Douze ans en 1945
78 pages
Français

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Douze ans en 1945 , livre ebook

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Description

Le 8 mai 1945, la deuxième Guerre mondiale est terminée. Les Allemands ont capitulé et nous laissent une France ravagée. Les villes sont détruites, les usines sont anéanties, les réseaux routiers et ferroviaire impraticables. Les Français souffrent du manque de nourriture. On est privé de tout, en particulier de viande, de lait, de beurre, de pain. Les tickets d’alimentation sont encore en vigueur, et le marché noir va bon train.
Pourtant, dès l’année 1945, la France se redresse. Les voies ferrées sont réparées, les locomotives de dernières générations sur les rails, les usines reconstruites, les mines de charbon et les hauts fourneaux tournent à plein régime.
C’est dans ce climat que l’auteur, âgé de douze ans en septembre 1945, va retracer une année de sa vie. Permettant ainsi au lecteur d’échapper à la morosité du monde d’aujourd’hui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 octobre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9791093552446
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rentrée er Lundi 1 octobre 1945
Premier octobre. Jour d’automne. Il fait déjà froid, notre haleine condense. Jour de la rentrée des classes. Jour mythique. Cette année je rentre en cinquième, au collège Turgot, mais je n’y serai pas dépaysé comme l’an dernier quand, du Moulin Vert, je débarquais pour la première fois à Paris. Je vais retrouver tous mes copains. Mes affaires de classe sont prêtes. Enfin presque.
Dessin de Sempé (1946).
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La cinquième III en 1945
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En route ! Avec mes deux potes Bobos et Jojo, qui, comme moi, vont à Turgot. Nous retrouvons vite nos (mauvaises) habitudes : resquiller pour monter avant tout le monde dans l’autobus, s’installer en première classe dans le métro et jouer à ne pas se faire prendre par le contrôleur, sillonner en courant tous les couloirs de la station République.
Collège Turgot, aujourd’hui lycée.
Je n’aime pas l’école, mais j’aime Paname. Cela change tellement de la campagne du Moulin Vert. Et je suis bien intégré à Turgot.
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Dans la cour, tous mes copains sont là : Deslandes la grande asperge, Beaumont dit La délo, Le Peltier l’aristo, Touchon avec sa bouche en culdepoule, Bonnin toujours très sage, de Laval si bien sapé, Gallini toujours à rigo ler, Sergain dit la chèvre, Douharé dit la Pipelette, Souy, Chauvet, Finkelstein, les autres. Ça papote, ça discute, ça gueule, c’est viril. J’aime bien. Puis la classe. Nouvel emploi du temps. Nos professeurs. Les mêmes : Madame Brillac,prof de français et prof principal, si petite, si menue, si gentille. La mère Sohre, surnommée Hareng, prof d’anglais. Elle ne peut pas me piffer, la vache. La réciproque est vraie. Elle me dégoûte avec ses airs mondains et son charabia d’anglais. Monsieur Lourneur, dit Tara Bey parce que sa longue barbe grise rap pelle un fakir, prof de dessin. Il râle tout le temps à propos des sportifs, en particulier de Cerdan qui, ditil, perdrait s’il boxait contre un autobus. À mon avis, il est un peu cinglé ! Et les nouveaux, dont un, monsieur Grassin, prof de math, de fort grande renommée au collège. On ne fait pas grand chose cette première journée. La cantine n’a pas changé. Gaétan, le cuistot, et sa femme, que nous appelons la Gaétane, non plus. Ils sont toujours aussi désagréables. À midi, sur les grandes tables carrelées et scellées au sol, notre infâme repas est vite expédié. À la
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récré, GaétanGaétane ouvrent leur fenêtre, qui donne sur les latrines, et nous vendent leurs sucreries. J’aime leurs caramels mous… que je vais manger un peu plus loin ! En cinquième, nous sommes des Grands. À ce titre nous terminons une heure plus tard. En quittant l’autobus, je tra verse le Moulin Vert, de nuit, comme un grand. Et je crâne.
Comme un Grand.
Her Mardi2octobre
Cours de sciences naturelles. Nouveau professeur, Monsieur Chapel. Bonne tête, assez sympathique à pre mière vue. Bonne impression donc. Après les présentations d’usage, Chapel entreprend de parcourir les travées pour demander nom, prénom et âge de chacun des élèves. — Afin de ne pas commettre d’erreurs, je vous demande de dire votre nom puis de l’épeler, ditil. Il commence et note au fur et à mesure les noms des élèves. Je donne mon nom :
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— Puillet, p, u, i, deux l, e, t. Un peu plus loin, un garçon annonce : — Her, h, e, r — Je vous demande de donner votre nom avant de l’épe ler, coupe le professeur. — Her, h, e, r — Mais je vous ai demandé de donner votre nom avant de l’épeler, redit le professeur. Quelques murmures et rires à peine cachés. — Her, h, e, r, reprend l’élève sans sourciller. — Vous vous moquez, je vous ai demandé… s’énerve le professeur. — Her, h, e, r À ce moment la classe croit le prof devenu fou ! — Cela suffit monsieur Rher. Mais donnezmoi donc votre nom bon diou !
Chapel est rouge comme une crête de coq, presque à l’apoplexie. Jacques Her, tranquillement, sur une feuille blanche, inscrit son nom, son prénom, son âge. Et la pré sente au prof. Celuici, beau joueur et bon perdant, esquisse un sourire, puis un rire. Toute la classe est joyeuse. C’est le signe d’une bonne rentrée.
Plus tard, je serai professeur de sciences naturelles.
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