Évadée du Vél’ d’Hiv’
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Français

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Évadée du Vél’ d’Hiv’ , livre ebook

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Description

Evadée du Vel' d'Hiv' retrace la rafle des Juifs parisiens de juillet 1942 opérée par des policiers français « zélés ». Anna a alors 20 ans et des rêves de jeune fille plein la tête. Elle est arrêtée à son domicile le 16 juillet et conduite au Vélodrome d'Hiver. Pressentant une issue fatale, elle n'a qu'une idée en tête : s'enfuir et rejoindre ses proches, que dans un sursaut de conscience elle avait pris soin de cacher. Les conditions extrêmes de détention, la faim, la soif et la maladie ne la détourneront jamais de ses objectifs. Par deux fois, elle échappe à la mort grâce à une remarquable présence d'esprit et à la complicité de quelques uns, policier, médecin et ouvrier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304048339
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Anna Traube
Évadée du Vél’ d’Hiv’
Collection T É moignages de la Shoah

Le Manuscrit


ISBN: 9782304048339
© 2019 Le Manuscrit
Anna Traube




Présentation de la collection « Témoignages de la Shoah » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
En lançant sa collection « Témoignages de la Shoah » avec les Éditions Le Manuscrit, et grâce aux nouvelles technologies de communication, la Fondation souhaite conserver et transmettre vers un large public la mémoire des victimes et des témoins des années noires des persécutions antisémites, de 1933 à 1945.
Aux nombreux ouvrages déjà parus la Fondation espère ainsi ajouter les récits de celles et ceux dont les voix sont restées jusqu’ici sans écho : souvenirs souvent enfouis au plus profond des mémoires individuelles ou familiales, récits parfois écrits mais jamais diffusés, témoignages publiés au sortir de l’enfer des camps, mais disparus depuis trop longtemps des rayons des bibliothèques.
Si quelqu’un seul ne peut décrire l’indicible, la multiplicité des récits peut s’en approcher.
En tout cas, c’est l’objectif que s’assigne cette collection à laquelle la Fondation, grâce à son Comité de lecture composé d’historiens et de témoins, apporte sa caution morale et historique.
Face à une actualité où l’instrumentalisation des conflits divers tend à obscurcir, confondre et banaliser ce que fut la Shoah, cette collection permettra aux lecteurs, chercheurs et étudiants de mesurer la spécificité d’une persécution extrême dont les uns furent acteurs, les autres, complices, et face à laquelle certains restèrent indifférents et les autres héroïques.
Puissent ces ouvrages inspirer à leurs lecteurs le rejet de l’antisémitisme et de toute autre forme d’exclusion, ainsi que l’esprit de fraternité.
Consultez le site Internet de la FMS : www.fondationshoah.org


Comité de lecture de la collection (2012)
Serge Klarsfeld, président
Olivier Coquard, historien
Gérard Gobitz, survivant de la déportation
Katy Hazan (OSE), historienne
Dominique Missika, historienne
Denis Peschanski, historien
Paul Schaffer, survivant de la déportation
Philippe Weyl, responsable de la collection
Voir les autres titres de la collection en fin de volume.


Remerciements
À toutes ces personnes, à tous ces « Justes » grâce auxquels je suis là, aujourd’hui, pour raconter mon histoire.
À Mary Hémard qui m’a poussée à faire ce travail de mémoire et à écrire ce livre.
À Marie-Thérèse Kouri qui m’a poussée à le finir.


Préface
Elle m’a raconté son histoire, un soir de juillet 1999 à Nice au restaurant du bord de mer.
Je lui ai dit : « Il faut l’écrire. »
Elle n’a pas répondu.
Deux ans ont passé. Aux vacances, je lui ai proposé de recueillir ses propos. Elle m’a dit : « On verra ».
Pendant les vacances, je le lui ai à nouveau demandé. « Je ne suis pas prête, on verra l’année prochaine » m’a-t-elle répondu.
Les vacances suivantes, j’ai pensé « Si elle ne me parle pas de l’histoire, je ne lui demande plus rien. »
Dès le deuxième jour, elle m’a dit : « Vous savez pour l’histoire, je suis prête. » Je ne me sentais plus assez forte pour l’entendre et cette fois, j’ai repoussé notre tête-à-tête à l’hiver suivant à Paris.
« C’est maintenant ou jamais ! » a-t-elle précisé.
Alors, nous avons pris rendez-vous pour le lendemain, même mer, même plage, même restaurant, pour que je recueille enfin ses propos.
« Anna, pardon de fouiller ces tristes souvenirs dans ta mémoire, nous allons faire un témoignage de ces jours irréels que tu as réellement traversés. Grâce à ton courage et à la bienveillance de nombreuses personnes, tu es là, aujourd’hui. »
Mary Hémard


Mon arrestation 16 juillet 1942
Je m’appelle Anna Traube. Je suis née à Leipzig en Allemagne. Mes parents, qui s’étaient connus à Berlin — mon père était de Pologne, et ma mère de Lituanie — sont venus à Paris en 1924.
J’avais passé la nuit du 15 au 16 juillet 1942 à Saint-Gratien chez mon amie de lycée, Georgette Thonon. Son père, Charles Thonon 1 , était maire de Saint-Gratien et député d’Enghien-les-Bains sous Léon Blum et Jean Zay.
Des bruits très alarmants commençaient à circuler sur une arrestation massive des juifs. J’avais vingt ans, j’étais belle, gaie, sportive. Au matin, je suis rentrée chez moi, 17, rue de Lancry à Paris dans le X e arrondis-sement où j’habitais avec ma famille.

Anna et son amie Georgette devant un trompe-l’œil représentant le pont du paquebot Normandie à la Foire du Trône, au sortir du lycée du Cours de Vincennes, 1937-1938.
Mon père était dentiste et avait son cabinet, au premier étage au-dessus de l’entresol, dans notre grand appartement de six pièces, auxquelles s’ajoutait une chambre de bonne, au sixième étage.
La cour de notre immeuble était pavée. C’était une ancienne folie, ce qui le classait monument historique.
Devant les menaces qui pesaient contre les juifs, mon père était déjà parti en zone libre 2 à Limoges où il devait préparer notre arrivée. Mon frère aîné, Michel, plus âgé d’un an et demi, et moi n’étions pas pressés de quitter Paris où nous menions une vie très agréable, ponctuée par des « surprises-parties ». Mais ma mère, Dina, très inquiète, insistait pour que nous partions au plus vite rejoindre notre père. En réalité, la vie pour les juifs devenait de plus en plus difficile.
J’avais terminé ma première année à l’école dentaire de la rue Garancière à Paris et j’avais été obligée d’arrêter mes études car le numerus clausus de la rentrée 1941-1942 les interdisait aux juifs 3 . Il faut savoir que fréquenter les lieux publics, théâtres, cinémas, piscines, métro — où nous n’avions le droit d’utiliser que le dernier wagon —, était proscrit par décret. De plus, nous avions l’obligation de nous faire recenser au commissariat 4 et de porter l’étoile jaune 5 .
Cette mesure m’obligeant à arrêter mes études et toutes ces interdictions me révoltaient. Déjà tournée vers le sport, je le pratiquais d’autant plus. Je cachais mon étoile jaune dans le revers de ma veste et j’allais au stade Lacretelle-PUC 6 pour faire de l’athlétisme.
Le responsable du stade m’avait autorisée, à ses risques et périls, à venir m’y entraîner. Il avait signé ma carte de membre actif et son autorisation datait du 10 juillet 1942 7 , soit six jours avant la rafle.
En fait, à chacune de mes sorties, si je me faisais prendre, je risquais la déportation immédiate, mais je l’ignorais.
Au stade, je retrouvais mes deux amies, Françoise Fontan, de Fontenay-sous-Bois et Jacqueline Labattut, de Bois-Colombes, étudiante à HEC, championne du quatre cents mètres, derrière laquelle, étant bonne au sprint, « j’avalais » des tours de piste.

Carte de membre du PUC d’Anna Traube, 1941-1942.
Ce matin du 16 juillet 1942, je rentrai inquiète de Saint-Gratien. À peine arrivée rue de Lancry, Françoise vint nous prévenir que les arrestations avaient commencé dans la nuit même et me proposa de m’emmener chez elle, ce que je refusai.
Devant la gravité de la situation, ma mère avait demandé à Françoise d’aller faire la monnaie de billets de cinq cents francs afin de nous les partager : nous avions décidé de partir pour Limoges rejoindre notre père et de voyager séparément.
À peine avions-nous eu le temps de discuter entre nous qu’on sonnait à la porte. Pensant que c’était Françoise, j’allai ouvrir et me retrouvai nez à nez avec deux policiers français, l’un en civil, l’autre en uniforme 8 .
En entendant les policiers, mon frère était tout de suite parti par l’escalier de service se réfugier dans la chambre de bonne. Nous pensions, à cette époque, que c’était surtout les hommes qu’on cherchait, pour les envoyer travailler en Allemagne.
« Il y a bien quatre personnes ici ? » demanda l’un des policiers. Je répondis : « Mon père et mon frère sont déjà en zone libre. »
Ma mère les supplia de nous laisser partir. Mais je compris très vite que cela ne servait à rien et pensai qu’il fallait se sauver par la ruse. Je réalisai aussi, très rapidement, que les policiers n’avaient pas vu la petite porte très discrète dans l’entrée. Celle-ci desservait le long couloir qui permettait d’accé

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