La Fin de l’Occident ?
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Description

Le militantisme démocratique des néoconservateurs américains ne favorise-t-il pas les pires ennemis de la démocratie ? La toute-puissance des armes américaines dans les guerres d’Afghanistan et d’Irak ne souligne-t-elle pas surtout les limites tant de la puissance militaire que des États-Unis ? Les terroristes d’Al Qaïda n’ont-ils pas créé les conditions d’une crise qui amènera le Moyen-Orient à aborder de front une modernisation politique, économique et sociale qui n’a que trop tardé ? Alors que l’Occident se présente divisé face aux turbulences croissantes du système international, comment sortir enfin des schémas hérités de la guerre froide ? Fin de l’Occident ou âge des paradoxes ?L’époque des Occidents multiples est ouverte. Grand connaisseur de la scène stratégique internationale, François Heisbourg plaide pour une politique européenne vigoureuse face aux défis et menaces du monde contemporain, si possible dans le cadre d’une relation euro-américaine renouvelée. François Heisbourg est directeur de la Fondation pour la recherche stratégique et président de l’International Institute for Strategic Studies et du Centre de politique de sécurité de Genève. Il a notamment publié Hyperterrorisme : la nouvelle guerre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 janvier 2005
Nombre de lectures 7
EAN13 9782738183422
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

François Heisbourg
LA FIN DE L’OCCIDENT ?
L’AMÉRIQUE, L’EUROPE ET LE MOYEN-ORIENT
 
© Odile Jacob, janvier 2005 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8342-2
www.odilejacob.fr
Table

Introduction
Fukuyama récusé et adopté par l’Europe
Une seule superpuissance, pas une hyperpuissance
La mission détermine la coalition : la fin stratégique de l’OTAN
L’Europe en marge
Chapitre premier. L’avènement de l’hyperterrorisme
Le passage aux armes de destruction de masse
La fin de l’unité de lieu, de temps et d’action
Al Qaïda : des moyens, une capacité, une volonté
Quatre scénarios pour un cauchemar
Chapitre II. Comment les États-Unis ont perdu le Moyen-Orient
La « massification » d’Al Qaïda
Des Barbaresques à la guerre des Six Jours
Avant le 11 septembre 2001
Le triomphe des Vulcains
Chapitre III. Le grand schisme d’Occident
Une Amérique sans alliances ?
L’émergence de la Chine
Le réchauffement planétaire et la politique énergétique
Le « désastre africain »
Chapitre IV. Choix de société
Principe d’aggravation et politique de prévention
La réduction des effets
Organisation sociale : éléments de principe
Débats et arbitrages
Liberté et sécurité
Mondialisation et lutte antiterroriste
Combien d’argent ?
Chapitre V. Passages obligés pour une politique étrangère
La relation transatlantique peut-elle être reconstruite ?
Éviter le choc des civilisations : l’Europe, l’Amérique et le Moyen-Orient
L’action internationale contre le terrorisme
Lutte contre la prolifération : les risques d’une réaction en chaîne
Conclusion
L’atout franco-maghrébin
La France au cœur d’un nouveau partenariat transatlantique ?
Notes
Index
Du même auteur
À la mémoire de Joseph Rovan
Bâtisseur de paix
Remerciements
 
Ce livre n’aurait pa vu le jour sans les conseils avisés et la patience de mon épouse, Elyette. Mes remerciements vont aussi à l’ensemble de l’équipe de recherche de la Fondation pour la Recherche Stratégique : la stimulation intellectuelle et les apports conceptuels et analytiques liés à l’activité de la FRS dans les domaines abordés dans ce livre ont grandement contribué au mûrissement de mes propres réflexions. L’observation s’étend plus généralement à celles et ceux qui m’ont fait part de leurs avis judicieux.

  Un grand merci à Odile Jacob et Bernard Gotlieb dont la passion pour l’édition mais aussi pour la vie internationale aura été un soutien précieux.

  Le rôle de mon assistante, Isabelle Locqueneux, aura été crucial, supportant avec une sérénité jamais démentie les tours et détours de la création de ce livre.

  Enfin, mes pensées vont à mes jeunes fils, Emmanuel-Georges et Jean-David qui pourront, je l’espère accomplir leur vie d’adulte dans un monde plus attrayant que celui qui se présente à leurs aînés.
Introduction
 
À aucun moment depuis les grandes crises de la guerre froide, le monde n’a été plus près d’une confrontation planétaire. Par contraste avec les immenses défis de la guerre froide, la communauté internationale, et tout spécifiquement l’Europe, est particulièrement mal organisée pour faire face au choc annoncé. Ce choc est issu de la rencontre parfaitement évitable entre deux phénomènes de nature profondément différente. Le premier, c’est l’accroissement inéluctable des périls liés à la prolifération des armes de destruction massive d’une part, à l’acquisition de moyens de la violence extrême par des groupes non étatiques d’autre part. Cette menace-là, pour être sévère, n’est pas étonnante : ce qui l’est davantage, c’est le retard et souvent le peu d’empressement mis à y faire face, par nos sociétés et par nos États. Le second, c’est l’évolution de la politique étrangère et de sécurité des États-Unis qui a créé les conditions d’un choc des civilisations assez voisin du modèle développé naguère par Samuel Huntington 1 . Cependant, cette dérive-là n’était pas inévitable. Ensemble, ces évolutions convergent pour à la fois accroître le péril inhérent à chacune d’entre elles – le terrorisme de destruction de masse et le rejet violent de l’Occident par de larges masses dans le monde arabe et musulman. Elles limitent la capacité de nos États, notamment en Europe, à y faire face avec efficacité. Cette rencontre-là n’était pas la conséquence inéluctable de la fin de la guerre froide : mais cette dernière en a jeté les bases il y a déjà quinze ans.
L’affirmation pourra surprendre, la fin de la guerre froide ayant fait disparaître le risque d’une troisième guerre mondiale, cataclysme nucléaire qui aurait englouti l’Europe et ses habitants ; or avec l’effondrement de l’idéocratie soviétique, rien ne paraissait pouvoir interrompre la marche devenue triomphale de la démocratie politique et du libéralisme économique, double gage de l’apaisement supposé des relations internationales. Le jeu impartial combiné de l’expression démocratique et du marché régulerait les rapports politiques et économiques entre les peuples et les nations en lieu et place des idéologies et des volontarismes. Cette « fin de l’histoire » annoncée à l’époque par Francis Fukuyama 2 pouvait se résumer par la formule « les démocraties ne se font pas la guerre entre elles » et, d’une manière plus triviale, par la boutade : « Les pays dans lesquels sont installés des McDo’ ne se font pas la guerre. » Si les cartes du libéralisme politique et du libéralisme économique ne coïncidaient pas exactement dans le temps et dans l’espace – ainsi la Chine a des McDo’ sans être une démocratie, et l’Inde démocratique n’a pas de McDo’ – les régulations de la démocratie et du marché devaient concourir volens nolens à la même fin pacificatrice. De fait, pendant la plus grande partie des années 1990, ces espoirs ne paraissaient pas tout à fait vains. La guerre du Golfe (janvier-février 1991) voyait ainsi s’affronter une communauté internationale largement unie contre un totalitarisme expansionniste « à l’ancienne » : si la coalition internationale ne comprenait certes pas que des démocraties, avec la large participation d’autocraties arabes (Égypte, monarchies du Golfe, Syrie…) contre le dictateur irakien, la direction du mouvement était imprimée par les démocraties, et par les pays qui aspiraient à rejoindre le monde libéral, avec notamment l’URSS en voie de dé-communisation.
Les guerres de succession de l’ex-Yougoslavie (1991-1999) allaient certes embraser à des degrés divers les républiques issues de l’éclatement de la fédération titiste. Mais là, l’image projetée était celle de conflits d’ajustement provoqués par l’effondrement d’un ensemble idéologique, la Yougoslavie communiste de Tito, incapable de durer en l’absence de la contrainte. Comme dans la guerre du Golfe, la modernité des uns – jeune démocratie slovène, combat défensif de la Sarajevo multiethnique – s’opposait aux combats d’arrière-garde de responsables communistes reconvertis dans un ultranationalisme plus typique de la moitié du XX e  siècle que de la seconde. Slobodan Milosevic en Serbie et Franjo Tudjman en Croatie étaient condamnés par la marche inexorable de la fin de l’histoire. Observons au passage qu’en 1999 apparaissait la première entorse à la boutade sur le pays où sont installés des McDo’ : la guerre aérienne de l’OTAN contre la Serbie en 1999 vit l’arrêt (provisoire) de l’activité de McDo’ à Belgrade.

Fukuyama récusé et adopté par l’Europe
L’optimisme des néohégéliens comme Fukuyama, qui avaient trouvé avec le triomphe de la démocratie et du marché « leur » fin de l’histoire – là où leur maître, Hegel, avait vu la fin de l’histoire avec le triomphe de l’État napoléonien – devait certes être tempéré par le désordre persistant du monde : génocide rwandais et guerres des Grands Lacs en Afrique, tensions persistantes au Moyen-Orient que n’avaient pas suffi à apaiser les accords israélo-palestiniens d’Oslo, risques de prolifération des armes de destruction massive. Mais ces conflits pouvaient être appréciés comme des manifestations de l’incomplétude du triomphe libéral ou comme des « crises de croissance » des progrès de la modernité. En particulier, vue d’Europe, la période était porteuse des plus grands espoirs, nonobstant notre impuissance initiale et notre retard à empêcher ou à limiter les guerres de l’ex-Yougoslavie, avec leur cortège d’horreurs.
Partout dans le monde occidental, les budgets militaires étaient fortement réduits par rapport aux sommets atteints peu avant la fin de la guerre froide, avec une baisse de 40 % en pouvoir d’achat aux États-Unis, comme dans les pays européens de l’OTAN. En parallèle, l’Union européenne franchissait des étapes historiques, avec la création de la monnaie commune et avec l’élargissement de l’Europe depuis 12 membres à la fin de la guerre froide jusqu’à l’Europe des 25 en 2004, en attendant celle à 30 ou 32, regroupant ainsi la grande majorité des peuples de notre continent. L’OTAN avait certes, et pour la première fois, à faire la guerre – modestement en Bosnie en 1995, substantiellement au Kosovo en 1999 – mais son rôle politique prenait les devants, avec, là aussi, un processus d’extension la portant aux frontières de la Moscovie. L’Union et l’OTAN contribuaient à créer sur l’ensemble de l’Europe une zone de paix, de droit, et de prospérité : ce qu’un commentateur néoconservateur américain, Robert Kagan 3 a appelé le « paradis kantien ». La formule se voulait persiflage plutôt que compliment, mais le fait est que les rêves de paix perpétuelle du philosophe de Königsberg ont été remarquablement matérialisés au fil des décennies sur une part croissante de notre continent à travers les valeurs porteuses du processus de construction européenne. Le caractère d’ennui qui se dégage du projet européen, et qui n’est pas pour rien dans l’indifférence des électeurs, s’explique pour partie par l’heureuse absence de toute dimension belliqueuse, et donc épique, de l’entreprise…
Les penseurs et commentateurs européens n’ont généralement pas souscrit à la thèse d

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