-être – eu les coudées moins franches à Budapest (1956), Prague (1968) ou Varsovie (1981). De ces considérations découle l’enjeu que représentera au fil des prochaines décennies le travail de mémoire de la Guerre froide. Si ce travail n’a pas encore vraiment démarré, il se fera inévitablement autour de la thématique : licéité morale et efficacité réelle de la dissuasion nucléaire.
Ce débat aura des conséquences pratiques, puisqu’il contribuera dans la durée à peser sur l’acceptabilité de la possession future d’armes nucléaires par les États occidentaux qui en disposent aujourd’hui, et sur les doctrines qui les sous-tendent. Autrement dit, le questionnement sur la contribution du nucléaire à la drôle de paix que fut en Europe la Guerre froide n’aura pas qu’un intérêt académique.
Cela vaut a fortiori pour les implications de

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