La Guerre secrète en Suisse (1914-1918) - Tome 2

Olivier Lahaie

Description

Dans son « rapport sur le service actif 1914-1918 », que le général Wille écrivit après la guerre, on note ce passage se rapportant à la guerre secrète : « On constata bientôt que les cas d'espionnage militaire contre la Suisse étaient rares. Les institutions militaires, dont la connaissance pouvait présenter quelque intérêt pour l'étranger, étaient trop patentes chez nous ou trop faciles à connaître pour qu'on eût besoin d'y entretenir un service de renseignements spécialisé et compliqué. Par contre, le service d'espionnage entre les Puissances belligérantes prit rapidement des proportions gigantesques et menaçantes pour la neutralité et la sécurité de la Suisse ». Pendant les hostilités en effet, les services de renseignements des différents belligérants ont opéré dans le pays, agissant les uns contre les autres, ou contre la nation hôte. Un auteur confirme que la Suisse « était la véritable Terre Promise des différents services d'espionnage des pays belligérants. Tous les portiers d'hôtel, les garçons de café, les chauffeurs, les grooms, tous travaillaient pour le compte, soit des Alliés, soit des Puissances centrales et, bien souvent, pour les deux à la fois ». Émile Thilo, greffier au Tribunal fédéral, écrivit quant à lui en 1936 : « Pendant la guerre mondiale, la Suisse a été la Terre Bénie des espions. Ils y pullulaient, et ce n'est certes pas la peur de la Cour pénale fédérale, avec ses condamnations anodines, qui les empêchait de travailler à plein rendement, de soudoyer des douaniers, des agents de police et même des officiers, de contrôler consulats et légations, de faire sauter des coffres-forts, d'acheter une usine entière pour en faire une centrale d'espionnage, de monter une imprimerie clandestine pour la fabrication de faux, de se livrer au rapt de personnes, d'administrer des soporifiques ou d'appliquer un masque avec du chloroforme ». Or cet espionnage - militaire, politique, diplomatique ou économique - a exposé la Confédération à plusieurs dangers mortels. Il a notamment mis en cause sa neutralité, a porté atteinte à sa capacité à se défendre ; il a enfin poussé des citoyens suisses à la délation et quelques-uns, malheureusement, à la traîtrise.

Sujets

• Espionnage
• Histoire
• Espionage
• Renseignement
• Service secret
• History
• Suisse
• Europe

Informations

• Publié par: Connaissances & Savoirs
• Date de parution: 10 novembre 2017
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782342157147
• Langue: Français

Extrait

La Guerre secrète en Suisse (1914-1918) - Tome 2
Olivier Lahaie
Connaissances & Savoirs

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La Guerre secrète en Suisse (1914-1918) - Tome 2
 
 
Photographie de la première de couverture :
Service Historique de la Défense (château de Vincennes, France) : propos tenus par le lieutenant-colonel Fonjallaz sur l’Armée et la situation militaire en Suisse, recueillis par un agent du Service de renseignements de Belfort (SHD/GR 7 N 1604).
 
 
Collection Arcana Imperii dirigée par Gérald Arboit
Cette collection autour des « coulisses du pouvoir » entend offrir un espace d’expression valorisant les relations internationales contemporaines (XIX e -XXI e siècles) comme les études sur le renseignement. Résolument interdisciplinaire, elle accueille des travaux scientifiques inédits présentant les « forces profondes » agitant les relations internationales. Qu’il s’agisse des « forces matérielles » – les facteurs géographiques, les conditions démographiques, les forces économiques – ou des « forces spirituelles » – opinions publiques, médias, services de renseignement… –, elle cherche à mettre en évidence les processus de décision, l’action décisive des structures administratives et politiques entourant les décideurs.
 
Avertissement
Certaines citations, contenues dans ce livre, sont le reflet d’une époque tourmentée ; il convient donc de les replacer dans le contexte de la Grande Guerre. L’auteur tient à préciser qu’il les utilise pour la commodité de son développement et qu’il ne les cautionne nullement.
 
 
L’auteur tient à exprimer sa gratitude :
- à M. David Auberson, pour son aide précieuse tout au long de ses recherches ;
- à M. Georges-Henri Soutou, pour avoir accepté de rédiger la préface de ce livre côté français ;
- à M. Antoine Schüle, pour ses avis précieux et pour avoir accepté de rédiger la préface de ce livre côté suisse ;
- à MME Monique Lahaie, pour son travail de relecture ;
- au sous-lieutenant Marina Bortelle, pour son aide technique ;
- à tous ceux qui, volontairement ou non, lui ont rendu la vie impossible, menaçant l’existence même de ce livre, et qui n’auront fait que renforcer sa détermination à le voir aboutir.
 
1  Nouveau général en chef allemand, von Moltke ayant été limogé.
2  PÖHLMANN (Dr. M.), introduction au Journal of Intelligence History , hiver 2005, vol. 5, n°2, p. VI.
3  LADOUX (commandant G.), La guerre secrète en Alsace , Paris, Éditions du Masque, 1932, p. 140.
4  SCHAUFELBERGER (W.), « La Suisse entre la France et l’Allemagne (1914-1939) » in Relations internationales n° 35, Paris, P.U.F., 1983, p. 311.
5  FEYLER (colonel F.), La crise politique suisse pendant la guerre , Lausanne, Payot, 1916, p. 106.
6  S.H.D./GR 16 N 1586 : «  Rapport de l’attaché militaire français à Berne au 2 ème bureau de l’E.M.A.  » (31 janvier 1916).
7  S.H.D./GR 16 N 1938 : «  Demande de renseignements à l’attaché militaire à Berne  », G.Q.G./2 ème bureau (10 janvier 1916).
8  FEYLER (colonel F.), op. cit. p.106.
9   Ibid . pp. 107-108.
10   Ibid . pp. 111, 116.
11   Ibid . p. 117.
12   Ibid . pp. 117-118.
13   Ibid . p. 123.
14  Cité par COUTAU-BEGARIE (H.) in Pensée stratégique française et renseignement , texte d’une intervention au C.E.S.D., Paris, séance du 3 mars 1997.
15  FEYLER (colonel F.), op. cit. p. VI.
16  S.H.D./GR 16 N 1938 : «  Rapport de l’attaché militaire à Berne au 2 ème bureau du G.Q.G.  », signé «  Pageot  » (11 février 1916).
17  S.H.D./GR 7 N 1604 : «  Rapport au sujet de l’Armée Suisse et de la situation en Suisse suite à un entretien avec le LCL Fonjallaz  », S.R. de Belfort (5 octobre 1916).
18  RAPOLD (H.), Zeit der Bewährung ?: die Epoche um den Ersten Weltkrieg: 1907-1924 , Basel-Frankfurt am Main, Helbing & Lichtenhahn, 1988, p. 283.
19  CHÉRADAME (A.), Le plan pangermaniste démasqué , Paris, Plon, 1916, p. 292.
20  Cité dans le livre ci-dessus, même page.
21  Journal propagandiste et défaitiste en langue française, imprimé par les Allemands en Belgique occupée.
22  Cité in LANGENDORF (J.-J.) et STREIT (P.), Face à la guerre ; l’armée et le peuple suisses 1914-1918 / 1939-194 5, Dijon-Quetigny, Infolio, 2007, p. 113.
23  CHÉRADAME (A.), op. cit. p. 293.
24  (15 janvier 1916). Mémoire du Generalstabschef Theophil Sprecher von Bernegg, Bd, I, Zürich, 2002, pp. 393-406.
25  LANGENDORF (J.-J.) et STREIT (P.), op. cit. p. 96.
26  Chef du Nachrichtendienst .
27  S.H.D./GR 1 K 173 : «  Papiers Andlauer ; causerie faite à l’E.M.A./S.R. en 1925  » et LADOUX (CDT G.), La guerre secrète en Alsace , op. cit. p. 144.
28  Ancien député de Nancy, commandant à cette époque un bataillon de chasseurs à pied au bois des Caures.
29  Il était alors ministre de la Guerre.
30  Le chef du 2 ème bureau («  Renseignements  ») du G.Q.G.
31  Y participaient : Poincaré, Briand, Joffre, Gallieni et les commandants de Groupes d’Armées.
32  POINCARÉ (R.), Au service de la France… 1916, Verdun , tome VIII, Paris, Plon, 1931, p. 2.
33   Ibid . p. 6.
34   Ibid . p. 11.
35  THOMASSON (lieutenant-colonel de), Les préliminaires de Verdun ; août 1915 – février 1916 , Paris, Berger-Levrault, 1921, p. 130.
36  DUPONT (général C.), Mémoires du chef des services secrets français (1896-1926 ), introduction et annotations du lieutenant-colonel O. Lahaie, Paris, Histoire et Collections, 2014, chapitre XV.
37  S.H.D./GR 1 K 173 : «  Papiers Andlauer ; causerie faite à l’E.M.A./S.R. en 1925  ».
38  POINCARÉ (R.), op. cit. p. 75. C’est là l’opinion du colonel Dupont.
39  En 1932, Joffre écrit : «  J’ai toujours été convaincu que l’échec de l’attaque brusquée et la tournure prise par la bataille ont seuls empêché d’autres offensives de se produire [ailleurs] ». ( Mémoires du Maréchal Joffre, 1910-1917 , t. 2, Paris, Plon, pp. 205-206).
40  LANGENDORF (J.-J.) et STREIT (P.), op. cit. pp. 104-105.
41   Gazette de Lausanne (n° des 30 décembre 1915 et 30 juin 1916).
42  Cité in WAGNIERE (C.), La Suisse et la Grande Guerre , Lausanne, Payot, 1938, p. 104.
43  Archives Fédérales de Berne (ci-après A.F.B.), division principale E27, dossier n°9514, Bd3 : «  Dossier S.R. relatif au débat sur la neutralité  » (mars 1916).
44  Ils seront 12 000 au total jusqu’en 1918.
45  S.H.D./GR 7 N 1586 : «  Rapport de l’attaché militaire français à Berne au 2 ème bureau de l’E.M.A.  » (31 janvier 1916).
46  S.H.D./GR 7 N 1586 : «  Rapport de l’attaché militaire français à Berne au 2 ème bureau de l’E.M.A.  » (3 mars 1916).
47  LANGENDORF (J.-J.) et STREIT (P.), op. cit. p. 134.
48  Il évoquera encore cette possibilité dans son journal de marche, à la date du 13 juin 1916.
49  (10 avril). Cité in EHRBAR (H.R.), Schweizerische Militarpolitik im Ersten Weltkrieg , Berne, Stämpfli, 1976, p. 99.
50  LANGENDORF (J.-J.) et STREIT (P.), op. cit. p. 99.
51  GUISAN (général H.), Entretiens accordés à Raymond Gafner à l’intention des auditeurs de Radio-Lausanne , 1953, pp. 36-37.
52  S.H.D./GR 7 N 1593 : «  Historique de la question suisse  », E.M.A.2b, non signé (15 avril 1917).
53  Alors Président du Conseil.
54  LANGENDORF (J.-J.) et STREIT (P.), op. cit. p. 134.
55  Isonzo, col Basson, Asiago.
56  Renouard et Bridler étaient respectivement chef du 3 ème bureau/« opérations » au G.Q.G. français et sous-chef de l’État-major suisse.
57  DUPONT (général C.), Mémoires du chef des services secrets français (1896-1926) , introduites et annotées par le lieutenant-colonel O. Lahaie, Paris, Histoire et Collections, 2014, p. 147.
58  S.H.D./GR 7 N 1608, dossier : «  La Suisse en temps de guerre  », chemise «  Opérations, plan H » .
59  DUPONT (général C.), op. cit. p. 147.
60  LANGENDORF (J.-J.) et STREIT (P.), op. cit. p. 101.
61  S.H.D./GR 7 N 1593 : «  Procès-verbal de l’entretien de Sprecher et Dupont  », signé «  Colonel Dupont  » (12 juin 1916).
62  Les Autrichiens perdirent en cette occasion 150 000 prisonniers et 500 canons, de quoi les dissuader de tenter quoi que ce soit contre la Suisse.
63  JOFFRE (Mal J.), Journal de marche (1916-1919) , présenté par G. Pédroncini, Vincennes, S.H.A.T./F.E.D.N., 1990, p. 95.
64  S.H.D./GR 7 N 1586 : «  Rapport du COL Pageot au 2 ème bureau de l’E.M.A . » (31 août 1916).
65  A.F.B. division principale E27, dossiers n°12611 et n°12610. Cette impression favorable fut également confirmée par le lieutenant-colonel Fonjallaz lors de son entretien du 5 octobre 1916 avec le commandant Andlauer (voir S.H.D./GR 7 N 1604 : «  Rapport au sujet de l’Armée Suisse et de la situation en Suisse suite à un entretien avec le LCL Fonjallaz  », S.R. de Belfort).
66  ZIEGLER (J.), Une Suisse au-dessus de tout soupçon , Paris, Seuil, 1976, p. 141.
67  S.H.D./GR 7 N 1586 : «  Rapport du COL Pageot au 2 ème bureau de l’E.M.A . » (23 septembre 1916).
68   Gazette de Lausanne (n° du 18 novembre 1916).
69  SCHEIDEMANN (P.), L’effondrement , Paris, Payot, 1929, p. 62.
70  S.H.D./GR 7 N 1604 : «  Rapport du Gal Morier au 2 ème bureau de l’E.M.A.  » (3 décembre 1916), A.F.B. E27 9734 : «  Fiche de renseignements sur l’agent Simon  » et Gazette de Lausanne (n° du 27 décembre 1916).
71  En septembre 1916, Morier avait remplacé Pageot comme attaché militaire à l’Ambassade de France.
72  S.H.D./GR 7 N 1604 : «  Rapports du Gal Morier au 2 ème bureau de l’E.M.A.  » (3 et 31 décembre 1916).
73  S.H.D./GR 7 N 1604 : «  Rapport du Gal Morier au 2 ème bureau de l’E.M.A.  » (