Féminité(s)
120 pages
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Féminité(s) , livre ebook

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Description

Soizic, née en Charente en 1880, grandit auprès d’un père aimant dont elle fait la fierté. Devenue une jeune femme, elle affirmera une nature déterminée, avide de liberté et de justice, sincère et droite, mais toujours respectueuse de l’Autre... Féministe au sens noble du terme, Soizic se fera défenseure des droits de la femme, mais aussi des droits de l’ouvrier, tout en s’épanouissant en tant qu’épouse et mère.


De la Belle Époque aux Années folles, d’une guerre à une autre, Soizic parviendra-t-elle à traverser les épreuves la tête haute et à rester la plus fidèle possible aux promesses de ses jeunes années ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383510024
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Féminité(s)
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Natalice
Féminité(s)
À l’aube d’un nouveau monde

 
À Jeanne et René,
mes grands-parents de cœur…
 
 
Préface
J’ai rencontré Jeanne alors que j’avais deux ans. Elle fut l’une de ces « employées de maison » chargées de veiller sur mon frère aîné et moi alors que nos parents travaillaient.
Être élevé par des employés de maison n’est pas synonyme de bonheur, mais on s’y fait et on finit par se lier, même à celles qui vous menacent d’être dévoré par un loup si vous entrez dans le salon, histoire de ne pas le salir…
Jeanne était une femme de cœur, elle s’est immédiatement attachée à nous, nous étions les enfants qu’elle et René n’avaient jamais pu avoir…
Elle a travaillé quelques mois chez nous, puis est repartie vers d’autres horizons, vers sa Charente natale. Les liens tissés entre elle et nos parents ne se sont pas éteints pour autant. Régulièrement, quasiment chaque été, nous allions passer les vacances scolaires à Marennes, dans leur jolie petite maison toujours gaie et souriante. Comme j’étais heureuse alors ! Les oiseaux chantaient dans leur cage, René bêchait et binait son jardin avec patience et amour, Jeanne nous entourait d’une tendresse sans égale…
Au mois d’août, nos parents nous rejoignaient et le charme se diluait dans une ambiance nettement moins aérienne, où les tensions, que je ne comprenais pas encore, prenaient une lourde place dans nos vies. Nous désertions la maison de Jeanne et René pour une location pas très éloignée.
Mais nous n’étions plus chez eux…
Puis les relations se sont espacées, jusqu’au décès de mon père en 1976. L’été suivant ce drame, nous sommes allés le passer chez Jeanne et René, reprendre goût à la vie dans ce havre de paix simple et franc…
J’ai grandi et « fait ma vie », un peu oublieuse de ces années bonheur et de cette tendresse, mais Jeanne et René sont toujours restés dans mon cœur, dans mes pensées. Je suis furieuse après moi de n’avoir pas été présente au moment de leur départ vers ailleurs, cet ailleurs où j’espère les retrouver un jour, d’où ils me voient et me veillent, j’en suis certaine…
Lorsque j’ai commencé l’écriture de ce livre, ma plume tout naturellement m’a menée vers la Charente, Jarnac où vivait le neveu de Jeanne et René, puis Angoulême, que j’ai découvert l’été dernier, désireuse de ne pas écrire d’incohérences sur cette ville riche d’Histoire.
Je voudrais tant que mes grands-parents de cœur, Jeanne et René, soient présents pour recevoir cet hommage au terreau qu’ils ont apporté à mes racines, à cette idée de l’amour et de la tolérance qui m’habite et qu’ils m’ont transmise.
Merci à eux d’avoir été présents, merci à leur famille de nous avoir accueillis aux cérémonies familiales comme des enfants de leur maisonnée. Je pense en particulier à Germain et Anne-Marie, dont j’ai malheureusement perdu la trace par négligence…
Je vous souhaite, amis lecteurs et lectrices, de rencontrer des personnes de même qualité, porteuses de tant d’amour désintéressé.
Belle vie à tous,
merci de me lire et de m’être fidèles,
livre après livre…
Natalice — janvier 2020
 
Prologue
Petit matin blême au seuil d’une journée enneigée. Le froid, brutal, impitoyable, saisit le nez rougi et les lèvres bleuies de Soizic, au sortir de sa maison.
Elle relève en frissonnant le col élimé d’une veste sans âge et s’enfonce dans l’obscurité tenace, peu empressée à laisser place au soleil, à peine perceptible à l’horizon. Un soupir au bord du cœur, Soizic avance lentement sur les pierres inégales du jardin assoupi.
Assis sur le rebord de la fenêtre, bien au chaud près du poêle, Frimas le vieux matou la suit un instant du regard, puis se recouche nonchalamment.
La vieille femme marche avec peine, ses genoux usés rechignent à la porter si tôt levés et par un tel froid sur un chemin incertain.
À l’orée du village, une hésitation la prend, une envie fugace de renoncer soudain, mais sa conscience et sa raison l’emportent, une vie entière de légitimité, de droiture et de bienséance intime à sa déraison de se taire et de la laisser faire son devoir. Chaque matin, chaque saison, faisant fi de la maladie ou de la mélancolie, de la fatigue ou de la détresse, chaque aube accompagne Soizic sur le chemin sinueux et chaotique où les chevilles se tordent et les rotules gémissent.
Ses jambes continuent d’avancer, mues par un automatisme acquis au fil des ans, au fil des deuils, au fil des amitiés et des amours perdues…
La lourde grille se referme dans un grincement derrière la vieille femme. Comme chaque jour, elle s’arrête un court moment, le temps d’épouser du regard le relief irrégulier des croix maladroitement alignées. La vue brouillée, toujours aussi bouleversée malgré les années écoulées, Soizic avance mécaniquement jusqu’à une tombe modeste, dont elle essuie machinalement la pierre couverte de gelée blanche.
Son esprit récite autant qu’il lit l’inscription :
Norbert Joulin
4-11-1879
9-10-1942
C’est le moment inévitable où son esprit s’égare : un souvenir en attire un autre, un visage en réveille un autre…
Malgré le froid et le grésil, Soizic s’assoit sur la pierre glacée et en caresse une à une les lettres gravées : N-O-R-B. Là, les larmes commencent à couler sur ses joues, en ruisseau de douleur et de nostalgie. E-R, le ruisseau devient fleuve. T : Soizic est près du sanglot hystérique…
C’est alors qu’une main, douce et ferme à la fois, se pose sur son épaule en une secousse légère, l’obligeant à lever la tête et entrouvrir les yeux. Derrière le rideau épais de ses cils grisonnants, Soizic entrevoit un visage moustachu, des yeux bienveillants, un sourire tout en tendresse…
— Toi ? Mais…
— Chut, ne dis rien !
Alors, la vieille dame accepte sans mot dire ce réconfort inespéré, elle se laisse aller contre ce corps dont on jurerait que le froid ne l’atteint pas, et ferme les yeux, ouvrant la porte aux souvenirs et aux émotions…
 
 
1 re  partie
Des étoiles dans les yeux
«  La vie n’est pas faite de grands sacrifices et de lourds devoirs, mais de petites choses   ; parmi lesquelles le sourire et la bonté dispensés sans modération, qui gagnent les cœurs et les aident à battre.  »
Sir Humphrey Davy (1778 – 1829)
 
 
Premiers pas
1882 : Soizic fait ses premiers pas dans les rues inégales d’une petite ville des Charentes. Son père, fier de ses prestations, est complètement sous le charme de ce petit bout de femme qu’il a désiré si longtemps ! Emma son épouse n’a pas survécu aux deux épreuves de la grossesse et de l’accouchement : de nature frêle et maladive, elle était pourtant si heureuse de donner enfin un enfant à son mari ! Elle sentait bien qu’elle risquait sa vie, mais son dévouement à cet homme si généreux n’avait pas de limite et elle en oubliait sa propre existence. Être remarquée par lui, si beau et si courtisé, avait été tellement incroyable que jamais elle n’avait cessé de lui rendre grâce pour cette vie douce et choyée qu’il lui avait procurée…
Pourtant François ne s’était pas forcé pour lui offrir tout ce qu’il pouvait de bon, de beau, de tendre… Il était littéralement tombé en amour devant cette jeune femme effacée, « invisible » aux yeux de nombre de ses camarades ! C’est au cours d’une fête de village qu’ils s’étaient rencontrés pour la première fois. Elle, si fragile, lui, si bel homme, dans la force de sa jeunesse, convoité par toutes les jeunes filles en âge de convoler…
Il l’avait aperçue dans un coin, solitaire et résignée. S’approchant, il l’avait invitée à danser, sous les railleries peu discrètes de ses congénères. Emma, hésitante, peu habituée à être ainsi remarquée, s’était interrogée : que voulait ce garçon exactement ; se moquer d’elle, dont les atours étaient cachés au fond de son cœur ? S’agissait-il à nouveau d’être le jouet d’un pari stupide et méchant entre garçons idiots ? Elle aurait voulu ne jamais être venue, mais elle avait eu tant envie de s’amuser et d’écouter de la musique, se donner l’illusion d’être l’égale des autres filles… Maladive depuis l’enfance, maigrelette et pâle, elle n’offrait au regard que pitié et mépris. En général, lorsque l’on parlait d’elle, c’était pour plaindre ses parents de la charge qu’elle représentait pour eux, et la comparer à ses frères et sœurs, vaillants et prometteurs…
Alors François, comprenant sa réserve, n’avait pas insisté, se contentant de s’asseoir auprès d’elle, silencieux et attentif à ne pas la blesser. D’abord inquiète, puis étonnée, enfin curieuse de comprendre, la jeune fille avait levé sur lui un regard si comiquement interrogateur que tous deux avaient explosé de rire ! Un de ces rires interminables et francs que ne peuvent partager que deux esprits complices. Quelques mois plus tard, ils se mariaient et chacun reconnaissait que la chétive Emma se révélait avec l’amour beaucoup plus gracieuse et désirable que ce que l’on avait cru depuis toujours…
Peu de temps après la noce, une première grossesse les réjouit, mais après 2 mois de félicité et d’espoir, Emma fit une fausse couche. Optimiste et confiant, François rassura son épouse et la couvrit d’une tendresse encore plus grande. Mais une deuxième, puis une troisième fausse couche achevèrent de la fragiliser. En 1880 enfin, le couple vit son désir d’enfant se concrétiser : Emma, enceinte à nouveau, s’alita très rapidement et passa les 8 mois suivants à « couver » ainsi qu’elle se plaisait à le dire, s’interdisant tout écart risquant de mettre en danger cette promesse de m

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