L Enquête après *l Enquête*
402 pages
Français

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L'Enquête après *l'Enquête* , livre ebook

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Description

Jamais personne n'avait écrit la suite d'Hérodote, sauf Charon de Lampsaque, mais son livre est perdu. L'Enquête d'Hérodote s'arrête en 478 avant notre ère. Alors que les datations des invasions perses et de la guerre du Péloponnèse sont bien établies, la reconstitution de la chronologie de ces quarante-huit années entre ces deux guerres continue de poser des problèmes. C'est le cas surtout pour les deux premières décennies de cette période pour lesquelles les dates proposées divergent souvent de plusieurs années. D'où vient alors le problème ? Ce livre, sous forme d'enquêtes, raconte la suite des événements des guerres médiques avec la naissance de l'empire athénien jusqu'à la veille des réformes d'Éphialtès à Athènes, c'est-à-dire 463 avant J.-C. Écartant d'emblée la chronologie des rois de Perse pour se fixer uniquement sur des données grecques, l'ouvrage prend le contre-pied de toutes les thèses existantes sur cette période. Les recherches d'Hubert Bouteille cherchent à démêler le vrai du faux et débouchent sur une découverte stupéfiante : les Perses ont falsifié la chronologie de leurs rois, Xerxès et Artaxerxès, pour une raison inconnue, semant la confusion dans la chronologie des événements racontés par les auteurs grecs. Mais le croisement des sources, et en particulier des deux historiens grecs les plus fiables de l'Antiquité grecque, permet de retracer l'histoire de ces cinquante ans entre les deux plus grands conflits que la Grèce ait connus au Ve siècle avant notre ère, les guerres médiques et la guerre du Péloponnèse. Un livre d'histoire fascinant et indispensable à placer dans votre bibliothèque entre Hérodote et Thucydide.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342056846
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0142€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Enquête après *l'Enquête*
Hubert Bouteille
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Enquête après *l'Enquête*
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
À ma tendre épouse, Christine, ma compagne et ma muse,
Elle si forte, si courageuse et si fragile à la fois,
Elle qui m’a appris à me connaître moi-même,
Je t’exprime toute ma gratitude à travers ces pages.
 
 
 
 
Seule la recherche de la vérité historique peut rendre compte du principe de causalité
 
 
 
 
Sommaire
 
 
 
 
 
Introduction
 
 
 
Le mot grec historia signifie tantôt enquête, tantôt recherche, tantôt l’histoire au sens de récit des événements passés. Il est employé pour la première fois par Hérodote dans le titre de son œuvre et bon nombre d’éditeurs le traduisent par Enquête . À lui seul, ce mot donne la dimension à géométrie variable du sens de son objet. L’objet de l’ Enquête est d’embrasser à la fois l’espace et le temps des hommes et non plus celui des dieux. Il est le résultat d’une recherche qui, bien souvent, reste empirique : lorsqu’il se trouve confronté à plusieurs versions d’un fait, Hérodote se sent obligé de toutes les énoncer sans prendre position. Il se donne un champ précis de recherche : les guerres médiques et les raisons qui ont poussé les Grecs et les Perses à s’affronter.
Pour Cicéron, il est le « père de l’Histoire ». Qu’est-ce qui lui vaut ce titre ? C’est le fait de s’intéresser exclusivement à l’histoire humaine. Ce choix, il l’énonce dès les premières lignes de son œuvre, « pour que le temps n’abolisse pas le souvenir de ce qui a eu lieu du fait des hommes tant par les Barbares que par les Grecs. » Car Hérodote est précédé d’une génération de mythographes, en particulier Hécatée de Milet, qui compose un essai de critique historique sur les légendes héroïques. D’autres encore pourraient être cités comme Hellanicos de Lesbos, Charon de Lampsaque, Mélésagoras de Chalcédoine, Cadmos de Milet, Xanthos de Lydie, Acousilaos d’Argos, Phérécyde d’Athènes mais leurs œuvres nous sont parvenus à l’état de rares fragments ou sont complètement perdues. Pourquoi donc l’œuvre d’Hérodote nous est-elle parvenue entière ? C’est le fait qu’elle tourne le dos aux récits héroïques et légendaires pour s’intéresser à la réalité des événements passés.
Hérodote est né vers 485/480 à Halicarnasse au moment où l’Asie Mineure est encore sous l’emprise perse. Il va être chassé de sa ville à la suite de troubles, se réfugie à Samos et se met à voyager. Sa vie est située entre deux grands moments de la Grèce c’est-à-dire les guerres médiques et la guerre du Péloponnèse. Sa région, l’Ionie, est aussi un berceau de la Grèce et dans son entreprise d’écriture, il se veut l’héritier d’une tradition de pensée grecque mais avec une volonté de vouloir raconter sans mythologie et de mettre en relation des éléments, en particulier le monde grec par rapport au monde barbare. Plus que le père de l’Histoire, il apparaît comme le « père de l’ethnohistoire ».
Mais la période qu’il embrasse est relativement courte, les invasions médiques, et son récit est motivé par l’événementiel. La plupart des historiens grecs vont suivre cette voie. Et le principal d’entre eux est Thucydide qui lui aussi veut garder en mémoire un autre événement clé de l’histoire de la Grèce. Né vers 460, il est athénien et aristocrate. Il est élu stratège en 424 mais à la suite de sa défaite à Amphipolis face aux Spartiates, il partira en exil et va pouvoir consacrer son temps à écrire son Histoire de la guerre du Péloponnèse (431 – 404). Son histoire est classée à part parce que non seulement il cherche à mener son enquête auprès de témoins directs mais il cherche aussi à discerner le vrai du faux. Son récit colle à la chronologie, se déroulant de saison en saison. C’est lui l’inventeur de la formule « une acquisition pour toujours ». À partir de Thucydide, « l’Histoire est devenue adulte » selon Henri Irénée Marrou.
Oui mais entre les deux, aucun historien n’a raconté son histoire contemporaine entre ces deux guerres sauf Charon de Lampsaque mais son histoire est perdue. Alors que la datation des invasions perses et de la guerre du Péloponnèse est bien établie, la reconstitution de la chronologie de ces quarante-huit années continue de poser des problèmes. C’est le cas surtout pour les deux premières décennies de cette période pour lesquelles les dates proposées divergent souvent de plusieurs années. D’où vient alors le problème ?
Tout historien a le devoir de croiser ses sources pour obtenir une datation. Lorsqu’il est en présence d’un événement datable, il situe tout naturellement la date de l’événement avec cette donnée. Mais si cette donnée n’est plus aussi sûrement établie, la conséquence est qu’elle change la datation première de l’événement. Prenons un exemple concret tiré de la période que nous allons étudier :
Thucydide mentionne que Thémistocle, arrivé à Éphèse après avoir traversé la mer Égée, a écrit une lettre au roi perse Artaxerxès et précise « qu’il régnait depuis peu. » Si le règne de ce roi commence en 465, alors Thémistocle a écrit sa lettre cette même année et comme Thucydide précise que c’est pendant sa traversée qui l’a amené à Éphèse que les Athéniens avaient mis le siège devant Naxos, on en conclut que c’est durant cette même année que se situe la révolte des Naxiens. C’est du moins ainsi que les historiens actuels présentent ces événements.
Mais voilà, Rolf J. Furuli 1 , un assyriologue norvégien, remet en question la chronologie actuellement admise. Selon lui, Xerxès est bien mort durant sa 21 e année de règne mais il avait commencé à régner en 496, corégnant ainsi avec son père Darius pendant 10 ans mais avec sa propre comptabilisation de ses années de règne, et non en 486 à la mort de Darius. Ce faisant, Rolf Furuli ouvre une véritable boite de Pandore car cette donnée a évidemment d’énormes conséquences sur l’histoire de la Grèce pendant les guerres médiques. L’hypothèse de Furuli peut résoudre des débats qui sont toujours actuellement en cours sur cette période aux lendemains des défaites perses. Par exemple, quelle était l’ampleur des défections des cités ioniennes à la suite des batailles de Platées et de Mycale ?
Selon Rolf Furuli, les scribes connaissaient, à partir de 496, la double royauté de Darius et de Xerxès. D’où les actes administratifs ou privés pouvaient mentionner l’un ou l’autre roi mais par habitude on mentionnait plus particulièrement Darius que Xerxès. Ceci serait déjà la raison pour laquelle on trouve si peu de tablettes cunéiformes qui datent des années 1 à 10 de Xerxès. À partir de la mort de Darius, tous les scribes dataient leurs actes avec le nom de Xerxès, mais au lieu de les dater de l’an 1, ils les auraient datés de l’an 11 de Xerxès jusqu’à sa mort en l’an 21. D’où une énorme méprise qui influe sur notre question précédente.
On a retrouvé les comptes d’un poste de douane égyptien de l’époque achéménide que les éditeurs ont naturellement daté de l’année 475 puisqu’ils étaient datés de la 11 e année de Xerxès. Si donc l’hypothèse de Furuli est juste, la datation de ces actes serait à déplacer de 10 ans et aurait comme véritable date l’année 485 avant notre ère. Quelles sont les incidences sur l’histoire de la Grèce ?
Ce remarquable document écrit en araméen atteste que commerçants ioniens et phéniciens se retrouvent côte à côte dans un port égyptien situé sur l’une des bouches du Nil et que, sur plusieurs sites, céramiques phéniciennes et céramiques grecques sont mêlées et démontrent que les navires phéniciens et ioniens transitaient obligatoirement par ce poste de douane. Pierre Briant en conclut donc qu’en 475, l’Ionie continuait de commercer avec l’empire malgré la guerre et la contre-offensive grecque. Elle faisait donc toujours partie de l’empire. On en conclut aussi que l’affirmation de Thucydide du montant du phoros à 460 talents « qui fut fixé à l’origine » (Thuc. I, 96, 2) est exagérée et qu’il devait être nettement inférieur (les historiens tablent plutôt entre 250 et 260 talents). Tout ceci est remis en cause si Rolf Furuli a vu juste car ces déclarations en douane seraient à placer en 485, à une époque de paix où les échanges commerciaux battaient leur plein. Dix ans plus tard, la piraterie empêche tout commerce. On voit donc quelles incidences une mauvaise datation de documents provenant de l’empire peut avoir sur la perception des événements en Grèce. Si l’hypothèse de Furuli se confirme, qui oserait ensuite contredire Thucydide et Hérodote de l’ampleur de la dislocation de l’Empire dans cette partie de l’Asie mineure ?
C’est pourquoi, nous faisons le choix d’écarter toutes données chronologiques provenant de l’empire médo-perse et, sur cette première problématique, nous établirons notre enquête.
Car nous voulons revenir sur l’histoire politique, au vrai et plein sens du terme, largement désertée par les antiquisants aujourd’hui. Le traitement de l’histoire subit des modes et on peut souligner, de la part des historiens de l’Antiquité en général, une volonté de sortir du modèle antiquaire pour entreprendre des recherches d’histoire sociale, économique et culturelle en négligeant le cadre politique dans lequel elles s’inscrivent. Elles adoptent des méthodes d’analyse textuelle et iconographique mises en œ

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