L Adieu au cartographe
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L'Adieu au cartographe , livre ebook

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Description

Dans l'ancienne hypothèse d'une planète Terre plate comme une gigantesque pièce de monnaie, difficile voire impossible pensait-on de vivre sur la face inexplorée « du dessous » et équivalente à notre hémisphère sud. Les humains et les animaux devraient y marcher les pieds au plafond et la tête en bas. Les plantes résolvaient le problème en s'accrochant par leurs racines. Les êtres vivant sur cette face, plus ou moins anormaux, magiques, diaboliques ou monstrueux, seront pour cela appelés Antipodiens. Évidemment pour ne pas « tomber » dans le vide sidéral, car rien ne peut être posé au plafond sans y être accroché ou suspendu, les humains devraient, s'il en existait là, forcément s'accrocher aux aspérités et aux branches et développer des aptitudes de quadrumanes ou d'araignées. Des antiques mappemondes de Ptolémée et d'Al-Ïdrïssï à celle du tout dernier cartographe, l'architecte étatsunien Richard Buckminster Fuller selon l'auteur, Claude Hugueny présente dans ce savant ouvrage une étude générale de l'évolution et de l'histoire des différents planisphères. Il nous éclaire sur les rôles que jouèrent les cartographes et leurs cartes dans les conquêtes des souverains et les expéditions des explorateurs. Un examen lumineux sur les grands progrès de cette discipline.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 septembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342156263
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Adieu au cartographe
Claude Hugueny
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Adieu au cartographe
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
 
À Claude Anil et son Île,
 
 
 
 
La ligne géographique de partage des eaux suit les lignes de crêtes du relief , elle coïncide souvent avec la ligne de partage du pouvoir entre les souverains humains.
 
La ligne de réunion des eaux est au milieu des cours d’eau, là où l’eau est la plus profonde, elle délimite parfois le pouvoir des mêmes souverains s’ils n’ont pas construit de nombreux ponts.
 
Les eaux pluviales et les éboulements s’écoulent en suivant la ligne de plus grande pente  ; elle va de l’une à l’autre des lignes précédentes par le plus court chemin.
 
Inexorablement, la Planète est aménagée puis dévorée par les humains, selon la ligne de plus grande pente de leur intelligence créative mise au service de leur paresse et de leur jouissance.
 
CH
 
 
Nous irions dans le mur ? Non, Madame, nous y sommes ! Et quelque part la Planète serait soulagée de notre disparition.
Pierre Rabhi (interview)
 
 
 
 
 
Icare, ton rêve est réalisé ! Le 7 décembre 1972, les astronautes de la mission Apollo 17, pour la première fois et par le hublot de leur vaisseau spatial, contemplaient la planète Terre dans sa circulaire et émouvante totalité. Sur cette bille bleue PI-25 , sous son vaporeux couvert nuageux, ils distinguaient clairement le sud du continent africain, Madagascar et l’Île Maurice. En effet à ce moment-là, leur vaisseau spatial survolait le canal du Mozambique… Ronde ! Ronde ! Elle est bien ronde – si belle et si fragile – Gaïa impudiquement lovée dans ses voiles translucides, laissait entrevoir tout ce qu’il fallait pour subjuguer ces hommes ! Les cosmonautes orbitaient à 34 000 kilomètres autour de notre planète, distance égale à trois fois le diamètre de la Terre. L’un d’eux se saisit d’un banal appareil photo et déclencha l’obturateur :
 
Clic
 
Entendu depuis la Terre cela ne fit pas plus de bruit qu’un spermatozoïde pénétrant dans un ovule pour le féconder. Cependant ce geste du doigt et ce clic – aussi infimes furent-ils à l’échelle de l’Univers – déclenchèrent un maelstrom comparable au Bigbang Ténébreux 39et40 . Comme l’ovule dans l’utérus humain, en à peine neuf mois, va voir son volume « exploser » de 0,01 mm 3 à 4 000 cm 3 , soit une dilatation de 1 à 400 000 000 (fois 10 8 ), ce clic va au cours du troisième millénaire et avec l’ Anthropobigbang (émigration des humains dans notre galaxie) , multiplier le champ cartographique de 1 à 1 000 000 000 (fois 10 9 ). À partir de désormais et de dorénavant 20 , la cartographie et ses relevés sur le terrain, se feront sans cartographe car ils seront automatisés et numériques. La géocartographie envahira, annexera d’autres planètes et même un dieu tout-puissant ne saurait prédire où cela s’arrêtera !
 
 
Je vous propose de vous retourner un moment, afin d’évoquer le chemin parcouru par les cartographes, depuis l’Antiquité – jusqu’à ce clic mémorable.
1. Prologue
Ce livre est né de la lecture et relecture d’un autre livre. Celui de Jerry Brotton – historien anglais né en 1976 – paru sous le titre Une HISTOIRE du MONDE en 12 CARTES 01 , chez Flammarion en 2013.
 
D’autres que moi se sont chargés de lui manifester une critique très posée et fondée, comme Sébastien Velut, sur le site mappemonde.mgm.fr , qui écrit : Jerry Brotton… pour bâtir un récit fourmillant d’anecdotes et de portraits, pas toujours indispensables et parfois confus… On peut se demander ce qui a valu à ce gros livre foisonnant les honneurs d’une traduction dans une maison prestigieuse. Jerry Brotton fait un effort pour rendre son récit vivant, au prix de ficelles de rédaction empruntées au roman, et plus usées que la première toise des Cassini .
 
Ma Mère m’ayant appris à ne pas cracher dans la soupe qui me nourrit, je commencerais donc par remercier chaleureusement Jerry Brotton et son éditeur français d’avoir bercé un long séjour à l’île Maurice par une lecture de ce livre – suivie d’une immédiate relecture – fascinantes.
 
Mais direz-vous pourquoi redonder avec un nouveau livre, apparemment sur le même sujet ? Car Jerry Brotton utilise les cartes comme autant de petites «  lucarnes  » au travers desquelles il passe la tête, avec son regard d’historien et sa plume de conteur. En se désintéressant rapidement des lucarnes objets de son titre, il nous entraîne dans une très longue farandole que je qualifie de divertissement d’historien et nous narre les faits et méfaits des humains habitant la planète. Alors que je vous propose ici un livre court qui est le point de vue d’un scientifique passionné de Dame Géographie. En me référant à ses planisphères – les lucarnes de Jerry Brotton – je vais observer les géocartes. Ces outils que les cartographes créent en vue de guider et nourrir notre connaissance de la Terre. Quelque diablotin me poussant, au départ ce devait être une simple lettre à l’Éditeur, à l’arrivée c’est ce livre entre vos mains.
 
Évidemment, mes sources cartographiques sont pour une bonne part les mêmes. Cependant s’y ajoutent des sources, des informations, des analyses et des positions que Jerry Brotton a passées sous silence – alors que je les considère comme importantes, voire décisives.
 
Le géocartographe ne peut accepter la définition d’une carte telle que celle adoptée par Jerry Brotton – extensive jusqu’à la fiction. Il intègre la lucarne aux événements humains en cours dans le paysage et que celle-ci laisse entrevoir depuis son embrasure. Mais j’affirme que la lucarne n’est pas un écran de cinéma ! Les chapitres 13 et 14 voudraient éclairer cette controverse sur la définition d’une carte, et son rôle de média entre la réalité physique de la planète Terre et notre cerveau. Ce dernier abritant ce que j’aime appeler notre cosmos cérébral . Et pour que le lecteur puisse entrer rapidement dans le vif du sujet, ces chapitres sont relégués en fin de livre sous forme d’essai. Mais les géographes avertis et les passionnés devraient logiquement d’abord lire cet essai.
 
Vous y trouverez la définition de la géocarte que j’ai personnellement adoptée. Il m’a paru intéressant de nous recentrer sur le planisphère terrestre , afin de mieux suivre – sur 2 800 ans – les tourments, les erreurs et succès des cartographes dans leur démarche qui consiste à repérer sur la sphère de notre planète des points du contour des sols et des mers, puis à les projeter sur le plan d’une feuille de papier. Cela en soulignant et resoulignant – sans cesse – qu’une carte Gê-ographique est infiniment minuscule au regard des dimensions de notre Terre (GÊ déesse de Terre chez les Grecs antiques).
 
Donc nous analyserons quelques-uns des planisphères utilisés par Jerry Brotton présentés soit en Pages Illustrées désignées PI-xx, soit en les consultant vous-même sur votre écran numérique. Mais nous en ajouterons d’autres qu’il a délaissés alors que ces planisphères – comme ceux de Buckminster Fuller – ont propulsé la géocartographie vers des sommets. D’autres seront écartés car l’œuvre de camelots de la géopolitique , ce qui nous amènera à constater combien la géocarte fût – et reste – un instrument de machinations et de pouvoir, sponsorisée par les souverains de ce Monde.
 
Tout d’abord nous examinerons – beaucoup plus attentivement que Jerry Brotton – les très anciennes mappemondes de Ptolémée et Al-Ïdrïssï, mères de toutes les cartes. Elles contiennent en effet des éléments géographiques et scientifiques beaucoup plus intenses et fondés qu’un divertissement d’historien .
 
La carte de Ptolémée – ignorée en Europe par le Moyen Âge et sauvée par les Arabes – fut redécouverte par l’Occident lors de la Renaissance . Elle inaugura alors, pour 500 ans, les progrès fulgurants de la cartographie de notre planète Terre. Entraînant sa conquête par les marins, les explorateurs et les aventuriers européens. Nous verrons les tourments et les succès des cartographes. Nous éclairerons les rôles que jouèrent alors les cartes dans l’ambition de conquêtes des souverains et leurs utilisations – avouables ou non – en géopolitique .
 
Enfin, comme la presse numérique va signer la mort de nos feuilles de papier imprimées, nous saluerons le dernier des cartographes de l’espèce homo projectus cartographiens. Car ceux-ci ne survivront pas aux missions Apollo des années 1970 et à la technologie numérique.
2. Ptolémée et son premier planisphère scientifique
Pendant 1300 ans, cette carte aurait dû demeurer la référence !
La science cosmographique de la Grèce antique et de la Mésopotamie va aboutir vers 130.apjc au chef-d’œuvre de la carte de Ptolémée – la première carte dressée scientifiquement PI-01 – qui affronta le redoutable problème de représenter la surface ronde d’une sphère étalée à plat sur une feuille de papyrus – une surface plane, donc. Soit comment mettre à plat une demi-coquille d’œuf sans trop la fracasser ! Nous reviendrons à cette célèbre cubature de la sphère (chap. 8).
 
Claùdios Ptolémaîos (90.apjc-168.apjc) est un Grec d’Égypte, né à Thèbes cent vingt ans seulement après le suicide de la célèbre Cléopâtre VII de la lignée macédonienne des rois Ptolémée . Il vécut en Alexandrie – alors la plus grande ville grecque et juive du Monde – et ses deux ou

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