Coupés du monde
240 pages
Français

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Coupés du monde , livre ebook

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Description

" Dis-moi, lui demandais-je, est-ce que j'ai l'air d'un jeune Polonais ? " Il comprend tout de suite ce que je veux dire. Il me jette un regard assez trouble et me dit : " Non seulement tu ressembles à un jeune Polonais, mais tu as même l'air d'un antisémite. " C'est sa physionomie qui a permis à Yankev Celemenski de mener à bien les missions confiées par le Bund à travers la Pologne fragmentée sous domination nazie.
Mais il a surtout fait preuve de courage, de détermination et de solidarité dans son engagement pour la défense du peuple juif assassiné, coupé du monde. Il nous entraîne dans ses actions clandestines dans les villes puis les ghettos où il délivre informations, littérature interdite, conseils, subsides et coordonne les actions de la résistance. Après le soulèvement du Ghetto de Varsovie, il soutient également les combattants et partisans juifs réfugiés dans les forêts.
Dans l'action jusqu'au bout, il participe à l'insurrection de la capitale en 1944, y survit mais n'échappe pas à la déportation... comme prisonnier polonais. Acteur de l'Histoire, il a côtoyé les grandes figures socialistes de la résistance juive ou polonaise, tout en portant un regard tendre et fraternel sur les plus démunis dont il partage les souffrances. Ce récit, écrit en yiddish et enfin traduit en français, permet à Yankev Celemenski de nous faire partager une épopée rare, d'une richesse exceptionnelle, fruit d'une grande probité intellectuelle et d'une profonde humanité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 mars 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782304053012
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yankev Celemenski
Coupés du monde
Un militant du Bund raconte la survie et la résistance juives sous l’occupation nazie en Pologne
Traduction française de Michel Celemenski avec la collaboration de Patricia Chandon-Piazza sous la direction de Bernard Vaisbrot
Collection Témoignages de la Shoah


Le Manuscrit
Paris


© Éditions Le Manuscrit, 2022
ISBN : 978-2-304-05300-5
Édition originale en yiddish sous la direction d’Avrom Shulman et Yankev Sholem Hertz, New York, 1963.


Présentation de la Collection « Témoignages de la Shoah » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
En lançant sa collection « Témoignages de la Shoah » avec les Éditions Le Manuscrit, et grâce aux nouvelles technologies de communication, la Fondation souhaite conserver et transmettre vers un large public la mémoire des victimes et des témoins des années noires des persécutions antisémites, de 1933 à 1945.
Aux nombreux ouvrages déjà parus, la Fondation espère ainsi ajouter les récits de celles et ceux dont les voix sont restées jusqu’ici sans écho : souvenirs souvent enfouis au plus profond des mémoires individuelles ou familiales, récits parfois écrits mais jamais diffusés, témoignages publiés au sortir de l’enfer des camps, mais disparus depuis trop longtemps des rayons des bibliothèques.
Si quelqu’un seul ne peut décrire l’indicible, la multiplicité des récits peut s’en approcher.
En tout cas, c’est l’objectif que s’assigne cette collection à laquelle la Fondation, grâce à son Comité de lecture composé d’historiens et de témoins, apporte sa caution morale et historique.
Face à une actualité où l’instrumentalisation des conflits divers tend à obscurcir, confondre et banaliser ce que fut la Shoah, cette collection permettra aux lecteurs, chercheurs et étudiants de mesurer la spécificité d’une persécution extrême dont les uns furent acteurs, les autres, complices, et face à laquelle certains restèrent indifférents et les autres héroïques.
Puissent ces ouvrages inspirer à leurs lecteurs le rejet de l’antisémitisme et de toute autre forme d’exclusion, ainsi que l’esprit de fraternité.
Consultez le site Internet de la FMS : www.fondationshoah.org


Comité de lecture de la Collection « Témoignages de la Shoah »
Serge Klarsfeld, président
Isabelle Choko, survivante de la déportation
Alexandre Doulut, historien
Katy Hazan (OSE), historienne
Michel Laffitte, historien
Dominique Missika, historienne
Denis Peschanski, historien
Annette Zaidman, enfant cachée
Philippe Weyl, responsable de la Collection
Correction : Laurence Beilvert
Voir les autres titres de la Collection en fin de volume,.


Avant-propos
par Michel Celemenski
traducteur
Je dédie cette traduction à la mémoire de mes parents, Herman et Nauma Celemenski, et je l’offre, pour la mémoire, à mes filles, Maya et Ruby.
Merci infiniment à Yankev Celemenski :
– d’avoir écrit ce livre, qui est le récit de l’action d’un émissaire et activiste du Bund durant l’occupation nazie de la Pologne et un témoignage de la résistance juive. Il relate l’héroïsme et le sang-froid de militants connus, mais aussi d’autres, restés dans l’ombre, qui se battirent au nom de l’idéal qui animait le Bund pour maintenir en vie une civilisation vouée à la destruction et garder foi en l’avenir.
Il nous e ntraîne, avec force détails, dans le quotidien de différents ghettos 1 de Pologne, dont on peut suivre l’évolution avant et après la mise en œuvre de la « Solution finale » : Varsovie, Cracovie, Zagłębie, Lublin, Piotrków, Tomaszów Mazowiecki, Radom, Radzyń, Międzyrzec, Tarnów, Częstochowa et la forêt de Wyszków. Yankev décrit aussi le fonctionnement démocratique du Bund et son interaction – parfois difficile – avec les autres organisations résistantes : sionistes, résistants polonais de gauche et de droite.
– de nous faire revivre la volonté et la lutte du peuple juif pour maintenir sa culture et sa dignité. De nombreux exemples émaillent le récit, dont une soirée littéraire animée par l’écrivain Yitskhok Kacenelson 2 . « Trois jeunes écrivains, qui présentent leurs poèmes et leurs essais, sont assis sur scène. Kacenelson anime la soirée, suivie par ce public attentif et enthousiaste. Les thèmes des ouvrages sont le reflet du quotidien des participants. La parole féconde de Kacenelson est source d’inspiration pour de jeunes écrivains qui fleurissent comme des roses, jaillissant de ce terreau noir, maculé de sang. Kacenelson lance des piques à Dieu et au monde libre, qui gardent le silence pendant que les Juifs se noient dans des rivières de sang. » [p. 103 du présent volume]
– de ne pas être complaisant envers cette minorité de Juifs qui ont activement profité de la barbarie nazie – trafiquants, « opérateurs », policiers, collaborateurs gestapistes… Yankev n’épargne aucun détail. Sa description du cabaret Sztuka , installé au sein du Ghetto de Varsovie, où se côtoyaient Juifs collabos, Polonais et Allemands, nous donne la nausée, quand il observe : « […] ce petit cocon coupé d’une ville qui subissait la douleur, la faim et la privation. » [p. 101]
– d’avoir abordé, avec beaucoup de lucidité et d’honnêteté, l’antisémitisme polonais dominant pendant la guerre, tout en rendant hommage aux organisations polonaises et aux nombreux Polonais qui, au péril de leur propre vie, sont venus en aide à la population et aux résistants juifs. Aux premières pages du chapitre « Un ‘‘ Aryen ’’ juif », il montre la justesse de son analyse de ce problème complexe qui nous taraude encore aujourd’hui.
– de partager avec nous le travail quotidien du Bund en faveur des personnes les plus touchées par la barbarie nazie et ses actions pour perpétuer la culture juive et la langue yiddish. En cela, Coupés du monde est une remarquable leçon d’humanité, revendiquant le droit pour chacun de rester un mentsh 3 , un être humain qui persiste à vivre au quotidien selon son éthique, affirmant sa culture et accomplissant son devoir de solidarité, même dans les conditions les plus cruelles et désespérantes.
Le Bund , organisation laïque et socialiste, est toujours resté fidèle aux grands principes des mitzvès (« bonnes actions ») de la tradition juive que chacun doit accomplir quotidiennement en contribuant au bien-être des autres à la hauteur de ses capacités. Cela comprend l’école gratuite pour les enfants de familles pauvres, des dons de vêtements et de nourriture aux plus dépourvus, le soutien d’orphelinats, de foyers d’habitation pour les moins fortunés et les personnes âgées, l’aide financière sans contre-partie… Yankev et ses camarades (le mot le plus utilisé dans le texte) n’ont jamais cessé d’appliquer ces principes qui sont au cœur du judaïsme et du socialisme, mais aussi de toute communauté ou de tout système humaniste.
– par sa force d’écriture, d’avoir mis en lumière, dans des pages bouleversantes, le climat et l’état psychologiques dans lesquels se trouvaient les acteurs de cette tragédie : des personnes ordinaires qui ont su faire face à des souffrances extraordinaires, sans jamais perdre leur dignité, leur courage et leur empathie. Je pense à son père, qui s’est sacrifié pour sauver sa famille et un de ses voisins lors d’une rafle, en se livrant volontairement à la Gestapo. Je pense surtout aux épisodes où enfants et jeunes pris dans cet enfer ont pu, au moins un certain temps et grâce au Bund , continuer à vivre presque normalement, prenant un repas chaud tous les jours, allant à l’école, participant à des activités culturelles et sportives et surtout ayant encore une vie de famille et un espoir d’avenir.
Je pense à la petite Frumètel , qui chante fièrement Di Shvuè , l’hymne du Bund . Je pense à Moniekel , fils d’une prostituée et d’un père prisonnier de droit commun, qui trouve sa voie à l’école du Bund et périra plus tard les armes à la main. Et je pense à tous les autres, et en particulier aux enfants du sanatorium Medem de Miedzeszyn : au lendemain de leur déportation vers Treblinka, dans des termes d’une grande simplicité, Yankev nous fait ressentir sa douleur et son chagrin, le temps d’un trajet en train où les paysages de la campagne pleurent avec lui son deuil.
Mais son talent littéraire ne saurait être réduit à l’évocation du malheur. I l sait aussi garder cet œil malicieux, ce regard décalé qui nous a amenés à sourire, voire à rire, en traduisant certains passages. C’est cette sorte d’humour que Romain Gary, dans La Promesse de l’aube , définit comme « une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l’homme sur ce qui lui arrive », le témoignage de la vitalité et de la foi en l’avenir du peuple juif.
Son style et sa dramaturgie, voire son talent de scénariste, nous font aussi vivre les pérégrinations d’un roman d’espionnage. Yankev y navigue entre les ghettos et les zones aryennes sous une fausse identité, mis en danger à maintes reprises par les autorités d’occupation et leurs collaborateurs, mais toujours capable, grâce à son discernement (et parfois l’aide de la Providence), de déjouer la mort.
– d’avoir voulu survivre, d’avoir eu le courage de relater ces histoires et d’avoir offert à tous les disparus ce livre-sépulture. Dans la préface de son Histoire du xix e siècle , intitulée « Des justices de l’histoire », le grand historien Jules Michelet demande que l’on traite les disparus comme des proches : « Ainsi se fait une famille, une cité commune entre les vivants et les morts. »
Même si je porte le même patronyme que toi, Yankev, je ne connais toujours pas notre lien de parenté ; mais grâce à ton livre, j’appartiens désormais à ta famille et j’habiterai toujours cette cité commune que tu as bâtie dans mon esprit. Pour cela je ne pourrai jamais suffisamment te remercier.
Remerciements
Je remercie :
Heidi Klaimitz, ma chère amie de New York,

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